FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS
DU 4 JUILLET 1871.
 LA MUSIQUE DE L’AVENIR.
Rassurez-vous, ce n’est pas d’Hector BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… et encore moins de Richard WaÂgnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chÅ“urs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 à Lire la suite… que je vais parler en cet article. Par musique de l’avenir, j’entends celle que l’on fera à Paris l’hiver prochain, et qui est déjà en voie de préparation. Ainsi vous avez pu lire dans certains journaux, dont les confidences, en ce qui touche aux choÂses du théâtre, ont toujours un caractère officiel, que l’Opéra-Comique ne rouvrirait pas ses portes avant le milieu de septemÂbre, et que, pour dédommager le public d’une attente si longue, il jouerait le preÂmier soir la Dame blancheDame blanche, LaLa Dame blanche, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par François-Adrien Boieldieu et créé à l’Opéra-Comique le 10 décembre 1825.Lire la suite…, et le lendemain le Domino noir.Domino noir, LeLe Domino noir, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe, mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber, créé à l’Opéra-Comique le 2 décembre 1837.Lire la suite… Nous étions déjà résigné à attendre la chute des premières feuilles, lorsque tout à coup, et sans qu’aucun des signes précurseurs des grands événemens se soit manifesté, l’affiche de l’Opéra-Comique a parlé. A l’heure où s’imprimera cet article, les artistes, étant réunis en SoÂciété, le Domino noirDomino noir, LeLe Domino noir, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe, mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber, créé à l’Opéra-Comique le 2 décembre 1837.Lire la suite… sera joué par l’élite de la troupe, et le ténor MontaubryMontaubry, Achille-FélixAchille-Félix Montaubry (Niort, 12 novembre 1826 – Angers, 2 octobre 1898), ténor. Au Conservatoire de Paris, il étudia le violoncelle et le chant, et obtint un deuxième prix d’opéra-comique en 1846. Violoncelle à l’orchestre du Théâtre du Vaudeville, il fit un début qui passa inaperÃLire la suite…, revenu depuis longtemps des grandeurs de ce monde (il fut, en s’en souvient, directeur d’un petit théâtre aux Champs-Elysées), récitera des strophes dédiées par le poëte Gallait [Gallet]Gallet, LouisLouis Gallet (Valence, 4 février 1835 – Paris, 16 octobre 1898), écrivain, auteur dramatique et librettiste. Il publia un recueil de vers, Gioventù (1857), sous le pseudonyme L. Marcelly. Il gagna ensuite Paris où, de 1857 à 1867, il travailla d’abord dans une imprimerie puis dans l’adminLire la suite… à la mémoire de M. AuberAuber, Daniel-François-EspritDaniel-François-Esprit Auber (Caen, 29 janvier 1782 – Paris, 12 mai 1871), compositeur. Sa famille était aisée et le prépara aux affaires tout en lui enseignant la musique, dans laquelle il montra très tôt son talent de chanteur (baryton), de pianiste, de violoniste et de violoncelliste. LesLire la suite…, l’illustre maître. Combien de temps durera-t-elle, soutenue par le succès du Domino noirDomino noir, LeLe Domino noir, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe, mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber, créé à l’Opéra-Comique le 2 décembre 1837.Lire la suite… et celui de la Dame blancheDame blanche, LaLa Dame blanche, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par François-Adrien Boieldieu et créé à l’Opéra-Comique le 10 décembre 1825.Lire la suite…, cette Association de chanteurs que le bruit du canon et les flammes de l’incendie avaient dispersés ? Ils attendent avec confiance le vote de l’AsÂsemblée Nationale relativement aux subÂventions des théâtres, et les deux direcÂteurs qu’ils ont retrouvés à leur tête les aideront jusque-là de leur expérience et de leurs conseils. Mais nous ne pouvons affirmer que des directeurs, habitués aux douceurs du privilège, voudront bien conÂsentir à courir les risques d’une entreprise privée des libéralités du budget. On dit que l’Opéra-Comique ne peut vivre sans subvenÂtion ; cela se dira jusqu’au jour où un direcÂteur plus hardi, sinon plus habile que ses prédécesseurs, aura démontré le contraire. Il y a dans le répertoire du théâtre de l’Opéra-Comique des richesses incalculables ; sagement utilisées, elles permettraient au besoin à un imprésario, ennemi des folles aventures, de se passer de pièces nouÂvelles. D’ailleurs, ce qui est nouveau pour le public, c’est ce qu’il ne connaît pas. Et combien de chefs-d’œuvre sont inconnus de notre génération parce qu’ils dorment depuis trop longtemps dans les cartons de l’Opéra-Comique ?
