Le Courrier de Paris, 7 avril 1858, [p.1-2] (article signé E. Reyer).

Chronique musicale.

Les développemens que nous avons dû donner à notre feuilleton sur la Magicienne ne nous a pas permis de rendre compte de l’opéra de M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… : Don DesiderioDon DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite…. Et aujourd’hui que le succès de cette œuvre charmante est constaté, nous n’avons guère qu’à nous faire l’écho de l’opinion générale, opinion qui est d’ailleurs tout à fait conforme à notre sentiment personnel. Don DesiderioDon DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite… est un opéra bouffe déjà vieux de quinze à seize ans. C’est en 1842 qu’il a été représenté à Rome pour la première fois. Depuis cette époque, la réputation de l’auteur a grandi ; il a écrit plusieurs ouvrages auxquels le public italien a applaudi avec cet entraînement, cette passion que connaissent seules les races méridionales, et tout en suivant une carrière où ses facultés artistiques pouvaient être absorbées par les graves préoccupations de la diplomatie, M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… est resté ce que la nature l’avait fait : un artiste inspiré, un musicien convaincu. Les quelques salons de Paris où l’on aime à entendre de la musique ont presque tous gardé le souvenir de sa magnifique voix de ténor. Si aujourd’hui le noble virtuose se prodigue moins, ce n’est certainement pas qu’il ait rien perdu de ses moyens. Il chante plus rarement qu’autrefois, mais c’est toujours à son art de prédilection qu’il consacre ses loisirs ; aussi Don Desiderio Don DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite…doit-il être considéré comme le prélude d’une œuvre beaucoup plus importante que M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… destine à l’une de nos principales scènes lyriques, et qui aura bien réellement pour nous l’attrait d’une nouveauté.

La partition de Don DesiderioDon DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite… renferme de précieuses qualités et quelques-uns de ces défauts de jeunesse que l’expérience fait disparaître, mais dont on regrette souvent de s’être corrigé trop tôt. M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite…, ayant longtemps habité l’Italie, a principalement étudié les maîtres italiens ; et à l’époque où il étudiait, le goût était beaucoup plus pur, beaucoup plus sévère qu’il ne l’est aujourd’hui dans la patrie de PaesielloPaisiello, GiovanniGiovanni Paisiello (Taranto, 9 mai 1740 – Naples, 5 juin 1816), compositeur. Il étudia au Conservatoire Sant’Onofrio de Naples avec Francesco Durante. Il composa de nombreux opéras qui furent produits en Italie avec succès. De 1776 à 1783, il fut le maître de chapelle de Catherine II de RusLire la suite… [Paisiello]Paisiello, GiovanniGiovanni Paisiello (Taranto, 9 mai 1740 – Naples, 5 juin 1816), compositeur. Il étudia au Conservatoire Sant’Onofrio de Naples avec Francesco Durante. Il composa de nombreux opéras qui furent produits en Italie avec succès. De 1776 à 1783, il fut le maître de chapelle de Catherine II de RusLire la suite… et de CimarosaCimarosa, DomenicoDomenico Cimarosa (Aversa, 17 décembre 1749 – Venise, 11 janvier 1801), compositeur. Il étudia au Conservatoire di Santa Maria di Loreto de Naples avec Antonio Sacchini. Il se fit remarquer avec son premier ouvrage pour la scène, l’intermezzo comique Le magie di Merlina e Zoroastro (1772). SeLire la suite…. Je cite ces deux compositeurs célèbres, parce que l’auteur de Don Desiderio Don DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite…me paraît avoir été particulièrement séduit par la grâce mélodique de l’un et la verve comique de l’autre. Il n’est pas resté indiffèrent non plus à la gloire de RossiniRossini, GioachinoGioachino Rossini (Pesaro/Italie 29 février 1792 – Passy, 13 novembre 1868), compositeur. Né de parents musiciens, Rossini étudia le chant avec Giuseppe Malerbi à Lugo et débuta comme chanteur au théâtre d’Imola en 1804 et chanta le rôle d’un enfant dans Camilla de Paer à Bologne en 180Lire la suite…, et, çà et là, quelques cadences, quelques formules habituelles à l’auteur du Barbier de SévilleBarbier de Séville, LeIl Barbiere di Siviglia (Le Barbier de Séville), opera buffa en 2 actes sur un livret de Cesare Sterbini, d’après Beaumarchais, mis en musique par Gioachino Rossini créé au Teatro Argentina à Rome le 20 février 1816. L’œuvre fut donnée à Paris pour la première fois au Théâtre-ItalienLire la suite…, viennent témoigner, dans l’œuvre de M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… qu’il a subi, ainsi que bien d’autres, l’influence du plus grand génie musical de l’Italie moderne. Cette observation, que je ne suis pas le seul à avoir faite, ne doit pas être considérée comme un reproche. Les plus grands artistes ont commencé par n’être, à leur insu, que les imitateurs d’autres grands artistes qui les avaient précédés ; mais il y a bien loin entre ce fait d’assimilation vers lequel nous entraînent une sincère admiration ou de vives sympathies au délit de réminiscence et de plagiat dont un musicien aussi fin et aussi distingué que M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… ne pouvait se rendre coupable.

