FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

DU 30 NOVEMBRE 1872.

REVUE MUSICALE.

 

 Théâtre-Italien : les Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite…, drame en quatre actes, de M. Ernest Legouvé, musique de M. Charles GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…. — Théâ­tre de l’AthÉnÉe. — Monsieur et Ma­dame TurlupinMadame TurlupinMadame Turlupin, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet mis en musique par Ernest Guiraud et créé au Théâtre de l’Athénée le 23 novembre 1872.Lire la suite… [Ma­dame TurlupinMadame TurlupinMadame Turlupin, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet mis en musique par Ernest Guiraud et créé au Théâtre de l’Athénée le 23 novembre 1872.Lire la suite…], opéra-comique en deux actes, paroles de M. Cormon, musique de M. E. GuiraudGuiraud, ErnestErnest Guiraud (Nouvelle-Orléans/USA, 23 juin 1837 – Paris, 6 mai 1892), compositeur. Il étudia avec son père Jean-Baptiste Guiraud qui avait été 1er prix de Rome en 1827. Il composa à quinze ans son premier opéra, Le Roi David (La Nouvelle-Orléans, 1852) qui fut représenté avec succès. ILire la suite….

Mercredi, le vingt-sept novembre de l’an mil huit cent soixante et douze, le Théâtre- Italien a donné, avec la permission du gou­vernement et de M. LemaireLemaire, Eugène-AlexandreEugène-Alexandre Lemaire ( ? – ?), administrateur. Peu d’informations ont été trouvées sur cette personne. Il était président du Conseil d’administration du Théâtre de l’Odéon de Paris en mars 1848. De juin 1849 à janvier 1850, il était co-directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Lire la suite…, la première représentation des Deux Reines.Deux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite…

M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite…, dans une préface qui est en même temps un éloquent plaidoyer, nous apprend pourquoi son drame avait été interdit, il n’a pas besoin de nous dire aujourd’hui pourquoi il a été autorisé.

Vous avez déjà eu, lecteurs, un avant-goût de la pièce et un avant-goût de la partition ; vous savez que la pièce est une bonne pièce et que la partition est une bonne partition ; vous savez aussi qu’il y a dans la pièce de beaux vers et dans la par­tition de belle musique. Et cela, lecteurs (le pluriel cette fois n’est pas ambitieux), vous a été conté avec tout l’esprit, avec toutes les élégances de style et de beau langage auxquels vous a habitués l’excel­lent Jules JaninJanin, JulesJules Janin (Saint-Étienne, 16 février 1804 – Paris, 19 juin 1874), critique dramatique et écrivain. Après des études au Lycée Louis-le-Grand à Paris, il devint rédacteur au Figaro et à La Quotidienne et publia ses premiers romans : L’Ane mort et la Femme guillotinée (1827) et La ConfLire la suite…, mon illustre confrère. Mais, sachant cela, vous ne savez pas tout, et voilà pourquoi j’ai encore quelque chose à vous dire.

Je vous dirai donc que la première re­présentation des Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite… a été un double succès pour le poëte et pour le compositeur ; qu’on a applaudi des scènes magnifiques, de nobles pensées poétique­ment exprimées et des chants dignes de l’au­teur de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…. J’ajouterai que l’interprétation a été très satisfaisante, à cela près que les demoiselles d’honneur de la belle Ingelburge ont chanté faux, par suite de l’émotion que sans doute elles éprouvaient au moment de se séparer de leur chère compagne, la sÅ“ur du puissant roi Kanut. Il est évident que la direction du Théâtre-Italien a fait un choix et que dans le camp des Danoises elle a mis les voix les plus fatiguées et les moins bonnes voix. Il fallait plus de jeu­nesse et de fraîcheur pour chanter le chÅ“ur des Françaises : on a dû élire les Danoises à l’ancienneté.