Si les subventions ont leurs avantages, elles ont aussi leurs inconvéniens : on n’est pas toujours quitte envers celui qui vous vient en aide en lui témoignant un peu de reconnaissance et quelques égards. Les gouvernemens, jusqu’ici, n’ont pas donné leur argent aux directeurs de nos principaux théâtres uniquement pour leur permettre de faire une fortune plus rapide ou de traÂvailler avec plus de zèle au développement de l’art. Si tel eût été leur but, ils se seÂraient sans doute aperçus qu’ils ne l’atteiÂgnaient qu’à demi. En échange de la subÂvention qu’il accorde, le gouvernement demande beaucoup, il n’est pas un direcÂteur subventionné qui ne vous raconte combien sont lourdes et onéreuses les clauses de son cahier des charges : l’une des plus lourdes est assurément celle qui l’oblige de jouer chaque année un certain nombre de prix de Rome. Et l’on sait avec quelle scrupuleuse fidélité elle est remÂplie. Mais il a été si souvent question des relations entre les prix de Rome et les diÂrecteurs des théâtres lyriques subventionÂnés, que ce n’est vraiment pas la peine d’y revenir, surtout dans un moment où ces relations vont probablement entrer dans une phase nouvelle. Je voudrais seuleÂment rappeler que les obligations les plus lourdes pour un directeur privilégié ne sont pas celles qu’il accepte officiellement. Ainsi dans aucun cahier des charges on ne verra stipulé que le directeur doit mettre chaque soir à la disposition de certains fonctionnaires un très grand nombre de places, ni qu’il sera tenu d’engager à des appointemens ridicules Mlle X., chanteuse sans talent, sans mérite, quelque jolie protéÂgée qui le plus souvent ne chante pas. Voilà pourtant comment les choses se sont pasÂsées pendant bien longtemps, et je ne crois pas nécessaire d’ajouter qu’elles ne se passeÂraient pas ainsi aujourd’hui, en admettant même qu’on en revînt au système protectioniste d’autrefois. A quoi serviraient les rudes épreuves que nous venons de traverÂser si nous devions retomber sitôt dans les mêmes erreurs, dans les mêmes abus ?
Donc les temps sont proches où, par le seul effet d’une sage économie réalisée (je ferai tout à l’heure quelques réserves), les directeurs vont se trouver plus indépendans et l’art musical plus libre. L’indépendance, la liberté, deux mots qui résonÂneront pompeusement dans le discours de M. le rapporteur chargé d’annoncer à la Chambre que la commission nommée par elle est d’avis que les subventions soient supprimées.
