Le Journal des Débats, 15 décembre 1869 (article signé E. Reyer).

FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS

DU  15 DECEMBRE 1869.

REVUE MUSICALE.

THEATRE-ITALIEN : Le Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite…, de Robert Schumann (traduction française de M. Victor Wilder).

Le sujet du Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite…, ou plutôt l’épisode qui a inspiré ce sujet, est tiré de Lalla-RookhLalla-RoukhThomas Moore: Lalla Rookh, an Oriental Romance, Longman Hurst Rees Orme and Brown London, 1817.Lire la suite… et ne tiens pas une bien grande place dans le poëme de Thomas MooreMoore, ThomasThomas Moore (Dublin, 28 mai 1779 – Sloperton/Angleterre, 25 février 1852), poète et écrivain. Il fit des études de droit à Trinity College à Dublin puis à Middle Temple à Londres en 1799. Il devint célèbre pour ses poèmes sur des mélodies irlandaises dont il publia, entre 1808 et 1834Lire la suite…. J’ai déjà dit dans un précédent feuilleton que Emile FlechsigFlechsig, EmilEmil Flechsig (Wiesenburg, 1808 – Zwickau, 1867), pasteur. Ami d’enfance de Robert Schumann, il partagea avec lui un logement à Leipzig alors qu’il étudiait la théologie à l’université et que Schumann y faisait ses études de droit. De 1844 à 1867, il fut pasteur et diacre de Sainte-MaLire la suite…, poëte et théologien, mais plus théologien que poëte, en avait donné la première idée à Robert Schumann, son ami d’enfance. « La traduction d’Emile FlechsigFlechsig, EmilEmil Flechsig (Wiesenburg, 1808 – Zwickau, 1867), pasteur. Ami d’enfance de Robert Schumann, il partagea avec lui un logement à Leipzig alors qu’il étudiait la théologie à l’université et que Schumann y faisait ses études de droit. De 1844 à 1867, il fut pasteur et diacre de Sainte-MaLire la suite…, étant étroitement calquée sur l’original, devait nécessairement subir une transformation complète avant de pouvoir servir de texte à une composition musicale un peu développée, et c’est SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite… qui entreprit lui-même ce travail « avec le vague et l’incertitude particulière à son esprit ; l’unité, cette qualité essentielle, y fait complètement défaut. La cause première en est sans doute inhérente au poëme ; mais une main d’écrivain plus ferme et plus sûre que la sienne aurait certainement remanié le texte d’une façon plus heureuse. » Ainsi s’exprime M. Joseph Wasielewski, auteur d’une biographie de Robert Schumann Traduction de M. F. HerzogHerzog, FerdinandFerdinand Herzog (Seltz/Bas-Rhin, 15 novembre 1830 – Bourges, 15 avril 1907), pianiste, compositeur, chef de chÅ“ur et traducteur. Il était organiste à l’église Notre-Dame de Bourges, chef de la Société chorale de Bourges, qu’il dirigeait dans de nombreux concerts, et professeur de musiqLire la suite…., et il ajoute que, « à cause de son ordonnance, il est presque impossible d’assigner un genre déterminé à cette composition. » — En effet, le Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite… n’est pas plus une cantate qu’un oratorio, et encore moins une symphonie dramatique, comme Roméo et JulietteRomeo et JulietteRoméo et Juliette, symphonie dramatique, Op. 17, pour solistes, chÅ“ur et orchestre sur un texte d’Emile Deschamps d’après William Shakespeare, composée par Hector Berlioz et créée à la Salle du Conservatoire de Paris le 24 novembre 1839.Lire la suite… ou la Damnation de FaustDamnation de Faust, LaLa Damnation de Faust, légende dramatique en quatre parties, Op. 24, pour solistes, double chÅ“ur, chÅ“ur d’enfants et orchestre sur un texte de Gérard de Nerval traduit de Wolfganf von Goethe avec des ajouts d’Almire Gandonnière, mis en musique par Hector Berlioz et créé à l’Opéra-ComLire la suite…, puisque l’orchestre, à part une courte introduction, et quelque importance qu’il ait d’ailleurs par la manière dont il est traité, s’y trouve limité au rôle d’accompagnement. Le Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite… n’est donc qu’une succession de scènes reliées entre elles par un récitatif qui tout en restant étranger à l’action, sert cependant à en expliquer les différentes péripéties. Dans l’admirable trilogie sacrée l’Enfance du ChristEnfance du Christ, L’L’Enfance du Christ, trilogie sacrée pour récitant (ténor), soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret et une musique de Hector Berlioz, créée à la salle Herz à Paris le 10 décembre 1854. Les trois parties de cette Å“uvre ont pour titre: Le Songe d’Hérode; La Fuite en Egypte; L’ArrivéLire la suite…, d’Hector BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, il y a aussi un rôle de récitant confié au ténor ; mais son intervention est beaucoup moins fréquente et moins nécessaire aussi à l’intelligence du drame. C’est, du reste, le seul point de comparaison qu’il soit possible d’établir entre deux ouvrages, que je me garderai bien de placer sur la même ligne.