C’est M. PaladilhePaladilhe, EmileEmile Paladilhe (Montpellier, 3 juin 1844 – Paris, 6 janvier 1926), pianiste et compositeur. Il étudia d’abord avec l’organiste de la cathédrale de Montpellier, Dom Sébastien Boixet, puis entra au Conservatoire de Paris, où il obtint un premier prix de piano en 1857 dans la classe d’AntoLire la suite… qui a dirigé les répé­titions des Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite…, pendant que M. Georges Bizet préside aux répétitions de Roméo et JulietteRomeo et JulietteRoméo et Juliette, symphonie dramatique, Op. 17, pour solistes, chÅ“ur et orchestre sur un texte d’Emile Deschamps d’après William Shakespeare, composée par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 24 novembre 1839.Lire la suite…, àEnterrement à Ornans, UnUn enterrement à Ornans est un tableau de Gustave Courbet, peint entre 1849 et 1850, et qui fut présenté au Salon de 1850-1851 où il engendra des réactions violentes de la part des critiques choqués qu’une si grande toile (6,68 × 3,15 m), dont le format est habituellement réservé aux gLire la suite… l’Opéra-Comique, car le maître est absent et ne veut pas re­passer le détroit. On l’espérait pourtant, et s’il fût revenu, on lui aurait fait fête. Même ces jours derniers le bruit avait couru de son retour. Eh quoi ! vous n’avez pas plus de souci de votre Å“uvre nouvelle, et vous êtes si peu avide maintenant de ces émo­tions qui autrefois vous semblaient si dou­ces ! Ah ! mon cher GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…, que vous se­riez moins heureux d’être tant choyé là-bas, si vous saviez combien ici l’on vous regrette ! Vous êtes parti au milieu de nos catastrophes ; vous pouvez encore revenir, sans fausse honte et sans qu’on ait rien à vous pardonner, car nos catastrophes ne sont peut-être pas tout à fait accomplies.

Vous venez de fonder à Londres the Gounod’s Choir : n’y a-t-il donc rien d’utile en ce genre-là à fonder chez sous, et la popularité de votre nom n’eût-elle pas fait ici comme là-bas le succès d’une telle en­treprise ? Dans tous ces concerts, dans tous ces festivals auxquels votre nom et votre personne prêtent un attrait exceptionnel, ce sont des mains étrangères qui vous ap­plaudissent. Songez à BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, le maître que nous avons tant aimé et pour lequel nos deux admirations se confondent ! A Vienne comme à Berlin, à Berlin comme à Saint-Pétersbourg, c’étaient, pour l’ac­cueillir, le même enthousiasme, les mêmes acclamations. On l’appelait le BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… français, et il ne pouvait y avoir un plus grand honneur pour un si grand artiste.