Le libretto de Don DesiderioDon DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite… est une de ces farces italiennes dont le talent du compositeur peut seul dissimuler la pauvreté et le défaut d’atticisme, aux yeux d’un public aussi délicat que le nôtre en matière de bouffonneries. Autour du personnage principal, qui tient à la fois du fâcheux, du maladroit, du Pasquin et du jettatore, viennent évoluer d’une manière plus ou moins intéressante, plus ou moins drôlatique, un notaire, un serviteur, un amoureux et une ingénue. Et tous sont à leur tour les victimes de Don Desiderio ; le pauvre homme, qui est animé des meilleures intentions et qui est le premier à se désoler de ses sottises involontaires, finit par se croire un objet de haine et d’effroi pour des gens qu’il veut obliger et qu’il affectionne sincèrement : cette pensée le conduit au suicide. Heureusement il se donne le temps de réfléchir avant d’exécuter son fatal dessein, et au moment où la coupe empoisonnée va s’approcher de ses lèvres, le notaire intervient, un ami que l’on croyait mort ressuscite. Angiolina épouse Federico, et la toile tombe sur un dénouement beaucoup plus en harmonie avec le caractère de l’ouvrage : opera-buffa.

Avant de signaler les morceaux qu’on a le plus remarqués, je dois mentionner d’une manière toute spéciale le travail de l’instrumentation, que j’ai trouvé très intéressant et beaucoup plus soigné qu’il ne l’est ordinairement dans la plupart des partitions italiennes. L’accompagnement, tout en laissant le drame à découvert, est loin d’avoir ce rôle secondaire, presque effacé, que lui donnent les compositeurs qui improvisent au piano et ne connaissent d’autre ornement à leurs prétendues inspirations qu’un trémolo, une batterie ou un arpège. Je ne sais si M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… a revu et retouché sa partition d’il y a seize ans, avant de la soumettre au jugement du public parisien, ou si elle était écrite, dans l’origine, avec cette même correction, cette même élégance. Dans tous les cas, je maintiens mon éloge.

L’ouverture de Don DesiderioDon DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite… est vive, brillante et toute remplie de jolis motifs. Au lever du rideau, on entend une voiture rouler dans la coulisse : le bruit des roues, le son des grelots, le cliquetis du fouet du postillon suivent le rhythme de l’orchestre et se mêlent aux piquantes évolutions des instrumens. N’oublions pas de rappeler aux puristes qu’il s’agit ici d’un opera-buffa, et non pas d’un oratorio ou d’un grand drame lyrique en cinq actes.

La chaise de poste verse : on entend les cris des voyageurs ; des paysans sortent de leurs maisons, armés de flambeaux, et volent au secours de Don Desiderio et du notaire Curzio, qu’ils retirent de la boîte tout meurtris et couverts de poussière. Cette scène donne lieu à un duo bouffe très amusant et à un chœur plein de gaieté et de verve.

Viennent ensuite une délicieuse cavatine chantée par Angiolina :

Al pensier del mio tesoro,

et un beau duo d’amour entre la jeune fille et Federico son fiancé. Nous voici arrivé au sextuor qui est le morceau capital de la pièce. Ce sextuor est, en effet, admirablement réussi et on peut le comparer aux meilleures productions du genre. Les voix se croisent, les syllabes se heurtent, Desiderio a des apartés d’un comique ébouriffant, et, depuis la première note jusqu’à la dernière, ce n’est dans la salle qu’un long éclat de rire. L’effet de ce morceau nuit un peu au final, qui est cependant développé avec beaucoup de talent et qui contient d’excellentes choses.

