Le Journal des Débats, 8 septembre 1867 (article signé E. Reyer).

FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS

DU 4 AOUT 1867.

 REVUE MUSICALE.

Exposition universelle. – Les Noces de ProméthéeNoces de Prométhée, LesLes Noces de Prométhée op. 19, cantate pour soli, double chœur et orchestre sur un poème de Romain-Marcelin Cornut mis en musique par Camille Saint-Saëns, créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867. Dans le concours pour la musique de cette cantate pour l’Exposition Lire la suite…, cantate, paroles de M. Romain Cornut, musique de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…. – Musique chinoise, musique militaire, orphéons, musique suédoise et concerts historiques. – L’ouverture du Théâtre-Italien.

Dimanche dernier, au Cirque des Champs-Elysées, de deux heures à cinq heures de l’après-midi, par trente degrés de chaleur, il s’est fait, à propos de l’Exposition universelle, un peu de bonne musique. De nombreux exécutant, chanteurs et instrumentistes, étaient disposés sur l’estrade, et au-dessus d’eux se balançaient dans l’espace, agités par un souffle harmonieux, les trapèzes des gymnasiarques. Le public, habitué, depuis la fondation des concerts populaires, à ces relations de bon voisinage qui forcément ont dû s’établir entre l’art de BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… et celui de Blondin, ne s’en préoccupe pas plus au Cirque des Champs-Elysées qu’au Cirque du boulevard. Et cela est heureux vraiment, car, dans le cas contraire, au nom de ce public dont on vante à tout propos le sentiment musical et le goût délicat, on pourrait bien demander pourquoi, tandis qu’il y a à Paris des théâtres et des casernes en nombre suffisant, il n’y a pas une seule salle de concert proprement dite, affectée à l’exécution des grandes œuvres symphoniques. Ici l’occasion semble s’offrir tout naturellement de traiter à nouveau une question dont je me suis déjà occupé bien souvent, sans le moindre succès du reste, et qui intéresse cependant un très grand nombre d’individus ; mais on me répondrait ce qu’on m’a répondu déjà, en établissant par des chiffres que vouloir fonder à Paris une salle de concerts comme il en existe à Londres, à Vienne, à Cologne, à Dusseldorf ou à Saint-Pétersbourg, est une véritable utopie, attendu qu’on ne trouverait jamais de spéculateurs disposés à risquer leurs capitaux dans une pareille entreprise : les terrains sont beaucoup trop chers au centre de Paris, et, étant donné le goût du public parisien pour les oratorios et les symphonies, il n’y aurait pas à compter sur des bénéfices assez considérables. Quant au gouvernement, dont les artistes français sont toujours prêts à invoquer l’assistance et la protection, je ne le crois pas disposé, pour le moment du moins, à grossir le chiffre de ses subventions et de ses libéralités. Il faut donc que les musiciens qui persistent à composer de la musique étrangère au théâtre et à marcher sur les traces de HaydnHaydn, Franz JosefFranz Josef Haydn (Rohrau/Basse Autriche, 31 mars 1732 – Vienne, 31 mai 1809), compositeur. Il étudia avec Johann Mathias Franck, chef de chœur de l’église de Hainburg et fut remarqué par Reutter, maître de chapelle du Stephansdom à Vienne, qu’il le recruta en 1739 ou 1740 comme choristeLire la suite…, de BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite…, de MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite… et de BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… se résignent jusqu’à nouvel ordre à entrer dans le temple d’Apollon en passant par la porte d’une écurie. C’est ce qu’a dû faire M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, après avoir essayé cependant d’entrer à l’Opéra par la porte des artistes. L’accueil qu’il reçut de M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite… ne découragea certainement pas le jeune compositeur, et il put croire un instant au succès de sa démarche ; mais quand la commission impériale, par l’organe de son secrétaire, fit savoir au directeur de l’Opéra que, pour l’indemniser des études et même des frais nécessités pour l’exécution des Noces de ProméthéeNoces de Prométhée, LesLes Noces de Prométhée op. 19, cantate pour soli, double chœur et orchestre sur un poème de Romain-Marcelin Cornut mis en musique par Camille Saint-Saëns, créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867. Dans le concours pour la musique de cette cantate pour l’Exposition Lire la suite…, elle lui abandonnerait la propriété de l’œuvre et ne lui demanderait pas plus que cinq cents