Une fois il vit venir à lui sur l’estrade un dilettante passionné qui lui demanda comme une faveur insigne de baiser la main qui avait écrit cette admirable sym­phonie de Roméo et Juliette.Romeo et JulietteRoméo et Juliette, symphonie dramatique, Op. 17, pour solistes, chÅ“ur et orchestre sur un texte d’Emile Deschamps d’après William Shakespeare, composée par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 24 novembre 1839.Lire la suite… A Pesth, les étudians tressaillirent comme aux jours des grandes batailles, lorsqu’ils entendirent les fiers accens de la marche de Rakoczy que le maître français avait si merveilleu­sement instrumentée ; et ils lui offrirent un bâton d’argent massif sur lequel étaient gravés un nom à jamais célèbre, une date à jamais mémorable : le nom de BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… et la date du concert. A Saint-Pétersbourg, il avait pour demeure un palais et pour pro­tectrice, pour amie, une auguste princesse. Dans son pays, il avait peu de chose : je me trompe ; il avait les humiliations et les dé­boires qui l’ont tué. Et depuis bientôt qua­tre ans qu’il est mort, il attend encore une tombe digne de lui ; son buste, une des plus belles Å“uvres du sculpteur PerraudPerraud, Jean-JosephJean-Joseph Perraud (Monay/Jura, 26 avril 1819 – Paris, 2 novembre 1876), sculpteur. Il fit un apprentissage chez un ébéniste, puis suivit des cours à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, où il obtint un 1er prix de sculpture. Il poursuivit sa formation à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, où iLire la suite…, est en Amérique. On le cherche en vain, parmi tant d’autres, sur la façade du nouvel Opéra. Hier encore, lui, le musicien spiri­tualiste par excellence, lui, l’ami de VirgilePublius Vergilius Maro dit VirgilePublius Virgilius Maro dit Virgile (Andes près Mantoue, vers 15 octobre 70 av. J.-C. – Brindisi, 27 septembre 19 av. J.-C.), poète. Il se lia d’amitié avec le poète Horace, le critique Quintilius Varus et la poète élégiaque Cornelius Gallus et étudia la philosophie, les lettres, le droitLire la suite… et de ShakspeareShakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite… [Shakespeare]Shakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite…, le chantre inspiré de Didon et d’Enée, de Marguerite et de Ju­liette, que vous avez chantées aussi, on le comparait au peintre le plus réaliste de notre époque, au peintre de l’Enterrement d’OrnansEnterrement à Ornans, UnUn enterrement à Ornans est un tableau de Gustave Courbet, peint entre 1849 et 1850, et qui fut présenté au Salon de 1850-1851 où il engendra des réactions violentes de la part des critiques choqués qu’une si grande toile (6,68 × 3,15 m), dont le format est habituellement réservé aux gLire la suite… et des Casseurs de pierresCasseurs de pierres, LesLes Casseurs de pierres était un tableau de Gustave Courbet, peint en 1849 et qui mesurait 1,65 × 2,57 m. Il fut présenté au Salon de 1850-1851 en même temps que Les Paysans de Flagey revenant de la foire et Un enterrement à Ornans. Acquis en 1909 par la Gemäldegalerie Alte Meister de DLire la suite…, à M. Courbet Courbet, Jean-Désiré-GustaveJean-Désiré-Gustave Courbet (Ornans/Doubs, 10 juin 1819 – La Tour-de-Peilz/Vaud, Suisse, 31 décembre 1877), peintre et sculpteur. Il s’installa à Paris en 1839 et étudia la peinture en autodidacte. Il s’intéressa particulièrement aux peintures des maîtres espagnols, flamands et françaLire la suite…! Eh bien ! malgré tant d’injus­tices et malgré cet oubli et cette ingrati­tude posthumes dont il avait le pressenti­ment, il revenait toujours dans son pays, toujours pour y chercher des suffrages dont ne pouvaient le consoler les applaudissemens qu’on lui prodiguait loin des siens, loin de sa patrie, qu’il aimait.

Est-ce que ces applaudissemens et ces suffrages vous ont jamais manqué ? Vos ouvrages n’ont-ils pas conquis avec cette popularité qui manque quelquefois aux chefs-d’œuvre, l’estime, la sympathie et même l’admiration des plus délicats ?

Avouez-le, mon cher GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…, votre cÅ“ur a dû battre l’autre soir au moment où le poëte des Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite…, l’ami dévoué à qui vous auriez pu laisser tout le poids d’une défaite, recueillait ces bravos qu’il eût été si heureux de partager avec vous ; car votre part de succès a été égale à la sienne, et votre nom a été salué comme a été salué le sien ; mais nous pensions que vous n’é­tiez pas là pour nous entendre, et nous pensions aussi qu’il y avait dans un coin de la salle des mains que la tristesse et l’émo­tion rendaient captives et qui ne pouvaient vous applaudir.

Vous avez des amis où vous êtes, vous en aurez partout où vous serez. Ces amis-là vous feront-ils oublier ceux que vous avez quittés et que votre absence chagrine ? Revenez donc parmi nous, cher maître ; venez y reprendre la place que nous vous avons gardée.

« On ne doit violer l’histoire, disait Alexandre DumasDumas père, AlexandreAlexandre Dumas père (Villers-Cotterêts, 24 juillet 1802 – Puys, près de Dieppe, 5 décembre 1870), écrivain. Un des plus populaires écrivains de l’époque romantique, il écrivit avec des collaborateurs plus de trois cents ouvrages dont les drames, Henri III et sa cour, et La Tour de NesleLire la suite…, qu’à la condition de lui faire un enfant. » Dans le drame des Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite…, il y a deux enfans, et l’histoire n’est pas violée, du moins en ce qui touche aux caractères des personnages principaux. Ces caractères, M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite… les a étudiés dans les chroniques du temps et aussi dans quelques ouvrages contemporains, parmi lesquels il cite le beau travail de M. Her­cule Géraud sur la reine Ingeburge. Je crois qu’on peut écrire Ingelburge pareil­lement.

