L’Athenæum français, 13 janvier 1855, p. 37-38 (article signé E. Reyer).

Théâtres. – chronique musicale.

Théâtre-Lyrique : Le Muletier de TolèdeMuletier de Tolède, LeLe Muletier de Tolède, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Clairville, pseudonyme de Louis-François-Marie Nicolaïe, mis en musique par Adolphe Adam et créé au Théâtre-Lyrique le 16 décembre 1854.Lire la suite…, opéra-comique en 3 actes, paroles de MM. Denneryd’Ennery, Dennery, AdolpheAdolphe Philippe dit d’Ennery (Paris, 17 juin 1811 – Paris, 25 janvier 1899), auteur dramatique et librettiste. Né Adolphe Philippe, il se donna le pseudonyme Dennery q’un décret en 1858 lui permit de changer et d’écrire avec la particule d’Ennery. Littérateur très habile dans l’agencement deLire la suite… [d’Ennery] et ClairvilleClairville, Louis-FrancoisLouis-François Nicolaie, dit Clairville (Lyon, 28 janvier 1881 – Paris, 7 février 1879), acteur et vaudevilliste. Il écrivit des vaudevilles et des parodies bouffonnes dont L’Âne à Baptiste (1849), parodie du Prophète (Meyerbeer, 1849). Il publia Chants du peuple (1834) puis Chansons et poLire la suite…, musique de M. Adolphe AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite…. — Théâtre-Italien : Il TrovatoreTrovatore, IlIl Trovatore, opéra en quatre actes sur un livret en italien de Salvadore Cammarano  complété par Leone Emanuele Bardare et mis en musique par Giuseppe Verdi. L’œuvre fut créée au Théâtre Apollo à Rome le 19 janvier 1853 et au Théâtre-Italien à Paris le 23 décembre 1854.Lire la suite…, drame lyrique en quatre actes, poëme de feu CammaranoCammarano, Salvadore (Salvatore)Salvadore (Salvatore) Cammarano (Naples, 19 mars 1801 – Naples, 17 juillet 1852), Librettiste et auteur dramatique. Il étudia la peinture et la sculpture avant de se tourner vers le théâtre pour lequel il écrivit de nombreuses comédies dans les années 1820. Son premier livret, Belisario (1832)Lire la suite…, musique de M. VerdiVerdi, GiuseppeGiuseppe Verdi (Roncole près Busseto/Italie, 9 octobre 1813 – Milan, 27 janvier 1901), compositeur. Il étudia avec Ferdinando Provesi à Busseto dès 1825 puis, de 1831 à 1835 avec Vincenzo Lavigna à Milan. De 1836 à 1839, il fut maestro di musica à Busseto puis retourna à Milan où son premiLire la suite…. — Nouvelles.


Sous ce titre du Muletier de Tolède Muletier de Tolède, LeLe Muletier de Tolède, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Clairville, pseudonyme de Louis-François-Marie Nicolaïe, mis en musique par Adolphe Adam et créé au Théâtre-Lyrique le 16 décembre 1854.Lire la suite…deux librettistes célèbres viennent de nous raconter encore une fois les aventures de cette reine d’Espagne que depuis si longtemps nous voyons sur le point d’être sacrifiée aux projets d’un cousin ambitieux. Heureusement que MM. les auteurs, avec leur galanterie habituelle, ne laissent pas le sacrifice s’accomplir et qu’à la fin de la pièce la gracieuse majesté est ornée d’une vertu de plus : la magnanimité ; elle épouse son cousin et elle lui pardonne, ce qui revient exactement au même au point de vue de l’intérêt dramatique.

Voici, en quelques mots, les principales situations de l’imbroglio qui sert de prétexte à la nouvelle partition de M. AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite… :

Au premier acte, doña Elvire, la jeune reine de Léon, trompée par de faux rapports et croyant voir dans le muletier Manoël l’infant de Castille, son fiancé, se laisse courtiser, sous le pimpant costume d’une manola, par le fringant arriero, qu’elle rencontre dans une posada de Faubourg ; elle se persuade que l’infant s’est travesti pour tromper la vigilance de don Pèdre, qui veut l’empêcher, dans un but d’ambition personnelle, de pénétrer au sein du royaume. Le muletier est entreprenant, et il va toucher à la reine, lorsque arrivent don Pèdre et deux de ses acolytes, conspirateurs comme lui. Une chose les frappe tout d’abord : c’est une ressemblance étrange entre la jeune fille et leur royale maîtresse. Cette ressemblance devient le pivot de l’intrigue : Elvire et le muletier sont expédiés à Léon sous bonne escorte.