Au second acte, le chœur déplore, au milieu d’un jardin tout émaillé de fleurs, les infortunes et les maladresses de ce pauvre Desiderio, qui est né et qui mourra sous une mauvaise étoile. Pendant la scène suivante, Angiolina et Curzio chantent un duo sentimental ; puis Federico soupire une romance mélancolique et tendre, une de ces inspirations qui suffisent quelquefois à faire la fortune d’un ouvrage. On a bissé cette romance, comme on avait bissé le sextuor. Citons encore un chœur plein de brio et de mouvement, le final dans lequel s’encadre une cavatine chantée par Angiolina, et félicitons bien sincèrement M. le prince PoniatowskiPoniatowski, Joseph Michel Francois Xavier Jean, PrinceJoseph Michel François Xavier Jean Poniatowski (Rome, 20 février 1816 – Londres, 3 juillet 1873), prince, sénateur et compositeur. Fils naturel de Stanislas Poniatowski et de Cassandra Luci (il fut reconnu en 1822). Après des études en Toscane, il débuta sa carrière à Florence en 1838 commLire la suite… d’un succès qui lui a valu les applaudissemens d’une salle élégante, les éloges de toute la presse et une accolade de RossiniRossini, GioachinoGioachino Rossini (Pesaro/Italie 29 février 1792 – Passy, 13 novembre 1868), compositeur. Né de parents musiciens, Rossini étudia le chant avec Giuseppe Malerbi à Lugo et débuta comme chanteur au théâtre d’Imola en 1804 et chanta le rôle d’un enfant dans Camilla de Paer à Bologne en 180Lire la suite…, après la répétition générale.

Je ne quittai pas le Théâtre-Italien sans dire combien a été brillant le début de M. TamberlickTamberlick, EnricoEnrico Tamberlick (Rome, 16 mars 1820 – Paris, 13 mars 1889), ténor. Après avoir étudié à Rome, à Naples et à Bologne, il fit ses débuts au Teatro del Fondo de Naples en 1843. Dès 1850, il se produisit chaque année à Londres dans les rôles de ténors héroïques, notamment Arnold (GuilLire la suite… dans Otello. Une voix souple, harmonieuse, sympathique et d’une rare étendue, une excellente méthode et un très grand sentiment dramatique, voilà les qualités saillantes du talent de cet artiste, qualités que, suivant l’usage, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et l’Amérique ont pu apprécier bien longtemps avant nous. M. TamberlickTamberlick, EnricoEnrico Tamberlick (Rome, 16 mars 1820 – Paris, 13 mars 1889), ténor. Après avoir étudié à Rome, à Naples et à Bologne, il fit ses débuts au Teatro del Fondo de Naples en 1843. Dès 1850, il se produisit chaque année à Londres dans les rôles de ténors héroïques, notamment Arnold (GuilLire la suite… est d’origine allemande, mais son éducation s’est faite en Italie, et il est tout à fait Italien. Une vague terreur, qui heureusement n’était pas un pressentiment, l’avait tenu jusqu’à ce jour à une distance respectueuse du public parisien, de ce public qui, à l’étranger, a une réputation de délicatesse et de sévérité si peu méritée. M. CalzadoCalzado, ToribioToribio Calzado (Valladolid/Espagne, ? 1805 – ?), directeur. Il dirigea le Théâtre-Italien de Paris de 1855 à 1863 avec la collaboration de Giovanni Bottesini, qu’il nomma chef d’orchestre, et du ténor Lorenzo Salvi, qu’il nomma administrateur du théâtre. Il fit représenter de nombreux Lire la suite… a su vaincre les appréhensions du célèbre ténor, et quelles que soient les conditions que celui-ci lui ait imposées, elles ne seront certainement pas onéreuses pour l’habile impresario. Accueilli un peu froidement pendant les premières scènes, M. TamberlickTamberlick, EnricoEnrico Tamberlick (Rome, 16 mars 1820 – Paris, 13 mars 1889), ténor. Après avoir étudié à Rome, à Naples et à Bologne, il fit ses débuts au Teatro del Fondo de Naples en 1843. Dès 1850, il se produisit chaque année à Londres dans les rôles de ténors héroïques, notamment Arnold (GuilLire la suite… est enfin parvenu à surmonter l’émotion qui le dominait, et au commencement du duo du second acte il avait retrouvé toute son assurance, tous ses moyens. Insensiblement la glace fondait. Après l’ut dièse si impatiemment attendu, ut dièse lancé à pleine poitrine, admirable de pureté, de passion et d’énergie, après cette note phénoménale, après ce cri sublime, la salle entière s’est levée, et elle a trépigné et elle a battu des mains et elle a crié bravo dans toutes les langues. Ah ! que messieurs les claqueurs de l’Opéra-Comique auraient été humiliés s’ils avaient pu assister à cet enthousiasme de bon aloi, à ces démonstrations qu’une volonté supérieure, qu’une main expérimentée n’avaient pas réglées d’avance. On a demandé bis : l’artiste a recommencé et les applaudissemens n’auraient pas cessé de si tôt, si d’autres artistes, désireux de poursuivre leurs rôles ne fussent rentrés en scène. Il n’est question dans ce moment que de l’ut dièse de M. TamberlickTamberlick, EnricoEnrico Tamberlick (Rome, 16 mars 1820 – Paris, 13 mars 1889), ténor. Après avoir étudié à Rome, à Naples et à Bologne, il fit ses débuts au Teatro del Fondo de Naples en 1843. Dès 1850, il se produisit chaque année à Londres dans les rôles de ténors héroïques, notamment Arnold (GuilLire la suite… ; les barytons et les basses-tailles en parlent à tous les ténors qu’ils rencontrent. M. DuprezDuprez, Gilbert-LouisGilbert-Louis Duprez (Paris, 6 décembre 1806 – Poissy, 23 septembre 1896), ténor. Il se fit d’abord une carrière en Italie où il créa plusieurs rôles d’opéras de Donizetti. Ce dernier écrivit le rôle d’Edgardo de Lucia di Lammermoor pour Duprez qui le créa à Naples en 1835. En 183Lire la suite…, M. GueymardGueymard, LouisLouis Geymard (Chaponnay/ Isère, 17 août 1822 – Saint-Fargeau, 8 juillet 1880), ténor. Il étudia le chant au Conservatoire de Paris et obtint les 2eme Prix de chant et d’Opéra en 1847. Il débuta à l’Opéra dans le rôle titre de Robert-le-Diable (Meyerbeer) en 1849 et y chanta tous le rLire la suite… et M. RenardRenard, Antoine-AimeAntoine-Aimé Renard (Lille, 15 février 1825 – Paris, 9 mai 1872), ténor et compositeur. Menuisier de profession, il se fit connaître comme chanteur et compositeur de romances. Le chef de chant de l’Opéra Louis Dietsch l’engagea comme choriste et le confia au ténor Alphonse Révial. En 18Lire la suite… sont dépassés d’un demi ton. Que dis-je ! d’un demi ton ! M. TamberlickTamberlick, EnricoEnrico Tamberlick (Rome, 16 mars 1820 – Paris, 13 mars 1889), ténor. Après avoir étudié à Rome, à Naples et à Bologne, il fit ses débuts au Teatro del Fondo de Naples en 1843. Dès 1850, il se produisit chaque année à Londres dans les rôles de ténors héroïques, notamment Arnold (GuilLire la suite… donne avec la même puissance, avec la même facilité le ré naturel !!! Mais comment se fait-il que la majeure partie du public n’ait pas eu l’air de s’apercevoir, avant l’émission du fameux ut dièse, que M. TamberlickTamberlick, EnricoEnrico Tamberlick (Rome, 16 mars 1820 – Paris, 13 mars 1889), ténor. Après avoir étudié à Rome, à Naples et à Bologne, il fit ses débuts au Teatro del Fondo de Naples en 1843. Dès 1850, il se produisit chaque année à Londres dans les rôles de ténors héroïques, notamment Arnold (GuilLire la suite… n’était certes pas un ténor ordinaire ? C’est, je crois, parce qu’à Paris, on aime mieux, en général, établir et exagérer la réputation d’un artiste médiocre, que de consacrer celle d’un artiste qui est déjà célèbre quand il arrive parmi nous.