Mais « le point fondamental du drame, le pivot autour duquel tout tourne, tout s’appuie, dit M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite… dans sa préface, c’est la destruction dans le monde d’un droit monstrueux que nous avaient légué les païens et les barbares, le droit de répu­diation. » C’est pour ce droit qu’Innocent combat contre Philippe avec toutes les armes que lui donne l’Eglise, et avec la plus terrible de toutes, l’excommunication ; c’est pour nous montrer tout ce qu’il y avait d’odieux dans ce droit excessif que M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite… a quelque peu dépoétisé le grand roi de l’histoire et le héros de la lé­gende, le vainqueur de Bouvines, le com­pagnon d’armes de Richard CÅ“ur-de-Lion, celui que l’on appela Dieu-Donné d’abord, puis Auguste, parce qu’il était né dans le mois d’août.

Dans ce rude souverain du douzième siè­cle, c’est l’homme plutôt que le monarque que M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite… a essayé de peindre.

« Je l’ai montré, dit-il, tel que l’étude des chroniques et de ses actes me l’a repré­senté, mélange singulier des sentimens les plus contradictoires, rusé, violent, superstitieux et railleur, diplomate et conquérant, passionné et calculateur, cruel et hé­roïque. »

« On est habitué à voir, ajoute en finissant M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite…, dans cette lutte entre Philippe et Innocent, la rivalité de deux puissances temporelles ; aux yeux de beaucoup de lecteurs, l’interdit n’est, dans la main du Pape, qu’une arme politique, un instru­ment de domination. Philippe représente l’indépendance de la France, Innocent l’ambition papale. Son seul but est rabaisse­ment de la couronne devant la tiare. La lecture attentive des lettres d’Innocent m’a convaincu de l’inexactitude de cette opinion. Cette longue correspondance est un monument d’équité, d’humanité, de pa­tience, de douceur ; le Pape défend évan­géliquement la plus évangélique des cau­ses ; ce n’est qu’après de longues années de supplications et de remontrances pater­nelles qu’il se décide à lancer l’excommu­nication ; et si le moyen qu’il emploie est excessif, et même, selon moi, inique, il ne combat pas du moins pour le pouvoir, il combat pour le droit. »

Aussi, quand, au dénoûment du drame, Philippe, tombant à genoux, courbé sous la colère de Dieu et cédant aux supplica­tions de son peuple, s’écrie :

Je suis vaincu, Seigneur !

le légat lui répond :

Roi, tu n’es pas vaincu : l’Evangile est vainqueur.

Au premier acte, Ingeburge arrive à Amiens, suivie de son cortège et accompa­gnée du comte de Landresse, qui est allé l’é­pouser à Copenhague au nom du roi. Et le jongleur raconte comment se sont faites ces épousailles :

Donc, vingt barons, choisis parmi les plus puissans,

Sur un riche vaisseau plein de riches prèsens

D’un océan lointain traversèrent les vagues,

Pour demander sa sœur au roi de Copenhagues.

PREMIER BOURGEOIS.

Copen…

LE JONGLEUR.

     C’est le Paris de ces pays danois ;

La demande agréée, un parent de nos rois,

Un jeune et beau seigneur, le comte de Lahdresse,

A pour Philippe-AugustePhilippe II Capet dit Philippe-AugustePhilippe II Capet dit Philippe-Auguste (Paris, 21 août 1165 – Mantes, 14 juillet 1223), roi de France. Fils du roi Louis VII et d’Adèle de Champagne, il fut associé à la couronne et sacré à Reims le 1er novembre 1179. Le 28 avril 1180, il épousa Isabelle de Hainaut, ce qui lui apporta lâ€Lire la suite… épousé la princesse !

LE BOURGEOIS.

Epousé ?

LE JONGLEUR.

               Nous nommons ce genre d’union

Nous, gens d’étude, hymen par procuration !

L’ÉCOLIER.

Et cet hymen-là compte ?

LE JONGLEUR,

Oh ! rien ne manque au pacte

Du contrat, pour le roi, le comte a signé l’acte.

Voulez-vous les beaux vers après les jolis vers ? écoutez cette tirade du cardinal à Ingeburge :

La princesse est assiégée de pressentimens sinistres :

Si jamais d’un appui ma faiblesse a besoin,

Qui me défendra ?…

LE CARDINAL.

