Le Journal des Débats, 2 décembre 1866 (article signé E. Reyer).

FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

DU 2 DÉCEMBRE 1866.

OPÉRA-COMIQUE.

MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite…, opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, paroles de MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Jules BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite…, musique de M. Ambroise Thomas (de l’Institut).

 

Je ne puis me défendre d’une certaine émotion en écrivant pour la première fois dans un journal dont le grand renom littéraire est soutenu par quelques unes des plus vaillantes plumes de notre époque. Le ténor qui, paraissant devant un public nouveau, est pris d’un accès de timidité (ce cas est heureusement fort rare), trouve toujours dans la coulisse le régisseur qui sollicitera pour lui l’indulgence du public ; mais le plus obscur comme le plus éminent des feuilletonistes, n’ayant pas de régisseur à ses ordres, je suis bien forcé de m’avancer moi-même sur le devant de la scène, de faire à mes lecteurs les trois révérences d’usage, et de les supplier, lorsqu’ils liront mon humble prose, de ne songer ni au brillant esprit de M. Hector BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, ni à la saine érudition du très regretté J. d’OrtiguesOrtigue, Joseph Louis d’Joseph-Louis d’Ortigue (Cavaillon/Vaucluse, 22 mai 1802 – Paris, 20 novembre 1866), écrivain, critique musical et compositeur. Cousin de Castil-Blaze, il fit des études de droit et devint avocat puis juge auditeur au tribunal civil d’Apt (1828). Rejoignant Paris, il fut attaché au comité dLire la suite… [d’Ortigue]Ortigue, Joseph Louis d’Joseph-Louis d’Ortigue (Cavaillon/Vaucluse, 22 mai 1802 – Paris, 20 novembre 1866), écrivain, critique musical et compositeur. Cousin de Castil-Blaze, il fit des études de droit et devint avocat puis juge auditeur au tribunal civil d’Apt (1828). Rejoignant Paris, il fut attaché au comité dLire la suite…. Après cela, je promets que je ferai de mon mieux, et, à ceux qui diront de moi : « Il écrit comme un musicien et il fait de la musique comme un feuilletoniste », je répondrai simplement que la plaisanterie est excellente, mais qu’elle me parait tant soit peu surannée.

