FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

DU 16 MARS 1871. 

Mémoires d’Hector Berlioz Un volume grand in-8o. Paris, Michel Levy frères..

(Voir le Journal des Débats d’hier.)

Une Compagnie anglaise dont faisait par­tie Henriette SmithsonSmithson, Henrietta Constance dite HarrietHenrietta Constance dite Harriet Smithson ( Ennis/Irlande, 18 mars 1800 – Paris, 3 mars 1854), actrice. Fille d’un directeur de théâtre, elle débuta au Crow Street Theater à Dublin (1815) et trois ans plus tard à Londres au Drury Lane Theater. En 1828, elle vint à Paris dans la troupe de Lire la suite…, la grande tragédienne, venait d’arriver à Paris. Elle don­nait ses représentations à l’Odéon. BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… vit Mlle SmithsonSmithson, Henrietta Constance dite HarrietHenrietta Constance dite Harriet Smithson ( Ennis/Irlande, 18 mars 1800 – Paris, 3 mars 1854), actrice. Fille d’un directeur de théâtre, elle débuta au Crow Street Theater à Dublin (1815) et trois ans plus tard à Londres au Drury Lane Theater. En 1828, elle vint à Paris dans la troupe de Lire la suite… pour la première fois dans le rôle d’Ophélia, et en devint éper­dument amoureux. Cette passion nouvelle était un premier dérivatif à l’amour plato­nique que son cÅ“ur pourtant ne répudia jamais, et dont la douce lueur éclairait en­core les derniers instans de sa vie. Ber­liozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… s’était initié par lui-même aux su­blimes beautés des partitions de Gluck Gluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chÅ“urs des églLire la suite…; Henriette SmithsonSmithson, Henrietta Constance dite HarrietHenrietta Constance dite Harriet Smithson ( Ennis/Irlande, 18 mars 1800 – Paris, 3 mars 1854), actrice. Fille d’un directeur de théâtre, elle débuta au Crow Street Theater à Dublin (1815) et trois ans plus tard à Londres au Drury Lane Theater. En 1828, elle vint à Paris dans la troupe de Lire la suite… lui révéla le génie de ShakspeareShakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite… [Shakespeare]Shakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite…. « L’effet de son prodigieux talent ou plutôt de son génie dramatique sur mon imagination et sur mon cÅ“ur n’est comparable qu’au bouleversement que me fît subir le poëte dont elle était la digne interprète. Je ne puis rien dire de plus. » Et cependant il ajoute : « ShakespeareShakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite…, en tombant ainsi sur moi à l’improviste, me foudroya. Son éclair, en m’ou­vrant le ciel de l’art avec un fracas su­blime, m’en illumina les plus lointaines profondeurs. Je reconnus la vraie grandeur, la vraie beauté, la vraie vérité dramatiques… et la pitoyable mesquinerie de notre vieille poétique de pédagogues et de Frères ignorantins. Je vis……………………………………… je compris…..  je sen­tis……. que j’étais vivant, et qu’il fallait me lever et marcher. » Et il marcha en effet, mais comme un homme troublé par l’i­vresse, errant au hasard « dans les rues de Paris et dans les plaines des environs. » Ses nuits étaient sans sommeil, il avait perdu le goût de ses études favorites, et pendant ces longues excursions qui fati­guaient son corps sans lui procurer les douceurs du repos, « il avait l’air (c’est là une de ces heureuses expressions qui lui sont familières) d’être à la recherche de son âme. »

