Le Courrier de Paris, 16 décembre 1857 [p. 1-2] (article signé E. Reyer).

Chronique musicale.


Lorsque, en 1848, M. Alexandre BassetBasset, Andre AlexandreAndré-Alexandre Basset (Nice, ? 1796 – Paris, 22 avril 1870), directeur. Il étudia au lycée de Marseille puis devint lieutenant des gardes mobiles du Var. En 1816, il devint lieutenant dans les gardes du corps. De 1820 à 1835, il écrivit pour le théâtre tout en conservant l’anonymat, puisLire la suite… quitta la direction de l’Opéra-Comique, son successeur, M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, trouva dans les cartons administratifs, entre autres ouvrages qui plus tard obtinrent beaucoup de succès, le Songe d’une nuit d’étéSonge d’une nuit d’été, LeLe Songe d’une nuit d’été, opéra-comique en trois actes sur un livret de Joseph Rosier et Adolphe de Leuven, mis en musique par Ambroise Thomas, créé à l’Opéra-Comique le 20 avril 1850Lire la suite…, musique de M. Ambroise Thomas. M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, en cédant son privilège à M. Nestor Roqueplan, lui a légué, entre autres ouvrages qui sont assurément appelés à une très grande vogue, le Carnaval de VeniseCarnaval de Venise, LeLe Carnaval de Venise, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 9 décembre 1857.Lire la suite…, dont la partition est aussi de M. Ambroise Thomas. Et ce Carnaval de VeniseCarnaval de Venise, LeLe Carnaval de Venise, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 9 décembre 1857.Lire la suite…, avec son cortège de masques et de dominos, d’Arlequins et de Colombines, de Pierrots et de Cassandres, avec son Polichinelle et son Lélio, ses grelots et ses battes, son nez de carton, ses dragées, ses perruques et sa farine, est passé l’autre soir, pompeusement et joyeusement, devant les yeux du public, éblouis par toutes ces bigarrures et toutes ces magnificences. — Certes, disait-on, autour de moi, voilà un carnaval de première classe.

M. PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite… s’est retiré peu de jours avant la représentation de la pièce nouvelle, afin que M. Nestor Roqueplan entrât à l’Opéra-Comique par la porte du succès. L’ancien directeur de l’Opéra, homme de goût et homme d’esprit, fonctionnaire intelligent et habile, méritait bien cette attention délicate.

Il est facile d’analyser la comédie de M. Sauvage Sauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite…: la simplicité de l’action ne cherche pas à s’y dissimuler sous une foule de lieux-communs et de péripéties surannées. D’un bout à l’autre de la pièce, on peut suivre le fil de l’intrigue sans crainte de le laisser échapper. Est-ce une qualité ? est-ce un défaut ? Question grave qu’il ne m’appartient pas de résoudre. Il y a des pièces très embrouillées qui réussissent d’autant plus qu’on les comprend moins ; il y en a d’autres qui vous permettent de deviner le dénouement dès la première scène, et qui réussissent parfaitement aussi. On sait bien qu’il est possible d’arriver au même but en suivant des routes tout à fait opposées. Pour la plupart des auteurs dramatiques, le but c’est le succès. Or, M. SauvageSauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite… y est arrivé plus d’une fois en sa vie, et notamment avec l’Eau merveilleuseEau merveilleuse, L’L’Eau merveilleuse, opéra-comique en deux actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Albert Grisar et créé au Théâtre de la Renaissance le 30 janvier 1839.Lire la suite…, Gilles le Ravisseur Gilles ravisseurGilles ravisseur, opéra-comique en un acte sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 21 février 1848.Lire la suite…[Gilles RavisseurGilles ravisseurGilles ravisseur, opéra-comique en un acte sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 21 février 1848.Lire la suite…], le Père GaillardPère Gaillard, LeLe Père Gaillard, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage, mis en musique par Henri Reber, créé à l’Opéra-Comique le 27 septembre 1852. Lire la suite…, les PorcheronsPorcherons, LesLes Porcherons, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage et Gabriel de Lurieu mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 12 janvier 1850.Lire la suite… et le CaïdCaïd, LeLe Caïd, opéra-comique en deux actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 3 janvier 1849.Lire la suite….