La reprise de la Perle du BrésilPerle du Brésil, LaLa Perle du Brésil, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules-Joseph Gabriel et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créé au Théâtre-Lyrique le 22 novembre 1851.Lire la suite…, au Théâtre-Lyrique, avec Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite… dans le rôle de Zora, est une de ces idées lumineuses qui témoignent combien une direction est soucieuse de sa réputation et de ses intérêts. Le mérite et l’originalité de l’œuvre, le talent de la cantatrice et le luxe d’une mise en scène qui laisse voir au public des sauvages du Nouveau-Monde, les lianes d’une forêt vierge et un vaisseau ballotté par la tempête, devaient nécessairement donner à cette reprise beaucoup d’importance et beaucoup d’éclat. Les mélodies si colorées de M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite… n’ont pas vieilli ; le poème dû à la collaboration de MM. GabrielGabriel, Jules-JosephIl n’y a pas encore de descriptionLire la suite… et Sylvain Saint-EtienneSaint-Étienne, Joseph-SylvainJoseph-Sylvain Saint-Étienne (Aix-en-Provence, 17 février 1807 – Paris, 23 octobre 1880), journaliste et homme de lettres. Ami d’enfance de Félicien David, il joua un rôle de publiciste en éditant la première biographie de David en 1845, juste après le succès de l’ode-symphonie Le DésLire la suite… a toute la saveur, toute la poésie des premiers jours. Ce poème, qui rappelle certaines parties de Christophe ColombChristophe ColombChristophe Colomb, ode-symphonie en quatre parties sur un livret de Joseph Méry, Charles Chaubet et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créée dans la salle du Conservatoire de Paris le 7 mars 1847.Lire la suite…, et que nous rappelait, il y a quelques années, Jaguarita l’IndienneJaguarita l’IndienneJaguarita l’Indienne, opéra-comique en un acte sur un livret de Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, mis en musique par Fromental Halévy et créé au Théâtre-Lyrique le 14 mai 1855.Lire la suite…, est agréablement mêlé de divertissemens et de danses : il abonde en incidens dramatiques, en situations pittoresques, et je ne sais vraiment pas pourquoi on l’a tant critiqué autrefois. Le public est si bizarre, si changeant dans ses opinions, et la critique se fait si volontiers l’écho de l’opinion publique ! Enfin, quand une réparation vous arrive, il la faut bien accueillir, et MM. GabrielGabriel, Jules-JosephIl n’y a pas encore de descriptionLire la suite… et Sylvain Saint-EtienneSaint-Étienne, Joseph-SylvainJoseph-Sylvain Saint-Étienne (Aix-en-Provence, 17 février 1807 – Paris, 23 octobre 1880), journaliste et homme de lettres. Ami d’enfance de Félicien David, il joua un rôle de publiciste en éditant la première biographie de David en 1845, juste après le succès de l’ode-symphonie Le DésLire la suite… auraient fort mauvaise grâce à se souvenir, aujourd’hui que leur pièce est vantée et applaudie par tout le monde, des quolibets qui ne leur furent point épargnés jadis. La partition de la Perle du BrésilPerle du Brésil, LaLa Perle du Brésil, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules-Joseph Gabriel et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créé au Théâtre-Lyrique le 22 novembre 1851.Lire la suite… n’est plus à analyser : elle est classée au nombre des œuvres les plus estimées de notre époque, elle fait partie du répertoire. Quand elle aura disparu de l’affiche, elle y reparaîtra de nouveau, un peu plus tard, et ainsi de suite. J’ai éprouvé un bien-être inexplicable à entendre cette musique douce, suave, un peu rêveuse, et de laquelle il ne faut pas croire cependant que la passion soit tout à fait absente.