Quant à ma profession de foi, je l’ai faite ailleurs et je n’ai peut-être pas besoin de la renouveler ici : si j’ai de très vives prédilections, je n’ai pas de parti pris, pas de préventions systématiques, et je sais reconnaître le bien partout où il est réellement, en faisant toutefois cette réserve, qu’il est absolu dans les œuvres d’une certaine école, et que dans d’autres il ne peut être que relatif ; l’amour du beau ne m’empêche point de convenir que le joli est aimable ; j’ai l’estomac assez complaisant pour pouvoir dîner d’une symphonie et souper d’une chanson. De là à être éclectique, il y a loin ; de là à applaudir les pauvretés musicales pour lesquelles une fraction beaucoup trop considérable du public parisien se passionne depuis quelques années, la distance est plus grande encore. Puisque je viens de parler de tendances actuelles du dilettantisme parisien (je dis actuelles, mais elles sont déjà de vieille date), qu’il me soit permis de faire une réflexion qui trouve ici tout naturellement sa place : on confond chez nous le sentiment musical avec la recherche de certaines sensations que je ne veux pas qualifier d’une façon trop brutale, auxquelles la musique sert de prétexte et auxquelles cependant elle est tout à fait étrangère. Pourquoi cette confusion et d’où vient-elle ? Je ne puis guère me l’expliquer que par la prétention que nous avons en général de vouloir juger et comprendre les arts spéciaux (la musique surtout) avec nos nerfs, avec nos sens, sans éducation préalable, sans l’aide de connaissances acquises. Quand on parle à certaine gens de la valeur d’une œuvre qui n’est point de leur goût, ils vous répondent sans la moindre hésitation que cette œuvre ne leur a pas plu, qu’ils y ont bâillé ou dormi, et, partant, qu’elle est mauvaise. Ont-ils pris plaisir à l’audition d’un petit opuscule burlesque, de quelqu’une de ces bouffonneries que les Allemands appellent Possen, qui les divertissent fort, mais qu’ils tiennent pour ce qu’elles valent, aussitôt vous voyez ces mélomanes trop faciles à émouvoir proclamer qu’ils ont trouvé leur critérium musical, vous rappeler sentencieusement la vieille et sotte qualification de la musique, et en conclure que puisque la musique est un art d’agrément, il n’y a d’autre musique que la musique agréable. Est-ce à dire pour cela qu’il faille faire subir un examen de solfège ou de contrepoint à toute personne qui se présente à la porte d’une salle de concert ou d’un théâtre lyrique où l’on exécute une œuvre sérieuse ? Assurément non ; mais je voudrais que le public, prêché plus souvent par des gens compétens et désireux de l’instruire, comprît qu’il doit se défier un peu plus de ses goûts naturels, de ces préférences pour le joli, le facile, le trivial même ; se défier de ses impressions du moment quand il entend pour la première fois une œuvre savante et forte, et qu’il doit surtout ne pas se hâter d’affirmer son opinion sur l’œuvre elle-même et sur l’artiste convaincu qui l’a péniblement et consciencieusement élaborée. Je m’en souviens, il y a bien longtemps de cela, et j’aime à confesser un péché de jeunesse : on venait de donner la première représentation du ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite…, à laquelle j’avais assisté dans les conditions les plus fatigantes : mal assis, mal avoisiné, juché sur un banc et adossé à l’une des cariatides de l’amphithéâtre (le paradis de l’opéra). J’en étais sorti moulu, harassé, abasourdi, donnant le bras à un ami à qui j’avais hâte de faire mes confidences, de raconter mes impressions. Que Dieu me pardonne, après MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, auquel je fis plus tard l’aveu de ma faute, toute les hérésies qui sortirent de ma bouche cette nuit-là. Les tuyaux de cheminée de la rue des Martyres s’éclairaient déjà aux premiers feux du crépuscule, et je cherchais encore des mots, des phrases et des périphrases pour exprimer mes doléances, pour définir et justifier mon ennui. Les comparaisons les plus absurdes venaient au bout de ma langue et s’en allaient rebondir aux oreilles de mon ami, qui haussait les épaules et me laissait parler. Quand j’eus fini, il me serra la main et me fit promettre que je retournerai entendre Le ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite…, dans de meilleures conditions que la première fois. J’y retournai, en effet, et, mieux placé, mieux disposé, je compris alors ce que je n’avais pas compris la veille : les beautés de l’œuvre m’apparurent dans toute leur splendeur ; je les voyais défiler devant moi comme de belles statues mouvantes qui se dévoilent à mesure qu’elles passent ; c’était une transfiguration, c’était une initiation spontanée, c’était la révélation du chef-d’œuvre. Depuis cette aventure, dont l’impression ne s’effacera jamais de mon souvenir, je me défie du jugement de ceux qui, après une seule audition, croient pouvoir se prononcer sur la valeur d’une œuvre, et je me défie aussi de mon propre jugement.

Que l’on ne croie pas que les réflexions qui précèdent, pas plus que celles qui vont suivre, m’éloignent de mon sujet ; je pense à Mignon, tout en écrivant ces lignes, comme Mignon pense à la patrie absente pendant qu’elle exécute le fameux pas des œufs.