Au second acte, don Pèdre fait ce raisonnement quelque peu machiavélique : Enlevons la reine et jetons-la dans un couvent ; nous produirons à sa place la jeune villageoise mariée au muletier, et cette mésalliance, annoncée au peuple assemblé, sera une cause de déchéance qui fera passer sur notre tête la couronne de Léon. La reine Elvire découvre le complot ; mais elle ne se laisse pas moins conduire à la chapelle par don Manoël, toujours convaincue qu’elle épouse l’infant de Castille ; seulement elle pose son manteau royal sur les épaules de doña Beatrix, sa dame d’honneur, et l’envoie prier dans son oratoire. Les estafiers de don Pèdre enlèvent la dame et se gardent bien de reconnaître trop tôt leur méprise. Au dénouement, le palais est encombré de seigneurs, de suivantes, de bourgeois et de courtisans ; le peuple pousse des cris de fête. Don Pèdre se croit au moment de triompher ; mais, hélas ! le pauvre diplomate a été joué par plus fin que lui : au moment où il déclare la reine Elvire déchue du trône de Léon pour crime de mésalliance, entre le muletier, qui, soulevant sa cape bariolée, montre une poitrine chamarrée de croix et de rubans. Don Manoël n’est pas l’infant de Castille ; il est mieux que cela : le roi de Castille lui-même. Don Pèdre et ses complices sont généreusement pardonnés, les choses ne se passant pas tout à fait au Théâtre-Lyrique comme à la Gaîté.

La partition du Muletier de TolèdeMuletier de Tolède, LeLe Muletier de Tolède, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Clairville, pseudonyme de Louis-François-Marie Nicolaïe, mis en musique par Adolphe Adam et créé au Théâtre-Lyrique le 16 décembre 1854.Lire la suite… est très-mélodique, parfaitement instrumentée, et elle porte à chaque page la griffe d’un maître habile. Le rôle de Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… a été l’objet d’une prédilection toute particulière de la part de M. AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite… et cela se conçoit : Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… est la diva du Théâtre-Lyrique, elle chanterait Malborough s’en va-t-en guerre ou quelque autre pont-neuf de ce genre que le public accourrait tout de même pour l’applaudir. Cet engouement qui n’est peut-être que passager, oblige le compositeur à beaucoup déférence envers l’artiste ; cette déférence consiste à n’écrire qu’un rôle important dans un opéra où il y a une demi-douzaine de personnages. M. AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite… a agi en cette circonstance, comme en bien d’autres avec un tact et une finesse remarquables. La suivante de Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… c’est Mlle GarnierGarnier, MarieMarie Garnier (? – ?), contralto. Engagée au Théâtre-Lyrique en 1852, elle participa aux créations de Si j’étais roi (Adam, 1852), Le Roi des Halles (Adam, 1853) et Colin-Maillard (Hignard, 1853). Elle créa le rôle-titre de Rose et Narcisse (Barbier, 1855) puis quitta le Théâtre-Lyrique pLire la suite…, et le musicien lui a fait la part aussi belle que les exigences de sa souveraine ont bien voulu le permettre. Don Manoël chante une romance très-sentimentale, des couplets fort gais accompagnés à coups de fouets et un duo dans lequel il exhale tout son amour. Il y a au premier acte un trio de demi-caractère plein de jolis détails, un charmant boléro et un duettino qui rappelle, par la situation seulement, le duo de la peur dans la Dame blancheDame blanche, LaLa Dame blanche, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par François-Adrien Boieldieu et créé à l’Opéra-Comique le 10 décembre 1825.Lire la suite…. Au second acte on a admiré une marche triomphale à grand effet et les couplets du couvent, appelés sans doute à la même vogue que ce fameux air des fraises qui aurait pu faire à lui seul le succès du Bijou perduBijou perdu, LeLe Bijou perdu, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Philippe-Auguste-Alfred Pittaud de Forges mis en musique par Adolphe Adam et créé au Théâtre-Lyrique le 6 octobre 1853.Lire la suite…. Le grand air chanté par Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… au troisième acte se compose d’un andante mélancolique et d’un allegro émaillé de traits, de trilles, de roulades et de fioritures exécutés avec une merveilleuse adresse par la grande cantatrice. L’ouverture est faite des motifs les plus saillants de la partition, et se termine par une cachucha avec accompagnement de triangle et de castagnettes ; c’est de la couleur espagnole. Nous devons signaler aussi des airs de danse qui font songer aux plus jolis ballets de M. Adolphe AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite…. Les décors sont magnifiques et les costumes de la plus entière fraîcheur : on sait combien tout cela est indispensable aujourd’hui au succès d’une œuvre lyrique. Le MuletierMuletier de Tolède, LeLe Muletier de Tolède, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Clairville, pseudonyme de Louis-François-Marie Nicolaïe, mis en musique par Adolphe Adam et créé au Théâtre-Lyrique le 16 décembre 1854.Lire la suite… fait de très-belles recettes ; M. AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite… a bien voulu en donner les chiffres dans l’un de ses derniers feuilletons. Comme personne n’a jamais douté de l’influence du nom de M. AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite… et de celui de Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… sur le public, cette communication était au moins superflue pour démontrer le succès de l’ouvrage.