Un jour, en rentrant chez lui, il trouva ouvert sur sa table le volume des Mélodies irlandaisesMélodies Irlandaises (Irish Melodies)Mélodies irlandaises (Irish Melodies), collection de poèmes composés par Thomas Moore sur des airs irlandais principalement issus de la collection d’anciens airs publiée en 1797 par Edward Bunting : A General Collection of the Ancient Irish Music.Thomas Moore en publia dix volumes sur une pLire la suite…, de Thomas Moore Moore, ThomasThomas Moore (Dublin, 28 mai 1779 – Sloperton/Angleterre, 25 février 1852), poète et écrivain. Il fit des études de droit à Trinity College à Dublin puis à Middle Temple à Londres en 1799. Il devint célèbre pour ses poèmes sur des mélodies irlandaises dont il publia, entre 1808 et 1834Lire la suite…; ses yeux s’arrêtèrent sur celle qui commence ainsi : « Quand celui qui t’adore » (when he who adore thee). Et, prenant la plume, il écri­vit « tout d’un trait » la musique de ce « déchirant adieu », qui, sous le titre d’ElégieElégieElégie, mélodie pour voix et piano, sur un texte en français et en prose de Thomas Gounet d’après un poème en anglais de Thomas Moore, mis en musique par Hector Berlioz. C’est le numéro 9 du recueil Neuf Mélodies, H38, publié en 1830 par Schlesinger. Ce recueil sera réédité vers 1850 Lire la suite…, figure dans son recueil intitulé : Ir­lande.IrlandeIrlande op. 2 – Neuf Mélodies, imitées de l’Anglais (Irish Mélodies) pour une & deux Voix, & ChÅ“ur avec accompagnement de Piano sur des poèmes de Thomas Moore mis en musique par Hector Berlioz. (no. 38, du Catalogue des Å“uvres de Hector Berlioz, 2e édition, numérique, 2018, révisiLire la suite… « Si jamais cette élégie, dit-il, est connue en Angleterre et en Allemagne, elle y trouvera peut-être quelques rares sympathies ; les cÅ“urs déchirés s’y recon­naîtront. Un tel morceau est incompré­hensible pour la plupart des Français, et absurde et insensé pour les Italiens. » Ber­liozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, on le voit, n’était pas toujours ab­solu dans ses dédains, et savait ménager à l’occasion l’amour-propre de ses compa­triotes. La veille, il avait vu Hamlet ;HamletHamlet, titre abrégé de The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark (La Tragique histoire d’Hamlet, prince de Danemrk) de William Shakespeare. C’est la plus longue et la plus célèbre des pièces de théâtre de Shakespeare. La date exacte de sa composition n’est pas connue mais sa première rLire la suite… le lendemain, on afficha Roméo et JulietteRomeo et JulietteRoméo et Juliette, symphonie dramatique, Op. 17, pour solistes, chÅ“ur et orchestre sur un texte d’Emile Deschamps d’après William Shakespeare, composée par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 24 novembre 1839.Lire la suite…, et si forte qu’eût été la secousse qu’il avait éprouvée la première fois, il retourna à l’Odéon. Cette page dans laquelle il raconte ses brûlantes émotions, sa fièvre, ses éblouissemens, est une des plus belles pa­ges de son livre. Il ne savait pas alors un seul mot d’anglais, et n’entrevoyait ShakspeareShakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite… qu’à travers les brouillards de la traduction de LetourneurLe Tourneur, Pierre-Prime-FélicienPierre-Prime-Félicien Le Tourneur [Letourneur] (Valognes/Manche, 9 juin 1737 – Paris, 24 janvier 1788), écrivain et traducteur. Il traduisit de nombreux ouvrages d’écrivains anglais, à commencer par les Nuits et Å’uvres diverses d’Edward Young en quatre volumes (1769-70) et l’Histoire deLire la suite… « Mais, ajoute-t-il, le jeu des acteurs, celui de l’actrice surtout, la succession des scènes, la pan­tomime et l’accent des voix signifiaient pour moi davantage, et m’imprégnaient des idées et des passions shakspeariennes [shakespeariennes] mille fois plus que les mots de ma pâle et infidèle traduction. »

L’enthousiasme du public parisien pour la fair Ophelia tenait du délire ; les jour­naux publiaient chaque jour quelque nou­veau dithyrambe en l’honneur de la célèbre artiste, et BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… gémissait en comparant « l’éclat de cette gloire » à sa triste obscu­rité. Lui aussi voulut être célèbre, et « par un effort suprême faire rayonner jusqu’à elle » son nom encore inconnu. Alors il tenta ce que nul compositeur en France n’avait encore tenté. « J’osai entreprendre, dit-il, de donner au Conservatoire un grand concert composé exclusivement de mes Å“uvres. » Trois choses lui étaient néces­saires pour y parvenir : copier sa musique lui-même, obtenir la salle et s’assurer le concours gratuit de l’orchestre. Aujour­d’hui, vouloir faire réussir une pareille en­treprise, ne serait-ce pas tenter l’impossible ? BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… trouva, fort heureusement, un bienveillant appui auprès du surintendant des beaux-arts, M. Sosthènes de La Roche­foucauld La Rochefoucauld, Louis-François-Sosthène, vicomte deLouis-François-Sosthène, vicomte de La Rochefoucauld (Paris, 9 février 1785 – Château d’Armainvilliers/Seine-et-Marne, 5 octobre 1864), homme politique. Il fut aide de camp de Charles, comte d’Artois (futur roi Charles X) de 1814 à 1836. Il fut député de la Marne à la Chambre en 1815 eLire la suite…; il employa chaque jour seize heu­res sur vingt-quatre à copier les parties sé­parées d’orchestre et de chÅ“ur ; un grand nombre de musiciens appartenant à l’O­péra, à l’Odéon et au théâtre des Nouveautés répondirent à l’appel du jeune et au­dacieux compositeur. En apprenant que BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… avait obtenu l’autorisation de dis­poser de la salle du Conservatoire, CherubiniCherubini, Maria Luigi Carlo Zanobi SalvadoreMaria Luigi Carlo Zanobi Salvadore Cherubini (Florence, 8 septembre 1860 – Paris, 15 mars 1842), compositeur. Il étudia la musique avec son père puis avec Bartolomeo Felici, Pietro Bizzari et Giuseppe Castrucci, puis à Milan avec Giuseppe Sarti. Il fut engagé comme compositeur au King’s TheateLire la suite… entra en fureur, et refusa de se con­former à la décision du surintendant des beaux-arts. Mais celui-ci tint bon et l’i­rascible directeur du Conservatoire dut céder. Sa conversation avec BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… est amusante comme une scène de vaudeville.

