La Presse, 29 octobre 1868 (lettre signée E. ReyerReyer, Louis-Etienne-Ernest Rey ditLouis-Étienne-Ernest Reyer (Marseille, 1er décembre 1823 – Le Levandou/Var, 15 janvier 1909), compositeur et critique musical. Il étudia la musique dès l’âge de six ans à l’École de Musique de Marseille dirigée par Thomas-Gaspard-Fortuné Barsotti. En 1839, ne souhaitant pas que leur fLire la suite…).

VARIÉTÉS 

RICHARD WAGNER ET LA CRITIQUE

(Suite)

Si les polémiques courtoises sont rares en ce temps, elles ne sont pas du moins entièrement passées de mode. M. Ernest Reyer le prouve en nous adressant cette très intéressante et trop élogieuse lettre:

A Madame Judith Mendès.

Madame,

Je viens de lire avec un très vif intérêt votre remarquable article sur Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, et quoique l’admiration très peu mitigée que m’inspire l’auteur de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… soit assez éloignée de celle que vous éprouvez pour l’auteur de Tristan et IseultTristan und IsoldeTristan et Isolde, handlung (action) en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créée au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich le 10 juin 1865.Lire la suite…, malgré les critiques que je me suis permises et les erreurs, « légères en apparence», dans lesquelles vous me reprochez d’être tombé, il y a plus d’un point sur lequel nous sommes parfaitement d’accord. Peut-être en serez-vous plus convaincue lorsque j’aurai analysé après vous, et certainement moins bien que vous, la partition de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite….

Jusqu’ici je n’ai voulu parler des théories du compositeur que d’une façon sommaire Je n’ai pas l’intention de discuter ici, ni pour les blâmer ni pour les défendre, les doctrines de M. Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…….. Mais, sans entrer dans la discussion de son système, je ferrai remarquer que les bases sur lesquelles il repose sont assez solides pour supporter les attaques et les agressions des combattants les mieux exercés. (Feuilleton du Journal des Débats, du 30 Septembre 1868.). Les lacunes qui existent dans mon travail étaient donc préméditées, et je m’en étais rendu compte avant que vous ayez pris la peine de me les signaler.

Vous n’admettez pas qu’il existe entre le système de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… et celui de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite… une affinité complète. Vous avez raison, madame, et je ne l’admets pas plus que vous. J’ai dit que les bases du système de l’un étaient les bases du système de l’autre, et n’ai pas voulu dire autre chose. Si Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… n’avait rien ajouté aux réformes de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite…, je ne verrais aucun prétexte au bruit que ses doctrines ont fait dans le monde musical.

Vous appelez «des tentatives d’améliorations » les réformes apportées par l’auteur d’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite… dans la composition du drame lyrique. —Pour de simples tentatives, il me semble qu’elles ont eu d’assez glorieux résultats, et qu’elles ont soulevé au moins autant d’oppositions et d’aussi vives que celles que les théories et les oeuvres de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… provoquent chaque jour, — D’ailleurs, ce n’est pas dans GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite… seulement qu’il faut chercher la source de ces théories, et l’inspiration de ces œuvres ; Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… convient lui-même des « analogies très visibles qui relient son opéra du TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… à ceux de ses devanciers », et il ajoute : « Parmi ceux-ci, je vous signale avant tout Weber ».

Lorsque vous avez lu la partition de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, madame, vous n’avez pas songé, comme moi, à EuryantheEuryantheEuryanthe, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Helmina von Chézy mis en musique par Carl Maria von Weber et créé Kärntnertortheater de Vienne 25 octobre 1823.Lire la suite…. Et dans cette grande œuvre, qui méritait mieux certainement mieux que l’accueil qui lui a été fait en Allemagne et en France, n’avez-vous pas trouvé, sans parler de quelques réminiscences mélodiques, les premiers essais de ces formes nouvelles qui sont un peu cette absence de forme dont vous faites honneur à Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, et ces rappels de phrases caractéristiques dont il s’est servi à son tour, en leur donnant seulement plus de développement et plus d’importance dans l’action dramatique ?…