places, M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite… ne trouva pas l’indemnité suffisante. La commission impériale, en faisant une offre pareille, se libérait à peu de frais de l’obligation qui lui incombait de faire exécuter la cantate couronnée, cinq cents places à l’Opéra, en ce temps d’Exposition universelle, représentant une valeur de quatre à cinq mille francs, au minimum. M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, avant de se décider à devenir propriétaire de la cantate de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, dut se demander ce qu’il en ferait de cette propriété le lendemain de l’exécution. Alors il répondit, – et cette réponse ne nous surprend pas de sa part, – qu’il voulait bien se charger de faire exécuter sur la scène de l’Opéra les Noces de ProméthéeNoces de Prométhée, LesLes Noces de Prométhée op. 19, cantate pour soli, double chœur et orchestre sur un poème de Romain-Marcelin Cornut mis en musique par Camille Saint-Saëns, créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867. Dans le concours pour la musique de cette cantate pour l’Exposition Lire la suite…, mais qu’il le ferait pour son compte personnel, et dans le but d’être utile à un musicien de talent qui commençait déjà à devenir inquiet et rêveur, malgré le laurier qu’on avait posé sur son jeune front. C’était ôter à la commission impériale une initiative à laquelle elle ne pouvait pas renoncer devant l’opinion publique, et elle refusa. M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, las d’attendre une combinaison nouvelle qui ne venait pas, sentit son inquiétude s’accroître ; une idée de procès lui passa par la tête, le supplice de Prométhée lui semblait peu de chose auprès de celui qu’on lui infligeait, et une nuit il eut un cauchemar affreux : Des hommes de loi et des gens de justice exécutaient sa cantate en plein tribunal, tandis que lui, assis entre deux membres de la commission impériale, était sur le banc des accusés : un vautour empaillé déployait ses ailes au fond du prétoire. Il s’éveilla, rajusta sur sa tête le laurier quelque peu dérangé par les agitations de la nuit, et sortit pour respirer l’air frais du matin. Le hasard lui fit rencontrer M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…. C’était vers le milieu du mois de Juillet, et M. le directeur de l’Opéra s’occupait des préparatifs de la fête du 15 Août : « Voulez-vous, dit-il, à M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, me donner votre partition, je la ferai exécuter le jour de la représentation de gala, et je vous assure le concours de mes meilleurs artistes ? » M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… remercia M. PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite… et demanda quelques jours de réflexion. Il réfléchit bien longtemps, toujours préoccupé de cette pensée qu’il était placé sous la protection de la commission impériale, et il ne pouvait guère jouer à ses protecteurs naturels le mauvais tour de se passer d’eux. Cependant la perspective d’entendre son œuvre exécutée à l’Opéra en un jour des plus solennels finit par exalter son amour-propre, et par imposer silence à ses derniers scrupules. Décidé à rompre les derniers liens qui l’attachaient à la commission, il prit sa partition sous son bras (c’est une œuvre volumineuse) et suivit tout joyeux le chemin de l’Académie impériale de Musique, chemin que tout compositeur a voulu parcourir au moins une fois dans sa vie. Mais une déception attendait M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… au but de son voyage. M. Emile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, qui, depuis sa dernière entrevue avec l’auteur des Noces de ProméthéeNoces de Prométhée, LesLes Noces de Prométhée op. 19, cantate pour soli, double chœur et orchestre sur un poème de Romain-Marcelin Cornut mis en musique par Camille Saint-Saëns, créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867. Dans le concours pour la musique de cette cantate pour l’Exposition Lire la suite… n’avait plus entendu parler de lui, s’était adressé à RossiniRossini, GioachinoGioachino Rossini (Pesaro/Italie 29 février 1792 – Passy, 13 novembre 1868), compositeur. Né de parents musiciens, Rossini étudia le chant avec Giuseppe Malerbi à Lugo et débuta comme chanteur au théâtre d’Imola en 1804 et chanta le rôle d’un enfant dans Camilla de Paer à Bologne en 180Lire la suite…, qui avait consenti à mettre à la disposition du directeur de l’Opéra, pour la représentation du 15 Août, l’hymne dédié à Napoléon III et à son vaillant peuple…..