Il arrivera peut-être un jour où les frais du culte seront laissés à la charge des fiÂdèles. Et ce jour-là , si mince que soit l’oÂbole du pauvre, si magnifique que soit l’ofÂfrande du riche, on se rendra un compte exact de l’esprit religieux en France. Le même moyen ne pourrait-il donc être emÂployé pour connaître véritablement le deÂgré d’intensité (je ne dis pas d’élévation) du goût musical à Paris, la province resÂtant en dehors du débat ? L’application de ce moyen à l’un de nos théâtres lyriques est des plus simples, et voici une idée qui s’y rattache, idée que l’on trouÂvera peut-être excentrique, mais qui n’est pas de moi et que je donne pour ce qu’elle vaut. Je suppose qu’après une ou plusieurs expériences loyalement faites, il soit déÂmontré que l’Opéra-Comique, par exemÂple, ne peut vivre sans les trois cent mille francs de subvention qui, même en difféÂrentes circonstances, n’ont pas suffi à le maintenir à la hauteur de ses destinées. L’Etat persistant dans la voie d’économie où il est entré, il n’y a pas à tourner les yeux de ce côté. Mais ce que l’Etat ne peut ou ne veut pas faire, cent mille individus ne le feront-ils pas ? Et ne peut-on trouver à Paris cent mille dilettantes qui donneront volontiers quatre francs par an pour couÂrir la chance d’assister dans le courant de l’année à quelque représentation de la Dame BlancheDame blanche, LaLa Dame blanche, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par François-Adrien Boieldieu et créé à l’Opéra-Comique le 10 décembre 1825.Lire la suite… ou du Domino noirDomino noir, LeLe Domino noir, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe, mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber, créé à l’Opéra-Comique le 2 décembre 1837.Lire la suite…, de l’Epreuve villageoiseEpreuve villageoise, L’L’Epreuve villageoise, opéra-comique en deux actes sur un livret de Jean-Baptiste Desforges, mis en musique par Modeste Grétry et créé à la Comédie-Italienne le 24 juin 1784.Lire la suite… ou des Rendez-vous bourgeois ?Rendez-vous bourgeois, LesLes Rendez-vous bourgeois, opéra bouffon en un acte sur un livret de François-Benoit Hoffman mis en musique par Nicolo Isouard et créé à l’Opéra-Comique le 9 mai 1807.Lire la suite… C’est donc une loterie ?… Eh ! mon Dieu ! oui, c’est une loterie dont les différens lots seront représentés par une entrée à vie, une loge à salon ou une baiÂgnoire grillée, le droit de pénétrer dans les coulisses et de s’asseoir au foyer des artistes, la photographie d’une chanteuse célèbre, d’un ténor à la mode, que sais-je encore ? Tout cela coûtera au directeur quatre-vingts ou cent mille francs par an, tout au plus. Ne lui restea t-il pas un asÂsez joli bénéfice ? Cependant, comme pour réunir cent mille dilettantes, qui après tout sont des hommes comme les autres, il ne suffit pas de les prendre par l’amour de l’art, mais qu’il faut aussi les prendre par l’amour-propre, leurs noms seront gravés sur la pierre. Et de cette façon on pourra voir beaucoup plus de noms obscurs sur les murs du théâtre de l’Opéra-Comique qu’il n’y en a sur les façades latérales du nouvel Opéra.
L’Opéra (nous ne voulons parler que de l’ancien, le nouveau ne nous intéressant guère pour le moment que par sa riche collection de bustes), l’Opéra, républicain ou monarchique, étant dans une situation particulière, il n’y a pas lieu de lui appliÂquer la mesure qui va atteindre très proÂbablement les autres théâtres lyriques. Ce sera, nous n’en doutons pas, le vÅ“u d’une Assemblée Nationale de conserver à un théâtre national tout le prestige de son rang, tout l’éclat de sa renommée. L’Opéra a un budget considérable ; il occupe un personnel nombreux, et la mise en scène d’un ouvrage nouveau (si rare que soit ce cas, on doit en tenir compte) entraîne des dépenses excessives. Avec ses propres resÂsources, et en supposant même qu’il traÂversât une ère de prospérité, l’Opéra ne pourrait jamais arriver à équilibrer son budget. Mais on ne doit pas conclure de là que ce budget ne puisse être réduit et ramené à des proportions normales. La première de toutes