La France musicale, 20 décembre 1857 p. 410-411 (article signé R.).

Les concerts historiques du clavecin et du piano

par M. et Mme FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite…

(Suite)


 

Après l’esquisse rapide de l’histoire du clavecin et du piano, M. FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite… a lu des notices biographiques sur chacun des artistes dont on allait entendre les œuvres. La première, selon l’ordre du programme, était celle de William ByrdByrd, WilliamWilliam Byrd (Londres, ca. 1540 – Stondon Massey/Essex, 4 juillet 1623), compositeur. Il a peut-être été l’élève de Thomas Tallis à la Chapelle Royale de Londres. Il fut nommé organiste de la cathédrale de Lincoln en 1570 et Gentleman de la Chapelle Royale à Londres en 1572. En 1575, il Lire la suite…, organiste de la chapelle royale de Londres depuis 1570 jusqu’en 1623, époque de sa mort. Le morceau qui a été exécuté est intitulé : The Carman’s WisthleCarman’s Whistle, TheThe Carman’s Whistle (Sifflet du charretier) est un timbre populaire que les charretiers sifflaient sans doute comme un moyen de contrôler leurs chevaux de trait. Il en existe une version pour luth attribuée à John Johnson (1579-1594). La version de William Byrd se trouve publiée dans deux impLire la suite… (Le sifflet du charretier).  Ce sont des variations sur une chanson populaire. BurneyBurney, CharlesCharles Burney (Shrewsbury, 7 avril 1726 – Chelsea, Londres, 12 avril 1814), musicologue. Il étudia l’orgue avec l’organiste de la cathédrale de Chester de 1739 à 1742. Il assista son demi-frère, organiste à Shrewsbury, tout en apprenant la composition en autodidacte. L’année suivante, iLire la suite…, qui l’a donné dans son Histoire générale de la Musique, l’avait tiré d’un livre manuscrit de pièces pour la Virginale, ayant appartenu à Lady NevilBacon, Elizabeth, Lady NevilleElizabeth Bacon ( ?, ca. 1541 – ?, 3 mai 1621). Elle épousa en 1572 Robert Doyle de Chiselhampton (Oxfordshire), qui décéda en juillet 1577. Elle épousa en secondes noces, en mai 1578, Sir Henry Neville de Billingbear House (Berkshire). En 1591, William Byrd compila pour elle un livre de piècLire la suite… [Neville] [, élève de Bird [Byrd]Byrd, WilliamWilliam Byrd (Londres, ca. 1540 – Stondon Massey/Essex, 4 juillet 1623), compositeur. Il a peut-être été l’élève de Thomas Tallis à la Chapelle Royale de Londres. Il fut nommé organiste de la cathédrale de Lincoln en 1570 et Gentleman de la Chapelle Royale à Londres en 1572. En 1575, il Lire la suite…. A ces détails, M. FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite… a ajouté : « Malgré quelques duretés que l’on trouve dans ce morceau, et qui semblent appartenir au système d’harmonie en usage à cette époque, on y voit déjà un art avancé. Ecrit constamment à trois et quatre parties, il présente un travail remarquable sous le rapport de l’harmonie et des imitations ; c’est enfin un monument aussi curieux qu’intéressant pour l’histoire de la musique de clavecin. »

Les détails relatifs à la vie de FrescobaldiFrescobaldi, Girolamo AlessandroGirolamo Alessandro Frescobaldi (Ferrare, septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643), organiste, claveciniste et compositeur. Peu de choses sont connues des débuts de Frescobaldi. Il se disait élève de Luzzasco Luzzaschi et fut très jeune un excellent organiste et chanteur. Il fit un voyage en FlandrLire la suite… renferment quelques faits curieux auxquels nous nous bornerons :