M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… est une physionomie fort intéressante : c’est un musicien très savant, très convaincu, allant droit devant lui, plus soucieux de sa renommée que de sa fortune, très épris de son art, et ayant un culte tout particulier pour ce qui est sérieux et pour ce qui est beau. Il est entouré de nombreuses sympathies, et, dans une circonstance où ces sympathies lui étaient nécessaires, elles ne lui ont pas fait défaut ; la presse elle-même, qui d’ordinaire a des façons si diverses d’apprécier le mérite et les droits de chacun, a été unanime à lui prêter son appui. C’est sans doute grâce à ce concours d’heureuses influences que le zèle de la commission impériale s’est réveillé, et qu’elle a bien voulu consentir enfin à mettre à la disposition de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… une somme de 2,500 fr., lui garantissant ainsi une partie des frais nécessités pour l’exécution de son œuvre. Elle eût pu faire mieux ; elle ne pouvait faire moins.

Si j’ai raconté tous les détails de cette longue épopée, c’est qu’ils m’ont semblé devoir intéresser les cent deux compositeurs qui ont pris part au tournoi proposé par la commission impériale, et j’espère leur avoir démontré assez clairement que le triomphe auquel ils aspiraient n’était exempt ni de tribulations ni d’amertume.

Ceux qui ont dit des vers de M. Romain Cornut qu’ils étaient assez bons pour être mis en musique, se sont doublement trompés : d’abord parce que ces vers, outre l’idée philosophique qu’ils renferment, ont une sonorité et un sentiment  de grandeur particulièrement remarquables dans le récit de l’introduction, et ensuite parce que c’est une erreur de croire que les musiciens, surtout ceux de la trempe de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, s’accommodent volontiers des lieux-communs et des rimes banales qu’on leur sert d’habitude. Ils les subissent quelquefois, mais ne les recherchent point. Je veux bien admettre que tout peut être chanté dans un opéra-comique ; mais, lorsqu’il s’agit d’une composition sérieuse et d’un ordre élevé, il est peu de musicien qui puissent se passer de la collaboration d’un vrai poëte.

M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… a écrit les Noces de ProméthéeNoces de Prométhée, LesLes Noces de Prométhée op. 19, cantate pour soli, double chœur et orchestre sur un poème de Romain-Marcelin Cornut mis en musique par Camille Saint-Saëns, créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867. Dans le concours pour la musique de cette cantate pour l’Exposition Lire la suite… en s’aidant de toutes les ressources harmoniques et instrumentales de l’art moderne, sans répudier cependant les procédés d’école qui sont du domaine de l’art ancien. A certains accouplemens nouveaux des timbres de l’orchestre, à des combinaisons d’harmonie qui ne sont point faites pour charmer les oreilles de la multitude, le compositeur fait succéder des phrases pleines de grandeur et de simplicité, des chants bien rhythmés et des accompagnemens dans lesquels le quatuor est à peine renforcé par les instrumens de la petite harmonie. Et si, entraîné par les élans de son imagination et par cette soif d’originalité qui tourmente les jeunes âmes, il aspire aux sommets les plus nébuleux, on le voit bientôt redescendre dans les régions tempérées où fleurissent le grand art et la vraie science, entourés de tous les artifices du contre-point et de la fugue classique dont il a si bien le secret.

Le morceau d’introduction de la cantate de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… est un récitatif mesuré dans lequel chaque incident marqué par le poète a été souligné par le compositeur au moyen d’heureuses imitations d’orchestre tout à fait exemptes de puérilité et de recherche. Cela est admirablement réussi, et le public a battu des mains à cette belle page de déclamation lyrique suivie d’un morceau symphonique dont le chant, exécuté par les premiers violons, est d’un caractère grandiose et a produit également beaucoup d’effet. La strophe de l’Humanité représentée par Mme Marie Sass, qui s’est avancée, belle et souriante, sur le devant de l’estrade, n’est pas à la hauteur du récit précédent ; elle renferme cependant d’agréables passages mélodiques auxquels des arpèges de harpes et des appels de trompettes donnent un certain coloris. Le chœur, sans accompagnement, traité en style fugué, a dû satisfaire les puristes, qui n’auront pas manqué d’admirer l’heureux agencement des voix et la science avec laquelle ce morceau est écrit. Des traits de violons à l’aigu et des arpèges de flûte exécutés pianissimo sur un chant de saxophone qui est le développement de la phrase typique présentée au début de l’ouvrage, annonçent la délivrance de Prométhée.