M. le baron ErnoufErnouf, Alfred-Auguste BaronAlfred-Auguste baron Ernouf  (Paris, 27 septembre 1817 – Paris, 11 février 1889), historien et écrivain. Fils du général de ce nom qui fut baron de l’empire, il collabora à de nombreux recueils politiques et littéraires sur des sujets très divers. Ces articles sur des musiciens contemporLire la suite…, qui a publié il y a quelques années une Notice très détaillée et très bien faite sur la vie et les Å“uvres de Robert Schumann, disait à propos du Paradis et la Péri Paradis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite…: « Il est inconcevable et presque honteux qu’un pareil ouvrage n’ait pas encore été exécuté à Paris. » Maintenant que le voilà exécuté, M. le baron ErnoufErnouf, Alfred-Auguste BaronAlfred-Auguste baron Ernouf  (Paris, 27 septembre 1817 – Paris, 11 février 1889), historien et écrivain. Fils du général de ce nom qui fut baron de l’empire, il collabora à de nombreux recueils politiques et littéraires sur des sujets très divers. Ces articles sur des musiciens contemporLire la suite… est-il satisfait ? Certes, le Théâtre-Italien a bien fait les choses : une belle estrade, des chÅ“urs et un orchestre nombreux, d’excellens solistes ; MlleKraussKrauss, GabrielleGabrielle Krauss (Vienne, 24 mars 1842 – Paris, 6 janvier 1906), soprano. En 1853, elle entra au Conservatoire de Vienne pour étudier le piano, l’harmonie et les langues étrangères avant d’étudier le chant avec Mathilde Marchesi 1858. Elle obtint un 1er prix de piano, de chant et d’harmoLire la suite…, M. NicoliniNicolini, Ernest Nicolas, ditErnest Nicolas, dit Nicolini (Tours, 23 février 1834 – Pau, 19 janvier 1898), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris et obtint un deuxième prix d’opéra-comique en 1856. Il alla ensuite se perfectionner en Italie et, à son retour en 1857, il débuta à l’Opéra-Comique. Il partit ensuLire la suite…, M. AgnesiAgnesi, Luigi-FernandoLouis-Ferdinand-Leopold Agniez dit Luigi-Fernando Agnesi (Erpent/Namur, 17 juillet 1833 – Londres, 2 février 1875), baryton-basse. Il étudia au Conservatoire de Bruxelles et devint maître de chapelle de l’église Sainte-Catherine. Il enseigna la musique et composa de nombreuses mélodies, pubLire la suite…, M. BonnehéeBonnehée, MarcMarc Bonnehée (Moumours/ Basses-Pyrénnées, 2 avril 1828 – Paris, 26 février 1886), baryton. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint, en 1853, les premiers prix d’opéra et de chant et le deuxième prix d’opéra-comique. La même année, il fut engagé à l’Opéra où il débuta Lire la suite…, il a donné ce qu’il avait de mieux et a entouré d’un soin particulier l’œuvre capitale de Robert Schumann. Tous les admirateurs du maître, du moins tous ceux qui résident à Paris, étaient au Théâtre-Italien ce soir-là ; malheureusement il y avait beaucoup de dissidens, beaucoup d’incrédules, beaucoup d’esprits difficiles à convertir aux dogmes d’une religion nouvelle. Cette réserve, cette froideur d’une grande partie de la salle (il n’y a eu de ce côté aucune manifestation bruyante), semble avoir agi sur les exécutans ; on dit même que les difficultés vocales et l’instrumentation du Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite… avaient mal disposé les chÅ“urs et l’orchestre ; mais