…………………………………………….    L’Eglise !

……………De vos preux le courage indompté

Ne défend rien en vous, femmes, que la beauté !

Le prêtre est aussi, lui, chevalier de la femme !

Mais, armé par le Christ, il ne voit que votre âme.

Et dès que parmi vous quelque cœur sans soutien

Jette un cri de détresse en l’univers chrétien,

Que contre une fureur impudique ou jalouse

Une épouse en appelle à son titre d’épouse,

Le prêtre accourt ; il n’a ni lance ni haubert,

D’un casque en fer bruni son front n’est pas couvert,

Mais le Verbe divin sur sa lèvre flamboie !

Il accourt ; au despote il arrache sa proie

Et lui dit : « Par le Dieu sur la croix expiré,

Respecte en ta victime un front deux fois sacré !

Femme, elle est rachetée ; épouse, elle est Bénie !

Tu l’as en ton pouvoir, non en ta tyrannie !

Et que tu sois ou non au rang des potentats,

Cette femme est à Dieu ! tu n’y toucheras pas ! »

L’un des plus grands griefs de la cen­sure contre le drame des Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite… tou­chait à ce spirituel tableau de la malice populaire, au moyen-âge, à cette fine rail­lerie que M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite… met dans la bouche du jongleur, et qui est de tous les temps :

………………………………………………………………………………………………………..

L’impôt ressemble fort au chiendent !Dans un pot,

En plein champ, au soleil, au froid, à la rafale,

Il prospère partout… grandit partout… s’étale

En toute climature !… Un ennemi survient ?

L’impôt monte ! De nous la peste se souvient ?…

L’impôt monte ! L’on part un jour pour la croisade ?

Impôt… On en revient ? Impôt !… Le temps malade

Fait tout sécher ? Impôt ! Fait tout moisir ?… Impôts !…

Guerre ! inondation ! grand trouble ! grand repos !

Impôts ! impôts ! impôts ! Et le beau, dans l’espèce,

C’est qu’une fois monté, jamais l’impôt ne baisse ;

Le cessante causa perd ses droits en ce cas,

Et la cause cessant, l’effet ne cesse pas !

C’est comme une comète à lumière constante….

Ou ce qu’on nomme un arbre à feuille persistante,

Bourgeons l’été ! l’hiver ! bourgeons de haut en bas !

Les jeunes poussent, mais les vieux ne tombent pas !

Flot de sève incessante ! éternelle verdure !…

Et cela dure ainsi depuis que l’Etat dure !

Nos ancêtres l’ont vu jadis, et nos enfans

Le reverront, je gage, encor dans cinq cents ans !

Cela s’est vu depuis et se reverra encore bien longtemps après.

Tandis qu’Ingeburge reposait sous sa tente dans la forêt de Braines, le jeune comte de Landresse, épris de sa beauté, lui déroba une boucle blonde que depuis ce jour il cache dans la doublure de son manteau. C’est cette boucle blonde qui envoie Ingeburge dans une prison et Lan­dresse dans un cloître, d’où il revient cinq ans plus tard, les cheveux blanchis, les yeux creusés par le remords, le front dé­pouillé, mais avec le titre de légat du Pape.

Entre Agnès et Ingeburge, entre les deux reines, entre les deux rivales, bientôt victimes toutes deux, il y a une des plus bel­les scènes qui soient au théâtre, dans le domaine de la tragédie. Ingeburge, rési­gnée, mais frappée au cœur, prend sa place sur le trône de France, à la condition que les enfans d’Agnès seront reconnus comme siens. Et Agnès, en attendant des temps meilleurs pour elle, va ensevelir dans un cloître sa douleur de mère et son amour pour le roi criminel, qui, touché par la grâce, vient de se repentir.

Jamais, dans aucune de ses Å“uvres, M. LegouvéLegouvé, ErnestGabriel-Jean-Baptiste-Ernest-Wilfred Legouvé (Paris, 14 février 1807 – Paris, 14 mars 1903), écrivain, auteur dramatique, critique littéraire et librettiste. Il débuta en écrivant des poèmes dont La Découverte de l’imprimerie, qui fut couronné par l’Académie française en 1829. AuteuLire la suite… n’a trouvé des accens plus nobles, des cris plus déchirans ; jamais il n’a atteint à une telle hauteur de style et de sentiment tragique. Que ceux qui, ne le connaissant pas, n’apprécient point la droi­ture et l’élévation de son caractère, que ceux qui ne l’ont point suivi dans les sen­tiers littéraires où il a toujours marché critiquent son Å“uvre, ceux-là ne feront pas grand bruit.

