L’Athenæum français, 17 novembre 1855, p. 993 (article signé E. Reyer).

théâtres. – Chronique musicale.

Théâtre-Lyrique : les Lavandières de SantaremLavandières de Santarem, LesLes Lavandières de Santarem, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Eugène Grangé mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 25 octobre 1855.Lire la suite…, opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Denneryd’Ennery, Dennery, AdolpheAdolphe Philippe dit d’Ennery (Paris, 17 juin 1811 – Paris, 25 janvier 1899), auteur dramatique et librettiste. Né Adolphe Philippe, il se donna le pseudonyme Dennery q’un décret en 1858 lui permit de changer et d’écrire avec la particule d’Ennery. Littérateur très habile dans l’agencement deLire la suite… [d’Ennery] et GrangéGrangé, Pierre-EugènePierre-Eugène Basté, dit Eugène Grangé (Paris, 16 décembre 1810 – Paris, 1er mars 1887), auteur dramatique et librettiste. Il écrivit des pièces de théâtre, dont Les Bohémiens de Paris (1843) et Fualdès (1848), ainsi que de nombreux livrets d’opéras-comiques et d’opérettes, seLire la suite…, musique de M. GevaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite….


Depuis la première représentation des Lavandières de SantaremLavandières de Santarem, LesLes Lavandières de Santarem, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Eugène Grangé mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 25 octobre 1855.Lire la suite…, on entend dire de tous côtés que le poëme est détestable, qu’il est ennuyeux, qu’il est mal écrit et qu’il est immoral. C’est aussi mon avis, et comme cette fois j’arriverais après tous mes confrères pour raconter un méchant imbroglio dont les détails ne charmeraient personne, je m’abstiens de parler de l’œuvre de MM. Denneryd’Ennery, Dennery, AdolpheAdolphe Philippe dit d’Ennery (Paris, 17 juin 1811 – Paris, 25 janvier 1899), auteur dramatique et librettiste. Né Adolphe Philippe, il se donna le pseudonyme Dennery q’un décret en 1858 lui permit de changer et d’écrire avec la particule d’Ennery. Littérateur très habile dans l’agencement deLire la suite… et GrangéGrangé, Pierre-EugènePierre-Eugène Basté, dit Eugène Grangé (Paris, 16 décembre 1810 – Paris, 1er mars 1887), auteur dramatique et librettiste. Il écrivit des pièces de théâtre, dont Les Bohémiens de Paris (1843) et Fualdès (1848), ainsi que de nombreux livrets d’opéras-comiques et d’opérettes, seLire la suite…, indemnisés, du reste, le même soir par un succès à la Gaîté de leur four au Théâtre-Lyrique.

Je citerai seulement les personnages et les caractères de chacun d’eux : un roi de Portugal anonyme qui se promène la tête baissée et le cœur gros de soupirs à travers les allées de son parc, rêvant d’une jeune fille dont il a trouvé par hasard le portrait enfermé dans un médaillon ; un familier complaisant, comte ou baron, qui se met à la recherche de l’original et qui le retrouve, battant du linge sale dans le petit village de Santarem : un hôtelier imbécile qui court après sa femme, enlevée pour servir de nourrice dans le palais du roi ; un duc, grand d’Espagne, premier ministre et décoré de la Toison d’or, père de la jeune lavandière ; un simple soldat, nommé Manoël, amoureux de Margarida, et par conséquent rival de son souverain auquel il ne craint pas de dire son fait, et en quels termes ! un petit colonel imberbe, qui porte beaucoup d’intérêt à Manoël et à la femme de l’hôtelier ; un huissier, un régiment, des chasseurs, des lavandières et un essaim de jeunes filles dansant des boléros, des fandangos, des sévillanes, des aragonaises, des cachuchas et des madrilènes, toutes les danses de la Péninsule, pour le plus grand amusement de Sa Majesté Portugaise. Supposez que ces personnages se meuvent au moyen des ficelles les plus usées et les plus connues au théâtre ; supposez aussi qu’ils débitent les invraisemblances les plus choquantes, les sottises les plus grossières dans un langage de convention, et vous aurez une idée complète du drame et du dialogue confiés à l’inspiration de M. GevaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite…, compositeur de talent, et, de plus, homme de beaucoup d’esprit. Comme compositeur, je savais que M. GevaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite… était capable de faire l’impossible ; comme homme d’esprit, je m’étonne qu’il ait accepté un pareil libretto. MM. les fournisseurs ordinaires de nos théâtres lyriques qui vivent si bien et depuis si longtemps des produits de leur industrie, sont aujourd’hui plus que jamais à bout de ressources et d’inventions ; leur fécondité est épuisée ; pourquoi s’obstinent-ils à garder les portes du sanctuaire et à en défendre l’entrée aux nouveaux venus ? Pourquoi continuent-ils à s’imposer, à l’aide de leur prétendue réputation, à des directeurs qui, à leur tour, les imposent aux musiciens et au public ? Il serait temps de faire cesser tous ces abus et de détruire un pareil monopole. Chacun doit avoir son tour en ce monde, et si les vieux ne s’en vont jamais, quand donc les jeunes arriveront-ils ? M. PellegrinPellegrin, PierrePierre Pellegrin, (Carcassonne, 30 avril 1794 – Toulon, 25 juin 1877), directeur. Il fut directeur du Grand-Théâtre de Toulon de 1833-36, de 1838-44, et de 1846-47. Après avoir dirigé le Théâtre du Gymnase à Marseille, il fut nommé directeur du Grand-Théâtre de Marseille du 21 Novembre 184Lire la suite…, le nouveau directeur du Théâtre-Lyrique, tout en n’étant pas responsable du poëme des LavandièresLavandières de Santarem, LesLes Lavandières de Santarem, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Eugène Grangé mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 25 octobre 1855.Lire la suite…, reçoit, au début de son administration, une leçon dont il fera bien de profiter.