J’ai écouté avec ravissement ces jolis dessins d’orchestre, ces élégantes broderies, ces fines ciselures dont M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite… est si prodigue, et qui donnent tant de piquant à ses poétiques inspirations. Si Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite… n’eût pas chanté presque continuellement un quart de ton trop haut, mon bonheur eût été complet. A quoi cela tient-il, que Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite… n’ait pas chanté juste ? A une fatigue momentanée, occasionnée par le travail auquel la condamnent sa position exceptionnelle, isolée, et une longue série de succès. Je n’y vois pas d’autre cause. Et si je doutais de mes oreilles, pourrais-je ne pas en croire les oreilles de mes voisins, de mes amis, de mes confrères, et d’une foule de dilettanti et de connaisseurs ? M. BalanquéBalanqué, Mathieu-EmileMathieu-Émile Balanqué (Bayonne, 16 septembre 1826 – Paris, 29 avril 1866), basse. Il fit ses études au Conservatoire de Paris et débuta au Théâtre National (futur Théâtre-Lyrique) dans Juanita (Duprez) le 11 mai 1852. Il se produisit ensuite à Bruxelles et en province (Toulouse et StrasbouLire la suite… chante juste, lui ; mais il est si triste, si malheureux, ce pauvre amiral, que l’on ne s’étonnerait nullement qu’il ne chantât pas du tout. Pourquoi ne fait-il pas jeter à la mer ce petit matelot qui veut lui voler celle qu’il aime, « sa Zora chérie ? » Au théâtre, il ne faut pas craindre d’employer les moyens violens : ils réussissent presque toujours, surtout dans les opéras-comiques. Comme je ne veux pas finir par une observation qui peut avoir l’air d’une critique, je constate maintenant que la plupart des morceaux de la partition, et principalement le beau chœur et le final du premier acte, l’air de l’amiral, la cavatine de Zora, le duo entre Zora et Raphaël, les couplets du misoli, le boléro, l’orage et les airs de ballet ont été applaudis avec une spontanéité, un ensemble et une verve dont j’ai été moins surpris que personne. La Perle du BrésilPerle du Brésil, LaLa Perle du Brésil, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules-Joseph Gabriel et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créé au Théâtre-Lyrique le 22 novembre 1851.Lire la suite… fait de brillantes recettes ; et je n’ai besoin que de rappeler ici que le bulletin du caissier, c’est la pierre de touche des succès.

J’ai loué Don DesiderioDon DesiderioDon Desiderio, dramma giocoso italien en deux actes sur un livret du comte Giovanni Giraud mis en musique par le prince Joseph Poniatowski et créé à Pise le 26 décembre 1840 et au Théâtre-Italien à Paris le 16 mars 1858.Lire la suite…, j’ai loué la reprise de la PerlePerle du Brésil, LaLa Perle du Brésil, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules-Joseph Gabriel et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créé au Théâtre-Lyrique le 22 novembre 1851.Lire la suite…, je vais louer Quentin DurwardQuentin DurwardQuentin Durward, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré mis en musique par François Gevaert et créé à l’Opéra-Comique le 25 mars 1858.Lire la suite….