Ah ! que de déceptions cruelles, que de déboires, de regrets, de larmes, de colères et de malédictions le public, plus défiant de lui-même et plus circonspect dans son opinion, eut évités à l’artiste qui ose lui dire « Venez à moi, qui veux vous élever et vous purifier, car ma dignité me défend d’aller à vous ; qui voulez me corrompre ! » Des années de veilles et de labeur incessant, toutes les convictions d’un grand esprit, toutes les aspirations vers le beau d’un talent original et fort devront-elles donc s’évanouir en une seule soirée, devant l’attitude hostile ou ennuyée d’une foule souvent ignorante et quelque fois pleine de préventions ? Le spectateur qui bâille, qui critique ou qui proteste dans sa stalle, songe-t-il à l’angoisse du compositeur qui écoute dans la coulisse, déjà en proie aux pressentimens de sa chute ? De belles œuvres ont été quelquefois acclamées dès qu’elles ont paru, cela est vrai ; d’autres se sont imposées au public, qui ne s’en est pas plaint par la suite ; mais combien d’autres aussi ont été violemment repoussées qui méritaient de vivre avec éclat dans le présent, comme elles vivront grandes et admirées dans l’avenir ! Pris en masse, les spectateurs réunis dans une salle de théâtre ou dans une salle de concert doivent être acceptés avec toutes leurs qualités, avec tous leurs défauts, car assurément le public est le seul juge ; ses instincts le mènent ; mais la mission du critique n’est elle point de le guider et de lui donner l’exemple de la réflexion, de la circonspection et du doute ? Sommes-nous vraiment infaillibles, et les augures de tous les temps n’ont-ils donc laissé sortir que des vérités de leurs bouches ? Croyez bien, ô lecteurs que mon discours ennuie peut-être, croyez bien que la plupart de mes confrères sont de mon avis, et que plus d’un m’a confié combien il lui en coûtait de rendre ses oracles avec trop de précipitation pour céder à de regrettables exigences, pour se conformer à de fâcheuses traditions. MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite… n’est certainement pas une œuvre immense, une œuvre grandiose, une œuvre sublime, abstraite, profonde, complexe, transcendante, quintessenciée ; non, c’est un ouvrage charmant, écrit par un musicien de haute valeur et qui trouve dans la force même de sa science et de son érudition la grâce, l’esprit et la légèreté ; il y a même dans certaines pages de la partition une tendresse, un charme, une poésie qui vous enchantent du premier coup, d’adorables détails d’instrumentation et des harmonies d’une finesse exquise ; mais avant de parler de MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite…, j’ai voulu l’entendre deux fois (deux fois seulement !) et encore ne me hasardé-je à en parler qu’en faisant de prudentes réserves et en priant cet éminent confrère qui s’appelle Ambroise Thomas, dont le talent m’impose et la bienveillance m’attache, de me pardonner mes oublis, mes inexactitudes et mes défaillances.

Que de fois n’ai-je pas vu le musicien de génie, le fougueux apôtre du beau et du vrai dans l’art qui l’a rendu illustre, l’écrivain plein d’enthousiasme et de colères qui pendant vingt ans a répandu à cette même place les trésors de son savoir et de son esprit, que de fois ne l’ai-je pas vu, hésitant et perplexe, devant l’œuvre qu’il avait à analyser, alors même qu’il n’était gêné dans la libre expression de son jugement par aucune considération d’amitié, de camaraderie, par des influences auxquelles on ne peut se soustraire, par des convictions avec lesquelles on ne veut pas transiger ! Sa plume reposait inerte à côté de lui ; ses feuillets tout blancs le sollicitaient en vain ; à l’heure du danger, le courageux athlète sentait ses forces faiblir ; il hésitait, il doutait, et, le front dans sa main, il semblait attendre que la lumière se fit dans son esprit troublé. Celui-là pourtant est un maître en l’art d’écrire, et si quelquefois le musicien a mal jugé, le lion a toujours bien rugi. Lui-même a raconté à d’autres qu’à moi ses perplexités et ses doutes ; mais moi qui les ai vus de près, je ne puis me défendre d’y songer en ce moment, et plus je m’en souviens, plus je sens ma timidité s’accroître à ce souvenir. Essayons cependant d’arriver à l’accomplissement de notre tâche, et,  pour nous y encourager, constatons d’abord l’excellent accueil que le public a fait au poëme et à la partition.