Quel bienfaisant génie a délié ma chaîne ?

………………………………………….

Superbes portiques !

Vos splendeurs magiques

Enchantent mes yeux.

Ce chant est précédé et accompagné d’une marche dont il faut louer également la mélodie, le rhythme et l’instrumentation. Le thème principal, présenté d’abord dans toute sa simplicité, passe ensuite par des développemens dont les différentes péripéties aboutissent à un magnifique crescendo formé par la réunion des voix et de l’orchestre. Cela est fait avec un talent des plus remarquables, avec une grande élévation de style, et c’est vraiment beau. Il y a aussi des parties qui méritent d’être signalées dans le duo entre Prométhée et l’Humanité, chanté par M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’OpLire la suite… et Mme Marie Sass, c’est-à-dire par deux des plus belles voix et des plus grands artistes que nous ayons en France aujourd’hui. Le chœur intervient à la fin de ce morceau, magnifique péroraison d’une œuvre hors ligne, que ce n’est peut-être pas assez d’avoir entendue une seule fois.

La symphonie en Suite en ré majeur pour orchestre op. 49Suite en ré majeur pour orchestre op. 49 de Camille Saint-Saëns. Elle fut composée en 1863 et créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867.Lire la suite… qui ouvrait le concert, et qui est également de la composition de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…, renferme un prélude, une sarabande, une gavotte, une romance et un final. C’est une œuvre dont le style diffère essentiellement de celui de la cantate, et qui date déjà de quelques années ; on est charmé par la grâce juvénile de cette composition, instrumentée avec une extrême sobriété, et dont les qualités principales sont l’élégance et la distinction. La gavotte, la romance et le final sont remplis de gracieuses pensées et d’ingénieux détails. J’aime aussi le rondo cappriciosoIntroduction et rondo capriccioso pour violon et orchestre en la mineur op. 28Introduction et rondo capriccioso pour violon et orchestre en la mineur op. 28 de Camille Saint-Saëns créé le 4 avril 1867 sous la direction du compositeur par le violoniste Pablo Sarasate à qui l’œuvre est dédiée.Lire la suite…, pour violon, que M. SarasateSarasate, Martin Meliton dit Pablo deMartin Meliton dit Pablo de Sarasate (Pampelune, 10 mars 1844 – Biarritz, 20 septembre 1908), violoniste et compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et obtint un 1er prix de solfège, un 1er prix de violon en 1857 et 2e accessit d’harmonie en 1859. Il fut un virtuose du violon se produisaLire la suite… a exécuté avec une pureté de son irréprochable et une grande délicatesse d’archet. Maintenant je me permettrai de dire, sans la moindre intention de blesser les susceptibilités de personne, que j’ai vu avec étonnement figurer sur le programme de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… trois morceaux dont je ne méconnais certes pas la valeur, mais qui n’étaient pas là à leur place. Si ces trois morceaux ont été choisis par M. WarotWarot, Victor-Alexandre-JosephVictor-Alexandre-Joseph Warot (Verviers/Belgique, 18 septembre 1834 – Bois-Colombes près Paris, 29 mars 1906), ténor. Il étudia avec son père et puis à Paris avec Giulio Alary et débuta à l’Opéra-Comique le 1er octobre 1858 dans Les Monténégrins (Limnander). Il créa le rôle du FauchLire la suite…, M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’OpLire la suite… et Mme Marie Sass pour faire briller leur virtuosité, laquelle sans doute ne leur a pas paru devoir être suffisamment mise en relief par les soli de la cantate, je ne pense pas que ces artistes aient complètement atteint leur but.

L’exécution des Noces de ProméthéeNoces de Prométhée, LesLes Noces de Prométhée op. 19, cantate pour soli, double chœur et orchestre sur un poème de Romain-Marcelin Cornut mis en musique par Camille Saint-Saëns, créée au Cirque de l’Impératrice à Paris le 1er septembre 1867. Dans le concours pour la musique de cette cantate pour l’Exposition Lire la suite… a été bonne ; elle aurait été meilleure si M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite… eût été seul à la diriger. Des chanteurs et des instrumentistes, quel que soit leur nombre, étant groupés sur une même estrade, ne doivent obéir qu’à une seule impulsion, à une seule volonté ; il suffit que le chef se place de manière à être vu de tous ses exécutans, et alors il n’a pas besoin d’acolyte.