Quant à ce qui est de l’erreur que j’aurais commise (celle-là a une certaine gravité) en disant que « si GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite… n’a pas donné immédiatement l’expression la plus complète et la plus résolue de son système, il l’avait du moins entrevu dès l’origine dans toute la plénitude de sa force et de sa vérité, » permettez moi, madame, de m’en justifier à vos yeux et aux yeux de vos lecteurs. Je ne suis pas un bien grand clerc, mais je savais que GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite… avait de quarante quatre à quarante cinq ans quand il écrivit la préface d’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite…. Ma plume aurait-elle trahi ma pensée, je ne le suppose pas. Dès l’origine, c’est-à-dire dès le jour où GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite… eut arrêté les bases de son système, il en fit dans AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite… une application immédiate, mais c’est dans ArmideArmideArmide, tragédie lyrique en cinq actes sur un livret de Philippe Quinault mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 septembre 1777.Lire la suite…, je crois, que, d’après l’opinion de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite… lui-même, il faut chercher « l’expression la plus complète et la plus absolue. » Cependant, si la partition d’ArmideArmideArmide, tragédie lyrique en cinq actes sur un livret de Philippe Quinault mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 septembre 1777.Lire la suite… constitue un progrès sur l’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite… et sur les ouvrages intermédiaires de l’illustre réformateur, les bases du système sont restées ce qu’elles étaient dès l’origine.

LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… est, d’après vous, « la parfaite réalisation de l’idéal conçu ; » Mais vous admirez tout autant, n’est-ce pas, Tristan et IseultTristan und IsoldeTristan et Isolde, handlung (action) en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créée au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich le 10 juin 1865.Lire la suite…, qui est, d’après WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, un grand pas fait en avant dans la réalisation de son idéal ? — Eh bien, c’est parce que ma faible intelligence se refuse à suivre WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… aussi loin que j’ai écrit ceci : « Entre RienziRienziRienzi, opéra en cinq actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 20 octobre 1842. La version en français due à Charles Nuitter et Jules Guillaume fut créée au Théâtre-Lyrique de Paris le 6 avril 1867.Lire la suite… et Tristan et IseultTristan und IsoldeTristan et Isolde, handlung (action) en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créée au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich le 10 juin 1865.Lire la suite… se place le développement de tout un système qui n’a sans doute pas dit son dernier mot, et auquel je ne me trouve pas suffisamment initié. » Cet aveu vous parait superflu ; je vous jure qu’il n’en coûte rien à mon amour-propre de le répéter encore.

Je n’ajouterai plus qu’un mot : WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… a beaucoup écrit ; recherchez, je vous prie, dans quelques-unes de ses publications qui doivent avoir échappé à votre  attention, de quelle façon il s’exprime sur l’auteur des TroyensTroyens, LesLes Troyens, opéra en cinq actes sur un livret et une musique de Hector Berlioz dont les trois derniers actes furent créés sous la direction de Berlioz au Théâtre-Lyrique de Paris le 4 novembre 1863 sous le titre: Les Troyens à Carthage.Lire la suite… et sur l’auteur de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… (je n’en veut pas citer d’autres), et vous verrez, madame, si en suspectant l’équité des jugements qu’il a porté sur de belles œuvres et sur de tels grands musiciens, j’ai « trop aisément prêté l’oreille à des insinuations peu exemptes de perfidie. »

Vos éloges, si précieux pour moi et l’excessive bienveillance avec laquelle vous parlez du petit nombre de mes ouvrages me donnent comme un remords de n’avoir pas accepté vos critiques avec plus de soumission. Mais tous ceux qui lisent vos articles, si intéressants et si impatiemment attendus, ne lisent peut-être pas les miens, et je serais désolé que des musiciens (il s’en trouve beaucoup parmi vos lecteurs) restassent sous l’impression des erreurs, légères en apparence, que vous me reprochez. Déjà ils ont dû les qualifier beaucoup plus sévèrement.

Daignez agréer, madame, etc., etc.

E. ReyerReyer, Louis-Etienne-Ernest Rey ditLouis-Étienne-Ernest Reyer (Marseille, 1er décembre 1823 – Le Levandou/Var, 15 janvier 1909), compositeur et critique musical. Il étudia la musique dès l’âge de six ans à l’École de Musique de Marseille dirigée par Thomas-Gaspard-Fortuné Barsotti. En 1839, ne souhaitant pas que leur fLire la suite….

Mardi 20 octobre.

Mais, si remarquable à tous égards que nous paraisse cette réponse à nos faibles critiques, nous osons considérer comme assez douteux qu’elle les réduise tout à fait à néant. Riposterons-nous, à notre tour, à ces réponses ? Cette façon de discuter nous entraînerait trop loin. Nos lecteurs ont la lettre de M. ReyerReyer, Louis-Etienne-Ernest Rey ditLouis-Étienne-Ernest Reyer (Marseille, 1er décembre 1823 – Le Levandou/Var, 15 janvier 1909), compositeur et critique musical. Il étudia la musique dès l’âge de six ans à l’École de Musique de Marseille dirigée par Thomas-Gaspard-Fortuné Barsotti. En 1839, ne souhaitant pas que leur fLire la suite… et notre article, dont la suite sera publiée demain ; que nos lecteurs soient juges.

Judith Mendès.