Ces titres, je l’espère, sont assez éloquens. Ce sont de vrais titres de noblesse, et qui donneraient singulièrement à réfléchir à la critique, le jour où elle croirait avoir l’occasion de dire à M. Sauvage Sauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite…: cette fois, vous vous êtes trompé. Mais j’ai trop de confiance dans le talent et dans l’expérience de M. SauvageSauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite… pour supposer que ce jour viendra jamais. Et d’ailleurs, le musicien n’est-il pas toujours là pour avertir son collaborateur, pour lui montrer du doigt toutes les faiblesses, tous les défauts, tous les ennuis de son poëme ? « Vos personnages ont beau se battre les flancs pour être gais, ils ne me font pas rire ; vous pouvez bien, tant qu’il vous plaira, les habiller de rouge, de vert, de bleu et de jaune, leur barbouiller le visage et leur faire tirer la langue, je les trouve funèbres ; votre fable est vieillotte et je la sais par cÅ“ur. Voulez-vous donc me faire écrire, à moi qui suis un élégant coloriste, un poète, à moi qui ai de joyeux refrains dans la tête, à moi qui ai du style et de la distinction, voulez-vous donc me faire écrire sur votre prétendue farce une musique à porter le diable en terre, et que je bourrerai, par dessus la marché, de réminiscences et de banalités ? » — Puis, quand le musicien a parlé ainsi, n’est-ce pas au directeur à prendre la parole et à donner de sages conseils au librettiste qui se fourvoie ? Il n’a pas besoin de pousser la sévérité ou la franchise aussi loin que ce directeur académicien qui écrivait à un de mes bons amis en lui renvoyant son manuscrit : « ….. pas d’intrigue, pas d’esprit, pas de style : de l’orthographe seulement ; » mais il peut lui dire que, si splendides que soient les décors d’un ouvrage, ils ne le sauvent pas d’une chute, quand cet ouvrage manque d’invention, de vie, d’intérêt et de mouvement ; non pas de ce mouvement qui consiste à faire tournoyer, gesticuler et parader sur la scène tout le personnel d’un théâtre, artistes, comparses et chorégraphes, mais de celui qui tient sans cesse en éveil l’attention du spectateur et qui l’empêche de bâiller, comme il en a l’habitude, quand il écoute d’une oreille distraite un dialogue dont chaque virgule est un éteignoir. Après que le musicien et le directeur ont exprimé ainsi leur opinion, l’auteur, docile et modeste, remporte sa pièce, la revoit, la corrige, l’allonge ou la raccourcit, la refond entièrement ou bien la jette au feu et en fait une autre. L’auteur qui présume un peu trop de son infaillibilité ne fait rien de tout cela, et, à force d’argumens, il arrive souvent à triompher de la résistance du directeur et de l’opposition du musicien ; il affronte l’épreuve de la rampe, et si elle est loin de lui être favorable, il s’en prend au public, au musicien, au directeur, aux artistes, à la critique, à tout le monde, excepté à lui-même. Maintenant il faut admettre le cas où un directeur, un musicien et un librettiste se trompent tous les trois : dans ce cas, ils pèchent par ignorance, et si le public ne trouve pas que ce soit là une circonstance suffisamment atténuante pour adoucir son jugement, la critique, du moins, doit-elle user d’indulgence et revêtir ses formes les plus doucereuses, les plus polies, en se confiant à la perspicacité du lecteur. Car il n’y a pas que l’eau bénite de cour, il y a aussi l’eau bénite de feuilleton, et Dieu sait si ceux qui tiennent le goupillon peuvent se dispenser, toutes les fois que cela leur plairait, d’asperger ceux qui passent à la portée du bénitier.