Je suis heureux que mon ami GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… soit associé au grand et légitime succès des Deux Reines.Deux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite… Il a fait pour ce drame, ce que WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… a fait pour PreciosaPreciosaPreciosa, Op. 78, musique de scène pour le drame en quatre actes en allemand de Pius Alexander Wolff, d’après la nouvelle La Gitanilla de Cervantès, composée par Carl Maria von Weber et créé à Berlin le 14 mars 1821.Lire la suite…, BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… pour EgmontEgmont op. 84Egmont op. 84, musique de scène Ludwig van Beethoven pour soprano, récitant, et orchestre pour la tragédie de Wolfgang Goethe. L’œuvre fut créée le 15 juin 1810 au Burgtheater de Vienne. Cette musique de scène est constituée d’une ouverture et de neuf mouvements dont deux sont chantés pLire la suite…, MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… pour StruenséeStruenseeStruensee, tragédie en cinq actes de Michael Beer, créée au Théâtre de la Cour à Munich le 28 mars 1828. La pièce avait été interdite par la censure à Berlin en 1827 et ne fut autorisée à être représentée dans cette ville que près de vingt ans plus tard, le 19 septembre 1846. A cetteLire la suite… (je crois que ces exemples suffisent) ; il a écrit une introduction, des entr’actes, des soli, de la musique de scène et des chÅ“urs. La Bataille des Vins, le morceau capital de l’ouvrage, est admirablement traité, admirablement réussi. Il y a là une verve, une variété de rhythmes, une abon­dance de motifs, un brio, une couleur qui en font une page de maître, presque une Å“uvre dans l’œuvre elle-même. L’air du cardinal (la bénédiction du temple) : O toi que l’univers ne peut pas contenir ! a toute l’onction, toute la solennité qui convient aux hymnes religieux ; l’entr’acte du troi­sième acte, la marche des pèlerins et la scène de l’interdit tout entière, sont de magnifiques inspirations dignes du grand compositeur qui a écrit le troisième et le cin­quième acte de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…, SaphoSaphoSapho, opéra en trois actes sur un livret d’Émile Augier, mis en musique par Charles Gounod, créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1851.Lire la suite… et les chÅ“urs d’Ulysse.Choeurs d’UlysseChoeurs d’Ulysse, musique de scène de Charles Gounod pour la tragédie de François Ponsard, créé à la Comédie-Française le 18 juin 1852.Lire la suite…

Je m’arrête : les partitions de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… ne sont point de celles qu’on analyse : on les achète, et cela vaut mieux.

J’ajouterai pourtant que l’instrumenta­tion des Deux ReinesDeux Reines, LesLes Deux Reines, drame avec chÅ“urs en quatre actes et en vers d’Ernest Legouvé avec une musique de scène composée par Charles Gounod. L’œuvre devait être créée le 11 mars 1865  quand elle fut interdite par la censure du Second Empire. Sa création eut lieu sous la Troisième RépubliqueLire la suite… est d’une clarté et d’une élégance sans pareille.

Pour ce qui est de l’exécution, j’ai fait quelques réserves déjà : si les Danoises eus­sent chanté juste, si les Françaises eussent mis plus de grâce, plus de délicatesse dans l’expression de leur chant, l’opposition entre ces deux chœurs, qui sont charmans, eût bien mieux ressorti, et certes l’effet eût été meilleur.

De même, le solo de soprano de la scène de l’interdit aurait dû être chanté par une coryphée à la voix fraîche et expressive, ce qui est introuvable au Théâtre-Italien comme ailleurs. Un jour, à l’Opéra (hélas !), j’eus besoin de quatre jeunes Grecques : mon ami Victor MasséMassé, Felix-Marie-VictorFélix Marie Victor Massé (Lorient, 7 mars 1822 – Paris, 5 juillet 1884), compositeur. Il étudia le piano avec Zimmerman et la composition avec Halévy au Conservatoire de Paris, où obtint le 1er Prix de piano en 1839 et le 1er Prix de Rome en 1844. Il débute à l’Opéra-Comique en 1850 avec LLire la suite… m’offrit quatre ma­trones d’Ephèse : je n’en voulus pas. Ce fut une grande colère et un grand scandale. Essayez donc d’aller contre la tradition et contre les usages reçus.

