Le Courrier de Paris, 13 septembre 1859, [p. 1] (article signé E. Reyer).

Chronique musicale.

C’est une grande jouissance, sans doute, que de retrouver, après une assez longue absence, ses amis, son perroquet, sa maîtresse et son concierge ; mais si votre perroquet s’est cassé la patte, si votre concierge a égaré les lettres auxquelles vous pouviez tenir et vous remet fidèlement celles auxquelles vous ne tenez pas, si votre maîtresse ne vous tutoie plus que du bout des lèvres, si vos amis, tout en écoutant très attentivement le récit de votre voyage, regrettent sincèrement de ne pas être partis à votre place, oh ! alors la jouissance diminue, et on éprouve une certaine envie de se remettre en route. Heureusement quand on a ni perroquet, ni maîtresse, on n’est exposé qu’à la moitié de ces petites misères, et de cette façon, l’on ne paye pas trop cher le plaisir que l’on vient de goûter en voyageant.

Vous voilà sur le boulevard Italien, ce point culminant de la civilisation parisienne ; vous regardez machinalement les enseignes, les boutiques, les promeneurs et les arbres : les boutiques et les enseignes sont toujours à la même place ; les promeneurs n’ont pas changé de visage, et les arbres sont en train de perdre leurs feuilles. Hélas ! ils n’ont pas grand’chose à perdre. Au bout d’une demi-heure c’est bien le diable si vous n’avez pas rencontré quelque confrère, musicien ou critique, qui vous met au courant d’une foule de choses dans l’ignorance desquelles vous avez vécu, pendant six semaines, sans vous en porter plus mal pour cela. Et vous apprenez ainsi que le Théâtre-Lyrique a entr’ouvert ses portes le 1er septembre, et qu’il les ouvrira tout à fait samedi prochain avec Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite…, le ténor GuardiGuardi, Jean-Hector Gruyer ditJean-Hector Gruyer, dit Guardi (Grenoble, 24 septembre 1827 – Sassenage/Isère, 2 janvier 1908), ténor et homme politique. Il étudia le chant avec Adolphe-Adam Bizet, le père du compositeur, et fut engagé au Théâtre-Lyrique en automne 1858. Sa voix, exceptionnellement étendue, couvrait les Lire la suite… et le FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… de M. Gounod Gounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…; vous apprenez également que la saison d’été, la belle saison pour les touristes, a été bien rude pour la plupart des directeurs de théâtre ; que le Voyage autour de ma chambre Voyage autour de ma chambre, LeLe Voyage autour de ma chambre, opéra-comique en un acte sur un livret de Felix-Auguste Duvert et Augustin-Théodore de Varoussel de Lauzanne mis en musique par Albert Grisar et créé à l’Opéra-Comique le 12 août 1859.Lire la suite…n’est qu’un agréable vaudeville qui pourrait se passer de musique, et que le RosierRosier, LeLe Rosier, opéra-comique en un acte sur un livret d’Augustin Challamel mis en musique par Henri Potier et créé à l’Opéra-Comique le 10 août 1859.Lire la suite… de M. PotierPotier, Henri-HippolyteHenri-Hippolyte Potier (Paris, 10 février 1816 – Paris, 9 octobre 1878), compositeur. Il étudia au Conservatoire et obtint un premier prix de piano (1831) et un premier prix d’harmonie (1832). Accompagnateur puis chef de chant à l’Opéra-Comique de 1836 à 1849, il occupa une fonction similLire la suite…, qui aurait pu vivre si longtemps dans le portefeuille de ce maître, n’a vécu que quelques représentations sur les planches de l’Opéra-Comique.

On prétend que certains arbres, lorsqu’ils sont transplantés dans un terrain qui ne doit pas leur être propice, ont des espèces de tressaillemens qui prédisent leur fin prochaine : le RosierRosier, LeLe Rosier, opéra-comique en un acte sur un livret d’Augustin Challamel mis en musique par Henri Potier et créé à l’Opéra-Comique le 10 août 1859.Lire la suite… a-t-il tressailli avant de mourir ? nul ne s’en est aperçu, nul ne peut le dire.