les réformes, la plus urgente de toutes les réductions doit porter sur les traitemens des artistes qu’on est convenu de désigner sous le nom d’étoiles, qualification dont leur modestie n’a jamais paru s’effaroucher. Si ces artistes persistent dans leurs prétentions, le mieux sera de se passer d’eux, et je crois qu’à la rigueur on peut s’en passer. Ils ont le goût des voyages ; ils voyageront un peu plus, voilà tout. Avec une troupe d’ensemble on obÂtient des exécutions cent fois préférables à celles dont la grande notoriété d’un chanÂteur ou d’une cantatrice constitue le prinÂcipal mérite. Je ne nie assurément pas la grande attraction que doit exercer un arÂtiste habile et bien doué, mais n’est-il pas vrai qu’on en a un peu abusé depuis une vingtaine d’années ? C’est au point que cerÂtaines Å“uvres disparaissent avec la cantaÂtrice qui en a fait le succès. Dans un théâtre de musique, la première chose c’est la musique. Malheureusement, à l’Opéra comme ailleurs, on a souvent vu le conÂtraire. Les concessions les plus ineptes, les plus triviales, les plus monstrueuses contre l’art, contre le bon goût, ont été faites par des musiciens trop débonnaires à des chanÂteurs trop exigeans. Ce n’est pas ainsi que travaillaient les anciens maîtres ; ils avaient pourtant à lutter, eux aussi, contre les sottes prétentions d’un ténor ou d’une prima donna ; mais s’ils cédaient quelqueÂfois, ce n’était jamais aux dépens de la diÂgnité de l’art ou de leur dignité personÂnelle. Ils écrivaient des Å“uvres pour la postérité et non point des rôles pour des talens exceptionnels.
Si les chefs-d’œuvre du répertoire clasÂsique sont religieusement conservés au Théâtre-Français, pourquoi n’en est-il pas de même à l’Opéra ? Il y a deux ans, on s’est beaucoup occupé des étuÂdes d’ArmideArmideArmide, tragédie lyrique en cinq actes sur un livret de Philippe Quinault mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 septembre 1777.Lire la suite…, et puis il a fallu y renonÂcer. Subventionné par le gouvernement, l’Opéra devrait jouer tous les jours ; ce seÂrait le seul moyen de donner à l’ancien répertoire la place qu’il doit tenir sur notre première scène lyrique. Quant aux dépenÂses qui résulteraient de l’augmentation inÂdispensable du personnel chantant et de ceÂlui de l’orchestre, elles seraient couvertes et au delà par les recettes présumées et les abonnemens nouveaux. Cela a été établi à l’aide de chiffres dont il est facile de vériÂfier l’exactitude, dans un temps où il fut question de réaliser ce projet qui, comme beaucoup d’autres, est resté à l’état de proÂjet. Ah ! il y a de grandes difficultés à vaincre, je le sais bien. Les chanteurs caÂpables de se mesurer avec les Å“uvres maÂgistrales de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chÅ“urs des églLire la suite…, de SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite…, de MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite…, de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… et de BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… deviennent chaÂque jour plus rares. Il faut avoir été préÂparé de longue main à un si noble exercice, voilà pourquoi nous voudrions que parmi les professeurs du Conservatoire on en çhoisît quelques uns qui, familiarisés avec la grande musique classique, sauraient en développer le goût chez leurs élèves en même temps qu’ils leur en enseigneraient les pures traditions. Il y a différens degrés dans l’enseignement du chant, et je crois que pour un élève arrivé à la parfaite conÂnaissance de ce qui constitue le grand art de la déclamation lyrique, la distance ne serait ni trop grande ni trop périlleuse à franchir entre le Conservatoire et l’Opéra.
Jusqu’à présent on a beaucoup trop dansé sur notre première scène lyrique. J’ajouÂterai que le ballet est un genre qui sans doute a bien son mérite, puisque tant de gens y prennent plaisir, mais il ne me semble pas nécessaire, pour le produire avec éclat et avec tout son cortège de séductions, de lui faire litière de petits actes sacrifiés d’avance ou de chefs-d’œuvre muÂtilés.