je n’en crois rien ; tout au plus l’orchestre et les chÅ“urs ont-ils pu se plaindre de ne pas avoir suffisamment répété. Il n’est que trop vrai qu’on ne répète jamais assez. La perfection de l’exécution, c’est la moitié du succès. Et voilà pourquoi le Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite… n’a obtenu qu’un demi-succès. Une seconde audition a eu lieu lundi : la première fois certains mouvemens avaient été trop ralentis ; on s’est décidé à les accélérer ; les nuances ont été mieux observées ; le travail de l’orchestre et des voix a été perfectionné autant que possible, et puis on a employé le moyen suprême, celui qui, d’après la tradition existant au théâtre depuis un temps immémorial, rend à une Å“uvre toute sa fraîcheur, toute sa grâce, toute sa vigueur, toute sa poésie, qui la ranime, qui la ressuscite, qui lui donne la vie : on a pratiqué des coupures ! Ah ! le méchant moyen ! Et pourtant, tôt ou tard il faut passer par là, et tous les compositeurs y ont passé. On a coupé dans le final de FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, on a coupé dans le Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite…, et l’on coupera dans la Coupe du roi de ThuléCoupe du roi de Thulé, LaLa Coupe du roi de Thulé, opéra en trois actes sur un livret de Louis Gallet et Edouard Blau mis en musique par Eugene Diaz et créé à l’Opéra le 10 janvier 1873.Lire la suite…. Dieu sait si j’ai voulu faire un calembour à propos d’une chose aussi triste. Et n’ai-je point raconté qu’avec toutes les coupures qui ont été pratiquées dans les trois opéras de MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, Robert, les HuguenotsHuguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite… et le ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite…, ScribeScribe, Augustin-EugèneAugustin-Eugène Scribe (Paris, 24 décembre 1791 – Paris, 20 février 1861), auteur dramatique, librettiste. Auteur dramatique le plus joué à la Comédie Française en son temps (Bertrand et Raton en 1833, La Camaraderie en 1837, Une Chaîne en 1841), il fut un écrivain prolixe qui écrivit 425 Lire la suite… avait proposé à l’illustre maître de confectionner une Å“uvre nouvelle ? Il n’en fut rien heureusement. Si vous trouvez qu’un ouvrage est trop complexe, trop aride, trop diffus, trop savant, trop nuageux, trop long ou trop lourd pour les oreilles et pour l’intelligence du public, donnez-en seulement quelques fragmens, servez-le par petites doses, mais ne le mutilez point, car vous n’êtes pas bien sûr, surtout lorsque vous agissez sans le consentement de l’auteur, que vous n’en aurez pas retranché ce qu’il y a de plus intéressant et de meilleur. J’admettrai, si l’on veut, que la scène a ses exigences, et que, dans une Å“uvre dramatique, rien ne doit arrêter la marche de l’action ; mais il n’en est pas absolument de même pour une Å“uvre de concert, et, je le répète, c’est un mauvais moyen, et un moyen qui ne réussit pas toujours, que de la mutiler, pour la faire mieux comprendre. Cette fois cependant le moyen a réussi : la seconde exécution du Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite… a été de beaucoup supérieure à la première, et quelques unes des belles pages de la partition ont été chaleureusement applaudies.

SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite… n’est pourtant pas encore arrivé chez nous à une grande popularité, et je doute qu’il y arrive jamais. Très original dans les petites scènes qu’il a écrites pour le piano et dans ses lieder (il écrivait mieux pour le piano que pour les voix), cette originalité est loin d’exister au même degré dans ses symphonies, dans ses Å“uvres de concert, et même dans sa musique de chambre. Souvent aussi il manque de grandeur et se montre inhabile aux développemens des idées, ce qui est le résultat d’études tardives. On connaît l’admiration que lui inspirait le grand Sébastien BachBach, Jean-SebastienJohann Sebastian Bach (Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750), organiste et compositeur. Il fut nommé organiste à la Neue Kirche d’Arnstadt de 1703 à 1707. Ses premières Å“uvres pour orgue datent de cette époque. Il devint organiste à la Blasiuskirche de Mulhausen en 1707 et éLire la suite…. « Chaque jour, écrivait-il à son ami Keferstein, je me prosterne devant ce grand saint de la musique, je me confesse à ce génie incommensurable, incomparable, dont le commerce m’épure et me fortifie. »

Aussi a-t-il souvent employé le style fugué, mais en se tenant toujours à une distance respectueuse de son glorieux modèle. Poëte enclin à la rêverie, il n’a pas la puissance nécessaire à l’expression des grands sentimens dramatiques. C’est un maître, mais un maître plein de défaillances, d’inégalités et d’incorrections qui ne sauraient être prises pour des éclairs de génie. SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite…, bien qu’inférieur à MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite… et à WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…, s’est pourtant rapproché d’eux quelquefois, et dans le Paradis et la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite…, par exemple, des réminiscences du Songe d’une nuit d’étéSonge d’une nuit d’étéSonge d’une nuit d’été (Ein Sommernachtstraum), ouverture (Op. 21) et musique de scène (Op. 61) de Felix Mendelssohn pour la comédie de Shakespeare traduite par August Wilhelm Schlegel, créée au Neues Schloss à Potsdam le 14 octobre 1843.Lire la suite… et d’OberonOberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite… viennent attester ce rapprochement de la façon la plus évidente. Il a en Allemagne des fanatiques qui le mettent trop haut, et en France des détracteurs qui le mettent trop bas. Le public français ne connaît guère de lui que ses deux premières symphonies, l’ouverture de ManfredManfred Op. 115Manfred, Op. 115, poème dramatique pour plusieurs récitants, solistes, chÅ“ur et orchestre sur le poeme de Lord Byron mis en musique par Robert Schuman et créé au Gewandhaus de Leipzig le 14 mars 1852.Lire la suite… et celle de Geneviève, exécutées au Conservatoire et aux Concerts populaires de M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répÃLire la suite…. Dans les salons, on chante peu ses mélodies, et on leur préfère celles de Schubert Schubert, Franz PeterFranz Peter Schubert (Vienne, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1728), compositeur. Il étudia d’abord avec le chef de chÅ“ur de l’église de Lichtental, Michael Holzer, qui lui permit de passer l’examen d’entrée et de devenir boursier en 1808 à la chapelle de la Cour comme petit chaLire la suite…; mais sa musique de chambre, jusqu’à présent peu répandue, va enfin recevoir une impulsion nouvelle. La Société Schumann est fondée, elle existe ; et dans peu de jours elle fonctionnera. BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite…, MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… et MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite… avaient leurs interprètes attitrés, SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite… va avoir les siens ; mais ceux-ci seront moins exclusifs que ceux-là. Jugez-en d’après leur circulaire : « Nous fondons la Société Schumann pour l’audition publique des trios, quatuors, quintettes et pièces diverses du célèbre maître allemand. Cela ne veut pas dire que nous soyons animés d’un sentiment d’exclusivisme qui est aussi loin de nos intentions que de celles exprimées par Mme Clara SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite… dans la lettre si digne adressées par elle à l’un de nous, et dont nous prenons la liberté de vous envoyer une copie ci-jointe:

A M. L. Delahaye.

Düsseldorf, le 30 Octobre 1869.

Monsieur,

Je suis flattée et touchée de la communication que vous avez bien voulu me faire. Le nom de mon mari appartient, comme ses œuvres, au grand domaine artistique ; je ne vois donc aucun inconvénient si vous en usez pour désigner une Société musicale.

Cependant je dois vous avouer que, même quand il s’agit d’augmenter le nombre des personnes qui peuvent s’intéresser aux compositions de mon époux, je n’aime ni une apparence d’exclusivité vis-à-vis des autres compositeurs ni celle d’une propagande trop zélée.

En vous remerciant, Monsieur, de vos bonnes et sincères intentions, je vous prie d’agréer, etc.

CLARA SCHUMANN.