— Le Théâtre-Italien peut placer des lampions sur sa façade, il vient de trouver un filon d’or avec le TrovatoreTrovatore, IlIl Trovatore, opéra en quatre actes sur un livret en italien de Salvadore Cammarano  complété par Leone Emanuele Bardare et mis en musique par Giuseppe Verdi. L’œuvre fut créée au Théâtre Apollo à Rome le 19 janvier 1853 et au Théâtre-Italien à Paris le 23 décembre 1854.Lire la suite… de M. VerdiVerdi, GiuseppeGiuseppe Verdi (Roncole près Busseto/Italie, 9 octobre 1813 – Milan, 27 janvier 1901), compositeur. Il étudia avec Ferdinando Provesi à Busseto dès 1825 puis, de 1831 à 1835 avec Vincenzo Lavigna à Milan. De 1836 à 1839, il fut maestro di musica à Busseto puis retourna à Milan où son premiLire la suite…. Le poëme rappelle vaguement les BurgravesBurgraves, LesLes Burgraves, drame historique en trois parties par Victor Hugo créé à la Comédie-Française le 7 mars 1843.Lire la suite… de Victor HugoHugo, VictorVictor Hugo (Besançon, 26 février 1802 – Paris, 22 mai 1885), écrivain. Tête de file du romantisme, il publia de nombreux poèmes dont Odes (1822), Les Orientales (1829), Les Feuilles d’automne (1831) et surtout le manifeste du romantisme qu’est sa préface à son drame historique CromwellLire la suite…, il est cependant tiré d’une pièce espagnole moderne qui porte le même titre, El TrovadorTrovatore, IlIl Trovatore, opéra en quatre actes sur un livret en italien de Salvadore Cammarano  complété par Leone Emanuele Bardare et mis en musique par Giuseppe Verdi. L’œuvre fut créée au Théâtre Apollo à Rome le 19 janvier 1853 et au Théâtre-Italien à Paris le 23 décembre 1854.Lire la suite…. Nous ne nous souvenons pas d’avoir vu représenter jamais un sujet plus émouvant, plus fécond en péripéties lugubres et effroyables. BouchardyBouchardy, JosephJoseph Bouchardy (Paris, 20 mars 1810 – Châtenay, 28 mai 1870), auteur dramatique. Il écrivit avec succès de nombreux drames à grand spectacle, notamment Le Sonneur de Saint-Paul (1838), Christophe le Suédois (1839), Lazare le Pâtre (1840) et Les Enfants trouvés (1843), La Sœur duLire la suite… et Guilbert de PixérécourtPixérécourt, René-Charles Guilbert deRené-Charles Guilbert de Pixérécourt (Nancy, 22 janvier 1773 – Nancy, 25 juillet 1844), auteur dramatique. Il écrivit seul ou en collaboration plus de cent pièces de théâtre, essentiellement des mélodrames à grand succès, dont : Le Pèlerin blanc (1801), Téléki (1803), La Forteresse dLire la suite… ont été singulièrement distancés par feu CammaranoCammarano, Salvadore (Salvatore)Salvadore (Salvatore) Cammarano (Naples, 19 mars 1801 – Naples, 17 juillet 1852), Librettiste et auteur dramatique. Il étudia la peinture et la sculpture avant de se tourner vers le théâtre pour lequel il écrivit de nombreuses comédies dans les années 1820. Son premier livret, Belisario (1832)Lire la suite…. Une bohémienne qui a volé un enfant et qui l’a brûlé vif, deux frères pris d’amour pour la même châtelaine, tels sont les principaux personnages qui se meuvent sur la scène, au milieu d’un entourage bizarre et féroce d’hommes d’armes, de bohémiens, de forgerons, de croque-morts et de bourreaux. Une lueur sombre et blafarde éclaire à peine les évolutions de tous ces gens barbus, sanguinaires, au regard sinistre, au teint bronzé, parmi lesquels se promène, triste et mélancolique, la douce figure de Léonora. Tantôt c’est le feu de la forge, tantôt ce sont les pâles rayons de la lune passant à travers les vitraux du donjon des comtes de Luna. Au dénouement la bohémienne est mise à la broche, Léonora s’empoisonne et le troubadour a la tête tranchée. A-t-on jamais rien inventé de plus terrible pour satisfaire ce public avide d’émotions fortes qui n’existe, dit-on, que dans les parages du boulevard du crime ?