« L’historien QuadrioQuadrio, Francesco Severio, AbbéFrancesco Saverio Quadrio (Ponte in Valtelline/Lombardie, 1er décembre 1695 – Milan, 21 novembre 1756). Il fit ses études à Bologne, où il fit connaissance du cardinal Prospero Lambertini, le futur pape Benoit XIV. Il rentra dans la Compagnie de Jésus à l’âge de quinze ans. Comme il ne seLire la suite… nous apprend que FrescobaldiFrescobaldi, Girolamo AlessandroGirolamo Alessandro Frescobaldi (Ferrare, septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643), organiste, claveciniste et compositeur. Peu de choses sont connues des débuts de Frescobaldi. Il se disait élève de Luzzasco Luzzaschi et fut très jeune un excellent organiste et chanteur. Il fit un voyage en FlandrLire la suite… possédait une si belle voix dans sa jeunesse, et chantait avec tant de goût, que les amateurs de musique le suivaient de ville en ville pour avoir le plaisir de l’entendre. Né vers 1587, il jouit de bonne heure d’une grande réputation comme organiste, et lorsqu’il se fit entendre pour la première fois dans l’église de Saint-Pierre du Vatican, à Rome, un auditoire de trente mille personnes se réunit pour l’entendre. FrescobaldiFrescobaldi, Girolamo AlessandroGirolamo Alessandro Frescobaldi (Ferrare, septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643), organiste, claveciniste et compositeur. Peu de choses sont connues des débuts de Frescobaldi. Il se disait élève de Luzzasco Luzzaschi et fut très jeune un excellent organiste et chanteur. Il fit un voyage en FlandrLire la suite… fut attache à cette fameuse basilique depuis 1614 ou 1615 jusqu’à sa mort, arrivée vers 1654. »

Les notices sur ChambonnièresChambonnières, Jacques Champion, Sieur deJacques Champion, Sieur de Chambonnières (Paris, vers 1601 – Paris, avant 4 mai 1670), compositeur. Il fut associé à son père comme musicien de la chambre du roi vers 1632 et participa comme danseur aux ballets de cour. Sa réputation comme claveciniste s’étendit hors des frontières du royLire la suite…, CorelliCorelli, ArchangeloArchangelo Corelli (Fusignano/près de Ravenne, Italie, 17 février 1653 – Rome, 8 janvier 1713), compositeur. Il étudia d’abord à Faënza puis à Bologne avant de s’installer à Rome où, tout en jouant comme violoniste dans différents orchestres de théâtre et de chapelle il poursuivit sesLire la suite…, CouperinCouperin, FrançoisFrançois Couperin (Paris, 10 novembre 1668 – Paris, 11 septembre 1733), compositeur. Surnommé le grand, il était le fils de Charles Couperin, organiste depuis 1661 à l’église Saint-Gervais de Paris. Au décès de son père, en 1679, il lui succéda à ce poste mais ne prit officiellement le tLire la suite…, Sébastien BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières œuvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite…, Dominique Scarlatti ont excite un vif intérêt.