Mon cœur est inondé d’une joie ineffable

Quand chaque œuvre nouvelle est une œuvre admirable.

MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et CormonCormon, EugènePierre-Étienne Piestre, dit Eugène Cormon (Lyon, 5 mai 1810 – Paris, 7 mars 1903), auteur dramatique. Il écrivit des pièces de théâtre, dont Philippe II, roi d’Espagne (1847), et des livrets d’opéras-comiques, seul ou en collaboration : Gastilbezza (1847) avec Adolphe d’Ennery, Lire la suite… ont découpé en opéra-comique le roman de Walter ScottScott, WalterWalter Scott (Édimbourg, 15 août 1771 – Abbotsford/Écosse, 21 septembre 1832), poète, écrivain et historien écossais. Il étudia le droit et devint avocat en 1792. Tout en travaillant au barreau d’Édimbourg, il se fit nommer Sheriff du comte de Selkirk en 1799. Trois ans plus tard, il pubLire la suite…, et en ont agencé avec beaucoup d’habileté les principales scènes. Pour quelques-uns des spectateurs, les aventures de l’archer écossais et d’Isabelle de Croï n’étaient pas chose nouvelle ; pour d’autres, au contraire, l’intrigue, dont ils paraissaient suivre les développemens avec un très grand intérêt, avait tout le charme de la nouveauté.

Au commencement du premier acte, et après une ouverture dont nous allons retrouver presque tous les motifs dans la partition, des bohémiens couchés en pleine rue nous rappellent par leur posture indolente les lazzaroni se chauffant au soleil napolitain dans le charmant petit opéra des TrovatellesTrovatelles, LesLes Trovatelles, opéra-comique en un acte sur un livret de Michel Carré et Jules Lorin mis en musique par Jules Duprato et créé à l’Opéra-Comique le 28 juin 1854.Lire la suite…. Le jour se lève, et les bohémiens chantent un chœur dans lequel sont intercalés les jolis couplets de Rizpah et du Maugrabin ; l’orchestre annonce l’arrivée de Quentin, et l’on aperçoit bientôt la petite plume qui se balance gracieusement au-dessus de la toque du jeune archer.

Je suis libre et bien portant….

dit-il dans l’andante d’une cavatine fort pathétique et dont la mélodie a beaucoup de franchise ; puis il s’endort, et l’on entend dans la coulisse la voix d’Isabelle accompagnée par la harpe. Louis XILouis XI de ValoisLouis XI (Bourges, 3 juillet 1423 – Château de Plessis-lez-Tours 30 août 1483), roi de France. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il régna à partir de 1461. Il combattit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qu’il vainquit en 1477 après avoir dénoué l’alliance de la BourgogneLire la suite… vient causer avec son premier ministre, et répond à Tristan qui, lui montrant Quentin, fait un nœud coulant à sa corde : « Pas de violences ; je les ai en horreur quand elles sont inutiles. » Le roi réveille le dormeur et l’invite à déjeuner ; peu à peu la conversation prend une tournure confidentielle, et Quentin Durward raconte à son compagnon de table la rencontre qu’il a faite de deux nobles dames chevauchant sur les frontières du duché de Bourgogne, et qui, grâce à lui, ont échappé aux poursuites des hommes d’armes du comte Philippe. La plus jeune a laissé dans l’âme de son libérateur une impression, un souvenir que rien ne saurait effacer :

Hélas ! qu’elle était belle !

Ma mémoire fidèle,

Non, jamais n’oubliera

Ce doux regard, cette voix-là.

Et, en effet, à peine là servante Jacqueline a-t-elle posé sur la table les bouteilles que maître Pierre a demandées, Quentin pousse un cri de surprise et reconnaît Isabelle dans la fille de l’hôtelier Landry. Cette situation amène tout naturellement un trio, et après le trio, une chanson à boire.

Le duc Charlot,

D’un mot,

Lorsqu’il se réveille en colère,

Prétend et croit

Qu’il doit

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et qu’il est maître du tonnerre.

Laissons-le faire,

Et répétons, le verre plein :

Vive son vin

D’Auxerre !

