L’Athenæum français, 25 mars 1854, p. 268-270 (article signé E. Reyer).

Théâtres. – chronique musicale.

Opéra : reprise de la VestaleVestale, LaLa Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 11 décembre 1807.Lire la suite…, opéra en trois actes, de SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite…. — Théâtre-Lyrique : La PromisePromise, LaLa Promise, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 16 mars 1854.Lire la suite…, opéra-comique en trois actes, paroles de MM. LeuwenLeuven, Adolphe deAdolphe de Leuven (Paris, 1800 – Paris, 14 avril 1884), auteur dramatique, librettiste. Fils d’un des trois conspirateurs de l’assassinat du roi de Suède, Gustave III, il est né en 1800 et prit comme nom de plume celui de sa grand-mère maternelle. Il était un grand ami d’Alexandre Dumas pèrLire la suite… [Leuven]Leuven, Adolphe deAdolphe de Leuven (Paris, 1800 – Paris, 14 avril 1884), auteur dramatique, librettiste. Fils d’un des trois conspirateurs de l’assassinat du roi de Suède, Gustave III, il est né en 1800 et prit comme nom de plume celui de sa grand-mère maternelle. Il était un grand ami d’Alexandre Dumas pèrLire la suite… et Brunswick, musique de M. Clapisson.


La VestaleVestale, LaLa Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 11 décembre 1807.Lire la suite… a été jouée pour la première fois à Paris en 1807, et sans la haute protection de l’impératrice Joséphine, Dieu sait si ce chef-d’œuvre aurait jamais vu le jour. La partition, examinée par les contrepointistes de l’époque, fut d’abord déclarée d’une exécution impossible ; SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… avait peu suivi la tradition de ses prédécesseurs : tout en ayant profité des sublimes inventions dramatiques de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite…, il s’était écarté des règles tracées au point de se faire traiter comme un simple écolier ignorant le danger des quintes, des quartes non préparées, des octaves et autres écueils que les jeunes compositeurs, les novateurs surtout, semblent heurter avec un malin plaisir. Le conservatoire se leva comme un seul homme pour protester et crier au scandale ; quelques-uns des membres de cette sage et honorable institution se firent même les organisateurs d’une cabale, et le soir de la première représentation l’œuvre du jeune musicien italien fut sifflée à outrance ; heureusement les applaudissements l’emportèrent sur les sifflets, et le succès prit peu à peu des proportions colossales. Aujourd’hui, après un demi-siècle d’existence, ce magnifique ouvrage est encore debout plein de force et de jeunesse, et ceux-là même qui en apprécient le moins les splendides beautés ne lui contestent pas le droit d’être placé au nombre des chefs-d’œuvre lyriques les plus complets et les plus grandioses. L’orchestration de la VestaleVestale, LaLa Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 11 décembre 1807.Lire la suite… fut surtout l’objet des critiques les plus acerbes, et nous avons peine à les comprendre aujourd’hui que nos oreilles sont plus exercées ou moins délicates que l’étaient celles de nos pères. SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… avait devancé son époque, et nous ne serions pas surpris néanmoins d’entendre dire par plus d’un de nos compositeurs modernes que cette instrumentation que l’on trouva jadis si bruyante pèche ça et là par quelques vides qu’il serait, du reste, facile de combler au moyen d’éclats de trombones et de coups de grosse caisse. Il est de fait qu’à côté de certaines œuvres, d’ailleurs fort estimées, la VestaleVestale, LaLa Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 11 décembre 1807.Lire la suite… peut paraître d’une simplicité majestueuse. Nous ne rappellerons pas ici, à propos des mélodies de cet ouvrage les anecdotes racontées par M. Castil-BlazeCastil-Blaze, Francois-Henri-JosephFrançois-Henri-Joseph Blaze dit Castil-Blaze (Cavaillon/Vaucluse, 1er décembre 1784 – Paris, 11 décembre 1857), critique musical, librettiste, traducteur et adaptateur. Il étudia d’abord la musique avec son père, avant de se rendre à Paris pour étudier le droit ; il devint l’un des premLire la suite…, qui prétend qu’elles ont été copiées note pour note sur des manuscrits inédits découverts par SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… dans la bibliothèque d’un couvent de Palerme ; il nous paraît plus naturel de penser que les inspirations de la VestaleVestale, LaLa Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 11 décembre 1807.Lire la suite… n’ont pas d’autre origine que celles de Fernand CortezFernand CortezFernand Cortez ou La Conquête du Mexique, opéra en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy et Joseph-Alphonse d’Esménard mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 28 novembre 1809.Lire la suite… et d’OlympieOlympieOlympie, opéra en trois actes sur un livret de Charles Brifaut et Armand-Michel Dieulafoy, d’après la tragédie de Voltaire, mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 22 décembre 1819. Spontini remania l’œuvre pour lui donner une fin heureuse. Cette version fut Lire la suite…. Quant à la collaboration de PersuisPersuis, Louis-Luc Loiseau deLouis-Luc Loiseau de Persuis (Metz, 4 juillet 1769 – Paris, 20 décembre 1819), chef d’orchestre et compositeur. Il vint à Paris en 1787 et joua dans les orchestres de l’Opéra-Comique et de l’Opéra. En 1804, il fut nommé répétiteur de chant à l’Opéra. Six ans plus tard, il succédaLire la suite… et de LesueurLesueur, Jean-FrancoisJean-François Lesueur (Drucat-Plessiel/Somme, 15 février 1760 – Paris, 6 octobre 1837), compositeur. Il reçut sa formation musicale dans les maîtrises d’Abbeville et d’Amiens. Il quitte Amiens en 1876 et pendant dix ans dirigea successivement les maîtrises de différents chapitres de provLire la suite… à l’œuvre du célèbre compositeur, quoi qu’on en ait dit dans le temps, elle s’est bornée à ces conseils que deux hommes d’expérience peuvent donner quelquefois et qu’un musicien peu habitué aux exigences de la scène ne refuse jamais.