Depuis assez longtemps l’Opéra ne conÂnaît que deux sortes de spectacles : les opéras en cinq actes dans lesquels, soit dit en passant, la partie chorégraphique tient une place très importante, et les balÂlets, précédés de levers de rideau que la claque, qui d’ordinaire est seule à les enÂtendre, ne prend même pas la peine d’apÂplaudir. Il y a pourtant des opéras de demi-caractère, des opéras romantiques qui ne sont pas tout à fait indignes d’être mis au répertoire de notre premier théâtre lyrique. Au théâtre royal de Berlin, au théâtre royal de Dresde, au théâtre impérial de la Porte de Carinthie, à Vienne, on joue tout aussi bien et tout aussi souÂvent les Noces de FigaroNoces de Figaro, LesLes Noces de Figaro (Le nozze di Figaro), K.V. 492, opera buffa en quatre actes sur un livret en italien de Lorenzo Da Ponte, d’après Beaumarchais, mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Burgtheater de Vienne le 1er mai 1786.Lire la suite… et OberonOberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite… que Fernand CortezFernand CortezFernand Cortez ou La Conquête du Mexique, opéra en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy et Joseph-Alphonse d’Esménard mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 28 novembre 1809.Lire la suite…, les HuguenotsHuguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite…, FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite… et le Prophète.Prophète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite… L’Opéra doit avoir le droit de tout jouer, tout, jusqu’aux platitudes — exclusivement.
On assure qu’un nouveau directeur va être nommé. Il fera bien de réclamer ce droit et d’en user largement, à la seule condiÂtion toutefois de le maintenir dans les liÂmites que nous venons d’indiquer.
J’étais dernièrement à Marseille. L’aimaÂble et savant directeur du Conservatoire de cette grande et belle ville, M. Auguste Morel, qui fut l’ami de BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… et qui posÂsède une très curieuse collection de lettres de l’illustre compositeur, me fit l’honneur de m’inviter à l’audition d’un trio pour piano, violon et violoncelle dont il avait écrit, quelques jours auparavant, les derÂnières mesures. On a appelé M. Auguste Morel le SchubertSchubert, Franz PeterFranz Peter Schubert (Vienne, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1728), compositeur. Il étudia d’abord avec le chef de chÅ“ur de l’église de Lichtental, Michael Holzer, qui lui permit de passer l’examen d’entrée et de devenir boursier en 1808 à la chapelle de la Cour comme petit chaLire la suite… français. Comme SchuÂbert, en effet, il excelle dans la composiÂtion des lieder et de la musique de chamÂbre. Musicien fort instruit, très habile harÂmoniste, ses mélodies ont un cachet d’élégance et de distinction qui les recommande à l’attention des artistes, et qui n’a pas toujours nui à leur succès auprès des simples amateurs. Il vient d’en publier un nouveau recueil formé de six petites scènes, très différentes de caractère, très vaÂriées de couleur et de sentiment. Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine et Si vous n’avez rien à me dire, mélodie et chanson, poésie de Victor Hugo, sont les deux perles de ce recueil. Le trio en fa Grand Trio pour violon, violoncelle et piano en fa dièse mineur op. 7Grand Trio en fa dièse mineur pour violon, violoncelle et piano par Auguste Morel. Op. 7, E. Gérard, Paris, 1873.Lire la suite…dièse mineur est une Å“uvre tout à fait hors ligne, écrite dans le meilleur style, et dont chaque idée est développée d’après les règles les plus rigoureuses du genre et avec un art infini. On a fort remarqué l’éÂlégante simplicité du thème de l’andante, magistralement exécuté par le violoncelle de M. CasellaCasella, Cesar A. deCésar A. de Casella (? 1822 – Lisbonne, ? 1886), violoncelliste et compositeur. Il composa des pièces pour violoncelle et piano et des mélodies. Il épousa, en 1849, Félicité Lacombe, compositeur et sÅ“ur du pianiste et compositeur Louis Lacombe. Il enseigna le violoncelle au Conservatoire de MLire la suite….