« Nous voulons, au contraire, nous consacrer à l’exécution d’œuvres de compositeurs de toute nationalité encore peu ou point connus à Paris, tels que RaffRaff, Joseph JoachimJoseph Joachim Raff (Lachen près Zurich, 27 mai 1822 – Francfort, 24/5 juin 1882), compositeur, critique et pédagogue. Il étudia la philologie et enseigna dans une école primaire avant de se décider de faire carrière dans la musique en 1844. Ses premières compositions furent louées par FelLire la suite…, BrahmsBrahms, JohannesJohannes Brahms (Hambourg, 7 mai 1833 – Vienne, 3 avril 1897), compositeur. Il étudia le piano et la composition à Hambourg avec E. Marxsen. En 1853, il partit en tournée avec le violoniste hongrois Remenyi et rencontra à Hanovre le violoniste Joseph Joachim, avec lequel il se lia d’amitié etLire la suite… et quelques autres ; aussi faisons-nous loyalement appel à tous ceux qui, dans le cadre de notre programme, marchent fièrement dans les voies élevées de l’art.

« Nous ne savons si le succès répondra à nos efforts ; nous ferons tout ce qui dépendra de nous pour l’atteindre ; mais, quel que doive être le résultat de l’entreprise artistique à laquelle nous nous dévouons, nous avons dès aujourd’hui la conscience de faire une chose utile et honorable. Cela nous suffit…. »

Cette circulaire est remplie de bonnes intentions et exprime des sentimens pleins de jeunesse. Ce sont en effet des jeunes gens qui l’ont signée : le très habile et très excellent pianiste DelahayeDelahaye, Jules-Alexandre-CharlesJules-Alexandre-Charles Delahaye né Lepot (Tours, 4 décembre 1818 – Paris, 19 décembre 1893), journaliste, auteur dramatique, librettiste et administrateur. Il étudia à Paris au Lycée Louis-le-Grand, où il obtint une licence en droit. Il possédait une belle voix de baryton et prit des leçLire la suite…, premier prix du Conservatoire, le violoncelliste LasserreLasserre, Jules-BernardJules-Bernard Lasserre (Tarbes, 29 juillet 1838 – Tarbes, 19 février 1906), violoncelliste. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint un 1er prix de violoncelle en 1855. Il fut violoncelliste solo des concerts populaires de Jules Pasdeloup depuis leur fondation. En 1859 il se produisit ÃLire la suite…, le violoniste White, Madier-MontjauMadier-Montjau, Noël-François-RaoulNoël-François-Raoul Madier-Montjau (Paris, 28 octobre 1841 – ?), violoniste et chef d’orchestre. Il étudia le violon avec Hubert Leonard et fut engagé à l’Opéra-Comique. Le 1er septembre 1870, il épousa à Paris la soprano Émilie-Victorine Fourche, dont le nom de scène était FürschLire la suite…, l’un des meilleurs élèves de Léonard, et l’alto WaefelghemVan Waefelghem, Louis-JeanLouis-Jean Van Waefelghem (Bruges, 13 janvier 1840 – Paris, 19 juin 1908), violoniste et altiste. Il étudia le violon d’abord au Conservatoire de Bruges puis, en 1858, avec Lambert-Joseph Meerts à celui de Bruxelles, où il obtint un 1er prix en 1860. Il fut d’abord violon solo dans les orchesLire la suite… [Van Waefelghem]Van Waefelghem, Louis-JeanLouis-Jean Van Waefelghem (Bruges, 13 janvier 1840 – Paris, 19 juin 1908), violoniste et altiste. Il étudia le violon d’abord au Conservatoire de Bruges puis, en 1858, avec Lambert-Joseph Meerts à celui de Bruxelles, où il obtint un 1er prix en 1860. Il fut d’abord violon solo dans les orchesLire la suite…, ces deux derniers, artistes de l’orchestre de l’Opéra.

Je vois avec plaisir qu’une place importante, la place qu’ils méritent, sera faite à Joachim Raff, auteur de remarquables sonates pour piano et violon, dont j’ai eu déjà l’occasion de parler, et à Johannes BrahmsBrahms, JohannesJohannes Brahms (Hambourg, 7 mai 1833 – Vienne, 3 avril 1897), compositeur. Il étudia le piano et la composition à Hambourg avec E. Marxsen. En 1853, il partit en tournée avec le violoniste hongrois Remenyi et rencontra à Hanovre le violoniste Joseph Joachim, avec lequel il se lia d’amitié etLire la suite…, que SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite… appelait « le Messie de la musique. » — « Nous avons aussi à Düsseldorf, écrivait-il à un de ses amis, un jeune homme de Hambourg, nommé Johannes BrahmsBrahms, JohannesJohannes Brahms (Hambourg, 7 mai 1833 – Vienne, 3 avril 1897), compositeur. Il étudia le piano et la composition à Hambourg avec E. Marxsen. En 1853, il partit en tournée avec le violoniste hongrois Remenyi et rencontra à Hanovre le violoniste Joseph Joachim, avec lequel il se lia d’amitié etLire la suite…, d’un talent puissant, si original, qu’il me semble dépasser de beaucoup tous les jeunes artistes de ce temps-ci. Ses Å“uvres remarquables, principalement ses Mélodies, ne tarderont sans doute pas à parvenir jusqu’à vous. »