Je regrette que la commission impériale ait renoncé à l’idée qu’elle avait eue ou qu’on lui avait suggérée de donner une série de concerts historiques ; cette idée ayant reçu un commencement d’exécution, bien des gens se sont étonnés qu’elle ait été abandonnée sans qu’on ait dit pourquoi. Je puis éclaircir ce point obscur, qui fait tache au milieu des splendeurs de l’Exposition universelle. Un comité a été institué par arrêté de M. le ministre d’Etat et des finances, vice-président de la commission impériale, en date du 7 février 1867. Ce comité, présidé par M. FétisFétis, Francois-JosephFrançois-Joseph Fétis (Mons, 25 mars 1784 – Bruxelles, 26 mars 1871), compositeur, théoricien et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris le piano avec Boieldieu et Pradher et l’harmonie avec Rey et obtint un deuxième prix de composition en 1807. Après avoir occupé des postes à BoLire la suite…, le savant directeur du Conservatoire de Bruxelles, est entré aussitôt en fonctions ; il a rédigé son programme, fixé le nombre des séances dans lesquelles seraient exécutés des spécimens de la musique du treizième au dix-huitième siècle inclusivement, et présenté le budget des dépenses présumées que nécessiteraient ces concerts historiques, pour lesquels la salle du Conservatoire devait être mise à la disposition du comité. La commission impériale a approuvé le programme, mais elle a voulu discuter le chiffre du budget. Le comité a consenti alors à réduire le nombre des séances à six au lieu de douze ; la commission impériale ne s’est pas contentée d’avoir obtenu cette réduction, et, par une lettre adressée au président, elle a demandé qu’on fît d’abord une expérience, c’est-à-dire qu’on donnât, à titre d’essai, un concert dont le succès déciderait si l’expérience devait être renouvelée. Cette proposition ayant paru inacceptable au comité, M. FétisFétis, Francois-JosephFrançois-Joseph Fétis (Mons, 25 mars 1784 – Bruxelles, 26 mars 1871), compositeur, théoricien et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris le piano avec Boieldieu et Pradher et l’harmonie avec Rey et obtint un deuxième prix de composition en 1807. Après avoir occupé des postes à BoLire la suite… a adressé immédiatement à M. le commissaire général près l’Exposition universelle la réponse que voici, et qu’aucun journal n’a encore publiée :

« Monsieur le commissaire général,

J’ai communiqué à mes collègues la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 18 de ce mois. Le but des concerts historiques que S. Exc. M. le ministre d’Etat nous a chargés d’organiser ne nous semblait devoir soulever qu’une question d’art, et nullement une question de budget. Nous avons donc pensé que, puisque le comité des finances ne pouvait prendre sur lui de voter les fonds qui lui ont été demandés (c’étaient les termes de la lettre écrite à M. FétisFétis, Francois-JosephFrançois-Joseph Fétis (Mons, 25 mars 1784 – Bruxelles, 26 mars 1871), compositeur, théoricien et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris le piano avec Boieldieu et Pradher et l’harmonie avec Rey et obtint un deuxième prix de composition en 1807. Après avoir occupé des postes à BoLire la suite… par M. le commissaire général), il valait mieux renoncer à l’entreprise dont nous nous occupons depuis trois mois que de tenter une expérience qui, si elle avortait, serait pour la commission impériale, comme pour nous, un véritable échec. Il est prudent de le prévoir ; il sera plus prudent encore de l’éviter. »

Après cela les membres du comité se séparèrent et ne se réunirent plus. Je suppose que la commission impériale n’aura pas manqué de faire agréer l’expression de ses remerciemens et de ses regrets.

Au lieu des concerts historiques nous avons eu les concerts chinois, ce qui me semble une œuvre de haute fantaisie. Je transcris le programme de celui auquel j’ai assisté :

1° Un morceau qui se jouait dès le douzième siècle avant notre ère, aux sacrifices offerts par les empereurs de la dynastie des Tcheòu ;

La Descente de l’Hirondelle dont ConfuciusConfuciusConfucius (Zou/Chine, 28 septembre 551 av. J.-C. – Qufu/province de Shandong, 11 mai 479 av. J.-C.), philosophe. Son nom Koˇng Fūziˇ a été latinisé par les jésuites en Confucius. Il fut le premier « éducateur » de la Chine et son enseignement, le confucianisme, a été érigé en religion Lire la suite… a fait mention dans le Chi-King, ou livre des vers ;

3° Les Trois Joies de la vie, mélodie populaire d’une haute antiquité.