J’allais raconter le Carnaval de VeniseCarnaval de Venise, LeLe Carnaval de Venise, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 9 décembre 1857.Lire la suite… de M. SauvageSauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite…, et voilà que tout-à-coup, à propos de rien, je tourne le dos à la place Saint-Marc et je me mets à discourir d’une façon oiseuse, à m’ébattre dans le champ des suppositions. Que M. SauvageSauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite… et M. Ambroise Thomas me pardonnent donc de les avoir oubliés un instant. Je suppose que pendant ce temps-là le seigneur Palifornio, élève de Tartini, a accordé son violon, perfectionné ses trilles, égalisé ses staccati et rhythmé ses arpèges. Le seigneur Palifornio est l’époux de la belle Flaminia, et ce n’est pas sans raison que M. SauvageSauvage, Thomas-Marie-FrançoisThomas-Marie-François Sauvage (Paris, 5 novembre 1794 – Paris, 2 mai 1877), auteur dramatique et critique théâtral. Il écrivit des pièces de théâtre et des vaudevilles et fut critique théâtral au Journal Général de France et au Moniteur Universel. Il fut pendant un an (1827/28) le direcLire la suite… a coiffé la tête de ce Cassandre mélomane d’un foulard aux nÅ“uds emblématiques : la belle Flaminia échange de tendres propos et donne de galans rendez-vous à son cousin Asdrubal. Quant à la tante Artémise, la sÅ“ur de Palifornio, elle est arrivée à cet âge où les plus affamés ne vivent guère que de souvenirs. Et parmi tant de souvenirs que lui a laissés une jeunesse un peu folle, il en est un qui, plus que tous les autres, est cher à la tante Artémise : c’est celui d’un danseur appelé Momolo. Pourquoi un danseur et pourquoi pas un ténor ? parce que, à Venise comme ailleurs, les idoles ne sont pas les mêmes à toutes les époques. Palifornio, Flaminia et Artémise, voilà les trois personnages qui composent la famille de Lélio, et vous comprenez quelle mésalliance ce serait si la cantatrice Sylvia, aimée de Lélio, entrait dans une si noble famille. Ella y entre pourtant, à l’aide de certains secrets qu’elle surprend et dont elle se sert comme de fausses clés pour ouvrir la porte de ce paradis habité par le Lélio de ses rêves.

Oui, j’aime Lélio – et jure sur mon âme

S’il n’est pas mon époux que je serai sa femme.

Et, déguisée en servante tyrolienne, chantant le la la itou de ses montagnes et donnant à son accent une légère nuance de jargon alsacien, Sylvia, accompagnée de Caramello, sorte de Crispin-Sigisbée, vient faire une belle révérence rustique à la tante Artémise. Puis elle écoute aux portes et apprend par cœur le concerto que compose Palifornio, reçoit les confidences de Flaminia, pleure avec Artémise sur les cendres de Momolo, vante le suprême bon ton du capitaine Asdrubal et s’inquiète fort peu de Lélio qu’elle n’a pas l’air de connaître.

Au deuxième acte, affublée d’un domino pareil à celui de Flaminia, Sylvia se fait remettre par Asdrubal la correspondance amoureuse de sa cousine et promet à Artémise de lui restituer, à l’acte suivant, un certain portrait qu’elle a eu l’imprudence d’égarer entre les mains de Momolo.

Le dénoûment a lieu dans une soirée donnée au Casino philharmonique et dont le concerto du marquis doit être la pièce principale. La voix de Sylvia prend l’avance sur le violon de Palifornio, au grand ébahissement du virtuose qui se trouve volé et qui reste confondu devant tant de talent et d’audace. « Appelez-moi votre nièce, monseigneur, et je vous rends la paternité de votre œuvre ; vous, mesdames, voici vos lettres et votre portrait : sachez seulement qu’avant ce soir je veux être la femme de Lélio. » Et la noble famille de répondre à l’unisson combien elle se trouve honorée de l’alliance d’une prima-donna aussi distinguée et aussi habile.