Bonne chance aux jeunes fondateurs de la Société Schumann qui élèvent ainsi autel contre autel ; l’appel qu’ils adressent « à tous ceux qui, dans le cadre de leur programme, marchent fièrement dans les voies élevées de l’art » dénote des cœurs généreux ; mais je crois que cet appel aura bien plus d’écho en Allemagne qu’à Paris où peu de compositeurs s’occupent aujourd’hui, de musique de chambre, c’est-à-dire de musique improductive.

Je reviens à la PériParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite…, quelques mots suffisent pour expliquer le sujet.

Chassée du ciel, la Péri se lamente et sa douce plainte touche le cœur de l’ange glorieux qui veille aux portes de l’Eden, The glorious angel, who was keeping the gates of light…..

Esprit déchu, pauvre exilée,

Ta faute peut encore être effacée…

Du sort voici l’arrêt sévère :

Rentrer en grâce, tu le peux,

Si tu rapportes de la terre

Un don qui plaise au roi des cieux.

Ce don, ce n’est pas le sang qui s’échappe de la blessure du héros mort pour la liberté, ce n’est pas non plus le dernier soupir de deux amans fidèles ; c’est la larme du pêcheur repentant. Après avoir traversé l’Inde, sweet Indian land, whose air is balm, pays charmant aux parfums suaves, où Mahmoud, tyran de Gazna, fait couler des fleuves de sang ; après s’être arrêtée aux rivages du Nil désolés par la peste, elle arrive au seuil du temple de Balbec [Baalbek], le temple du soleil, whose lonely columns stand sublime, dont la colonnade seule, encore debout, est une merveille. Là, parmi les fleurs, joue un bel enfant ; là aussi, agenouillé sur les dalles de marbre, le pécheur, le meurtrier prie, se repent et pleure… Larme bénie qui, rapportée aux pieds de l’Eternel doit rouvrir à la Péri pardonnée les portes du paradis :

Joy, joy, for eve ! My task is done

The gates are pass’d, and heaven is won !

Certes, ce n’est ni la poésie ni la couleur qui manquent à ce sujet, et un compositeur non pas mieux, mais autrement doué que SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite…, eût pu même en tirer des effets très dramatiques. Il me semble aussi qu’en faisant une plus large part à l’instrumentation, et en traitant symphoniquement certains tableaux, on aurait donné à l’œuvre une physionomie plus en rapport avec le milieu où elle devait se produire. Et il y avait vraiment, dans le voyage de la Péri à travers les splendides paysages de l’Inde et de l’Arabie, un prétexte à descriptions bien suffisant pour tenter un musicien coloriste et habile aux combinaisons de l’orchestre.

Une courte introduction dans le style fugué nous prépare seule à l’action qui va se dérouler, ou, pour mieux dire, à cette succession de scènes auxquelles les plaintes et les regrets de la vierge déchue servent de prologue.

Les strophes que chante la Péri :