La chanson a deux couplets : elle est pétillante d’esprit et de malice, comme il convient à une chanson mise dans la bouche du roi Louis XILouis XI de ValoisLouis XI (Bourges, 3 juillet 1423 – Château de Plessis-lez-Tours 30 août 1483), roi de France. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il régna à partir de 1461. Il combattit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qu’il vainquit en 1477 après avoir dénoué l’alliance de la BourgogneLire la suite…. L’accompagnement du refrain est orné d’un petit effet de cymbale très original. Je glisse légèrement sur une ariette à deux voix dans laquelle le tintement d’une bourse a dû rappeler les célèbres couplets de Marco à tous ceux qui ont vu ou qui n’ont pas vu jouer les Filles de marbreFilles de marbre, LesLes Filles de marbre, drame en cinq actes par Théodore Barrière et Pierre-Antoine-Auguste Thiboust dit Lambert-Thiboust créé au Théâtre du Vaudeville le 17 mai 1853.Lire la suite…, et je m’empresse de signaler le beau chœur des bohémiens avec ses éclats de trompette et son carillon. Les tambours basques résonnent entre les mains des danseuses ; la garde écossaise s’avance au son des musettes, et les soldats de Leslie-le-Balafré entonnent à pleine voix ce chant magnifique, cette inspiration grandiose qui révèle toute la puissance de style, toute la verve énergique du compositeur :

Au souvenir de la patrie,

Buvons amis le vin gaulois.

Le vin des archers écossais, n’est pas le petit vin d’Auxerre.

Pendant l’entr’acte, les opinions les plus diverses circulent et se croisent dans le foyer et le long des couloirs. Les éloges l’emportent de beaucoup sur la critique.

Pénétrons dans l’un des appartemens du château de Plessis-lès-Tours, où la princesse Isabelle est sous la protection de Louis XILouis XI de ValoisLouis XI (Bourges, 3 juillet 1423 – Château de Plessis-lez-Tours 30 août 1483), roi de France. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il régna à partir de 1461. Il combattit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qu’il vainquit en 1477 après avoir dénoué l’alliance de la BourgogneLire la suite….

Enfin le roi me tend une main généreuse,

L’andante de cet air à panaches, comme on l’a appelé, m’a semblé préférable à l’allegro ; mais franchement je n’aime guère mieux l’allegro que l’andante ; l’exécution a dû influer sur mon jugement, et j’en suis également fâché pour la cantatrice et pour le compositeur.

La ballade du capitaine Leslie a quelque ressemblance avec la chanson du capitaine Roland dans les MousquetairesMousquetaires de la reine, LesLes Mousquetaires de la reine, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henri de Saint-Georges mis en musique par Fromental Halévy et créé à l’Opéra-Comique le 3 février 1846.Lire la suite… ; en revanche, j’ai trouvé très neuve et très caractéristique la petite marche écossaise jouée par les deux hautbois et terminée à chaque période par un trait de clarinette basse.

Le chœur des dames et des seigneurs de la cour est interrompu par les fanfares qui annoncent Philippe de Crèvecœur, l’envoyé de Charles-le-Téméraire.

Sire, le puissant duc de Bourgogne, mon maître,

M’a donné mission de vous faire connaître

Les abus et méfaits commis par vos soldats

Aux frontières de ses Etats.

Ce récit est d’une grande beauté. Les accents religieux de l’orgue précèdent la réponse du roi : aujourd’hui, sa fille se marie ; il renvoie les affaires politiques au lendemain.

Resté seul, Philippe de Crèvecœur chante une romance fort tendre en l’honneur de la princesse Isabelle ; puis, le hasard ayant réuni ces deux personnages, ils s’essayent l’un après l’autre dans le même cantabile, qu’ils ne chantent ni avec la même voix, ni avec la même expression, ni avec le même style.

Le second final est, comme le premier, mêlé de chœurs et de danses ; Louis XILouis XI de ValoisLouis XI (Bourges, 3 juillet 1423 – Château de Plessis-lez-Tours 30 août 1483), roi de France. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il régna à partir de 1461. Il combattit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qu’il vainquit en 1477 après avoir dénoué l’alliance de la BourgogneLire la suite… invite Quentin à lui chanter une ballade de son pays. Jeanne de France et le duc de Bourgogne, immobiles et couronnés, prêtent une oreille attentive aux accens mélodieux du jeune archer ; mais tout à coup la fête est troublée par les trompettes du comte de Crèvecœur, dont les fanfares, cette fois, ont quelque chose de belliqueux et de menaçant. L’ambassadeur du duc de Bourgogne, recouvert d’une riche armure et coiffé d’un casque monumental, vient réclamer la princesse Isabelle au nom de son maître ; la princesse refuse de le suivre. Déclaration de guerre, défi ; le gant est jeté au plus courageux, et c’est Quentin qui le ramasse. En apercevant la coiffure gigantesque du noble comte, Louis XILouis XI de ValoisLouis XI (Bourges, 3 juillet 1423 – Château de Plessis-lez-Tours 30 août 1483), roi de France. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il régna à partir de 1461. Il combattit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qu’il vainquit en 1477 après avoir dénoué l’alliance de la BourgogneLire la suite… dit tout bas à ses courtisans :

Ah ! dussé-je vous paraître

Bizarre, fantasque….. et flatteur,

Je préfère le vin du maître

Au casque de l’ambassadeur.