S’il est un musicien sympathique à tous ses confrères et dont le caractère soit aussi estimé que le talent, c’est assurément M. Ambroise Thomas. Il a eu le rare privilège d’arriver très jeune à une position élevée, à une renommée brillante, sans faire d’envieux ; savant comme un bénédictin, doué d’une mémoire musicale peu ordinaire, il use de son savoir et ne l’affiche pas ; son style est pur et élégant ; son harmonie est riche, et si les jeunes compositeurs ont toujours quelque chose à apprendre en écoutant chacune de ses Å“uvres, dans chacune d’elles aussi le public, qui aime avant tout les idées gracieuses et les refrains mélodiques, a toujours quelque chose à applaudir. Le Carnaval de Venise Carnaval de Venise, LeLe Carnaval de Venise, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 9 décembre 1857.Lire la suite…n’est pas un ouvrage dramatique et coloré comme PsychéPsychéPsyché, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 26 janvier 1857.Lire la suite…, poétique et plein de rêverie comme le Songe d’une nuit d’été Songe d’une nuit d’été, LeLe Songe d’une nuit d’été, opéra-comique en trois actes sur un livret de Joseph Rosier et Adolphe de Leuven, mis en musique par Ambroise Thomas, créé à l’Opéra-Comique le 20 avril 1850Lire la suite…; ce n’est pas non plus une partition franchement bouffe comme le Caïd Caïd, LeLe Caïd, opéra-comique en deux actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 3 janvier 1849.Lire la suite…; cependant l’élément comique y domine, et, à travers les éclairs d’une gaîté de bon aloi, voltigent de douces cantilènes qui toutes portent le cachet de la distinction et se parent des plus charmans détails d’une instrumentation piquante. Parmi les morceaux qu’on a le plus remarqués, je citerai les couplets de Lélio, la tyrolienne de Sylvia, un joli duo entre Sylvia et Caramello, un beau sextuor, les airs de danse du carnaval, le chÅ“ur qui se chante avant le lever du rideau et un final traité d’une façon magistrale. L’ouverture débute par le thème favori de Paganini, joué d’abord par tout l’orchestre et varié ensuite avec un art infini. La péroraison m’a semblé moins bien réussie : je dois l’avoir mal comprise ou mal entendue. On trouve généralement que Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… fait des prodiges de vocalisation. Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite…, c’est l’incarnation flamande de la roulade ; sa voix est une musique perpétuelle, et quand elle parle, elle chante encore. Le costume des montagnes du Tyrol lui sied si bien que je me suis surpris à regretter le temps qu’elle passe sous son ample domino de satin noir.

StockhausenStockhausen, JuliusJulius Stockhausen (Paris, 22 juillet 1826 – Francfort-sur-le-Main, 22 septembre 1906), baryton. Élève de Manuel Garcia, il débuta à Bâle dans Élie (Mendelssohn, 1848). Il suivit son professeur à Londres, où il chanta en 1850 devant la Reine. Il fut engagé au théâtre de Mannheim pour Lire la suite… rend délicieusement certaines parties de son rôle ; mais dans la scène où il est travesti en Polichinelle, il me produit absolument le même effet que si Sainte-FoySainte-Foy, Charles-Louis Pubereaux ditCharles-Louis Pubereaux dit Sainte-Foy (Vitry-le-Francois/Marne, 13 fevrier 1817 – Neuilly, 1er avril 1877), tenor. Elève de Morin au Conservatoire de Paris. Débute à l’Opéra-Comique le 18 Mai 1840 dans le rôle de Dionigi dans Zanetta ou jouer avec le feu (Auber). Il y resta jusqu’à sa retraitLire la suite…, grossissant sa voix et imitant LevasseurLevasseur, Nicolas-ProsperNicolas-Prosper Levasseur (Bresles, 9 mars 1791 – Paris, 6 décembre 1871), basse. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Garat et obtint en 1811 un 2eme prix de chant et en 1812 un 1er prix de tragédie lyrique. Il débuta à l’Opéra en 1813 dans le rôle du Pacha de La Caravane du Caire (GLire la suite…, chantait l’évocation des nonnes de Robert-le-DiableRobert-le-diableRobert le Diable, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Germain Delavigne, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 21 novembre 1831.Lire la suite…. StockhausenStockhausen, JuliusJulius Stockhausen (Paris, 22 juillet 1826 – Francfort-sur-le-Main, 22 septembre 1906), baryton. Élève de Manuel Garcia, il débuta à Bâle dans Élie (Mendelssohn, 1848). Il suivit son professeur à Londres, où il chanta en 1850 devant la Reine. Il fut engagé au théâtre de Mannheim pour Lire la suite… est un chanteur sérieux, dans la bonne acception du mot : la pratique de Pulcinella n’est pas faite pour un gosier comme le sien ; qu’il l’avale donc et qu’il n’en soit plus question, si c’est possible.