Analyser la partition de SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… ce serait trop peu présumer des connaissances musicales de nos lecteurs ; nous nous bornerons à dire de quelle manière le chef-d’œuvre a été exécuté et comment il a été accueilli. Eh ! bien, quoi qu’il nous en coûte de blesser la susceptibilité de M. le chef d’orchestre de l’Opéra, nous lui reprocherons, à lui musicien savant et habile, d’avoir dénaturé la plupart des mouvements et d’avoir laissé son orchestre jouer avec mollesse et hésitation ; nous reprocherons à Mlle CruvelliCruvelli, SophieJeanne-Sophie-Charlotte Cruwell dite Sophie Cruvelli (Bielefeld/Allemagne, 12 mars 1826 – Monte-Carlo, 6 novembre 1907), soprano. Elle étudia le chant avec Giulio Marco Bordogni à Paris et Francesco Lamperti à Milan. Elle fit son début au Théâtre La Fenice de Venise en 1847 et au Théâtre-ItaLire la suite… l’exagération de ses gestes et son manque de naturel et de sensibilité dans un rôle qu’elle a dramatisé avec tout l’entraînement et toute la passion qu’elle apporte dans le rôle de Valentine des Huguenots ; nous reprocherons à M. RogerRoger, Gustave-HippolyteGustave-Hippolyte Roger (La-Chapelle-Saint-Denis, 17 décembre 1815 – Paris, 12 septembre 1879), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique en 1837. Il débuta le 16 Février 1838 à l’Opéra-Comique dans le rôle de Georges de L’EclairLire la suite…, malgré toute la bonne volonté dont il a fait preuve, ses hoquets perpétuels et ses élans de voix intempestifs ; ObinObin, Louis-HenriLouis-Henri Obin (Ascq/Nord, 4 aout 1820 – Paris, 9 novembre 1895), basse. Il étudia à Lille avec Antoine Ponchard puis au Conservatoire de Paris. Il débuta à l’Opéra de Paris en 1844 et créa avec beaucoup de succès le rôle de Bocchoris de L’Enfant prodigue (Auber, 1850). Il créa le rLire la suite… et BonnehéeBonnehée, MarcMarc Bonnehée (Moumours/ Basses-Pyrénnées, 2 avril 1828 – Paris, 26 février 1886), baryton. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint, en 1853, les premiers prix d’opéra et de chant et le deuxième prix d’opéra-comique. La même année, il fut engagé à l’Opéra où il débuta Lire la suite… seuls ont rendu avec un talent parfait et un très-grand sentiment musical les caractères de leurs personnages ; les chœurs ont chanté sans nuances, sans intelligence et sans énergie ; la majorité du public a battu des mains par respect pour la mémoire du compositeur ou par réminiscence ; le final du second acte peut-être a-t-il été apprécié comme il mérite de l’être ; la claque elle-même paraissait gênée dans ses mouvements, qu’elle exécute d’ordinaire avec un ensemble si remarquable. Attendons une prochaine représentation pour voir si la froideur du public et les observations de la critique auront profité aux exécutants et aux artistes.