— « Mais qué zé vous dis qué zé né veux pas qué vous donniez cé concert. Tout lé monde est à la campagne, et vous né férez pas dé récette.

— « Je ne compte pas y gagner. Ce con­cert n’a pour but que de me faire connaî­tre.

— « Il n’y a pas dé nécessité qu’on vous connaisse…. »

Ce mot-là est d’une naïveté admirable, et ne le cède en rien à celui de Kreutzer que j’ai cité plus haut.

BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… avait inscrit sur son programme les ouvertures de Waverley et des Francs- Juges Ouverture « Les Francs-Juges »Ouverture pour l’opéra Les Francs-Juges sur un livret de Humbert Ferrand dont il ne reste plus que cinq fragments dont cette ouverture pour orchestre, créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 26 mai 1828.Lire la suite…, un air et un trio avec chÅ“ur des Francs-JugesOuverture « Les Francs-Juges »Ouverture pour l’opéra Les Francs-Juges sur un livret de Humbert Ferrand dont il ne reste plus que cinq fragments dont cette ouverture pour orchestre, créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 26 mai 1828.Lire la suite…, la Scène héroïque grecque Scène Héroïque (La Révolution grecque)Scène Héroïque (La Révolution grecque), pour deux solistes, chÅ“ur et orchestre sur un texte de Humbert Ferrand mis en musique par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 26 mai 1828.Lire la suite…et sa cantate, la Mort d’Orphée.Mort d’OrphéeLa Mort d’Orphée, monologue et bacchanale pour ténor soliste, chÅ“ur de femmes et orchestre sur un texte d’Henri Berton écrit pour le concours du Prix de Rome de 1828, mis en musique par Hector Berlioz. L’œuvre ne fut pas créée du vivant du compositeur.Lire la suite…

L’idée d’en appeler au public du juge­ment porté sur cet ouvrage par MM. les musiciens de l’Institut paraissait à CherubiniCherubini, Maria Luigi Carlo Zanobi SalvadoreMaria Luigi Carlo Zanobi Salvadore Cherubini (Florence, 8 septembre 1860 – Paris, 15 mars 1842), compositeur. Il étudia la musique avec son père puis avec Bartolomeo Felici, Pietro Bizzari et Giuseppe Castrucci, puis à Milan avec Giuseppe Sarti. Il fut engagé comme compositeur au King’s TheateLire la suite… une insulte à l’Académie. « C’est une simple expérience, Monsieur, lui répon­dit BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…. Si, comme il est probable, l’A­cadémie a eu raison de déclarer ma parti­tion inexécutable, il est clair qu’on ne l’exécutera pas. Si, au contraire, elle s’est trompée, on dira que j’ai profité de ses avis, et que depuis le concours, j’ai corrigé l’ouvrage. » Mais quelques lignes plus bas, le secret de sa pensée lui échappe. L’exé­cution de la Mort d’OrphéeMort d’OrphéeLa Mort d’Orphée, monologue et bacchanale pour ténor soliste, chÅ“ur de femmes et orchestre sur un texte d’Henri Berton écrit pour le concours du Prix de Rome de 1828, mis en musique par Hector Berlioz. L’œuvre ne fut pas créée du vivant du compositeur.Lire la suite…, dont plusieurs parties avaient été chaleureusement ap­plaudies par l’orchestre à la répétition gé­nérale, ne put avoir lieu par suite d’un enrouement de M. Alexis Dupont. Et, ajoute BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, « je fus ainsi privé de la satisfac­tion de mettre sur mon programme la Mort d’OrphéeMort d’OrphéeLa Mort d’Orphée, monologue et bacchanale pour ténor soliste, chÅ“ur de femmes et orchestre sur un texte d’Henri Berton écrit pour le concours du Prix de Rome de 1828, mis en musique par Hector Berlioz. L’œuvre ne fut pas créée du vivant du compositeur.Lire la suite…, scène lyrique déclarée in­exécutable par l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut, et exécutée le [26] mai 1828. »