MM. MillontMillont, Bernard-EdouardBernard-Edouard Millont (Manosque/ Alpes-de-Haute-Provence, 13 mars 1820 – Marseille, 26 novembre 1893), violoniste. Il vint à Marseille en 1832 pour étudier le violon avec Charles Bouchet. Il entra au Conservatoire de Paris en décembre 1835 et obtint un 1er prix de violon dans la classe de PieLire la suite…, ThurnerThurner, ThéodoreThéodore Thurner (Pfaffenheim/Haut-Rhin, 13 décembre 1833 – Marseille, ? 1907), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix de piano en 1849. L’année suivante, il s’installa à Toulon, où il fut organiste de l’église Saint-Jean puisLire la suite… et CasellaCasella, Cesar A. deCésar A. de Casella (? 1822 – Lisbonne, ? 1886), violoncelliste et compositeur. Il composa des pièces pour violoncelle et piano et des mélodies. Il épousa, en 1849, Félicité Lacombe, compositeur et sÅ“ur du pianiste et compositeur Louis Lacombe. Il enseigna le violoncelle au Conservatoire de MLire la suite…, qui avaient bien voulu se charger de l’interÂprétation du trio de M. Auguste Morel, sont tous les trois d’éminens virtuoses, et tous les trois professeurs au Conservatoire de Marseille. M. ThurnerThurner, ThéodoreThéodore Thurner (Pfaffenheim/Haut-Rhin, 13 décembre 1833 – Marseille, ? 1907), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix de piano en 1849. L’année suivante, il s’installa à Toulon, où il fut organiste de l’église Saint-Jean puisLire la suite… nous a fait entendre aussi un fragment d’un concerto de sa composition, pour piano et orchestre. Il était secondé par une jeune personne dont je regrette d’avoir oublié le nom, mais dont j’ai fort apprécié le talent correct et le brillant doigté. Nous applaudirons proÂbablement à Paris, cet hiver, le concerto de M. ThurnerThurner, ThéodoreThéodore Thurner (Pfaffenheim/Haut-Rhin, 13 décembre 1833 – Marseille, ? 1907), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix de piano en 1849. L’année suivante, il s’installa à Toulon, où il fut organiste de l’église Saint-Jean puisLire la suite… tout entier. Je signale cette belle Å“uvre et ce grand artiste à l’attention de M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répÃLire la suite….
Le signal du réveil de la musique nous est venu de deux points opposés : du théâtre des Folies-Dramatiques avec le Canard à trois becs et du Cirque-National avec les concerts populaires. Je crois qu’il n’a été apporté que des modifications tout à fait insignifiantes à l’exécution du Canard à trois becs, tandis que les programmes des concerts populaires ne sont plus ce qu’ils étaient. Jadis défrayés presque entièreÂment par la musique classique, ils donnent aujourd’hui une part égale aux chefs-d’œuÂvre de l’ancienne école et à la musique moderne ; le chant y tient sa place à côté de la symphonie. Certes, c’est là une inÂnovation qui fait le plus grand honneur à M. Pasdeloup Pasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répÃLire la suite…; mais si je ne craignais de blesser la susceptibilité de ce chef, je lui conseillerais d’être un peu plus sévère dans le choix des morceaux qui composent la seconde partie de ses programmes, afin que cette seconde partie ne forme pas une opÂposition trop tranchée avec la première. Des musiciens de l’ancien orchestre, il ne reste, hélas ! qu’un très petit nombre. Où sont allés ces vaillans artistes, et reviendront-ils jamais ?…