Il serait injuste cependant de ne pas reconnaître dans ce poëme d’excellentes situations musicales, et M. VerdiVerdi, GiuseppeGiuseppe Verdi (Roncole près Busseto/Italie, 9 octobre 1813 – Milan, 27 janvier 1901), compositeur. Il étudia avec Ferdinando Provesi à Busseto dès 1825 puis, de 1831 à 1835 avec Vincenzo Lavigna à Milan. De 1836 à 1839, il fut maestro di musica à Busseto puis retourna à Milan où son premiLire la suite… n’en a que plus de mérite, s’il a réussi, par le charme de ses mélodies, à détourner l’attention du spectateur de ce tissu d’horreurs qui se déroule sous ses yeux. Nous n’avons entendu le TrovatoreTrovatore, IlIl Trovatore, opéra en quatre actes sur un livret en italien de Salvadore Cammarano  complété par Leone Emanuele Bardare et mis en musique par Giuseppe Verdi. L’œuvre fut créée au Théâtre Apollo à Rome le 19 janvier 1853 et au Théâtre-Italien à Paris le 23 décembre 1854.Lire la suite… qu’une fois, et nous ne saurions dire si cet ouvrage est, comme on l’affirme, le chef-d’œuvre du maître. Ce que nous pouvons constater, c’est qu’il a obtenu un très-grand succès. On a applaudi et on applaudit chaque soir depuis le commencement jusqu’à la fin ; pendant les entr’actes on rappelle les acteurs et le compositeur. Pourquoi les coutumes italiennes ne feraient-elles pas invasion sur la scène des Italiens ? La chanson de la gitana, la cantilène du troubadour, le grand air du comte de Luna, la romance de Léonora et le miserere sont les morceaux les plus saillants de la partition ; nous devons ajouter à cela un chœur de cyclopes avec accompagnement obligé de marteaux frappant en cadence sur l’enclume, et un final dans lequel les voix s’unissent à l’orchestre en un tutti formidable. M. VerdiVerdi, GiuseppeGiuseppe Verdi (Roncole près Busseto/Italie, 9 octobre 1813 – Milan, 27 janvier 1901), compositeur. Il étudia avec Ferdinando Provesi à Busseto dès 1825 puis, de 1831 à 1835 avec Vincenzo Lavigna à Milan. De 1836 à 1839, il fut maestro di musica à Busseto puis retourna à Milan où son premiLire la suite… n’est peut-être pas un novateur ; mais il est une chose qu’on ne saurait lui refuser, c’est que sa musique n’est pas la musique de tout le monde.

— Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… vient de faire sa rentrée à l’Opéra-Comique par le rôle de GalathéeGalatéeGalatée, opéra-comique en deux actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Victor Massé et créé à l’Opéra-Comique le 14 avril 1852.Lire la suite…. La voix de la grande cantatrice a retrouvé toute sa fraîcheur, toute son étendue. Son retour a été salué des applaudissements les plus chaleureux. Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… a sans doute des défauts, mais elle est artiste de nom et de fait ; c’est là une qualité rare et qui en vaut beaucoup d’autres.