Malgré les éloges donnés par plusieurs journaux au jeune compositeur, son but ne fut point atteint : miss SmithsonSmithson, Henrietta Constance dite HarrietHenrietta Constance dite Harriet Smithson ( Ennis/Irlande, 18 mars 1800 – Paris, 3 mars 1854), actrice. Fille d’un directeur de théâtre, elle débuta au Crow Street Theater à Dublin (1815) et trois ans plus tard à Londres au Drury Lane Theater. En 1828, elle vint à Paris dans la troupe de Lire la suite… n’entendit même pas parler de ce concert.

Le chapitre dans lequel BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… raconte ses premières armes dans la critique musi­cale est intitulé : Fatalité ! — je deviens critique. Son ami Humbert Ferrand le présente à M. de CarnéCarné-Marcein, Louis-Marie deLouis-Marie de Carné-Marcein (Quimper/Finistère, 17 février 1804 – Plomelin/Finistère, 11 février 1876), homme politique, historien et journaliste. Après des études de droit, il suivit une carrière diplomatique sous la Restauration. En 1827, il fut nommé secrétaire de la légation françLire la suite…, l’un des fondateurs de la Revue européenne ; et quelque peu de confiance qu’il eût en son talent d’écrivain, il se décida pourtant à publier sur GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chÅ“urs des églLire la suite…, SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… et BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… des articles dans les­quels il donnait un libre cours à son admi­ration pour les Å“uvres de ces illustres maî­tres, articles qu’il retoucha « d’après les observations de M. de CarnéCarné-Marcein, Louis-Marie deLouis-Marie de Carné-Marcein (Quimper/Finistère, 17 février 1804 – Plomelin/Finistère, 11 février 1876), homme politique, historien et journaliste. Après des études de droit, il suivit une carrière diplomatique sous la Restauration. En 1827, il fut nommé secrétaire de la légation françLire la suite…, et qui furent accueillis avec indulgence. Je commençai ainsi, ajoute-t-il, à connaître les difficul­tés de cette tâche dangereuse qui a pris avec le temps une importance si grande et si déplorable dans ma vie. On verra com­ment il m’est devenu impossible de m’y soustraire et les influences diverses qu’elle a exercées sur ma carrière d’artiste en France et ailleurs. » C’est seulement à son retour d’Italie que BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… entre au Journal des Débats, dont le feuilleton musical était de­venu vacant par la retraite de Castil-BlazeCastil-Blaze, Francois-Henri-JosephFrançois-Henri-Joseph Blaze dit Castil-Blaze (Cavaillon/Vaucluse, 1er décembre 1784 – Paris, 11 décembre 1857), critique musical, librettiste, traducteur et adaptateur. Il étudia d’abord la musique avec son père, avant de se rendre à Paris pour étudier le droit ; il devint l’un des premLire la suite…. Il avait collaboré successivement à la Re­vue européenne, à l’Europe littéraire, au Monde dramatique, au Correspondant et à la Gazette musicale, où ce fut une nouvelle pleine d’humour et de gaîté, intitulée : Rubini à Calais, qui fixa sur lui le choix de M. Armand Bertin. Le succès qu’ont ob­tenu pendant plus de trente ans les feuille­tons de BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, l’autorité dont il jouissait comme critique, l’estime et l’affection que lui témoignaient les directeurs du Journal des Débats, n’ont jamais pu diminuer son aversion pour un genre de travail qui l’obligeait à tant de fatigue, à tant de concessions, à tant de ménagemens. « Je ne puis, dit-il, entendre annoncer une première représentation à l’un de nos théâtres lyriques sans éprouver un ma­laise qui augmente jusqu’à ce que mon feuilleton soit terminé. » Et, quelques li­gnes plus bas : « La violence que je me fais pour louer certains ouvrages est telle, que la vérité suinte à travers mes lignes, comme sous les efforts extraordinaires de la presse hydraulique l’eau suinte à travers le fer de l’instrument. » En maintes occa­sions pourtant, il ne prit nul souci de dé­guiser sa pensée, et sur certains artistes, aussi bien que sur certaines Å“uvres, il ex­prima son opinion sans détours et sans ménagemens. Les petites vanités blessées, tout comme les grandes, pardonnent ra­rement. BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… s’est fait avec sa plume des ennemis irréconciliables ; peu d’artistes parmi ceux qu’il n’a point épargnés ont su lui tenir compte de la sincérité de ses con­victions.