On n’a peut-être pas toujours rendu à MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Jules BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite… la justice qu’ils méritent. Ce sont des poëtes au moins autant que des librettistes, et ceux qui ont été témoins de leurs débuts au théâtre ne doivent pas l’avoir oublié. Qu’ils se soient trompés quelquefois, que quelquefois aussi, pressés par des directeurs toujours avides de nouveautés, ils aient été un peu trop vite en besogne, cela doit être vrai, puisqu’on le leur a reproché ; mais ce qui est également à l’abri de toute contradiction, c’est qu’ils ont écrit plus d’un poëme qui aurait pu être lu s’il n’eût été chanté, et que leur collaboration est fort recherchée par les compositeurs, jeunes et vieux, par les débutans et par les maîtres. Une chose cependant m’a toujours étonnée, c’est que dans une œuvre lyrique on fit la part si grande à l’auteur des paroles, au poëte si l’on veut, comparativement à celle que l’on fait au musicien. S’il m’était possible de donner le chiffre des œuvres tombées, tombées pour ne se relever jamais, on verrait la quantité de partitions très recommandables que de mauvais livrets ont entraînées dans leur chute, tandis qu’un poëme intéressant, de beaux décors, une riche mise en scène, le talent d’un artiste en vogue, la voix exceptionnelle d’une cantatrice n’ont fait accepter que trop souvent une partition médiocre. En Allemagne, la patrie de Wilhelm Meister, il n’en est point ainsi, et l’on pense assez généralement que la chose essentielle dans un opéra romantique, comique ou sérieux, c’est la musique. Voilà comment FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, EuryantheEuryantheEuryanthe, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Helmina von Chézy mis en musique par Carl Maria von Weber et créé Kärntnertortheater de Vienne 25 octobre 1823.Lire la suite…, Obéron OberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite…et même Don JuanDon Giovanni (Don Juan)Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni, K.V. 527, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Théâtre des Etats de Prague le 29 octobre 1787. Mozart fit des modifications pour la création de l’œuvre au Burgtheater deLire la suite… sont restés, de l’autre côté du Rhin, des chefs-d’œuvre admirés en dépit de poëmes dont l’intérêt et le mérite littéraire nous échappent complètement. Aujourd’hui nous applaudissons ces ouvrages, peut-être plus par déférence que par conviction, parce que ce sont des ouvrages classiques, et parce que, depuis quelques années, à ce que prétendent des gens beaucoup mieux informés que moi, les sympathies du public parisien sont toutes en faveur de la musique classique. Je le veux bien, mais n’oublions pas que l’enthousiasme du public pour ces belles œuvres ne se manifesta guère lors de leur première apparition en France, qu’on les loue même aujourd’hui peut-être plus qu’on ne les admire, et que FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, appelé par quelques uns le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, malgré les beautés de la partition, le talent de la cantatrice chargée du rôle de Léonore et les retouches faites au poëme, a beaucoup moins réussi qu’EuryantheEuryantheEuryanthe, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Helmina von Chézy mis en musique par Carl Maria von Weber et créé Kärntnertortheater de Vienne 25 octobre 1823.Lire la suite…, Obéron OberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite…et Don JuanDon Giovanni (Don Juan)Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni, K.V. 527, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Théâtre des Etats de Prague le 29 octobre 1787. Mozart fit des modifications pour la création de l’œuvre au Burgtheater deLire la suite… surtout. Si l’un de nos librettistes eût offert à un compositeur français, aussi grand que BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… (c’est une simple supposition que je fais là), le livret de FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, celui-ci l’eût refusé assurément, car je doute qu’il eût trouvé un directeur disposé à représenter sur un théâtre un drame où l’on voit à la première scène Marguerite, la fille du geôlier Rock, repasser les chemises de son père tout en coquettant avec son ami Fritz. Pour FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, comme pour AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite…,  c’est donc le poëme qui a fait le plus grand tort à la musique, un tort irréparable et que les musiciens déplorent. Etes-vous compositeur et voulez vous avoir neuf chances sur dix de réussir ? Eh bien ! ayez un bon poëme, un poëme intéressant, pas trop difficile à comprendre, très dramatique si c’est un opéra, très amusant si c’est un opéra-comique, et soyez sûr alors que les sympathies du public français ne vous manqueront pas.