L’été sera bien dur à passer. J’ai intitulé cet article : La Musique de l’avenir, et je ne sais vraiment pas ce que l’avenir réserve à la musique. Au lieu de réunir des musiÂciens pour leur faire couronner une canÂtate, il serait peut-être mieux et beaucoup plus urgent, dans tous les cas, de les interÂroger sur la situation de l’art musical en France et sur les moyens à prendre pour améliorer le sort de tous ces pauvres diaÂbles que le théâtre faisait vivre tant bien que mal et qui n’en vivent plus aujourÂd’hui. Les théâtres étrangers offrent aux chanteurs célèbres un asile dans lequel ils peuvent pleurer sur les malheurs de la patrie tout en empochant de très gros béÂnéfices ; mais il n’en est pas de même pour les comparses, les choristes, les coryÂphées, les chanteurs obscurs, les petits musiciens des grands et des petits orchesÂtres qui n’ont même pas songé à traverser le détroit ou à passer la frontière. Ceux-là se morfondent à la porte de nos théâtres lyriques, et c’est sur eux que nous appelons toute la sollicitude de la Chambre. Que les premiers fonds votés servent à soulager les plus pressantes misères. La question de la suppression du droit des pauvres a été souvent agitée ; on y reviendra encore, et probablement sans la résoudre. Ne pour- rait-on pas, en attendant, par une sorte de compromis passé avec l’Assistance publiÂque, consacrer pendant un an les sommes prélevées sur les recettes des théâtres à venir en aide aux employés et aux artistes les plus nécessiteux ?
Ces messieurs de la Commune ayant inÂcendié le Théâtre-Lyrique, sans doute parce qu’il était mal situé, M. MartinetMartinet, LouisLouis Martinet (Paris, 19 mars 1814 – Paris, avant 8 janvier 1895), peintre et directeur. Il fit des études de peinture à l’École des beaux-arts de Paris avec Antoine-Jean Gros. Une maladie des yeux l’obligeant à abandonner la carrière de peintre, il devint inspecteur dans l’administrLire la suite… est directeur de ce théâtre comme on est arÂchevêque de Chalcédoine ou évêque de Persépolis. Aussi sollicite-t-il de l’administraÂtion supérieure l’autorisation de s’installer dans la salle Ventadour, avec l’agrément de M. BagierBagier, Charles-ProsperCharles-Prosper Bagier (Niort/Deux-Sèvres, 8 mai 1811 – Paris, 31 mai 1881), agent de change et directeur. Il était le fils de François Bagier, sellier à Niort et de Renée Mathieu son épouse ; on sait très peu de choses sur sa formation. Il devint agent de change et fit une fortune considÃLire la suite…, bien entendu. Et pourquoi M. BagierBagier, Charles-ProsperCharles-Prosper Bagier (Niort/Deux-Sèvres, 8 mai 1811 – Paris, 31 mai 1881), agent de change et directeur. Il était le fils de François Bagier, sellier à Niort et de Renée Mathieu son épouse ; on sait très peu de choses sur sa formation. Il devint agent de change et fit une fortune considÃLire la suite… s’opposerait-il à la fantaisie de M. MarÂtinet ? Le Théâtre-Italien ne peut vivre uniquement sur son vieux répertoire, qui de longtemps n’a pas la chance d’être reÂnouvelé ; c’est ce qui l’a obligé, il y a deux ans, d’offrir à son public des traductions d’opéras allemands ou français et des oratoÂrios qui ont été peu goûtés. A cela sa forÂtune et sa gloire n’ont trouvé qu’un mince profit. Le seul ouvrage qui lui ait vraiment valu un succès honorable et la reconnaisÂsance de quelques artistes, c’est FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, le plus allemand de tous les opéras, chanté par une cantatrice viennoise. La plupart des opéras italiens n’offrent plus guère aujourd’hui, au point de vue purement musical, qu’un intérêt secondaire. Quand Mme PattiPatti, Adela-Juana-Maria dite AdelinaAdela-Juana-Maria dite Adelina Patti (Madrid, 10 février 1843 – Craig-y-Nos