Je ne veux contester ni l’authenticité de ces différens morceaux, ni les dates presque fabuleuses de leur origine ; mais exécutée par six violons, une contrebasse, une clarinette, deux cornets à pistons, un tam-tam, une crécelle et un xylocordéon, cette musique de l’empire du Milieu m’a fait l’effet d’une véritable mystification à l’adresse d’un empire d’Occident.

La plaisanterie eût été plus complète et meilleure si les organisateurs de ce concert exotique eussent pu se procurer l’oiseau foung-hoang, qui ne se montre jamais aux hommes que pour leur annoncer quelque bienfait, et qui, aidé de sa femelle, révéla au philosophe Ling-lun les douze demi-tons de la gamme chinoise.

A propos de la magnifique façade du nouvel Opéra, laquelle a valu à M. Charles Garnier plus d’éloges que de critiques, on s’étonne que les bustes de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite…, de RameauRameau, Jean-PhilippeJean-Philippe Rameau (Dijon, 25 septembre 1683 – Paris, 12 septembre 1764), compositeur. Fils de l’organiste Jean Rameau, il étudia au collège jésuite des Godrans mais interrompit ses études suite au décès de sa mère en 1697. Dès 1699, il travailla comme organiste suppléant de son pèreLire la suite… et de LullyLully, Jean-BaptisteJean-Baptiste Lully (Florence, 29 novembre 1632 – Paris, 22 mars 1687), compositeur. A l’âge de 13 ans, il est engagé par la duchesse de Montpensier qui voulait apprendre l’Italien. Il apprit le violon, le clavecin et la composition avec Nicolas Metru. La duchesse reconnut ses talents lui peLire la suite… n’aient pas été placés dans la galerie principale, et on prétend que si MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… vivait encore, on eût fait à l’auteur de Robert, des HuguenotsHuguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite…, du ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite… et de l’Africaine le même honneur qu’à l’auteur de Guillaume TellGuillaume TellGuillaume Tell, opéra en quatre actes sur un livret d’Etienne de Jouy et Hippolyte Bis, d’après Schiller, mis en musique par Gioachino Rossini, créé à l’Opéra de Paris le 3 aout 1829.Lire la suite…, l’honneur d’une niche séparée. Puis on discute beaucoup sur le goût de l’ornementation, la hauteur des portes, le clinquant des dorures, la confusion des styles et la couleur des marbres. Quant à moi, ce qui me préoccupe surtout, c’est la sonorité de la salle. Dans une salle qui ne réunit pas les conditions d’acoustique voulues, toute musique vocale ou instrumentale est impossible. Voilà pourquoi je n’ai pris qu’un intérêt secondaire aux concours d’orphéons et de musique militaire, aux tournois et aux festivals qui ont eu lieu dans l’immense palais vitré des Champs-Elysées, où les cloches et les canons employés par RossiniRossini, GioachinoGioachino Rossini (Pesaro/Italie 29 février 1792 – Passy, 13 novembre 1868), compositeur. Né de parents musiciens, Rossini étudia le chant avec Giuseppe Malerbi à Lugo et débuta comme chanteur au théâtre d’Imola en 1804 et chanta le rôle d’un enfant dans Camilla de Paer à Bologne en 180Lire la suite… dans son hymneHymne à Napoléon III et à son vaillant peupleHymne à Napoléon III et à son vaillant peuple pour baryton, chœur et orchestre sur un texte de Emilien Pacini mis en musique par Gioachino Rossini et créé au Palais de l’Industrie le 1er juillet 1867.Lire la suite… sont les seuls instrumens et les seules voix capables de s’acclimater. Ce n’est qu’à l’Opéra et dans le jardin des Tuileries que l’on a pu bien juger du mérite de l’exécution, du merveilleux ensemble et de l’extrême supériorité des orchestres militaires que la Prusse et l’Autriche nous ont envoyés. On sent davantage le travail et l’effort de la volonté chez les Prussiens ; il y a plus de naturel et plus de charme dans la musique autrichienne, où les Bohèmes sont en majorité et apportent par conséquent à l’exécution ce sentiment musical exquis qui est une de leurs qualités natives. Quant à M. PaulusPaulus, Jean-GeorgesJean-Georges Paulus (Haguenau/Bas-Rhin, 5 août 1816 – Paris, 14 avril 1898), clarinettiste, chef de la musique de la garde nationale. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix de clarinette en 1835. Il fut brièvement engagé dans l’orchestre de l’Opéra-Comique et au GyLire la suite…, l’habile chef de la musique de la garde de Paris, je le félicite bien sincèrement d’avoir bravé avec succès le danger d’un pareil voisinage. Un de mes confrères raconte qu’après les avoir entendus dans le jardin des Tuileries, et après avoir examiné leur composition instrumentale, l’Empereur a dit : « Voilà le modèle des musiques militaires et l’organisation qu’il serait bon d’adopter. » Et S. M. a chargé M. JonasJonas, EmileÉmile Jonas (Paris, 5 mars 1825 – Saint-Germain-en-Laye, 22 mai 1905), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix d’harmonie en 1847 et un second Grand Prix de Rome en 1849. De 1847 à 1866, il fut professeur de solfège au Conservatoire de Paris. En 1857, il fLire la suite… de lui présenter un rapport sur la situation des corps de musique allemands. M. JonasJonas, EmileÉmile Jonas (Paris, 5 mars 1825 – Saint-Germain-en-Laye, 22 mai 1905), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix d’harmonie en 1847 et un second Grand Prix de Rome en 1849. De 1847 à 1866, il fut professeur de solfège au Conservatoire de Paris. En 1857, il fLire la suite…, ajoute spirituellement le rédacteur de la Gazette musicale, n’aura qu’à se rappeler qu’en France, il n’y a pas bien longtemps, nous étions « organisés » ainsi.