J’aime beaucoup les allures de grand seigneur du cousin Asdrubal ; j’aime aussi la voix de Lélio, les amoureux soupirs de la tante Artémise, la verve comique de Palifornio et les grands yeux de la belle Flaminia, tout chargés de flammes.

Le Carnaval de VeniseCarnaval de Venise, LeLe Carnaval de Venise, opéra-comique en trois actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 9 décembre 1857.Lire la suite…, malgré toutes les folies que le titre promet, ne sera certainement pas mis de côté en carême, et cela, sans qu’il soit besoin de mettre un crêpe à la gaieté des acteurs et d’allonger les jupes des danseuses.

Nous avions annoncé dans notre dernier article l’exécution d’ElieElieElias (Elie), Op. 70, oratorio pour soli, chÅ“ur et orchestre en deux parties sur un livret en allemand de Julius Schubring d’après les Livres des Rois 1 et 2 de l’Ancien Testament et créé, dans une version en anglais due à William Bartholomew sous le titre Elijah, au festival triennal de muLire la suite…, le magnifique oratorio de MendelssohnMendelssohn, MoïseMoses (Moïse) Mendelssohn (Dessau, 6 septembre 1729 – Berlin, 4 janvier 1786), philosophe. Auprès du rabbin de Dessau David Fränkel, il étudia la Bible, le Talmud et la philosophie Maïmonide, et le suivit à Berlin en 1743. Il poursuivit ensuite son apprentissage d’une façon largement autoLire la suite…, au Cirque des Champs-Elysées. Le festival a eu lieu ; la foule y est accourue, et le succès a été immense : il y avait beaucoup d’Allemands dans la salle. Les chÅ“urs garnissaient la partie supérieure de l’estrade élevée en face de la porte d’entrée et dominée par l’orgue, de sorte que le bâton du chef d’orchestre pouvait commander en même temps à la masse des chanteurs et des instrumens. Les solistes étaient placés sur le devant de la scène.

WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…, MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières Å“uvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite… et M. Charles GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… ont défrayé la première partie du concert. L’ouverture du FreyschützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite… [FreischützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…] a été vigoureusement enlevée par l’orchestre, sauf un peu de lenteur au commencement et un peu de précipitation à la fin ; M. Daussoigne-MéhulDaussoigne-Méhul, Louis-JosephLouis-Joseph Daussoigne-Méhul (Givet/Ardennes, 10 juin 1790 – Liège, 10 mars 1875), compositeur et pédagogue. Il étudia au Conservatoire de Paris et obtint un 1er prix de contrepoint et fugue en 1808 et le 1er prix de Rome en 1809. A Rome, il composa, entre autres un Te Deum, trois quatuors etLire la suite…, auteur d’une fantaisieFantaisie sur Les HuguenotsIl n’y a pas encore de descriptionLire la suite… sur les HuguenotsFantaisie sur Les HuguenotsIl n’y a pas encore de descriptionLire la suite…, a fait entendre pour la première fois à Paris le piano-orgue à triple clavier de M. AlexandreAlexandre, Edouard A.Édouard A. Alexandre (Paris, 1824 – Paris, 9 mars 1888), facteur d’instruments à anches libres. Il rejoignit son père, Jacob Alexandre (11 Juin? 1804, Paris – 11 Juin 1876, Paris), qui avait fondé sa facture d’accordéons et d’harmonicas en 1829. Ils étaient facteurs d’instruments à anLire la suite…, et la MéditationMeditationArrangement du prelude en do majeur du premier livre du clavecin bien tempere de J.S. Bach. Il en existe plusieurs versions dont celle pour chÅ“ur à 6 voix, violon solo, piano et orgue en do majeur, créé par la Société des jeunes artiste le 10 avril 1853 sous le titre de Méditation. Lire la suite… de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…, arrangée pour chÅ“ur et orchestre, a été exécutée ensuite d’une manière très remarquable. Seulement, les harpes n’étaient pas assez nombreuses, et c’est à peine si, au milieu des flots d’harmonie que répandaient les voix et les instrumens, on pouvait distinguer les arpèges du prélude. Cela faisait une lacune ; car enfin, si large et si religieuse que soit l’inspiration de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…, l’idée première de Sébastien BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières Å“uvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite… y est bien pour quelque chose. Suivant l’usage, ce morceau a été applaudi et bissé par toute la salle.