Un coup d’œil que vous jetez sur l’affiche de l’Académie impériale de musique vous rassure sur le sort de Roméo et Juliette Roméo et JulietteRoméo et Juliette, opéra en quatre actes sur un livret de Felici Romani traduit par Charles Nuitter, mis en musique par Vincenzo Bellini, créé à l’Opéra le 7 septembre 1859. L’opéra original de Bellini, I Capuleti e i Montecchi, était en trois actes. Charles Nuitter employa la fin de lâ€Lire la suite…; bien que cet opéra ait été joué la veille, il sera joué encore le lendemain, et vous n’échapperez pas au plaisir d’aller l’entendre. Ce plaisir sera doublé de l’intérêt que vous inspire le début de Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… dans le rôle de Roméo, et la création par Mme Gueymard-LautersDeligne-Lauters, PaulinePauline Deligne-Lauters (Bruxelles, 1er décembre 1834 – Paris, 10 mai 1918), mezzo-soprano. Elle étudia au Conservatoire de Bruxelles et fut engagée au Théâtre-Lyrique de Paris en 1854. Elle y créa Le Billet de Marguerite (Gevaert, 1854), se produisit ensuite dans la version de Castil-Blaze dLire la suite… du rôle de Juliette. Avouez donc que vous ne regrettez ni vos vallées ni vos montagnes et que vous êtes bien aise d’être revenu à Paris.

Le métier de critique est de tous les métiers peut-être celui qu’il faut faire le plus en conscience, ou bien il ne faut pas s’en mêler. Je n’exagère certes pas la valeur et la portée de mon opinion personnelle ; mais enfin, je dois au public mon opinion et non celle des autres. Ah ! j’en écrirais de belles, si je rapportais ici tout ce qui m’a été conté au sujet du poëme, de la musique et de l’exécution de Roméo et JulietteRoméo et JulietteRoméo et Juliette, opéra en quatre actes sur un livret de Felici Romani traduit par Charles Nuitter, mis en musique par Vincenzo Bellini, créé à l’Opéra le 7 septembre 1859. L’opéra original de Bellini, I Capuleti e i Montecchi, était en trois actes. Charles Nuitter employa la fin de lâ€Lire la suite… le lendemain de la première représentation. Peut-on morceler, défigurer et parodier ShakespeareShakespeare, WilliamWilliam Shakespeare (Stratford-upon-Avon, baptisé le 26 avril 1564 – Stratford-upon-Avon, 3 mai 1616), auteur dramatique et poète. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de la littérature anglaise. Il écrivit 37 comédies et tragédies entre 1580 et 1613. Il épousa Anne HathLire la suite… de la sorte ? Reconnaissez vous quelque part, dans ces mélodies vulgaires, dans ces accompagnemens monotones, dans ces ensembles bruyans, le chantre inspiré de NormaNormaNorma, opéra en deux actes sur un livret de Felice Romani (d’après Soumet et Lefèvre) mis en musique par Vincenzo Bellini, créé au Théâtre de la Scalla de Milan le 26 décembre 1831. Lire la suite…, de la Somnambule et des Puritains I Puritani (Les Puritains)Les Puritains (I Puritani), opera seria en trois actes sur un livret en italien de Carlo Pepoli mis en musique par Vicenzo Bellini et créé au Théâtre-Italien de Paris le 24 janvier 1835.Lire la suite…? Mais qui donc a eu l’idée bizarre d’étaler dans toute sa pauvreté sur notre première scène lyrique, sur une scène française, cette médiocre partition italienne ? — Eh ! mon Dieu ! si cette idée est bizarre, du moins elle n’est pas neuve. Avant Roméo et JulietteRoméo et JulietteRoméo et Juliette, opéra en quatre actes sur un livret de Felici Romani traduit par Charles Nuitter, mis en musique par Vincenzo Bellini, créé à l’Opéra le 7 septembre 1859. L’opéra original de Bellini, I Capuleti e i Montecchi, était en trois actes. Charles Nuitter employa la fin de lâ€Lire la suite…, le répertoire de l’Opéra s’était enrichi de bien d’autres traductions d’ouvrages italiens, et parmi ces ouvrages il y en a de bons, il y en a de mauvais, il y en a de détestables. On n’est pas parfait ; on se trompe quelquefois, et c’est le public, plus encore que la critique, qui condamne ou qui pardonne, suivant la gravité de la faute.

Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… nous arrive du nouveau monde avec une réputation de beauté et de talent sanctionnée par les journaux des deux Amériques ; elle est entendue par le comité de l’Opéra, et le docte aréopage s’incline devant son talent et devant sa beauté ; Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… demande à débuter dans Roméo et JulietteRoméo et JulietteRoméo et Juliette, opéra en quatre actes sur un livret de Felici Romani traduit par Charles Nuitter, mis en musique par Vincenzo Bellini, créé à l’Opéra le 7 septembre 1859. L’opéra original de Bellini, I Capuleti e i Montecchi, était en trois actes. Charles Nuitter employa la fin de lâ€Lire la suite…, qui est son triomphe ; fallait-il ne pas accéder à la demande de cette belle étrangère, et renvoyer Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… à Valparaiso ou dans le Connecticut ? Non, assurément. Elle aurait témoigné le désir de se faire entendre pour la première fois dans des variations sur l’air Au clair de la lune, chantées entre les deux actes d’un ballet, qu’il aurait été vraiment bien difficile de lui répondre par un refus. Et d’ailleurs l’œuvre de Bellini n’a pas coûté à l’administration de grands frais de décors et de mise en scène : les choses ont été faites, en cette occasion, sans le moindre luxe, et même très simplement : l’œuvre n’était qu’un prétexte au début de la cantatrice, un moyen de la faire connaître au public parisien. Laissons donc l’œuvre de côté, et occupons-nous de la cantatrice.

Quand Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… a paru sur la scène dans son riche et élégant costume masculin, les hommes ont battu des mains aux harmonieux contours, à la sculpturale beauté de la femme, et les femmes se sont écrié : « Dieu ! le bel homme ! » Avant d’avoir ouvert la bouche, Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… avait donc des admirateurs, des amis dans les deux camps. La beauté, surtout à Paris, a toujours puissamment contribué au succès d’une artiste, et la beauté de Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… est une beauté exceptionnelle.

Je connaissais Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite…, mais je ne l’avais jamais entendue chanter ; la première fois que j’eus le plaisir de me rencontrer avec elle, c’était dans une maison où l’on s’occupe beaucoup plus de peinture que de musique et dans laquelle, en fait d’instrument accompagnateur, il n’y avait qu’un violoncelle dont personne ne savait jouer et dont personne n’aurait pu jouer, attendu qu’il y manquait plusieurs cordes. Eh bien ! je m’étais imaginé, à première vue, que la voix de Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… devait être plus forte, plus métallique, plus étendue qu’elle ne l’est réellement.

Il ne faut jamais juger sur les apparences.

Cette voix ne manque cependant ni de souplesse ni de charme, et si Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… voulait se reposer moins longtemps sur les notes graves et les accentuer avec un peu moins d’exagération et d’emphase, je suis persuadé qu’elle plairait davantage, non pas au gros du public peut-être, mais aux oreilles délicates. C’est là, du reste, l’écueil de toutes les voix de contralto.

Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… doit savoir qu’elle n’excelle pas dans les traits légers et dans les passages à roulades, car elle n’en abuse pas ; en revanche, elle dit à merveille les phrases dépouillées de tout ornement, de toute fioriture : elle chante avec goût, elle a du style, et, ma foi ! si l’on veut en faire une étoile, je n’y mettrai aucun obstacle.

Ce que je louerai sans réserve, c’est la noblesse de ses gestes et l’élégance de ses attitudes ; j’ai rarement vu une artiste lyrique pousser plus loin la vérité de l’expression et du sentiment dramatiques. Si les aventures que l’on prête à Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… ne sont pas un roman fait à plaisir et qui frise de près la réclame, si elle a captivé, comme on le dit, par les séductions de sa voix et de sa personne la horde de sauvages entre les mains desquels les hasards du voyage l’avaient fait tomber, j’avoue que ces sauvages me paraissent tout aussi civilisés que nous pouvons avoir la prétention de l’être, ou bien que nous sommes au moins aussi sauvages qu’eux.