Il faut nous intéresser à ce petit théâtre de l’Athénée, pauvre, modeste et souffre­teux, vivant de peu, vivant de rien. Quand donc son puissant voisin, le nouvel Opéra, ce grand monument inachevé, qui depuis si longtemps le couvre de son ombre, l’é­blouira-t-il de sa lumière ?

Le théâtre de l’Athénée, depuis sa fonda­tion, a eu des fortunes diverses, c’est-à-dire qu’il a eu de petites fortunes et de grands revers. Il fut salle de concert à l’ori­gine, et on y exécuta des oratorios et des symphonies ; de graves orateurs, à la pa­role éloquente, y firent des conférences. Puis, un beau jour, il se transforma et de­vint théâtre d’opérette. Pour le coup, le voilà vaillant et alerte, et le public, tou­jours épris de facéties burlesques, saura bien en prendre le chemin. Eh bien ! non : il périclite encore. Les Fantaisies s’y ins­tallent : il périclite toujours. Enfin on le décore du titre pompeux de Théâtre-Lyri­que. Théâtre-Lyrique ! Y pensez-vous ? Le théâtre où l’on joua FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite… et OrphéeOrphée et EurydiceOrphée et Euridice, drame héroïque en trois actes sur un livret de Pierre-Louis Moline mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créé à l’Opéra de Paris le 2 août 1774.Lire la suite…, FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… et le FreischutzFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…, les Noces de Figaro Noces de Figaro, LesLes Noces de Figaro (Le nozze di Figaro), K.V. 492, opera buffa en quatre actes sur un livret en italien de Lorenzo Da Ponte, d’après Beaumarchais, mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Burgtheater de Vienne le 1er mai 1786.Lire la suite…et les TroyensTroyens, LesLes Troyens, opéra en cinq actes sur un livret et une musique de Hector Berlioz dont les trois derniers actes furent créés sous la direction de Berlioz au Théâtre-Lyrique de Paris le 4 novembre 1863 sous le titre: Les Troyens à Carthage.Lire la suite…, le théâtre où chanta Mme Carvalho ! Osez-vous bien réveiller de tels souvenirs et croyez-vous qu’à l’aide d’une fallacieuse enseigne vous donnerez le change sur votre petit commerce de bimbeloterie parisienne ?

Et cependant il y avait en ce temps-là à la tête du théâtre de l’Athénée un homme intelligent et actif qui eut quelques velléités de bien faire ; il avait voulu honorer, étant directeur des Fantaisies, MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… et Schu­bertSchubert, Franz PeterFranz Peter Schubert (Vienne, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1728), compositeur. Il étudia d’abord avec le chef de chÅ“ur de l’église de Lichtental, Michael Holzer, qui lui permit de passer l’examen d’entrée et de devenir boursier en 1808 à la chapelle de la Cour comme petit chaLire la suite…. C’était le tour de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… d’entrer, en se baissant un peu, au théâtre de l’Athénée, devenu le troisième théâtre lyrique. Les temps étaient mauvais ; ils le sont encore : le troisième théâtre lyrique était à bout d’expériences et d’expédiens ; WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… n’a­jouta rien à sa fortune, presque rien à sa gloire, et la part qu’on lui fit dans les libé­ralités du budget était si petite, qu’elle ne put sauver ni l’entreprise ni l’entrepre­neur. Aujourd’hui il n’y a plus de Théâtre-Lyrique : l’un est en ruines, l’autre est ruiné ; mais le théâtre de l’Athénée est en­core debout, et si l’occasion nous a man­qué de parler de la première tentative qui a signalé sa résurrection, nous ne voulons point négliger de parler de la seconde.