Il suffit d’avoir lu une fois Les Années d’apprentissage de M. Wilhelm MeisterAnnées d’apprentissage de M. Wilhelm Meister, LesLes Années d’apprentissage de Wilhelm Meister par Goethe, traduction nouvelle par Jacques Porchat. Paris : Hachette, 1860.Lire la suite… pour comprendre que Mignon n’est qu’un souffle, une ombre charmante et poétique dans le roman de Gœthe, et qu’il a fallu plus que de l’habileté, presque de l’imagination, pour arrêter ce souffle qui passe, donner un corps à cette ombre qui glisse, et grouper autour de cette fugitive et délicate fiction, tous les incidens, tous les personnages d’un drame vivant. Pour la plus grande partie du public qui ira applaudir l’œuvre nouvelle de M. Ambroise Thomas, MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite…, avant d’être un opéra, n’était qu’une chanson et une gravure ; mais quelle jolie chanson et quel charmant tableau ! Le tableau qu’un grand peintre a signé aurait suffit pour immortaliser le grand peintre ; la chanson, BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… et SchubertSchubert, Franz PeterFranz Peter Schubert (Vienne, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1728), compositeur. Il étudia d’abord avec le chef de chœur de l’église de Lichtental, Michael Holzer, qui lui permit de passer l’examen d’entrée et de devenir boursier en 1808 à la chapelle de la Cour comme petit chaLire la suite… l’ont mise en musique, MompouMonpou, Francois-Louis-HippolyteFrançois-Louis-Hippolyte Monpou (Paris, 12 janvier 1804 – Orléans, 10 août 1841), compositeur. Il étudia à l’École de musique fondée par Alexandre Choron, où il y fut également employé comme répétiteur-accompagnateur. Ses ballades et ses romances telles Deux Archers, L’Andalouse eLire la suite… et d’autres pareillement ; les maîtres et les écoliers s’y sont essayés ! combien peu y ont réussi ! Le dernier venu a-t-il mieux fait ou seulement aussi bien que ses illustres prédécesseurs ? Je ne sais, mais il a fait autrement ; pour lui, MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite… devenue l’héroïne du drame, il lui a semblé qu’elle pouvait chanter avec plus de passion son chant de regret et d’amour, et il a fait succéder au ton langoureux du couplet l’explosion passionnée du refrain.

Il y a dans le texte du roman de Gœthe, fort scrupuleusement traduit par M. Jacques Porchat (je ne connais pas encore la nouvelle traduction de M. Théophile Gautier fils) :

«  Mignon commençait chaque strophe d’une manière pompeuse et solennelle, comme pour préparer l’attention à quelque chose d’extraordinaire, comme pour exprimer quelque idée importante. Au troisième vers, le chant devenait plus sourd et plus grave. Ces mots : Le connais-tu ? étaient rendus avec réserve et mystère ; c’est là ! c’est là ! étaient plein d’un irrésistible désir, et, chaque fois, elle savait modifier de telle sorte les dernières paroles : Je voudrais aller avec toi ! quelles étaient tour à tour suppliantes, pressantes, pleines d’entraînement et de riches promesses. »

M. Ambroise Thomas n’a point essayé de reproduire toutes ces nuances dans le chant de Mignon ; il a réussi par un procédé plus simple, mais il a réussi.

Il eût été difficile aux auteurs du poëme de MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite… de transporter à la scène quelques uns des personnages de Gœthe sans altérer leur caractère, leur physionomie, et même sans les métamorphoser complètement. Ainsi, le joueur de harpe a pris le nom de Lothario, et au troisième acte, vêtu du costume des patriciens de Venise, on le voit sortir de la chambre du comte Cipriani, où depuis quinze ans les araignées tendaient leurs toiles, tenant sous le bras une cassette au fond de laquelle Mignon va retrouver la raison.