Après un entr’acte de quelques minutes, les cuivres mugissent sourdement et accompagnent de leurs accords majestueux et terribles la voix menaçante du prophète :

Dieu qui m’envoie à toi, race obstinée,

T’a condamnée.

Les eaux tariront en Israël

Pendant l’année,

Ainsi dit l’Eternel.

MendelssohnMendelssohn, MoïseMoses (Moïse) Mendelssohn (Dessau, 6 septembre 1729 – Berlin, 4 janvier 1786), philosophe. Auprès du rabbin de Dessau David Fränkel, il étudia la Bible, le Talmud et la philosophie Maïmonide, et le suivit à Berlin en 1743. Il poursuivit ensuite son apprentissage d’une façon largement autoLire la suite… a écrit son oratorio sur le texte allemand de LutherLuther, MartinMartin Luther (Eisleben/Thuringe, 10 novembre 1483 – Eisleben, 18 février 1546), religieux, théologien, fondateur du protestantisme. Il étudia la grammaire, la rhétorique et la logique dans les écoles latines de Mansfeld, Magdebourg et Eisenach puis entra à l’université d’Erfurt, où ilLire la suite…, qui est la traduction en prose de la Bible. M. Maurice BourgesBourges, Jean-MauriceJean-Maurice Bourges (Bordeaux, 2 décembre 1812 – Paris, 15 mars 1881), critique musical, traducteur et compositeur.Il composa un opéra-comique, Sultana (1846), et devint critique musical à La Revue et Gazette Musicale à partir de 1839. Il traduisit le texte de La Passion selon Saint Matthieu deLire la suite… a dû, par conséquent, surmonter de très grandes difficultés pour traduire le poème sacré en vers libres, et subordonner plus d’une fois aussi la pureté de son lyrisme à la fidélité de la prosodie musicale.

Après le récitatif d’Elie, une préface instrumentale dans le style fugué exprime les souffrances et les angoisses du peuple qui, bientôt, va faire éclater ses gémissemens :

Quoi, le Seigneur, notre unique espérance,

Ne veut-il plus nous prêter assistance !

La prière succède à la plainte ; Israël tombe à genoux et invoque l’Eternel :

Sion lève les mains vers toi,

Sion t’appelle et se désole.

A cette prière, chantée par deux soprani, se mêlent les accens du chœur, une phrase très courte, répétée dans des tons différens, et toute pleine de résignation et de tristesse :

Grâce, Seigneur, entends-moi.

Puis Abdias annonce au peuple juif la venue du prophète, l’exhorte à persévérer dans la voie du repentir, et élève lui-même vers Dieu l’hymne de sa reconnaissance et de son amour :

Dieu se donne au cœur sincère,

Qui le cherche et qui l’espère

               Avec ardeur.

Il y a, dans cette mélodie, une simplicité touchante, une onction biblique que M. JourdanJourdan, Pierre-MariusPierre-Marius Jourdan (Marseille 28 octobre 1823 – Bruxelles, entre le 1er et le 9 février 1879), ténor. Il fit ses études au Conservatoire de Paris qu’il termina en 1845 avec un 1er prix de chant.  Il débuta à l’Opéra-Comique dans Zemire et Azor (Grétry) en 1846 et y resta jusqu’en 18Lire la suite… a parfaitement fait ressortir.

Mais les vœux des coupables ne sont pas exaucés : Dieu reste sourd aux cris de son peuple, car il a dit : « J’étendrai sur les fils le châtiment mérité par les pères, de même que je bénirai mes fidèles jusque dans leur postérité la plus reculée. »

Et Israël, désespérant de fléchir le Tout-Puissant, courbe la tête sous le poids de la colère céleste.