près de Brecon/Pays de Galles, 27 septembre 1919), soprano. Peu après sa naissance, sa famille émigra aux États-Unis, où elle étudia le chant dès l’âge de neuf ans. Elle débuta à New York dans le rôle-titre de Lire la suite…, par exemple, chante le Barbier, la Somnambule ou la Traviata, ce n’est ni la Traviata, ni la Somnambule, ni le Barbier que l’on va enÂtendre, c’est Mme PattiPatti, Adela-Juana-Maria dite AdelinaAdela-Juana-Maria dite Adelina Patti (Madrid, 10 février 1843 – Craig-y-Nos près de Brecon/Pays de Galles, 27 septembre 1919), soprano. Peu après sa naissance, sa famille émigra aux États-Unis, où elle étudia le chant dès l’âge de neuf ans. Elle débuta à New York dans le rôle-titre de Lire la suite…. Si le Théâtre-LyriÂque doit, comme le phénix, renaître de ses cendres, nous ne voyons donc aucun inÂconvénient à ce que le sacrifice du ThéâÂtre-Italien aide à cette résurrection. Et d’ailleurs les amateurs de musique italienne n’en seront pas sevrés pour cela ; les opéÂras italiens les plus populaires sont traduits en français ; par conséquent, si le Théâtre-Italien disparaît, les principaux ouvrages de son répertoire restent, et l’on sait où les retrouver.
Mme Carlotta PattiPatti, CarlottaCarlotta Patti (Florence, 30 octobre 1835 – Paris, 27 juin 1889), soprano. Elle débuta à l’Académie de Musique de New York en janvier 1861. Elle souffrait d’une légère claudication qui fait qu’elle ne se produisit que rarement sur les scènes des théâtres lyriques, préférant chanterLire la suite… et M. Théodore RitterRitter, ThéodoreToussaint Prévost [Prévost-Ritter], dit Théodore Ritter (Nantes, 5 avril 1840 – Paris, 6 avril 1886), pianiste et compositeur. Il fut l’unique élève de Berlioz, qui lui confia la réduction pour piano de L’Enfance du Christ et de Romeo et Juliette. Il excellait dans l’interprétation deLire la suite… sont de retour à Paris. Ils ont parcouru dans tous les sens les deux Amériques et charmé tour à tour et les blancs et les noirs. Leur voyage a duré deux ans. A New-York comme à Lima, au Canada comme au Brésil, ils ont fait une ample récolte de piastres et de dollars. Et la nouÂvelle de nos désastres leur étant parvenue à Valparaiso, au milieu de leurs triomphes, ils ont spontanément organisé au profit de nos soldats blessés un concert qui a proÂduit 5,000 piastres (VINGT-CINQ MILLE FRANCS !). Valparaiso, seconde ville du Chili, située sous le 35e degré de latitude, est à vingt-cinq mille lieues de Paris.
E. REYER
P. S. — Nous consacrerons prochaineÂment un article nécrologique à la mémoire de M. AuberAuber, Daniel-François-EspritDaniel-François-Esprit Auber (Caen, 29 janvier 1782 – Paris, 12 mai 1871), compositeur. Sa famille était aisée et le prépara aux affaires tout en lui enseignant la musique, dans laquelle il montra très tôt son talent de chanteur (baryton), de pianiste, de violoniste et de violoncelliste. LesLire la suite… et de M. FétisFétis, Francois-JosephFrançois-Joseph Fétis (Mons, 25 mars 1784 – Bruxelles, 26 mars 1871), compositeur, théoricien et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris le piano avec Boieldieu et Pradher et l’harmonie avec Rey et obtint un deuxième prix de composition en 1807. Après avoir occupé des postes à BoLire la suite…. D’autres arÂtistes moins illustres que la mort a frappés aussi trouveront également dans cette noÂtice l’expression de notre sympathie et de nos regrets.
Personnes discutées
Personnes citées
Oeuvres discutées
Oeuvres citées
Notes d'édition
Il s’agit du recueil Album de chant d’Auguste Morel, L. Salme, Paris, 1869.