N’oublions pas que MM Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Jules BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite…, placés entre le roman de Gœthe et l’opéra-comique, ont dû incliner plus d’une fois vers l’opéra-comique ; la scène des saltimbanques est reproduite à peu près textuellement ; la scène des saltimbanques est reproduite à peu près textuellement ; Mignon refuse de danser le fameux pas des œufs ; son maître la menace du bâton ; Wilhelm arrive fort à point pour la défendre, et, à la scène suivante, il la rachète moyennant cent ducats au frère du grand diable. Mignon, très émue et reconnaissante, partage ses fleurs entre Wilhelm et Lothario ; puis, apercevant au corsage de Philine le bouquet qu’elle a donné à son nouveau maître, son petit cœur tressaille au premier accès d’une jalousie qui devrait la tuer, mais qui ne la tuera pas. Dans la première version du drame de MM. CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite… que j’ai eue sous les yeux, Mignon mourait, ce qui était plus conforme à la vérité du roman ; le drame de ces messieurs était alors destiné au Théâtre-Lyrique, où Marguerite est morte, où Juliette va mourir ; transportée sur une scène où tant de mariages se sont célébrés déjà, Mignon ne pouvait donner le spectacle de son agonie à un public ennemi des dénoûmens tragiques. Voilà pourquoi, malgré Gœthe, malgré M. Ambroise Thomas, malgré MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Jules BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite… eux-mêmes, Mignon, redevenue Sperata, la fille du comte Cipriani, après s’être réconciliée avec Philine, épouse au tableau final M. Wilhelm Meister. Le théâtre a ses exigences, je le sais ; MM. CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite… le savent mieux que moi ; cependant je leur pardonne moins volontiers d’avoir conduit Mignon à l’autel de l’hyménée que d’avoir mêlé à la poétique légende de leur héroïne la lamentable histoire de Sperata. Mais ce n’était point assez de marier Mignon ; il fallait aussi, pour que la joie des spectateurs fût complète, composer un dénoûment où l’on vit défiler toute la troupe, villageois et villageoises du lac de Garde, armés de boulettes enrubannées, dansant une forlane (espèce de tarentelle), en se groupant autour de Philine pour écouter les vocalises de Mme. CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite…. J’avoue que cela ne m’a point plu et que je ne suis pas le seul de mon avis. Mais, en somme, c’est là une critique bien légère et qui ne doit atténuer en rien les éloges que j’ai donnés à l’œuvre de deux librettistes, de deux poëtes dont j’apprécie infiniment l’esprit, le talent et l’habileté. La scène où Mignon lit dans le livre d’Heures de son enfance la prière qu’elle épelait autrefois, puis ferme le livre et achève la prière commencée, cette scène-là est adorable de grâce, de naïveté et de poésie ; le compositeur l’a traitée avec un art infini, avec une délicatesse extrême ; aussi l’auditoire s’est-il montré fort ému.

On ne critique pas un musicien de la valeur de M. Ambroise Thomas et on ne lui donne pas de conseils ; je prendrai cependant la liberté de lui dire qu’il eût peut-être mieux fait en ne donnant pas une si grande importance musicale au rôle de Philine. Ce rôle, il ne l’a pas écrit pour lui ; il l’a écrit pour le public, et le public, qui a quelquefois des caprices d’enfant gâté ou de petite-maîtresse, n’a pas récompensé M. Ambroise Thomas de sa condescendance : il s’est montré beaucoup plus charmé par les douces cantilènes de Mignon que par les morceaux à très grand effet, les trilles, les arpèges et les roulades de Philine ; entre Mignon et Philine, c’était assez d’une rivalité de femme, il n’était pas besoin que ce fût aussi une rivalité de cantatrices.

