Le Moniteur Universel, 22 novembre 1864, p. (article signé E. REYER).

Feuilleton du MoniteurSOUVENIRS D’ALLEMAGNE Voir Le Moniteur des 19 et 20 novembre 1864.

 

Les bienfaits de l’éducation musicale que je demande pour nous, l’Allemagne en jouit depuis longtemps, et j’ai pu m’en convaincre en parcourant dans toute son étendue cette terre privilégiée de la musique. Certes, je suis bien de mon pays, et, malgré les sympathies très-vives et très-sincères qui m’attachent à l’école allemande, je me suis mis en route sans enthousiasme préconçu, sans le moindre désir d’admirer tout ce qui se fait là-bas, aux dépens de ce qui se fait chez nous. J’avais déjà visité plusieurs fois les bords du Rhin, voyages de touriste plutôt que de musicien ; l’année précédente, j’avais été à Stuttgart, à Augsbourg, à Nuremberg, à Munich, à Francfort et à Darmstadt, mais bien que quelques-unes de ces villes aient une importance musicale très-grande, j’ai voulu, avant de parler de l’Allemagne, l’avoir visitée tout entière. Et j’ai commencé par Berlin. Je ne me suis arrêté que quelques heures à Cologne, le temps d’examiner sur toutes ses faces, intérieures et extérieures, la cathédrale inachevée et d’aller serrer la main à Ferdinand HillerHiller, FerdinandFerdinand Hiller (Francfort, 24 novembre 1811 – Cologne, 11 juin 1885), pianiste et compositeur. A la recommandation de son grand ami, Mendelssohn, il étudia à Weimar avec Hummel de 1825 à 1827 puis s’établit à Paris de 1828 à 1835 où il devint l’ami de Chopin, Liszt et Berlioz. Après unLire la suite…, directeur du conservatoire de la ville. De chef d’orchestre que je l’avais connu au théâtre italien, Ferdinand HillerHiller, FerdinandFerdinand Hiller (Francfort, 24 novembre 1811 – Cologne, 11 juin 1885), pianiste et compositeur. A la recommandation de son grand ami, Mendelssohn, il étudia à Weimar avec Hummel de 1825 à 1827 puis s’établit à Paris de 1828 à 1835 où il devint l’ami de Chopin, Liszt et Berlioz. Après unLire la suite… est devenu un compositeur renommé et occupe à Cologne une position importante. Son dernier opéra, Les CatacombesCatacombes, LesLes Catacombes (Die Katakomben), ernste oper (opéra sérieux) en trois actes sur un livret en allemand de Moritz Hartmann mis en musique par Ferdinand von Hiller et créé à Wiesbaden le 15 février 1862.Lire la suite…,

joué d’abord à Wiesbaden, puis à Carlsruhe, a obtenu un très-légitime succès, et SaülSaulSaul, Op. 80, oratorio en trois parties pour solistes, chœur et orchestre sur un livret en allemand de Moritz Hartmann mis en musique par Ferdinand Hiller et créé au festival du Bas-Rhin dans la Gürzenichsaale à Cologne les 23-25 mai 1858.Lire la suite…, l’un de ses oratorios, exécuté dans plusieurs de ces grandes fêtes artistiques qui en Allemagne sont de véritables fêtes populaires, renferme des beautés de premier ordre et révèle les fortes aptitudes du maître par l’élévation du style et les combinaisons ingénieuses de l’orchestre.

J’ai eu la bonne fortune de trouver MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… à Berlin. Il avait alors toutes les apparences de la santé et me dit d’un air joyeux que la veille il avait travaillé huit heures sans éprouver de fatigue….. Hélas ! quelques mois plus tard, l’immortalité commençait pour lui, et nous suivions en pleurant son glorieux cercueil.