L’exécution des morceaux composant le première partie du programme a vivement intéressé l’auditoire. Disons d’abord que les pièces de Bird et de FrescobaldiFrescobaldi, Girolamo AlessandroGirolamo Alessandro Frescobaldi (Ferrare, septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643), organiste, claveciniste et compositeur. Peu de choses sont connues des débuts de Frescobaldi. Il se disait élève de Luzzasco Luzzaschi et fut très jeune un excellent organiste et chanteur. Il fit un voyage en FlandrLire la suite… ont causé autant d’étonnement que de plaisir. On a admiré la grandeur du style et la richesse d’harmonie des pièces de Corelli Corelli, ArchangeloArchangelo Corelli (Fusignano/près de Ravenne, Italie, 17 février 1653 – Rome, 8 janvier 1713), compositeur. Il étudia d’abord à Faënza puis à Bologne avant de s’installer à Rome où, tout en jouant comme violoniste dans différents orchestres de théâtre et de chapelle il poursuivit sesLire la suite…: le sentiment profond de ses adagios a ému tout le monde. Les pièces de Sébastien BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières œuvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite…, parfaitement exécutées par Mlles MonginMongin, Marie-LouiseMarie-Louise Mongin (Besançon, 11 juin 1841 – ?), pianiste et pédagogue. Elle étudia au Conservatoire de Paris, où elle obtint un 1er prix de solfège en 1855. Élève de Louise Farrenc, elle obtint un 1er prix de piano en 1859 et un 1er prix d’harmonie et d’accompagnement en 1861. Elle se Lire la suite… et ColinColin, Marie-Marguerite-Louise-AglaéMarie-Marguerite-Louise-Aglaé Colin (Bordeaux, 2 juin 1835 – ?), pianiste. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Louise Farrenc et obtint un premier prix de piano en 1852. Elle se produisit en concerts à Paris avec succès.Source: C. Pierre: Le Conservatoire National; La Revue et GazLire la suite…, ont obtenu un succès complet. CorelliCorelli, ArchangeloArchangelo Corelli (Fusignano/près de Ravenne, Italie, 17 février 1653 – Rome, 8 janvier 1713), compositeur. Il étudia d’abord à Faënza puis à Bologne avant de s’installer à Rome où, tout en jouant comme violoniste dans différents orchestres de théâtre et de chapelle il poursuivit sesLire la suite… et Sébastien Bach : ce n’est point, ce nous semble, de la musique trop rétrospective. Qu’il se présente des compositeurs et des virtuoses comme ceux-là ; ils seront, nous osons l’espérer, les bienvenus, malgré le goût malheureusement beaucoup trop répandu des choses frivoles et vulgaires.

Avant la seconde partie de la séance, M. FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite… prononcé l’allocution suivante :

« Les monuments de la musique des Grecs ayant été emportés par le temps, nous ne pouvons nous rendre compte de ce que cet art fut chez eux.  Mais si nous considérons, d’une part, les éloges que les historiens ont prodigues a cette musique, et de l’autre, les nombreux monuments qui nous restent de la peinture, de la sculpture, de l’architecture et de la poésie de ce peuple privilégié, il nous est presque impossible de croire que les Grecs ayant poussé tous les autres arts au plus haut degré de perfection, la musique seule soit restée dans un état de médiocrité.

» Notre musique est un art tout moderne, puisque, si nous remontons à environ quatre siècles, nous la trouvons dans l’enfance et dans la voie du tâtonnement.

» Si pour la musique de clavecin nous nous reportions à une époque antérieure a celle du premier monument que j’ai offert à votre attention, nous ne trouverions plus rien de digne de vous intéresser; mais à partir de la fin du seizième siècle, nous marchons à pas de géant ;aussi cent ans environ après Bird, nous voyons surgir ce grand Sébastien BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières œuvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite…, qui semble en quelque sorte avoir posé les bornes de l’art. Cependant peu après, un de ses fils, Emmanuel, créa la sonate moderne, et lui donne le caractère dramatique, expressif, que jusqu’à là nous ne trouvons que dans les adagios de CorelliCorelli, ArchangeloArchangelo Corelli (Fusignano/près de Ravenne, Italie, 17 février 1653 – Rome, 8 janvier 1713), compositeur. Il étudia d’abord à Faënza puis à Bologne avant de s’installer à Rome où, tout en jouant comme violoniste dans différents orchestres de théâtre et de chapelle il poursuivit sesLire la suite…. Dans ce dix-huitième siècle, qu’on peut, à juste titre, appeler le siècle d’or de la musique, la nature semble infatigable à produire les grands hommes. Lorsqu’en 1747 Emmanuel Bach publiait son premier livre de sonates, dédié au roi de Prusse, HaydnHaydn, Franz JosefFranz Josef Haydn (Rohrau/Basse Autriche, 31 mars 1732 – Vienne, 31 mai 1809), compositeur. Il étudia avec Johann Mathias Franck, chef de chœur de l’église de Hainburg et fut remarqué par Reutter, maître de chapelle du Stephansdom à Vienne, qu’il le recruta en 1739 ou 1740 comme choristeLire la suite…, né en 1733, et par conséquent âgé de quatorze ans, allait s’élancer dans la carrière qu’il a parcourue d’une manière si brillante, et dix ans n’étaient point encore écoulés, qu’en 1756 MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… voit le jour, et dès l’âge de six ans il commence à frapper le monde de stupeur par la précocité de son merveilleux génie. Après un pareil météore, il semblait qu’aucun astre ne put briller désormais, et cependant MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite…, âgé de trente-cinq ans, était à peine descendu dans la tombe, que BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… arrivait à Vienne pour y occuper le poste suprême.