Et maintenant, sans entrer dans l’analyse technique de la partition, genre d’analyse à laquelle les lecteurs des grands journaux prennent peut-être moins de goût que ceux des feuilles spéciales, je vais citer les morceaux qui m’ont le plus particulièrement charmé dans l’œuvre nouvelle de M. Ambroise Thomas : L’ouverture, d’abord, dans laquelle sont fort habilement liés ensemble plusieurs des thèmes favoris de la partition : la chanson de Mignon, la polonaise de Philine, la tarentelle finale, et qui débute par un adagio de violons tout à fait remarquable. L’entrée des bohémiens a de la couleur, du mouvement, et l’on ne regrette qu’une chose : c’est de ne pas rencontrer en Hongrie, en Espagne, en Russie et ailleurs des Tziganes aussi élégamment vêtus que ceux qui défilent autour du chariot rustique sur la scène de l’Opéra-Comique. La marche à trois temps, le chœur, le chant et la danse, tout cela est écrit de main de maître et a été fort applaudi.

Mignon, interrogée par Wilhelm lui répond par phrases syllabiques chantées sur deux ou trois notes qui suivent les modulations du chant exécuté par les violons de l’orchestre. On a voulu voir là une réminiscence de Faust FaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…; le procédé n’est pourtant pas le même, et l’effet non plus : dans FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…, c’est un à-parté, un souvenir qui préoccupe Marguerite pendant qu’elle chante la ballade du roi de Thulé ; dans MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite…, c’est un récit qui, avec ses péripéties et ses progressions, arrive, malgré le caractère de simplicité dont il est empreint d’un bout à l’autre, à un très grand effet dramatique. Un petit duo entre Mignon et le joueur de harpe : Charmantes hirondelles, a été bissé ; on n’a pas fait le même honneur à l’air que chante Wilhelm au second acte : Adieu MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite…, et qui vaut mieux, selon moi, que ce petit duo. C’est une inspiration charmante, c’est l’expression vraie et bien trouvée d’un sentiment tout plein de tendresse et de douleur. Le madrigal de Laerte, délicieusement détaillé par M. CoudercCouderc, Joseph-Antoine-CharlesJoseph-Antoine-Charles Couderc (Toulouse, 10 mars 1810 – Paris, 16 avril 1875), ténor. Il fit ses débuts à l’Opéra-Comique en 1834 dans Le Petit Chaperon rouge (Boieldieu)  et ne s’en absenta qu’entre 1843 et 1850, période pendant laquelle il se produisit en province et à l’étrangeLire la suite…, est bien dans la couleur de l’époque ; pour l’écrire, M. Ambroise Thomas a dû mettre un œil de poudre et revêtir la douillette de soie puce de quelque vieux maître contemporain de RameauRameau, Jean-PhilippeJean-Philippe Rameau (Dijon, 25 septembre 1683 – Paris, 12 septembre 1764), compositeur. Fils de l’organiste Jean Rameau, il étudia au collège jésuite des Godrans mais interrompit ses études suite au décès de sa mère en 1697. Dès 1699, il travailla comme organiste suppléant de son pèreLire la suite… et de Mme de PompadourPompadour, Jeanne Antoinette, Marquise deJeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (Paris, 29 décembre 1721 – Château de Versailles, 15 avril 1764). Elle reçut une éducation soignée, apprit les arts d’agrément : dessin, musique, peinture et danse, suivit des cours de chant avec Pierre de Jélyotte ainsi des cours de décLire la suite…. Je dois encore citer au second acte le monologue de Mignon, dans lequel elle exhale en accens passionnés sa jalousie contre Philine et les beaux mouvemens d’orchestre qui accompagnent l’incendie du château.

Au troisième acte, j’ai extrêmement goûté l’air du joueur de harpe, où les musiciens ont pu remarquer quelles fines harmonies passent sur la pédale de violoncelles, qui ne résout qu’à la cadence finale. Mignon et Wilhelm chantent un duo d’amour, suivent du regard les balancelles qui glissent sur les eaux du lac, admirent les coteaux verdoyans parsemés d’orangers en fleurs, et s’enivrent des vapeurs embaumées que leur envoie le poétique paysage. Ce duo est coupé par le chant de Philine, dont les notes aiguës entrent comme des flèches dans le cœur de Mignon ; il y a une belle explosion dramatique dans le trio suivant entre Mignon, Wilhelm et Lothario.