Au mois de juin de l’année 1828, il se présenta pour la troisième fois au concours de l’Institut et obtint le second prix. C’était un acheminement vers le premier prix qu’il espérait bien obtenir l’année suivante. Mais, l’année suivante, l’Institut ne décerna pas de premier prix. La cantate de BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, bien qu’elle fût jugée la meilleure, n’était point ce que doit être un exercice acadé­mique d’où les formes nouvelles, les rhythmes étranges et les harmonies impré­vues étaient encore plus sévèrement ban­nis à cette époque qu’ils ne le sont aujourd’hui. Le sujet de la cantate était : Cléopâtre après la bataille d’Actium. « La reine d’Egypte, avant de consommer son suicide, adressait aux ombres des pharaons une in­vocation pleine d’une religieuse terreur, leur demandant si, elle, reine dissolue et criminelle, pourrait être admise dans un des tombeaux géans élevés aux mânes des souverains illustres par la gloire et par la vertu. » Ce morceau, d’un grand caractère et d’un grand effet, est devenu plus tard le chÅ“ur d’ombres (en unissons et octaves) du monodrame lyrique de Lélio.Lelio ou Le Retour à la vieLelio ou Le Retour à la vie, mélologue en six parties, Op.14b, pour récitant, solistes, chÅ“ur et orchestre avec piano sur un texte d’Hector Berlioz et d’Albert Du Boys mis en musique par Hector Berlioz et créé à la Salle du Conservatoire de Paris le 9 décembre 1832. Berlioz révisa l’ÅLire la suite…

A propos des concours de l’Institut et de leur organisation, BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… donne dans ses MémoiresMémoires de Hector BerliozMémoires de Hector Berlioz, membre de l’Institut de France, comprenant ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre, 1803-1865. Avec un beau portrait de l’auteur, Paris : Michel Lévy frères éditeurs, 1870.Lire la suite… un résumé de tout ce qu’il écrivit dans différent journaux sur cet intéressant sujet. Bien que les choses soient complète­ment changées aujourd’hui, on n’en lira pas moins avec plaisir ce curieux chapitre, ainsi que les piquantes révélations du père PingardPingard, JeanJean Pingard (Sedan, ? 1757 – Paris, 2 mars 1830), huissier, concierge. Dans l’excellente édition des Mémoires d’Hector Berlioz, présentée et annotée par Peter Bloom, Vrin, Paris 2019, ce dernier nous apprend que Jean Pingard était un « ancien matelot qui a servi en Inde et en AmériqueLire la suite… (le vieil huissier de l’Institut), consignées dans le chapitre suivant.

C’est au bruit du canon de la révolution de Juillet que BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… composa les dernières pages de sa cantate de SardanapaleMort de Sardanapale, LaLa Mort de Sardanapale, cantate pour le Prix de Rome sur un texte de Jean-François Gail mis en musique par Hector Berlioz et créée à l’Institut de France à Paris le 30 octobre 1830. Il ne survit que 197 mesures de cette Å“uvre.Lire la suite…, qui lui valut enfin le laurier académique et l’en­voya à Rome. Malgré les pressantes sollicitations qu’il adressa au ministre de l’intérieur pour être dispensé de faire ce voyage, il fut obligé de partir. Mais, avant de quitter Paris, il organisa un second con­cert dans lequel il fît entendre sa Sympho­nie fantastiqueSymphonie fantastiqueLe titre original est: Épisode de la vie d’un artiste, symphonie fantastique en cinq parties, Op. 14, pour orchestre composée par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 5 décembre 1830.Lire la suite… et la cantate couronnée, dont le dénoûment, c’est-à-dire l’écroule­ment final, avait causé un si grand effroi à Mme MalibranMalibran, Maria FeliciaMaria Felicia Garcia, dite Malibran (Paris, 24 mars 1808 – Manchester, 23 septembre 1836), soprano. Fille du ténor Manuel Garcia, elle étudia le chant avec Louis Hérold et Auguste Panseron à partir de 1816. Elle fit une tournée avec sa famille à New York de 1823 à 1825 ; à son retour, ellLire la suite…, le jour de la distribution des prix. « Cinq cent mille malédictions sur les musiciens qui ne comptent pas leurs pauses !! Une partie de cor, raconte BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, donnait dans ma partition la réplique aux timbales, les timbales la donnaient aux cymbales, celles-ci à la grosse caisse, et le premier coup de la grosse caisse amenait l’explosion finale ! Mon damné cor ne fait pas sa note, les timbales, ne l’entendant pas, n’ont garde de partir ; par suite, les cymbales et la grosse caisse se taisent aussi ; rien ne part ! rien !!!… les violons et les basses continuent seuls leur impuissant trémolo ; point d’explosion ! un incendie qui s’éteint sans avoir éclaté, un effet ridi­cule au lieu de l’écroulement tant annoncé ; ridiculus mus ! ….. Un cri d’horreur s’é­chappa de ma poitrine haletante ; je lançai ma partition à travers l’orchestre, je ren­versai deux pupitres ; Mme MalibranMalibran, Maria FeliciaMaria Felicia Garcia, dite Malibran (Paris, 24 mars 1808 – Manchester, 23 septembre 1836), soprano. Fille du ténor Manuel Garcia, elle étudia le chant avec Louis Hérold et Auguste Panseron à partir de 1816. Elle fit une tournée avec sa famille à New York de 1823 à 1825 ; à son retour, ellLire la suite… (elle était là en simple spectatrice) fit un bond en arrière, comme si une mine venait sou­dain d’éclater à ses pieds ; tout fut en ru­meur, et l’orchestre, et les académiciens scandalisés, et les auditeurs mystifiés, et les amis de l’auteur indignés. Ce fut encore une catastrophe musicale et plus cruelle qu’aucune de celles que j’avais éprouvées précédemment……. Si elle eût au moins été pour moi la dernière ! »

LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite…, qui assistait au second concert de BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, « se fit remarquer de tout l’audi­toire par ses applaudissemens et ses en­thousiastes démonstrations. » Cette fois la cantate fut bien rendue, « l’incendie s’al­luma, l’écroulement eut lieu ; le succès fut très grand. » CherubiniCherubini, Maria Luigi Carlo Zanobi SalvadoreMaria Luigi Carlo Zanobi Salvadore Cherubini (Florence, 8 septembre 1860 – Paris, 15 mars 1842), compositeur. Il étudia la musique avec son père puis avec Bartolomeo Felici, Pietro Bizzari et Giuseppe Castrucci, puis à Milan avec Giuseppe Sarti. Il fut engagé comme compositeur au King’s TheateLire la suite… passait devant la salle des concerts au moment où le public y entrait. Prévenu déjà de l’effet qu’avait produit à la répétition générale l’abomina­ble symphonie, il répondit à quelqu’un qui l’engageait à venir entendre la nouvelle composition de Berlioz Berlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…: « Zé n’ai pas bésoin d’aller savoir comment il né faut pas faire ! » Au bout de quelques jours cepen­dant, il fit appeler BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, et lui dit : « Vous allez partir pour l’Italie mais il mé semble qué, qui, qué vous deviez venir mé faire une visite. On — on — né sort pas d’ici comme d’une écurie  » BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… fut sur le point de répondre : « Pourquoi non, puisqu’on nous y traite comme des chevaux ! » Mais il eut le bon sens de se contenir, et d’assurer même à l’aimable di­recteur du Conservatoire qu’il n’avait ja­mais eu la pensée de quitter Paris sans venir prendre congé de lui, et le remercier de ses bontés.

L’usage était, avant ces dernières an­nées, que les cinq ou six nouveaux lau­réats de l’Institut se réunissent pour faire le voyage de Paris à Rome à petites jour­nées, conduits par un voiturier qui se char­geait, moyennant une somme assez modi­que, d’amener en Italie « sa cargaison de grands hommes en les entassant dans une lourde carriole, ni plus ni moins que des bourgeois du Marais. » Le voyage était long, mais n’en était pas moins amusant et fécond en incidens de tout genre. BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, par un enchaînement de circonstances di­verses, ne put se mettre en route qu’au mois de janvier, et partit seul. Il s’arrêta quelques semaines à la Côte-Saint-André, où ses parens, tout fiers de son succès académique, lui firent le meilleur accueil, puis s’embarqua à Marseille sur un brick sarde qui se rendait à Livourne, essuya dans le golfe de la Spezzia une épouvantable tempête, fit la connaissance à bord d’une demi-douzaine de conspirateurs italiens qui devaient partager le sort du brave et malheureux MenottiMenotti, CiroCiro Menotti (Migliarina près de Capri/Italie, 22 janvier 1798 – Modène, 26 mai 1831), patriote italien. Très tôt attiré par les mouvements révolutionnaires des carbonari, il devint un des chefs des libéraux modérés du duché de Modène en 1821. Il entretint des contacts avec les cercles Lire la suite…, et resta plusieurs jours à Florence, retenu par les formalités de son passeport. Un matin, son vetturino lui dit d’un air nonchalant : Ecco RomaRomeo et JulietteRoméo et Juliette, symphonie dramatique, Op. 17, pour solistes, chÅ“ur et orchestre sur un texte d’Emile Deschamps d’après William Shakespeare, composée par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 24 novembre 1839.Lire la suite…, Signore, et lui montra du doigt la croix de Saint-Pierre « Je ne saurais exprimer, dit BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, le trouble, le saisissement que me causa l’aspect lointain de la ville éternelle, au milieu de cette immense plaine nue et désolée… Tout à mes yeux devint grand, poétique, sublime ; l’imposante majesté de la piazza del Popolo, par laquelle on entre dans Rome en venant de France, vint encore, quelque temps après, augmenter ma religieuse émotion, et j’étais tout rêveur quand les chevaux, dont j’avais cessé de maudire la lenteur, s’arrêtèrent devant un palais de noble et sévère apparence : c’était l’Académie. » On a vu par quelles péripéties avait dû passer BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… avant d’y arriver ; la route est plus facile aujourd’hui, et le trajet se fait plus rapidement.