» Après Beethoven, ou en même temps que lui, nous avons eu quelques artistes qui, sans être du même ordre, étaient des hommes d’un très-grand mérite. En tête de ceux-ci, et j’excepte WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…, qui, dans la musique dramatique, mérite d’être mis au rang des créateurs; en tête de ceux-ci, dis-je, je ne balance pas à placer HummelHummel, Johann NepomukJohann Nepomuk Hummel (Pressbourg [Bratilava], 14 novembre 1778 – Weimar, 17 octobre 1837), pianiste et compositeur. Enfant prodige, il prit des leçons avec Mozart qui l’encouragea à se faire connaitre comme virtuose du piano. De 1788 à 1792, il fit une tournée de concerts avec son père en Lire la suite… et MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite…. — Mais aujourd’hui qui donc se présente pour remplacer ces artistes vraiment grands parmi les habiles ?… Espérons en pensant que la nature ne procède point, comme la géométrie, avec la règle et le compas, et qu’après avoir produit coup sur coup des merveille, il arrive un moment où elle semble se reposer.»

Nous commencerons la deuxième partie de notre séance, a dit ensuite M. FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite…, par deux polonaises de Wilhelm-Friedmann BachBach, Wilhelm FriedmanWilhelm Friedman Bach (Weimar, 22 novembre 1710 – Berlin, 1er juillet 1784), compositeur. Fils ainé de Jean-Sébastien Bach, il fit des études de droit à l’Université de Leipzig et reçut sa formation musicale de son père. Il fut nommé organiste de l’église Sainte Sophie de Dresde en 1733Lire la suite…, que nous fera entendre Mlle Sabatier. Dans ces pièces, qui sont empreintes d’un caractère de grandeur et de force très-remarquable, on sent l’ecole du chef de l’illustre famille  Fils aîné du grand Jean-Sébastien BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières œuvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite… (Note de bas de page d’Ernest Reyer). ; l’harmonie en est riche et serrée, les imitations y sont naturelles et du plus bel effet.—Voyons ce que dit de cet artiste M. Fetis, dans sa Biographie universelle des Musiciens :