La pièce nouvelle étant intitulée Monsieur et Madame Turlupin Madame TurlupinMadame Turlupin, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet mis en musique par Ernest Guiraud et créé au Théâtre de l’Athénée le 23 novembre 1872.Lire la suite…[Ma­dame TurlupinMadame TurlupinMadame Turlupin, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet mis en musique par Ernest Guiraud et créé au Théâtre de l’Athénée le 23 novembre 1872.Lire la suite…], ce ne sera point faire injure aux auteurs que de l’appeler une turlupinade.Madame TurlupinMadame Turlupin, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet mis en musique par Ernest Guiraud et créé au Théâtre de l’Athénée le 23 novembre 1872.Lire la suite… On y voit comme un reflet du Capitaine Fra­casseCapitaine FracasseCapitaine Fracasse, roman de Théophile Gautier paru en feuilleton dans la Revue nationale et étrangère du 25 décembre 1861 au 30 juin 1863 puis publié en deux volumes chez Charpentier, Paris : 1863. C’est un roman de cape et d’épée qui se déroule sous le règne de Louis XIII entre Lire la suite…, et pourtant l’esprit et le style de Théophile GautierGautier, TheophileThéophile Gautier ( Tarbes, 30 aout 1811 – Paris, 23 mai 1872), écrivain, journaliste. Il fit ses études à Paris où il se lia d’amitié avec Gérard Nerval et fut un grand défenseur de Victor Hugo. Pour Gauthier, la musique, la peinture et la poésie étaient les éléments fondamentaux dâ€Lire la suite… n’ont pas passé par là. On y remarque certains procédés ingénieux dont sait se servir un musicien habile, et dans plus d’un passage des inspi­rations qui ne manquent ni d’élégance ni d’ampleur ; mais on y sent aussi la préoc­cupation de captiver le public par ces pe­tits moyens dont se servent les musiciens qui ont toutes ses sympathies. Je sais bien que nous sommes à l’Athénée et non point à l’Opéra ; mais alors entrez franchement dans le mouvement, et si vous faites des efforts pour décrocher la timbale, ne vous arrêtez pas pour vous [nous] montrer votre science et vos instincts de musicien sérieux, quand vous êtes à peine arrivé à mi-hauteur du mât.

Je ne voudrais pas voir M. GuiraudGuiraud, ErnestErnest Guiraud (Nouvelle-Orléans/USA, 23 juin 1837 – Paris, 6 mai 1892), compositeur. Il étudia avec son père Jean-Baptiste Guiraud qui avait été 1er prix de Rome en 1827. Il composa à quinze ans son premier opéra, Le Roi David (La Nouvelle-Orléans, 1852) qui fut représenté avec succès. ILire la suite… dans une telle voie. Mais le malheur pour les jeunes compositeurs, à notre époque, c’est que plus d’un petit talent en France a été secondé, je ne dis pas fécondé, par une fortune heureuse. Et il serait fâcheux pour M. GuiraudGuiraud, ErnestErnest Guiraud (Nouvelle-Orléans/USA, 23 juin 1837 – Paris, 6 mai 1892), compositeur. Il étudia avec son père Jean-Baptiste Guiraud qui avait été 1er prix de Rome en 1827. Il composa à quinze ans son premier opéra, Le Roi David (La Nouvelle-Orléans, 1852) qui fut représenté avec succès. ILire la suite… que l’exemple de quelques mé­diocrités parvenues agît sur son tempérament, sur ses facultés, et altérât la déli­catesse de son goût.

Supposez Mme Judic à la place de Mlle DaramDaram, Marie-JoséphineMarie-Joséphine Daram (Toulouse, 13 mars 1845 – Toulouse, 4 août 1926), soprano. Après avoir étudié au Conservatoire de Toulouse, où elle obtint un 1er prix de chant en 1863, elle entra au Conservatoire de Paris et obtint un 1er prix de chant l’année suivante. Elle débuta au Théâtre-LyLire la suite… (une jeune artiste qui, malgré un chevrotement continu, ne manque pourtant ni de talent ni de verve comique) et vous aurez, avec Monsieur et Madame Tur­lupinMadame TurlupinMadame Turlupin, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet mis en musique par Ernest Guiraud et créé au Théâtre de l’Athénée le 23 novembre 1872.Lire la suite…, un succès de cent représenta­tions si ce n’est davantage… et ce sera beaucoup.

E. Reyer