Le théâtre de la rue Favart nous annonce une piquante nouveauté pour cette semaine : le Chien du jardinierChien du jardinier, LeLe Chien du jardinier, opéra-comique en un acte sur un livret de Joseph-Philippe Lockroy et Eugène Cormon mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 16 janvier 1855.Lire la suite…, petit opéra bouffe de MM. LockroyLockroy, Joseph-PhilippeJoseph-Philippe Simon dit Lockroy (Turin, 17 février 1803 – Paris, 19 janvier 1891), acteur, auteur dramatique et librettiste. Il débuta comme comédien en 1827 à l’Odéon puis joua au théâtre de la Porte St. Martin et à la Comédie-Française tout en écrivant, seul ou avec Scribe des piècesLire la suite… et GrisarGrisar, AlbertAlbert Grisar (Anvers, 26 décembre 1808 – Asnières, 15 juin 1869), compositeur. Élève de Reicha à Paris et de Mercadante à Naples, il écrivit des opéras-comiques dans la tradition de Boieldieu qui eurent du succès dont Gilles ravisseur (1848), Les Porcherons (1850), Bonsoir M. Pantalon (185Lire la suite…. Nous voyons avec plaisir l’auteur de GillesGilles ravisseurGilles ravisseur, opéra-comique en un acte sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 21 février 1848.Lire la suite…, de M. PantalonBonsoir Monsieur PantalonBonsoir, Monsieur Pantalon, opéra-comique en un acte sur un livret de Lockroy et de Morvan mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 19 février 1851.Lire la suite… et de l’Eau merveilleuseEau merveilleuse, L’L’Eau merveilleuse, opéra-comique en deux actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Albert Grisar et créé au Théâtre de la Renaissance le 30 janvier 1839.Lire la suite… abandonner le genre dramatique, qui lui a valu deux échecs, et revenir au genre bouffe, dans lequel il compte trois chefs-d’œuvre.

Peu de jours après l’opéra de M. GrisarGrisar, AlbertAlbert Grisar (Anvers, 26 décembre 1808 – Asnières, 15 juin 1869), compositeur. Élève de Reicha à Paris et de Mercadante à Naples, il écrivit des opéras-comiques dans la tradition de Boieldieu qui eurent du succès dont Gilles ravisseur (1848), Les Porcherons (1850), Bonsoir M. Pantalon (185Lire la suite… viendra celui de M. Victor MasséMassé, Felix-Marie-VictorFélix Marie Victor Massé (Lorient, 7 mars 1822 – Paris, 5 juillet 1884), compositeur. Il étudia le piano avec Zimmerman et la composition avec Halévy au Conservatoire de Paris, où obtint le 1er Prix de piano en 1839 et le 1er Prix de Rome en 1844. Il débute à l’Opéra-Comique en 1850 avec LLire la suite…, ayant pour titre Miss FauvetteMiss FauvetteMiss Fauvette, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Victor Massé et créé à l’Opéra-Comique le 13 février 1855.Lire la suite…, un tout petit acte aussi et qui probablement restera plus longtemps sur l’affiche que la Fiancée du DiableFiancée du Diable, LaLa Fiancée du Diable, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe et Hippolyte Romand mis en musique par Victor Massé et créé à l’Opéra-Comique le 5 juin 1854.Lire la suite….

BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… vient de traiter avec M. le colonel RaganiRagani, Cesar Joseph Gaetan, comte de Zani, ColonelCésar-Joseph-Gaëtan, comte de Zani, colonel Ragani (Bologna, 6 avril 1785 – Romainville, 21 mai 1862), directeur de théâtre. Colonel dans l’armée de Napoléon Ier, il épousa en 1806 la cantatrice Giuseppina Grassani et devint ainsi l’oncle par alliance de Giulia, Giuditta, Ernesta et CarLire la suite… pour trois exécutions de L’Enfant du ChristEnfance du Christ, L’L’Enfance du Christ, trilogie sacrée pour récitant (ténor), soli, chœur et orchestre sur un livret et une musique de Hector Berlioz, créée à la salle Herz à Paris le 10 décembre 1854. Les trois parties de cette œuvre ont pour titre: Le Songe d’Hérode; La Fuite en Egypte; L’ArrivéLire la suite… [L’Enfance du ChristEnfance du Christ, L’L’Enfance du Christ, trilogie sacrée pour récitant (ténor), soli, chœur et orchestre sur un livret et une musique de Hector Berlioz, créée à la salle Herz à Paris le 10 décembre 1854. Les trois parties de cette œuvre ont pour titre: Le Songe d’Hérode; La Fuite en Egypte; L’ArrivéLire la suite…] au Théâtre-Italien. On assure que ce remarquable oratorio arrivera ensuite à l’Opéra-Comique, où nous aurons le plaisir de l’applaudir de nouveau, à l’un des concerts spirituels donnés pendant la semaine sainte.