L’illustre maître, dont j’avais reçu en plus d’une occasion des témoignages d’affectueuse sympathie, voulut bien me présenter à M. le comte de RedernRedern, Friederich Wilhelm, comte deFriedrich Wilhelm, comte de Redern (Berlin, 9 décembre 1802 – Berlin, 5 novembre 1883), intendant général des théâtres et de la musique, compositeur et homme politique. Il étudia le droit et entra au service de l’État prussien en 1823. En 1825, il devint gentilhomme de la chambre du princLire la suite…, grand chambellan du roi, lequel, en sa qualité de musicien émérite, a sous ses ordres les grandes institutions musicales de la couronne, le Dom-Chor entre autres. C’est sur le modèle de celui de Saint-Pétersbourg qu’a été fondé, il y a une quarantaine d’années, le chœur de la chapelle royale à Berlin. Si les voix sont plus belles à Saint-Pétersbourg, si les basses sont plus étendues, surtout dans le grave, elles sont à Berlin mieux disciplinées et mises au service d’intelligences musicales bien supérieures. Je n’avais jamais entendu un ensemble plus parfait, une plus stricte observation des nuances, une exécution plus irréprochable. Le Dom-Chor de Berlin est, comme société chorale, ce que la société des concerts du Conservatoire est comme société symphonique. Je ne sais si l’étiquette religieuse s’oppose à l’introduction des voix de femmes dans le chœur de la chapelle royale ; quant à l’élève des castrats, elle n’est point encouragée à Berlin comme à Rome : il a donc fallu adjoindre aux voix d’hommes, si admirablement choisies, des voix d’enfants dont le timbre, selon moi, a quelque chose de plus pur, de plus vibrant et de plus angélique que les voix de femmes et me paraît donner un caractère plus religieux aux morceaux d’ensemble exécutés dans la nef d’une église ; d’ailleurs en tout pays les belles voix de soprano et de contralto sont assez rares, pour qu’on ne songe pas à en approvisionner une chapelle tandis qu’elles manquent au théâtre.

C’est le roi Guillaume III qui fonda le Dom-Chor de Berlin. Pendant un voyage qu’il fit à Saint-Pétersbourg, il fut tellement impressionné par l’audition du chœur de la chapelle impériale, qu’il résolut de doter la capitale de ses États d’une institution semblable : M. de WitzlebenWitzleben, Karl Ernst Job-Wilhelm vonKarl Ernst Job-Wilhelm von Witzleben (Halberstadt, 20 juillet 1783 – Berlin, 9 juillet 1837), lieutenant général, adjudant général du Roi et ministre de la guerre. Il fit une brillante carrière dans les armes. Nommé second lieutenant en 1802, il fut fait prisonnier à la bataille de Jena (18Lire la suite…, alors ministre de la guerre, fut chargé d’exécuter l’ordre du roi. Il partit pour Saint-Pétersbourg accompagné de M. NeithardNeithardt, Heinrich AugustHeinrich August Neithard (Schleitz, 10 août 1793 – Berlin, 18 avril 1861), corniste, maître de chapelle et compositeur. Il étudia le piano, l’orgue et la composition avec l’organiste de la cathédrale de Schleitz, Gotthilf Friedrich Ebhard et fut engagé comme musicien de la chapelle de la Lire la suite…, maître de chapelle et peu de temps après le Dom-Chor de Berlin fonctionnait avec non moins de perfection et d’éclat que celui de Saint-Pétersbourg. M. NeithardNeithardt, Heinrich AugustHeinrich August Neithard (Schleitz, 10 août 1793 – Berlin, 18 avril 1861), corniste, maître de chapelle et compositeur. Il étudia le piano, l’orgue et la composition avec l’organiste de la cathédrale de Schleitz, Gotthilf Friedrich Ebhard et fut engagé comme musicien de la chapelle de la Lire la suite… a conservé la direction du chœur de la chapelle royale pendant plus de trente-cinq ans ; à sa mort il a été remplacé par M. Herzberg, l’un de ses meilleurs élèves. Quant à M. de WitzlebenWitzleben, Karl Ernst Job-Wilhelm vonKarl Ernst Job-Wilhelm von Witzleben (Halberstadt, 20 juillet 1783 – Berlin, 9 juillet 1837), lieutenant général, adjudant général du Roi et ministre de la guerre. Il fit une brillante carrière dans les armes. Nommé second lieutenant en 1802, il fut fait prisonnier à la bataille de Jena (18Lire la suite…, homme érudit et amateur de musique très-distingué, il a plus d’un titre à la reconnaissance des musiciens de son pays : c’est lui qui engagea SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… à venir se fixer à Berlin en lui offrant, avec l’agrément du roi Guillaume, le titre de directeur général de la musique de la cour. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… a occupé, après la mort de MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite…, cette position éminente et très-enviée, dont le nouveau titulaire n’est pas encore désigné. La séance donnée par le Dom-Chor, à laquelle j’ai assisté, en compagnie de MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… et de S. Exc. le comte de RedernRedern, Friederich Wilhelm, comte deFriedrich Wilhelm, comte de Redern (Berlin, 9 décembre 1802 – Berlin, 5 novembre 1883), intendant général des théâtres et de la musique, compositeur et homme politique. Il étudia le droit et entra au service de l’État prussien en 1823. En 1825, il devint gentilhomme de la chambre du princLire la suite…, est un des meilleurs souvenirs de mon séjour à Berlin ; le programme en était composé de la façon la plus attrayante, et c’est à peine si dans l’exécution des morceaux qui ne sont point écrits pour voix seules, et que l’orgue accompagne de quelques accords plaqués, je regrettais l’absence de l’orchestre, tellement l’effet est grandiose, tellement il y a de charme et d’émotion pénétrante dans l’union si parfaite de ces différentes voix.