J’ai cru remarquer dans ce chœur, plus particulièrement, des oppositions saisissantes, des transitions tout-à-fait inattendues et une très grande richesse dans le coloris de l’instrumentation.

La voix d’un ange se fait entendre, qui ordonne à Elie de fuir la race maudite et d’aller cacher sa vie au fond des solitudes :

Va, pars et sois sans crainte,

Les anges te suivront.

Le morceau à huit parties réelles qui vient ensuite a été supprimé, ce qui est très regrettable, car il est d’une grande beauté ; mais pour le chanter il fallait huit solistes, et M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répÃLire la suite… a déjà eu bien du mal à en trouver quatre.

Elie arrive chez la veuve de Sarepta : le fils de la veuve est mourant, et la pauvre femme supplie le prophète d’intercéder pour elle auprès du Seigneur.

Ah ! fol espoir, vain effort !

Mon fils est mort !

Les sanglots de la mère interrompent la prière d’Elie. Mais bientôt le miracle s’accomplit : l’enfant ressuscite ; à la douleur, à l’affliction font place, dans le cœur de la veuve, la joie et la reconnaissance. Elle rend grâce à Dieu, et dit au prophète :

En toi je reconnais l’élu du Tout-Puissant.

Ici je hasarderai timidement une observation : il m’a semblé que, tout en restant dans la simplicité biblique qu’il s’est imposée et qu’il a si admirablement continuée depuis le commencement jusqu’à la fin de son œuvre, le compositeur aurait pu peindre d’une manière un peu plus colorée, un peu plus dramatique, les transes, les angoisses de la mère, et surtout les bondissemens de son cœur quand elle voit son enfant renaître à la vie, agiter ses petits bras et sourire. Entre la violence de la douleur et l’exaltation de la joie, on aurait pu désirer que le contraste fût plus nettement accusé et plus fort.

Le peuple, témoin du miracle, chante les louanges du Seigneur :

Heureux qui toujours l’aime,

Qui le prie et le sert.

Elie se présente devant l’impie Achab, et lui reproche d’avoir abjuré ses croyances et profané les saintes lois : « Les prêtres de Baal sont des imposteurs et vos idoles sont impuissantes : que deux bûchers soient dressés, chargés d’offrandes et de victimes ; vous prierez Baal, et moi j’invoquerai celui qui punit l’injustice : l’autel sur lequel luira la flamme céleste sera l’autel du vrai Dieu. » Le défi est accepté et les prêtres commencent leur invocation.

Ce chœur : O puissant Baal ! est peut-être le plus beau de la partition, celui dans lequel il y a le plus d’énergie et d’inspiration. La franchise du rhythme, la grandeur de la mélodie et l’originalité de la cadence finale ont arraché au public des applaudissemens d’enthousiasme.

Prêtres ! redoublez vos clameurs, s’écrie le prophète, votre dieu ne vous entend pas !

Elie prie à son tour ; les fidèles se joignent à lui, et à peine les dernières notes de la prière se sont-elles envolées dans l’espace, le feu du ciel embrase le bûcher dressé par le prophète, la victime se consume. Israël prosterné reconnaît la puissance du vrai Dieu, et se répand en imprécations menaçantes contre les prêtres de Baal ; Elie lance sur eux l’anathème et excite la vengeance du peuple.

L’ange des colères divines confirme du haut des cieux le redoutable arrêt que vient de prononcer le prophète. Mme Falconi [Bockholz-Falconi]Bockholtz-Falconi, Anna-JulianeAnna-Juliane Bockholtz-Falconi [Bochkoltz-Falconi](Trêves, 11 mars 1815 – Paris, 24 décembre 1879), mezzosoprano. Elle étudia le chant à Trêves avec Stephan Dunst et fit son début en 1843. Elle étudia ensuite au Conservatoire de Bruxelles (1844) puis à celui de Paris (1845) et devint membrLire la suite… a un peu trop souligné certains passages de cet arioso dont l’allure est déjà très contournée, et qui nous a paru manquer de simplicité angélique.