Nous avons à enregistrer un nouveau succès au Théâtre-Lyrique ; la PromisePromise, LaLa Promise, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 16 mars 1854.Lire la suite…, au dire des auteurs eux-mêmes, est une simple historiette provençale ; nous ajouterons qu’elle est gracieuse, touchante et comique à la fois et que Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… la raconte délicieusement avec ce talent frais, jeune et sympathique que chacun se plaît à lui reconnaître.

Marie est fiancée à M. Giraumont, un vrai loup de mer, qui jure des troun dé l’air et des bagasse, et qui aurait comme Jean Bart allumé sa pipe devant Louis XIV. Au fond ce Giraumont est assez bon diable, et un regard des jolis yeux de Marie le fait rougir sous sa peau rugueuse et bronzée au soleil des deux mondes. Marie, en épousant le corsaire provençal, acquitte une dette de reconnaissance ; mais elle aime en secret un compagnon de son enfance, le matelot Petit-Pierre, qui est parti pour un lointain voyage et qu’elle n’espère plus revoir. Petit-Pierre revient quelques instants avant la noce ; à ce moment même trois coups de canon se font entendre ; l’ennemi est signalé, et Giraumont, obligé de prendre le commandement de son brûlot, renvoie les violons, dit adieu aux invités, donne un chaste baiser à Marie, et charge son ami Petit-Pierre de veiller sur elle et de la préserver des danger auxquels exposent son innocence et sa beauté. Or la jeune personne n’est pas si innocente qu’elle ne le paraît ; à peine Giraumont a-t-il quitté les rivages d’Antibes qu’elle imagine une toute petite ruse pour se délier de la parole donnée au bienfaiteur de son père ; elle grise Petit-Pierre en compagnie d’un marin de la patache des douanes, le beau et séduisant Théodore, et pendant qu’ils dorment l’un et l’autre sur la table chargée des flacons qu’ils ont vidés, Marie prend le chapeau de Petit-Pierre et le place dans sa chambrette, dont elle souille ainsi volontairement la virginité ; elle racontera à M. Giraumont que Petit-Pierre l’a surprise pendant son sommeil, et comme le bonhomme est très-chatouilleux sur le point d’honneur, il renoncera à la main de Marie et la mettra dans celle de son ami Pierre. C’est ce qui arrive en effet ; seulement Marie s’était trompée et elle avait pris le chapeau de Théodore ; elle explique tout à Giraumont avec la plus adorable naïveté, et le vieux marin, qui revient triomphant de son expédition et enrichi des dépouilles d’une corvette qu’il a coulée bas, pardonne à Marie, et ajoute à son pardon l’offre d’une dot assez ronde. Les violons jouent pour Petit-Pierre, et c’est tout de même Giraumont qui les paye.

Sur ce joli petit libretto, M. Clapisson a écrit une partition pleine de verve, de gaieté et de jolies pensées mélodiques ; s’il n’a pas toujours été original, il s’est montré bien souvent homme de goût et d’expérience, compositeur habile et intelligent.

L’ouverture de la PromisePromise, LaLa Promise, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 16 mars 1854.Lire la suite… débute par un motif villageois ; puis vient un thème varié d’une manière très-piquante et qu’amène une péroraison à grand effet. La première scène est dialoguée en écho entre les gens du port et les marins d’un bâtiment chargé de marchandises ; il nous semble que le compositeur aurait pu tirer un meilleur parti de cette situation ; les voix s’unissent, et ce morceau d’ensemble est gracieux et mouvementé ; Marie chante des couplets maritimes dont le refrain est repris par le chœur, et qui ressemblent beaucoup, par le rhythme peut-être plus que par la mélodie, à ceux de la Reine de ChypreReine de Chypre, LaLa Reine de Chypre, opéra en cinq actes sur un livret de Henri de Saint-Georges mis en musique par Fromental Halévy et créé à l’Opéra de Paris le 22 décembre 1841.Lire la suite… :