L’heure du dîner venait de sonner, le couvert était mis dans la grande salle du réfectoire de la villa Medicis, lorsque BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… y fit son entrée. Suivant l’antique usage, les pensionnaires saluèrent le nouveau venu par des plaisanteries au gros sel, des coq-à-l’âne, des calembours, et ils le tutoyèrent. Le soir même, BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… fut présenté au directeur de l’Ecole, M. Horace VernetVernet, HoraceHorace Vernet (Paris, 30 juin 1789 – Paris, 17 janvier 1863), peintre. Fils de Carle Vernet et petit-fils de Claude-Joseph Vernet, tous deux peintres, il se forma d’abord dans l’atelier de son père, où il rencontra Théodore Géricault avec lequel il se lia d’amitié. Il étudia ensuite àLire la suite…, puis suivit ses camarades au « fameux café Greco », où il fit la connaissance de Félix MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite….

Au bout de trois semaines d’une exi­stence toute nouvelle pour lui, BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, n’ayant pas trouvé à Rome des lettres qui auraient dû l’y précéder de plusieurs jours, prit la résolution de retourner à Paris. Le silence d’une personne aimée lui causait une inquiétude nouvelle ; malgré les re­montrances amicales de M. Horace VernetVernet, HoraceHorace Vernet (Paris, 30 juin 1789 – Paris, 17 janvier 1863), peintre. Fils de Carle Vernet et petit-fils de Claude-Joseph Vernet, tous deux peintres, il se forma d’abord dans l’atelier de son père, où il rencontra Théodore Géricault avec lequel il se lia d’amitié. Il étudia ensuite àLire la suite… et la perspective d’être rayé de la liste des pensionnaires de l’Académie, il partit. A Florence il trouva les lettres attendues. « Le paquet qu’on me présenta, dit-il, contenait une épître d’une impudence si extraordinaire et si blessante pour un homme de l’âge et du caractère que j’avais alors, qu’il se passa soudain en moi quelque chose d’affreux. Il s’agissait de voler à Paris, où j’avais à tuer deux femmes coupables et un inno­cent. » c’est-à-dire la mère, la fille et ……le mari. Cette triple exécution, qui devait naturellement être suivie d’un suicide, exi­geait de grandes précautions pour être menée à bonne fin. « On devait, à Paris, re­douter mon retour, ajoute BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, on me connaissait… » Et pour n’être pas reconnu, il songea à s’affubler d’un dégui­sement. Qu’on se figure BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, à vingt- huit ans, avec ses longs cheveux roux et son nez d’aigle, essayant chez une modiste de Florence un costume de femme de chambre. A Gênes, il s’aperçoit qu’il a ou­blié ses atours dans une auberge de village. « Feux et tonnerre ! s’écria-t-il, ne sem­ble-t-il pas qu’un bon ange maudit veuille m’empêcher d’exécuter mon projet ? c’est ce que nous verrons ! » En quelques heu­res on lui fabrique un habillement com­plet ; mais ne voilà-t-il pas la police sarde qui s’avise, sur l’inspection de son passe­port, de le prendre pour un émissaire de la révolution de Juillet, pour un carbo­naro, pour un conspirateur, pour un libé­rateur, de refuser de viser ledit passeport pour Turin et de lui enjoindre de passer par Nice !… « Eh ! mon Dieu, visez pour Nice, qu’est-ce que cela me fait ? je passe­rai par l’enfer si vous voulez, pourvu que je passe !… » Après la description de cette scène plus burlesque peut-être que dra­matique, BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… écrit les lignes suivantes en manière de correctif :