Le voisinage de Roméo fait paraître Mme LautersDeligne-Lauters, PaulinePauline Deligne-Lauters (Bruxelles, 1er décembre 1834 – Paris, 10 mai 1918), mezzo-soprano. Elle étudia au Conservatoire de Bruxelles et fut engagée au Théâtre-Lyrique de Paris en 1854. Elle y créa Le Billet de Marguerite (Gevaert, 1854), se produisit ensuite dans la version de Castil-Blaze dLire la suite… plus mignonne que d’habitude, mais elle est, dans le rôle de Juliette, jolie et charmante comme toujours. Ce sera là, longtemps encore, la voix la plus harmonieuse, la plus suave et la plus veloutée de l’Opéra. Quand on a entendu la scène que Juliette chante au troisième acte, il est impossible de ne pas renoncer à cette idée que les compositeurs allemands ont seuls le privilège de fatiguer et de briser les voix :

Pitié, mon père, la mort m’attend…

Il suffisait d’un bis malencontreux, lancé par la claque enthousiasmée, pour tuer quelques instans plus tôt la malheureuse fille de Capulet. Mais la claque s’est abstenue : ce n’était pas pour Mme Gueymard-LautersDeligne-Lauters, PaulinePauline Deligne-Lauters (Bruxelles, 1er décembre 1834 – Paris, 10 mai 1918), mezzo-soprano. Elle étudia au Conservatoire de Bruxelles et fut engagée au Théâtre-Lyrique de Paris en 1854. Elle y créa Le Billet de Marguerite (Gevaert, 1854), se produisit ensuite dans la version de Castil-Blaze dLire la suite… que le four chauffait ce soir là.

L’orchestre, vaillamment conduit par son digne chef, M. Girard, a joué d’un bout à l’autre sans sourciller, sans donner le plus léger signe d’impatience, une musique qui assurément ne lui est pas sympathique ; le solo de clarinette du troisième acte a été délicieusement exécuté par M. LeroyLeroy, Adolphe-MartheAdolphe-Marthe Leroy (Saint-Germain-en-Laye, 16 août 1827 – Argenteuil, 1er septembre 1880), clarinettiste. Il étudia au Conservatoire de Paris et obtint un premier prix en 1845. Membre de la Société des Concerts du Conservatoire à partir de 1851 et de la Chapelle impériale en 1853, il jouaLire la suite…. On a applaudi également le chant de cor placé au commencement du quatrième acte. Ce quatrième acte, on le sait, est de VaccajVaccai, NicolaNicola Vaccai (Tolentino, 15 mars 1790 – Pesaro, 5 [6] août 1848), compositeur. D’abord attiré par la littérature (il écrivit quatre tragédies en vers), il se tourna rapidement vers la musique et obtint le diplôme de l’Academia de Santa Cecilia de Rome en 1811, puis se perfectionna auprÃLire la suite… [Vaccai] ; il renferme un air qui jouit en Italie d’une certaine célébrité : Ah ! se tu dormi svegligli, un chÅ“ur de jeunes filles et un duo sur lequel la toile baisse, le duo des suprêmes adieux entre Roméo et Juliette.

Le poëme français est la traduction littérale du poëme italien : on ne pouvait faire mieux en vérité. M. NuitterNuitter, Charles-Louis-EtienneCharles-Louis-Étienne Truinet, dit Charles Nuitter (Paris, 24 avril 1828 – Paris, 24 février 1899), librettiste et archiviste. Après des études de droit, il fut reçu à la cour d’appel de Paris en 1849. Sa première Å“uvre représentée fut L’Amour dans un ophicléide (Théâtre du PalaisLire la suite…, dans cette circonstance, a donc été un bon traducteur et non pas un traître.

Quel rôle chantera Mme VestvaliStegemann, Anna Marie dite Felicita VestvaliAnna Marie Stegemann, dite Felicita Vestvali (Stettin, 23 février 1828 – Varsovie, 3 février 1880), contralto. Elle débuta comme actrice dans les théâtres d’Allemagne du Nord, avant de se rendre en Italie, où elle étudia le chant d’abord à Florence, puis à Naples auprès de Saverio MeLire la suite… quand on aura épuisé le succès de Roméo et JulietteRoméo et JulietteRoméo et Juliette, opéra en quatre actes sur un livret de Felici Romani traduit par Charles Nuitter, mis en musique par Vincenzo Bellini, créé à l’Opéra le 7 septembre 1859. L’opéra original de Bellini, I Capuleti e i Montecchi, était en trois actes. Charles Nuitter employa la fin de lâ€Lire la suite… ?

Il est temps d’y songer.

La reprise de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…, au Théâtre-Lyrique, a été des plus brillantes : le magnifique ouvrage de M. Charles GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… va retrouver sa vogue des premiers jours.