Abdias conjure Elie d’obtenir pour la terre d’Israël, desséchée et stérile, une pluie bienfaisante, et le prophète, suivi de son disciple, gravit la montagne et interroge l’horizon. Tout à coup, le ciel s’obscurcit ; un vent d’orage gronde ; les nuages glissent et se heurtent ; l’eau tombe du ciel et les sources jaillissent en bouillonnant.

Le peuple, dont les vœux sont enfin exaucés, laisse éclater ses transports d’allégresse et bénit la clémence du Seigneur.

Ici finit la première partie de l’Oratorio ; je n’analyse pas la seconde, parce qu’on ne l’a pas exécutée. Les chÅ“urs et l’orchestre méritent les plus grands éloges : il fallait un chef habile pour discipliner cette formidable armée d’exécutans, et M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répÃLire la suite… a été très certainement à la hauteur de sa tâche. On le trouvait un peu hardi de se lancer dans une pareille entreprise ; l’idée était excellente, mais elle pouvait ne pas réussir. Aujourd’hui, ceux qui doutaient du succès n’ont plus qu’à faire amende honorable et à proclamer bien haut l’intelligence et le goût du public parisien. A une seconde exécution (elle nous est promise et nous y comptons tous), j’engage M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répÃLire la suite… à demander le plus de nuances possibles à son orchestre, et à le diminuer même, quand il accompagne les soli. M. BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, qui s’entend mieux que personne à faire mouvoir les grandes masses dans les vastes enceintes, a donné ce bon exemple dans quelques-unes de ses partitions.

J’étais assis auprès d’un monsieur grisonnant, le nez orné de lunettes d’or, et qui applaudissait au moins autant que moi. Pendant un entr’acte, mon voisin, que je n’hésite pas à appeler docteur, me dit, avec un accent germanique… ou tyrolien très prononcé : « Monsieur, vous aimez sans doute beaucoup la musique de Mendelssohn Mendelssohn, MoïseMoses (Moïse) Mendelssohn (Dessau, 6 septembre 1729 – Berlin, 4 janvier 1786), philosophe. Auprès du rabbin de Dessau David Fränkel, il étudia la Bible, le Talmud et la philosophie Maïmonide, et le suivit à Berlin en 1743. Il poursuivit ensuite son apprentissage d’une façon largement autoLire la suite…? — Beaucoup, monsieur. » Et voilà mon inconnu qui se met à me raconter la biographie du célèbre artiste, en remontant à Moïse MendelssohnMendelssohn, MoïseMoses (Moïse) Mendelssohn (Dessau, 6 septembre 1729 – Berlin, 4 janvier 1786), philosophe. Auprès du rabbin de Dessau David Fränkel, il étudia la Bible, le Talmud et la philosophie Maïmonide, et le suivit à Berlin en 1743. Il poursuivit ensuite son apprentissage d’une façon largement autoLire la suite…, grand-père de l’illustre compositeur, et l’un des plus grands philosophes de l’Allemagne. J’écoutais mon aimable docteur avec beaucoup d’attention. Il voulut bien s’en apercevoir, et c’est pour m’en remercier sans doute que, descendant des hauteurs un peu nébuleuses où il était insensiblement arrivé, il me cita cette réponse charmante du philosophe israélite, laquelle eut beaucoup de succès à la cour du grand Frédéric :

« Comment se fait-il, lui demandait un jour l’évêque de Berlin, que vous autres qui accordez tant de crédit aux fils de famille, vous en accordiez si peu au fils de Dieu ?

Celui-là est pourtant d’assez bonne maison ; qu’en pensez-vous ? — Eh ! monseigneur, répondit Moïse MendelssohnMendelssohn, MoïseMoses (Moïse) Mendelssohn (Dessau, 6 septembre 1729 – Berlin, 4 janvier 1786), philosophe. Auprès du rabbin de Dessau David Fränkel, il étudia la Bible, le Talmud et la philosophie Maïmonide, et le suivit à Berlin en 1743. Il poursuivit ensuite son apprentissage d’une façon largement autoLire la suite… au facétieux prélat, pouvons-nous accorder le moindre crédit à un fils dont le père ne doit jamais mourir ? »