Tout n’est dans ce bas monde,

Qu’un jeu…

La scène dans laquelle Giraumont rédige sa lettre d’invitation à Théodore est traitée avec beaucoup de finesse et de vérité :

Pékin, la noce va se faire,

A toi je ne tiens pas beaucoup ;

Cependant, si çà peut te plaire,

Viens avec nous, viens boire un coup.

C’est bien là un style de corsaire et un quatrain d’opéra comique ; Marie modifie un peu plus courtoisement la missive de son fiancé ; Simonette prend part à la rédaction, et ce trio bouffe est charmant et rempli de jolis détails ; l’allegro chanté par Marie manque de distinction, bien qu’il ait été fort applaudi. La chanson de l’Alouette, qu’elle dit ensuite, est une fraîche mélodie émaillée de vocalises, de traits rapides et de roulades qui s’échappent avec une limpidité extrême du merveilleux gosier de Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite…. Les couplets C’est ma veste, chantés par Théodore, sont une délicieuse bouffonnerie qui pourra bien devenir aussi populaire que le docteur IsambartDocteur Isambart, LeLe Docteur Isambart est une chanson estudiantine venue d’Allemagne et traduite dans plusieurs langues : « Je suis le docteur Isambart / Je connais tous les secrets de mon art / Je guéris tous les tempéraments / Pourvu qu’on m’en donne l’argent… ».Lire la suite….

Petit-Pierre chante une romance très-sentimentale dans laquelle nous avons surtout remarqué cette phrase :

A la patrie absente

Je pensais.

Dans le chœur suivant les voix sont disposées en canon ; l’accompagnement auquel viennent se mêler les notes argentines des timbres et le tintement d’une cloche qui n’était pas d’une justesse irréprochable, renferme de très-jolis détails. Nous n’aimons pas beaucoup le duo d’amour entre Petit-Pierre et Marie ; la harangue adressée par Giraumont à ses matelots, avant de les conduire au combat, est franche et énergique ; le chœur qui vient ensuite a une allure très-martiale ; les matelots brandissent leur hache d’abordage, mais ils chantent dans un diapason beaucoup trop élevé, ce qui, ajouté à la vigueur exagérée de l’instrumentation, produit un effet bruyant et confus.

Il y a au deuxième acte d’assez jolis couplets chantés par Simonette et écrits sur un mouvement de valse ; la chanson à boire chantée par Marie, est pleine de verve et d’une coupe assez originale. La scène de l’ivresse est bien rendue ; pendant le sommeil et le songe de Petit-Pierre les violoncelles divisés soupirent une mélodie douce et poétique sur laquelle les violons avec sourdines viennent dessiner en tremolo de charmantes broderies ; n’oublions pas le trio entre Petit-Pierre, Marie et Simonette, qui est un des morceaux les mieux réussis et les plus mélodiques de la partition. Les couplets de Giraumont, accompagnés par le chœur, ont une certaine couleur maritime ; il raconte le coulage de la corvette, et les matelots chantent leurs prouesses et celles de leur commandant.

Le trio placé au commencement du troisième acte, est traité un peu trop à l’italienne, la strette surtout qui se termine par des felicita légèrement surannés, est une de ces banalités que nous nous étonnons d’avoir rencontrées au bout de la plume de M. Clapisson.

L’air mélancolique chanté par Giraumont est écrit dans un bon sentiment ; l’andante du duo entre Marie et Petit-Pierre est une douce et suave inspiration ; il y a une grâce naïve et charmante répandue dans les jolis couplets récités par Marie ; cette historiette provençale qui est celle de la jeune fille, est une petite perle mélodique dont tout le monde a été charmé et que tout le monde a applaudie.