« Lequel des deux était le plus splen­didement niais, de la police, qui ne voyait dans tous les Français que des mission­naires de la révolution, ou de moi, qui me croyais obligé de ne pas mettre le pied dans Paris sans être déguisé en femme, comme si tout le monde, en me reconnais­sant, eût dû lire sur mon front le projet qui m’y ramenait, ou comme si, en me cachant vingt-quatre heures dans un hôtel, je n’eusse pas dû trouver cinquante mar­chandes de modes pour une, capables de me fagoter à merveille ? Les gens pas­sionnés sont charmans ; ils s’imaginent tous que le monde entier est préoccupé de leur passion quelle qu’elle soit, et ils met­tent une bonne foi vraiment édifiante à se conformer à cette opinion. »

BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… prit la route de Nice. Du haut de la Corniche, au milieu du silence de la nuit, il entendait les sourds râlemens de la mer, qui étaient comme l’écho des agi­tations de son âme. D’un bond il voulut s’élancer au fond de l’abîme. Une pensée le retint pourtant : l’instinct de sa conser­vation personnelle ne l’avait point aban­donné. « L’intermittence existait ; il fallait le reconnaître ; il y avait lutte entre la vie et la mort… Dès que je m’en fus aperçu, ajoute-t-il, je fis ce raisonnement qui ne me sembla point trop saugrenu, vu le temps et le lieu : Si je profitais du bon moment (le bon moment était celui où la vie venait coqueter avec moi ; j’allais me rendre, on le voit) ; si je profitais, dis-je, du bon mo­ment pour me cramponner de quelque fa­çon et m’appuyer sur quelque chose, afin de mieux résister au retour du mauvais, peut-être viendrais-je à bout de prendre une résolution… vitale ? Voyons donc ! » Le vetturino qui le conduisait venait de s’arrêter dans le petit village de Vintimille pour changer de chevaux. BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… demande au conducteur le temps d’écrire une lettre, entre dans un café, prend un chiffon de papier et écrit au directeur de l’Académie de Rome de vouloir bien le conserver sur la liste des pensionnaires, s’il n’en était pas rayé ; qu’il n’avait pas encore enfreint le règlement, et qu’il s’engageait sur l’honneur à ne pas passer la frontière d’Italie jusqu’à ce que sa réponse lui fût parvenue à Nice, où il allait l’attendre. La réponse de M. Horace VernetVernet, HoraceHorace Vernet (Paris, 30 juin 1789 – Paris, 17 janvier 1863), peintre. Fils de Carle Vernet et petit-fils de Claude-Joseph Vernet, tous deux peintres, il se forma d’abord dans l’atelier de son père, où il rencontra Théodore Géricault avec lequel il se lia d’amitié. Il étudia ensuite àLire la suite… arriva quelques jours après, si bien­veillante, si amicale, si paternelle, que Ber­liozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… en fut profondément touché. « Ce grand artiste, sans connaître le sujet de mon trou­ble, me donnait des conseils qui s’y appliquaient on ne peut mieux ; il m’indiquait le travail et l’amour de l’art comme les deux remèdes souverains contre les tourmentes morales ; il n’annonçait [m’annonçait] que mon nom était resté sur la liste des pensionnaires, que le ministre ne serait pas instruit de mon équipée, et que je pouvais revenir à Rome, où l’on me recevrait à bras ouverts. »

Pendant les vingt jours que BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… passa à Nice, il composa l’ouverture du Roi LearOuverture du roi LearGrande Ouverture du roi Lear, pour orchestre de Hector Berlioz. (no. 53, du Catalogue des Å“uvres de Hector Berlioz, 2e édition, numérique, 2018, révision 1, 2021, consulté le 15 novembre 2021). L’œuvre fut composée en avril et mai 1831 et dédiée à Armand Bertin. Sa première exécution eLire la suite…, et après quelques nouvelles difficultés, bien vite aplanies, du reste, avec la police sarde, il retourna à la villa Medicis, le cÅ“ur léger et plein d’allegria, et bien vivant et bien guéri.

C’est ainsi qu’une fois encore on a vu des pistolets chargés qui ne sont pas partis. Les trois victimes désignées par BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… ne se doutèrent même pas du rôle qu’elles devaient jouer dans cette petite comédie si habilement préparée. « Elle avait pourtant, dit-il, un certain intérêt, et c’est vraiment dommage qu’elle n’ait pas été représentée. »

E. Reyer.

(La suite prochainement)