Séjour lumineux des esprits fidèles

sont digues de l’auteur des lieder. SchumannSchumann, ClaraClara Josephine Schumann née Wieck (Leipzig, 13 septembre 1819 – Francfort, 20 mai 1896), pianiste, compositeur et pédagogue. Née de parents tous deux musiciens, elle étudia avec son père qui avait divorcé de sa mère en 1824, ainsi qu’avec les meilleurs professeurs de Leipzig, de Dresde eLire la suite… a rarement écrit quelque chose de plus frais, de plus simple et de plus gracieux. Quelques mesures de récitatif dites par l’ange et une courte mélodie chantée par la Péri séparent les strophes précédentes du joli quatuor dans lequel se trouve une réminiscence tellement accusée de ce passage d’un chÅ“ur d’OberonOberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite… : Kannst du fliehn, ja Kannst du fliehn, wenn Dich weisser Arm umflicht, qu’on s’étonne qu’elle ait pu échapper à l’attention du compositeur. Le double chÅ“ur : C’est lui le roi de Gazna, a du caractère, de l’énergie, mais n’est pas, à mon humble avis, suffisamment développé. Je lui préfère le chÅ“ur suivant : Sa flèche s’égare et manque le but, toujours écrit en style fugué, et dans lequel les voix divisées en tierces se superposent de la façon la plus heureuse. Le final de la première partie est une fugue à quatre voix accompagnées par des accords plaqués, et dont le mouvement va s’accélérant jusqu’aux dernières mesures. Ce morceau, en raison de la manière dont il est traité et des procédés qui y sont employés, trouverait peut-être mieux sa place dans une Å“uvre religieuse que dans une composition profane.

Comme je veux épargner au lecteur l’ennui d’une analyse technique trop minutieuse, je me bornerai à signaler, parmi les pages saillantes que renferme la seconde partie, le chÅ“ur des Génies du Nil, dont l’accompagnement a pourtant plus d’originalité et de couleur que la phrase mélodique et sur lequel plane et se détache le chant de la Péri ; l’ariosoParadis et la Péri, LeLe Paradis et la Péri (Das Paradies und die Peri), Op. 50, action (Handlung) pour soli, chÅ“ur et orchestre sur un livret en allemand d’Emil Flechsig et Robert Schumann d’après Lalla Rookh de Thomas Moore mis en musique par Robert Schumann et créée (Schumann) au Gewandhaus de Leipzig le 4 dÃLire la suite… chanté par le jeune homme malade de la peste ; l’air de soprano :

Ah laisse-moi puiser la fièvre,

Hélas ! dans un baiser ardent.

belle inspiration que Mlle Krauss a rendue avec un expression touchante ; la mort des deux amans et le chÅ“ur final, dont la teinte vaporeuse rappelle mais sans réminiscence cette fois, les plus poétiques fantaisies de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite….

La troisième partie, bien qu’elle ne soit pas à la hauteur des deux autres ; renferme cependant quelques pages remarquables : le chœur des houris, un solo de ténor, le Quartetto : Sœur, est-il vrai que tu veux rentrer aux cieux ? le chœur avec soli : O saintes larmes du coupable ! et une phrase pleine d’élan, chantée par la Péri dans la scène finale :

Honneur au Seigneur, j’ai vaincu le destin ;

Mon cœur est rempli d’un délire divin.

L’exécution a laissé à désirer ; le public s’est montré extrêmement froid. On ne saurait prendre trop de précautions pour vaincre ou du moins pour combattre la défiance instinctive que toute Å“uvre sérieuse inspire au public parisien. C’est l’admirable exécution de FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite… qui, après plusieurs tentatives avortées, vient enfin d’établir, à Paris, le succès populaire de cet incomparable chef-d’œuvre. Demandons maintenant à M. Bagier de nous donner le 17 Décembre, jour anniversaire de la naissance de BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite…, une représentation extraordinaire de FidelioFidelioFidelio, opéra en deux actes sur un livret en allemand de Joseph Sonnleithner remanié par Stephan von Breuning puis par Georg Friedrich Treitschke et cree au Kärntnertortheater de Vienne le 23 mai 1814.Lire la suite…, dans laquelle sera couronné solennellement le buste de l’immortel compositeur.

Chaque soir, il se fait à deux pas du Théâtre-Italien une parade qui attire la foule, et, depuis Bilboquet et Gringalet, on ne vit plus joyeux saltimbanques. Ce n’est pas moi qui regrette d’être entré dans la baraque où s’étalent dans leur luxuriante beauté les charmes de la princesse de Trébizonde. J’ai tant ri que je suis incapable de raconter ce qui m’a fait rire, et franchement cela peut-il se raconter ? Entrez donc, Mesdames et Messieurs et allez voir comment cette princesse de cire (la cire est une matière très malléable) s’anime aux doux regards d’un jeune prince un peu novice, mais plein de bonne volonté. La grosse caisse ronfle, les cymbales font un bruit d’enfer, la belle Paola fait ondoyer son panache, le précepteur joue du tambour, le prince Casimir exécute des moulinets avec la canne du grand Frédéric, les chasseurs sonnent l’hallali, les amoureux roucoulent, et la bénédiction nuptiale est donnée au milieu d’un cancan général.