La reprise de Robin des BoisRobin des BoisRobin des bois, opéra-comique en trois actes sur un livret de Castil-Blaze et Thomas Sauvage avec la musique de Carl Maria von Weber créé au Théâtre de l’Odéon le 7 décembre 1824.Lire la suite… est retardée par une indisposition assez grave de Mme Deligne-LautersDeligne-Lauters, PaulinePauline Deligne-Lauters (Bruxelles, 1er décembre 1834 – Paris, 10 mai 1918), mezzo-soprano. Elle étudia au Conservatoire de Bruxelles et fut engagée au Théâtre-Lyrique de Paris en 1854. Elle y créa Le Billet de Marguerite (Gevaert, 1854), se produisit ensuite dans la version de Castil-Blaze dLire la suite…. Mme Meillet est toute prête pour remplacer Mme LautersDeligne-Lauters, PaulinePauline Deligne-Lauters (Bruxelles, 1er décembre 1834 – Paris, 10 mai 1918), mezzo-soprano. Elle étudia au Conservatoire de Bruxelles et fut engagée au Théâtre-Lyrique de Paris en 1854. Elle y créa Le Billet de Marguerite (Gevaert, 1854), se produisit ensuite dans la version de Castil-Blaze dLire la suite… dans le rôle d’Agathe, dans le cas où le docteur MarchalMarchal de Calvi, Charles-JacobCharles-Jacob Marchal dit de Calvi (Calvi/Haute-Corse, 4 juillet 1815 – Paris, 27 janvier 1873), médecin. Il fit ses études à la faculté de médecine de Paris. Il fut Professeur d’Hygiène à la faculté de médecine de Paris et occupa la chaire d’anatomie et de physiologie de l’hôpitalLire la suite… (de Calvi) ne parviendrait pas à rendre au gosier de la charmante cantatrice tout son éclat, toute sa pureté. Depuis qu’il est question de reprendre Robin des BoisRobin des BoisRobin des bois, opéra-comique en trois actes sur un livret de Castil-Blaze et Thomas Sauvage avec la musique de Carl Maria von Weber créé au Théâtre de l’Odéon le 7 décembre 1824.Lire la suite…, on a signalé dans les alentours du Théâtre-Lyrique la réapparition du chapeau fantastique de M. Castil-BlazeCastil-Blaze, Francois-Henri-JosephFrançois-Henri-Joseph Blaze dit Castil-Blaze (Cavaillon/Vaucluse, 1er décembre 1784 – Paris, 11 décembre 1857), critique musical, librettiste, traducteur et adaptateur. Il étudia d’abord la musique avec son père, avant de se rendre à Paris pour étudier le droit ; il devint l’un des premLire la suite…, l’auteur de Pigeon volePigeon-vole ou Flute et PoignardPigeon-vole ou Flute et Poignard, mélodrame en un acte sur un livret et une musique de Castil-Blaze créé au Théâtre-Italien à Paris le 12 août 1843.Lire la suite…, qui persiste à croire que sans lui WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… n’existerait pas.

Les morceaux détachés de la Nonne sanglanteNonne sanglante, LaLa Nonne sanglante, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugène Scribe et de Germain Delavigne mis en musique par Charles Gounod, créé à l’Opéra de Paris le 18 octobre 1854.Lire la suite… vont paraître incessamment chez l’éditeur Brandus ; il faut espérer que le magnifique ouvrage de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… ne tardera pas à reprendre la place qui lui est due sur l’affiche de l’Opéra. Nous avons exprimé il n’y a pas bien longtemps, dans les colonnes de ce journal, toute notre admiration, toute notre sympathie pour le talent et pour 1’œuvre du jeune maître.