Il y a dans ce final beaucoup de vigueur et de mouvement : on voit que M. Gevaert excelle dans l’art de faire mouvoir les grandes masses et de combiner entre elles les différentes sonorités de l’orchestre.

On a dit que le second acte n’était pas à la hauteur du premier : cela tient sans doute aux situations que le musicien a eues à traiter, et qui ont dû lui offrir moins d’intérêt que les situations précédentes.

Au début du deuxième acte, les soldats bourguignons choquent leurs verres et chantent un chœur d’une allure excellente, d’un caractère très franc ; à ce morceau d’ensemble, dont il serait superflu de louer l’habile disposition des parties, succède une plaintive cavatine qui commence par ces mots :

Triste flamme éteins-toi !

Ce pauvre comte de Crèvecœur est bien malheureux d’avoir été forcé de laisser la princesse Isabelle à la cour du roi de France ; mais l’idée lui vient de noyer son chagrin au fond du verre et il chante à pleine voix :

Versez le vin par qui l’on oublie…

Cette strette a été bissée. Deux petits bohémiens, escortés de maître Pavillon, le syndic des cordiers de Liège, racontent à Crèvecœur la fuite de Quentin et d’Isabelle, et comme ils ne sont pas très d’accord sur les détails de l’événement, ils s’accusent l’un l’autre avec beaucoup de vivacité. Cela fait un gentil petit trio bouffe dans lequel le compositeur a su montrer toute la souplesse de son talent et de son esprit.

La princesse de Croï a échappé par miracle aux soldats de Guillaume de la Marck ; la tante Hameline est restée au pouvoir de l’ennemi. Crèvecœur, Leslie et Quentin font le serment de rapporter aux pieds de Louis XILouis XI de ValoisLouis XI (Bourges, 3 juillet 1423 – Château de Plessis-lez-Tours 30 août 1483), roi de France. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, il régna à partir de 1461. Il combattit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne qu’il vainquit en 1477 après avoir dénoué l’alliance de la BourgogneLire la suite… la tête du Sanglier. Isabelle appartiendra au vainqueur. Ce trio est peut-être la page la plus remarquable et la mieux réussie de l’ouvrage ; il est tout plein d’élan chevaleresque, de passion, d’énergie, et la sensation qu’il a produite a été très vive. On ne pouvait pas clore plus dignement une œuvre qui, si elle a le défaut d’afficher des prétentions à la grande musique, a du moins le mérite de les justifier.

A côté des éloges que l’on donne à la partition de Quentin DurwardQuentin DurwardQuentin Durward, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré mis en musique par François Gevaert et créé à l’Opéra-Comique le 25 mars 1858.Lire la suite…, j’entends répéter que M. Gevaert est un savant, et qu’il parle couramment sept à huit langues. J’en suis bien aise, mais je doute cependant que M. Gevaert soit jamais aussi célèbre comme polyglotte qu’il le deviendra certainement comme musicien. Il sait tout ce qui a été écrit en musique et sur la musique ; il a autant d’expérience que peuvent en avoir les plus vieux maîtres, et quant à toutes ces qualités on joint le don de l’inspiration, on est un compositeur hors ligne.

L’exécution de Quentin DurwardQuentin DurwardQuentin Durward, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré mis en musique par François Gevaert et créé à l’Opéra-Comique le 25 mars 1858.Lire la suite… laisserait beaucoup à désirer, si en désirant beaucoup, on était sûr d’obtenir au moins quelque chose. Je ne dis pas cela pour les chœurs qui, sous l’intelligente direction de M. CornetteCornette, VictorVictor Cornette (Amiens, 27 septembre 1795 – Paris, 19 février 1868), chef de chœur. Il étudia au Conservatoire de Paris puis entra comme musicien au 12e régiment de grenadiers-tirailleurs de la garde impériale en 1813 et fit campagne en Belgique et en Hollande. Il fut chef de musique d’un Lire la suite…, fonctionnent avec une très grande précision et avec ensemble. L’orchestre de l’Opéra-Comique contient les élémens les meilleurs : il a à sa tête un chef très habile et très dévoué, mais il accompagne souvent trop fort.

Quentin DurwardQuentin DurwardQuentin Durward, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré mis en musique par François Gevaert et créé à l’Opéra-Comique le 25 mars 1858.Lire la suite… aura cent représentations consécutives.

Il n’est point vrai, comme je l’ai entendu dire, que M. Gevaert ait été rappelé, après la chute du rideau, par les nombreux amis qu’il pouvait avoir dans la salle. Ceux qui l’ont forcé de reparaître sont des habitués de l’Opéra-Comique, gens fort bruyans dans leurs manifestations enthousiastes, mais parfaitement distingués, du reste, bien qu’ils ne portent jamais de gants.