Cette inénarrable folie, où les auteurs ont mis tout leur esprit, a fait vibrer la corde la plus gracieuse du talent de M. Offenbach Offenbach, JacquesJacques Offenbach (Cologne, 20 juin 1819 – Paris, 5 octobre 1880), violoncelliste et compositeur. Il se produisait dans les salons et en concerts lorsqu’Arsène Houssaye, qui voulait réformer l’orchestre du Théâtre-Français, lui offrit, par contrat signé le 30 juillet 1850, le poste de chLire la suite…; il a des choses tout à fait charmantes et très musicales dans la partition de la Princesse de Trébizonde.Princesse de Trébizonde, LaLa Princesse de Trébizonde, opéra-bouffe en trois actes sur un livret de Charles Nuitter, pseudonyme de Charles-Louis-Étienne Truinet, et Etienne-Victor Tréfeu mis en musique par Jacques Offenbach et créé au Théâtre des Bouffes-Parisiens le 7 décembre 1869.Lire la suite… Le jeu des acteurs, la jolie voix de Mlle Van GhelVan Ghell, Céline-AnnaCeline-Anna Van Ghell [Vanghel] (? – ?), mezzo-soprano. Après avoir étudié avec son père, qui était chef d’orchestre, elle débuta dans Le Petit Poucet de Laurent de Rillé au Théâtre de l’Athénée en 1868. Elle se fit remarquer dans les rôles travestis de Méphistophélès dans Le PeLire la suite…, la verve malicieuse de Mlle ChaumontChaumont, CélineCéline Chaumont (Paris, 1848 – Paris, 4 février 1926), actrice et soprano. Elle étudia avec Virginie Déjazet et débuta en 1861 dans Un duel après le bal (Charles Bridault) ; en 1863, elle était sur scène au Théâtre des Folies-Marigny dans La Bonne à tout faire. Alexandre Dumas fils la Lire la suite…, la beauté de Mlle FontiFonti, MlleMlle Fonti (? – ?), soprano. Remarquée d’abord au Théâtre-Lyrique, où elle fut engagée en 1864-65, elle chanta une des dames de la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée (Mozart). Le 21 avril 1866, elle participa au concert du pianiste et compositeur Eugène Ketterer à la salle PleyeLire la suite… et la majestueuse prestance de Mme ThierretThierret, Félicie-MarieFélicie-Marie Thierret (ca. 1815 – Paris, 1er mai 1873), soprano et actrice. Elle étudia au Conservatoire de Paris et devint pensionnaire de la Comédie-Française en 1832. Elle quitta la Comédie-Française dix ans plus tard. Après s’être produite à Rouen, elle débuta en 1848 dans La DameLire la suite…, assurent une longue série de représentations à l’opéra de MM. NuitterNuitter, Charles-Louis-EtienneCharles-Louis-Étienne Truinet, dit Charles Nuitter (Paris, 24 avril 1828 – Paris, 24 février 1899), librettiste et archiviste. Après des études de droit, il fut reçu à la cour d’appel de Paris en 1849. Sa première Å“uvre représentée fut L’Amour dans un ophicléide (Théâtre du PalaisLire la suite… et Tréfeu. Vive donc la Princesse de Trébizonde !…Princesse de Trébizonde, LaLa Princesse de Trébizonde, opéra-bouffe en trois actes sur un livret de Charles Nuitter, pseudonyme de Charles-Louis-Étienne Truinet, et Etienne-Victor Tréfeu mis en musique par Jacques Offenbach et créé au Théâtre des Bouffes-Parisiens le 7 décembre 1869.Lire la suite…

Mais les concerts Litolff sont morts, ils n’ont pas vécu longtemps ; deux affiches, deux programmes et c’est tout. Ce n’est pas le talent du chef d’orchestre qui leur a manqué, ce n’est pas non plus le concours d’exécutans habiles ; le public voulait sans doute plus qu’on ne lui a donné. Ce qui a manqué aux concerts de l’Opéra…c’est l’Opéra.

E. REYER.