Le programme du festival scandinave qui devait avoir lieu à l’Opéra a été considérablement réduit, et de tant de chansons et de chansonnettes, d’hymnes et d’airs de danse annoncés (il y avait aussi une grande fantaisie de LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… qui devait être exécutée par M. HartvigsonHartvigson, FritsFrits Hartvigson (Grenå/Jutland, 31 mai 1841 – Copenhague, 8 mars 1919), pianiste et professeur. Il étudia avec Niels Gade et Anton Rée à Copenhague et fit ses débuts à quatorze ans. Il donna des concerts en Norvège et de 1859 à 1862 se perfectionna auprès de Hans von Bülow à Berlin. IlLire la suite…), il n’est resté que les chœurs chantés par les étudians de l’Université d’Upsal. Une plume plus autorisée que la mienne a raconté, en mon absence, le succès de ces chanteurs du Nord et le caractère poétique des compositions qu’ils ont interprétées. Je n’ai pas entendu les étudians de l’Université d’Upsal, mais je suis encore sous le charme que m’ont fait éprouver les voix pures et mélodieuses des quatre sœurs Frieda, Nanni, Ingeborg et Demine Groenberg engagées pour plusieurs soirées au théâtre du Gymnase. Les sœurs Groenberg sont de simples et naïves villageoises, nées au hameau de Bleringe ; quand je leur ai demandé qui leur avait enseigné la musique, elles m’ont répondu textuellement : « Nous sommes élèves de la nature. » Chez nous les élèves de la nature ne font pas, en général, tant d’honneur à leur professeur. Les morceaux que le public a paru le mieux goûter sont intitulés : Songar fanan (le chant du drapeau), Fustolansong (chant patriotique), et Nür valsens Ljud, inspiration pleine de fraîcheur et d’originalité. Les soeurs Groenberg m’ont rappelé quatre jeunes filles qui chantaient aussi des chansons de leur pays, au village de Brulissau, dans le canton d’Appenzell. Je les écoutais avec un plaisir extrême, et on venait de loin pour entendre leurs chants mélodieux ; mais celles-là n’étaient pas élèves de la nature : elles avaient pris des leçons de leur curé.

E. Reyer

P. S. Le Théâtre-Italien a fait sa réouverture mardi dernier par la SonnambulaSonnambula, LaLa Sonnambula (La Somnambule), opera semiseria en deux actes sur un livret en italien de Felice Romani mis en musique par Vincenzo Bellini et créé au Théâtre Carcano de Milan le 6 mars 1831.Lire la suite…, le rôle d’Aminta étant chanté par Mlle Patti. Si ce n’est pas une nouveauté, c’est du moins une grande attraction.

E. R.