Il y a d’excellentes choses dans la nouvelle partition de M. GevaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite…, l’auteur de GeorgetteGeorgette ou le Moulin de FontenoyGeorgette ou Le Moulin de Fontenoy, opéra-comique en un acte sur un livret de Gustave Vaëz et Alphonse Royer mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 28 novembre 1853.Lire la suite… et du Billet de MargueriteBillet de Marguerite, LeLe Billet de Marguerite, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 7 octobre 1854.Lire la suite… ; il y a surtout cette habileté, cette sûreté de main et cette expérience de la scène que l’on rencontre si rarement chez les compositeurs de son âge. Chaque page de son œuvre est irréprochable ; je défie le musicien le plus savant, le plus méticuleux d’y découvrir la plus légère incorrection, la plus petite licence. Si à tous ces mérites M. GevaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite… joignait une plus grande dose d’élégance et d’individualité, il serait le premier musicien de notre époque ; malheureusement il n’est pas toujours assez sévère dans le choix de ses idées, et il ne se défie pas assez de sa mémoire qui, à son insu sans doute, lui apporte souvent plus d’une réminiscence. Son instrumentation est riche, colorée, mais il procède trop par oppositions violentes ; le travail de son quatuor est assez soigné, assez intéressant pour qu’il puisse user avec un peu plus de modération des instruments à vent et des gros cuivres. Nous reprocherons encore à M. GevaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite… l’abondance et la recherche de ses modulations ; il est à peine dans un ton qu’il se croit obligé de passer dans un autre. Ce n’est pas ainsi que faisaient les grands maîtres d’autrefois, et ce n’est pas toujours ainsi que font les maîtres d’aujourd’hui.

Citons maintenant les morceaux les plus saillants de l’ouvrage : le lever du rideau est ravissant dans son ensemble et dans ses détails ; un double chœur de lavandières et de soldats marque le rhythme de la danse ; viennent ensuite un joli duo, l’air de Manoël, la romance de Margarida et un hymne militaire d’un très-grand effet ; nos régiments (et ceux de la Belgique aussi) iront à la parade sur cet air-là. Au second acte, les demoiselles de la cour de Portugal chantent à Margarida endormie un chœur d’une simplicité et d’une grâce adorables ; le ballet est charmant d’un bout à l’autre ; l’auteur y a mis à profusion de la couleur locale ; les couplets de l’hôtelier, devenu capitaine des chiens de Sa Majesté, ont une allure assez comique, mais ils nous semblent inférieurs à ceux de l’Usurier dans le Billet de MargueriteBillet de Marguerite, LeLe Billet de Marguerite, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 7 octobre 1854.Lire la suite…, dont ils rappellent et le rhythme et la mélodie. Nous devons ajouter aux morceaux que nous venons de citer un excellent trio et un quatuor très-remarquable placés au troisième acte. L’ouverture est faite avec les principaux motifs de la partition et n’offre rien de saillant au point de vue symphonique.

On s’occupe activement des répétitions de l’ouvrage de MM. ClapissonClapisson, Antoine-LouisAntoine-Louis Clapisson (Naples, 5 septembre 1808 – Paris, 19 mars 1866), compositeur. Il étudia le violon d’abord à Bordeaux puis avec Habeneck au Conservatoire de Paris. En 1832 il fut engagé comme violoniste au Théâtre-Italien et composa à partir de 1839 de nombreuses romances dont certLire la suite… et Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…, qui doit servir de début à Mme Miolhan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite… [Miolan-Carvalho]Miolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite…. L’opéra de MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Xavier BoisselotBoisselot, XavierXavier Boisselot (Montpellier, 3 décembre 1811 – Montpellier, 28 mars 1893), compositeur et facteur de piano. Après ses premières études à Marseille, il entra en 1830 au Conservatoire de musique de Paris d’abord dans la classe de Fétis puis dans celle de Lesueur. Il obtient le 1er Prix de RoLire la suite… viendra immédiatement après.