Bien que j’aie témoigné déjà de mon peu de sympathie pour le rôle de Philine, je trouve beaucoup à louer dans la polonaise du second acte et dans la tarentelle finale, que Mme Cabel chante du reste avec toutes les qualités vocales que bien peu de gens songent à lui contester.

L’instrumentation de M. Ambroise Thomas a une clarté et une élégance toute particulière ; on n’est pas savant d’une façon plus aimable et plus discrète à la fois. Dans MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite…, comme dans PsychéPsychéPsyché, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 26 janvier 1857.Lire la suite… et dans Le Songe d’une nuit d’étéSonge d’une nuit d’été, LeLe Songe d’une nuit d’été, opéra-comique en trois actes sur un livret de Joseph Rosier et Adolphe de Leuven, mis en musique par Ambroise Thomas, créé à l’Opéra-Comique le 20 avril 1850Lire la suite…, on retrouve M. Ambroise Thomas avec ses légers défauts et ses qualités bien personnelles, qui sont la distinction de la pensée, l’élégance de la forme et la vérité dans l’expression dramatique. Un compositeur qui pendant l’espace d’une heure seulement peut soutenir l’individualité de son style n’est point un compositeur ordinaire, et il y a plus d’une heure de bonne et excellente musique dans MignonMignonMignon, opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 17 novembre 1866.Lire la suite….

Le succès a été grand pour tous : pour les librettistes et pour le musicien, pour les interprètes (Mme Galli-MariéGalli-Marié, CélestineMarie-Célestine-Laurence Marié de l’Isle dite Galli-Marié (Paris, 15 mars 1837 – Vence, 22 septembre 1905), mezzo-soprano. Fille du ténor Mécène Marié de l’Isle, elle épousa le 27 novembre 1855 le sculpteur Jean-Pierre-Victor Gally (Semur-en-Auxois/Côte-d’Or, 22 octobre 1827 – ParLire la suite… passant en première ligne), pour ceux qui ont dessiné les costumes et pour ceux qui ont peint les décors. L’orchestre de M. TilmantTilmant, Theophile-AlexandreThéophile-Alexandre Tilmant, dit Tilmant aîné (Valenciennes, 9 juillet 1799 – Asnières, 7 mai 1878), violoniste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire avec Rodolphe Kreutzer et obtint un 1er  Prix de violon en 1819. Il fut un des cofondateurs de la Société des concerts du ConserLire la suite… a été ce qu’il est souvent : une réunion d’artistes tout à fait à la hauteur de leur tâche.

P.S. L’espace me manque pour rendre compte des concerts de l’Athénée, fondé par M. BischoffsheimBischoffsheim, Louis-RaphaëlLouis-Raphaël Bischoffsheim (Mayence, 20 juin 1800 – Paris, 14 novembre 1873), banquier, administrateur et directeur. Né en 1800 à Mayence, il établit avec succès en 1820 une maison de banque à Amsterdam, qu’il dirigea jusqu’en 1850. En 1850, il s’établit à Paris, où il fut nommé sucLire la suite…, où l’on fait d’excellente musique et où l’on entend M. JoachimJoachim, JosephJoseph Joachim (Kitsee près de Presbourg/Bratislava, 28 juin 1831 – Berlin, 15 août 1907), violoniste, compositeur et pédagogue. Enfant prodige, il étudia à Pest et à Vienne et fit ses débuts à huit ans. Ayant développé toute sa technique dès l’âge de douze ans, il étudia ensuite àLire la suite…, un très grand artiste. J’en parlerai dans mon prochain feuilleton, et je dirai aussi le succès que vient d’obtenir Le Chanteur florentinChanteur Florentin, LeLe Chanteur florentin, scène lyrique sur un texte d’Alfred et Edouard Blau mis en musique par Jules Duprato et créée au Théâtre des Fantaisies-Parisiennes le 29 novembre 1866.Lire la suite…, de M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite…, aux Fantaisies-Parisiennes.