« Un génie heureux et des études profondes avaient fait de Friedman Bach le plus grand organiste, le plus habile fuguiste et le plus savant musicien d’Allemagne, après son père. » – « Au clavecin, dit le docteur ForkelForkel, Johann NicolausJohann Nicolaus Forkel (Meeder près Cobourg, 22 février 1749 – Göttingen, 20 mars 1818), musicologue. Il apprit à jouer au clavier avec le cantor de la ville, Johann Heinrich Schulthesius et apprit en autodidacte la théorie musicale en lisant les traités de Johann Mattheson, Johann Adolf SchLire la suite… Auteur d’une Histoire de la musique, en allemand, et de plusieurs ouvrages relatifs au même art (Note de bas de page d’Ernest Reyer). , son jeu était léger, brillant, charmant ; à l’orgue son style était élevé, solennel, et saisissait d’un respect religieux. – « Malheureusement, continue M. FétisFétis, Francois-JosephFrançois-Joseph Fétis (Mons, 25 mars 1784 – Bruxelles, 26 mars 1871), compositeur, théoricien et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris le piano avec Boieldieu et Pradher et l’harmonie avec Rey et obtint un deuxième prix de composition en 1807. Après avoir occupé des postes à BoLire la suite…, il aimait à improviser, et écrivait peu; mais ce qu’il a laissé est marqué du coin du génie et de la science la plus profonde. On a lieu de s’étonner qu’avec des talents si remarquables, ce musicien eut si peu de bonheur qu’il ait été réduit à vivre des secours de ses amis pendant les der­nières années de sa vie, quoiqu’il n’eût aucun de ces vices honteux qui conduisent quelquefois les artistes à la misère. Mais il avait un caractère opiniâtre et sombre, qui rendait son commerce difficile ; il s’irritait du peu de succès de sa musique, dont le caractère élevé n’était estime que par les connaisseurs, et dédaignait de faire des démarches pour tirer parti de ses talents. Ce n’est que depuis sa mort qu’il a été apprécié à sa juste valeur, et que ses ouvrages ont été recherchés. »

« Si ces paroles sont tristes, a dit M. FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite…, les faits qu’elles relèvent n’ont rien de surprenant : n’est-il pas vrai que tel est le sort de la plupart des grands artistes ? Victimes pendant leur vie de l’ignorance de la multitude incapable de s’élever jusqu’a eu ; victimes de la jalousie de leurs confrères dont leur mérite blesse l’amour-propre ; délaissés par les hommes du pouvoir auprès de qui ils sont inhabiles à mettre en jeu les menées de la médiocrité et de l’intrigue, il semble qu’une loi fatale les condamne a expier leur supériorité.

« Si je voulais épuiser tous les noms qui sont sur notre programme, il me resterait à vous parler d’Emmanuel Bach, second fils de Jean-Sébastien ; de ClementiClementi, MuzioMuzio Clementi (Rome, 23 janvier 1752 – Evesham/Worcester, 10 mars 1832), compositeur, pianiste et facteur de piano. Son précoce talent lui permit d’être nommé organiste à treize ans de l’église San Lorenzo in Damaseo à Rome, mais en 1667 il fut amené en Angleterre par Peter Beckford qui Lire la suite…, grand artiste, une des gloires de l’Italie, et rival de MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… comme pianiste mais j’abuserais de votre attention, et je dois m’arrêter, espérant que si, lorsqu’elle sera terminée, cette séance vous parait intéressante sous le rapport de la marche de l’art, de l’étude de ses transformations et du caractère d’originalité, d’individualisme qui distingue toujours les œuvres des artistes de premier ordre, vous voudrez bien, en nous accordant votre indulgence pour cet essai, nous encourager à continuer, et par là nous mettre à même de faire mieux. »

Le succès des morceaux composant la seconde partie du programme a répondu à ce qu’on devait attendre d’une époque où l’art arrive à son apogée. Les deux polonaises de Friedman Bach ont été pour l’auditoire la révélation d’un talent grand et original. Les fragments d’Emmanuel Bach, outre leur mérite immense, avaient aussi tout le charme de la nouveauté, et cependant le créateur de la sonate mo­derne a écrit un très-grand nombre d’ouvrages pour le clavecin ; il est mort depuis soixante-dix ans, et tout cela est encore à peu près inconnu !

Espérons que M. FarrencFarrenc, Jacques-Hippolyte-AristideJacques-Hippolyte-Aristide Farrenc (Marseille, 9 avril 1794 – Paris, 31 janvier 1865), flutiste, éditeur de musique. Oncle maternel d’Ernest Reyer, il vint à Paris en 1815 et fut engagé comme deuxième flutiste au Théâtre-Italien. Il fonda sa maison d’édition de musique dans les années Lire la suite… continuera ce qu’il a si bien commencé, et qu’il nous fera connaîtra une foule de beaux ouvrages, dont une grande partie est comme perdue pour la plupart des musiciens.