Nous ne comprenons pas que M. Clapisson n’ait pas eu l’idée de placer dans sa partition un effet de galoubet et de hautbois ; il paraît impossible de traiter un sujet provençal sans songer à ces deux instruments qui eussent donné à l’ouvrage un heureux reflet de couleur locale. M. Clapisson abuse des gros cuivres et des instruments à percussion ; dans les morceaux d’ensemble cela peut se concevoir ou s’excuser, mais ailleurs, les trombones et la grosse caisse sont bien souvent inutiles, surtout quand le compositeur n’a pas à peindre une situation forte, émouvante ou fantastique. La PromisePromise, LaLa Promise, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 16 mars 1854.Lire la suite… n’en est pas moins une œuvre très-estimable, et dont plus d’une page porte le cachet d’un maître expérimenté et habile. La pièce a pour interprètes Mme Marie CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite…, Mlle GirardGirard, CarolineCaroline Girard (Paris, 7 avril 1830 – Paris, 4 janvier 1925), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris où elle obtint un 1er prix d’opéra-comique en 1853 et débuta au Théâtre-Lyrique où pendant dix ans elle créa de nombreux rôles tels que Georgette des Dragons de Villars (Maillart,Lire la suite…, MM. LaurentLaurent, Pierre MariePierre-Marie Quillevéré, dit Laurent (Brest, 24 janvier 1821 – Chatou, 23 août 1854), baryton. Second prix de chant en 1840 au Conservatoire de Paris, il débuta à Marseille avant d’être engagé au Théâtre-Lyrique en 1852. Il créa le rôle-titre de Maître Wolfram d’Ernest Reyer en maiLire la suite…, JuncaJunca, Francois MarcelFrançois-Marcel Junca (Bayonne, vers 1818 – Lormes près de Corbigny/ Nièvre, 4 octobre 1878), basse. Il fit ses études à Toulon puis à Paris et débuta en 1838 à Metz. Il chanta en 1840/41 à Lyon et de 1850 à 1855 au Théâtre-Lyrique de Paris où il participa aux créations des œuvres sLire la suite… et ColsonColson, Charles AlexandreCharles-Alexandre Cosson dit Colson (Paris, 23 septembre 1816 – Paris, ? 1877), ténor. Après avoir chanté en province, il se produisit à la Nouvelle-Orléans à partir de 1837. En 1850, c’est à La Haye qu’il fit la connaissance et épousa la jeune soprano Pauline-Désirée Dejon, dite PaulLire la suite…, c’est-à-dire quelques-uns des premiers sujets du Théâtre-Lyrique dont le personnel vaut bien aujourd’hui celui de son confrère de la rue Favart.

On annonce pour devoir être joués prochainement, la reprise de la Reine d’un jourReine d’un jour, LaLa Reine d’un jour, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe et Henri de Saint-Georges mis en musique par Adolphe Adam et créé à l’Opéra-Comique le 19 septembre 1839.Lire la suite…, d’Adolphe Adam Adam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite…; le Panier fleuriPanier fleuri, LeLe Panier fleuri, opéra-comique en un acte sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 6 mai 1839.Lire la suite…, d’Ambroise Thomas ; et Maître WolframMaître WolframMaître Wolfram, opéra-comique en un acte sur un livret de Joseph Méry et Théophile Gautier mis en musique par Ernest Reyer et créé au Théâtre-Lyrique le 20 mai 1854.Lire la suite…, dont le poëme est de MéryMéry, Francois-Joseph-Pierre-AndréFrançois-Joseph-Pierre-André Méry (Les Aygalades près de Marseille, 21 janvier 1798 – Paris, 17 juin 1866), écrivain. Il étudia le droit à Aix-en-Provence avant de fonder le périodique Le Phocéen en 1820 et plus tard La Méditerranée. En 1824, il vint à Paris et collabora au journal Le Lire la suite….

Quand les concerts auront dit leur dernier mot, nous ferons une revue générale des soirées musicales de la saison, et nous n’oublierons certainement pas de parler de la symphonie en mi bémolSymphonie no. 1 en mi bémol majeurSymphonie pour orchestre no. 1 en mi bémol majeur Op. 2 de Camille Saint-Saëns.  Composée à dix-sept ans, la symphonie fut créée le 18 décembre 1853 à la salle Sainte-Cécile de Paris par la Société  Sainte-Cécile sous la direction de  François Seghers à qui elle est dédiée. C’esLire la suite…, de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, exécutée à l’une des dernières séances de la société Sainte-Cécile.