M. le comte de RedernRedern, Friederich Wilhelm, comte deFriedrich Wilhelm, comte de Redern (Berlin, 9 décembre 1802 – Berlin, 5 novembre 1883), intendant général des théâtres et de la musique, compositeur et homme politique. Il étudia le droit et entra au service de l’État prussien en 1823. En 1825, il devint gentilhomme de la chambre du princLire la suite…, qui s’est essayé avec la modestie d’un amateur et avec le talent d’un artiste dans la musique sacrée comme dans la musique profane, a écrit plusieurs morceaux à six ou huit parties réelles qui occupent une place distinguée dans le répertoire du Dom-Chor. C’est un homme charmant que le comte de RedernRedern, Friederich Wilhelm, comte deFriedrich Wilhelm, comte de Redern (Berlin, 9 décembre 1802 – Berlin, 5 novembre 1883), intendant général des théâtres et de la musique, compositeur et homme politique. Il étudia le droit et entra au service de l’État prussien en 1823. En 1825, il devint gentilhomme de la chambre du princLire la suite…, et pas un artiste ne l’a approché qui n’ait rendu hommage à sa courtoisie et à ses manières pleines d’affabilité. Il s’honorait alors de l’amitié de MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, comme autrefois de l’amitié de SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite…. Un jour, c’était le lendemain de la première représentation d’OlympieOlympieOlympie, opéra en trois actes sur un livret de Charles Brifaut et Armand-Michel Dieulafoy, d’après la tragédie de Voltaire, mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 22 décembre 1819. Spontini remania l’œuvre pour lui donner une fin heureuse. Cette version fut Lire la suite…, SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite… entre chez lui et le trouve à son piano, exécutant de mémoire les principaux motifs de l’opéra qu’il avait entendu la veille. SpontiniSpontini, Gaspare Luigi PacificoGaspare Luigi Pacifico Spontini (Maiolati près Ancona/Italie, 14 novembre 1774 – Maiolati près Ancona, 24 janvier 1851), compositeur. Il étudia la musique au conservatoire des Turchini à Naples et son premier opéra bouffe, Li puntigli delle donne, fut représenté à Rome en 1796. Plusieurs de Lire la suite…, qui ne manquait pas d’une certaine dose de vanité, fut excessivement flatté de l’impression que sa musique avait produite sur le comte de RedernRedern, Friederich Wilhelm, comte deFriedrich Wilhelm, comte de Redern (Berlin, 9 décembre 1802 – Berlin, 5 novembre 1883), intendant général des théâtres et de la musique, compositeur et homme politique. Il étudia le droit et entra au service de l’État prussien en 1823. En 1825, il devint gentilhomme de la chambre du princLire la suite…, et il lui envoya quelques jours après un exemplaire de la partition d’OlympieOlympieOlympie, opéra en trois actes sur un livret de Charles Brifaut et Armand-Michel Dieulafoy, d’après la tragédie de Voltaire, mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 22 décembre 1819. Spontini remania l’œuvre pour lui donner une fin heureuse. Cette version fut Lire la suite… avec une dédicace des plus flatteuses. Ce précieux exemplaire occupe la place d’honneur dans la riche bibliothèque du comte de RedernRedern, Friederich Wilhelm, comte deFriedrich Wilhelm, comte de Redern (Berlin, 9 décembre 1802 – Berlin, 5 novembre 1883), intendant général des théâtres et de la musique, compositeur et homme politique. Il étudia le droit et entra au service de l’État prussien en 1823. En 1825, il devint gentilhomme de la chambre du princLire la suite…, et depuis, bien des partitions ont dû lui être offertes qu’il n’a pas accueillies avec la même joie et qu’il ne conserve pas avec le même respect religieux.

Le premier opéra que j’ai entendu à Berlin, c’est le FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… de mon ami GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…. Depuis le FreyschützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…, aucun ouvrage n’a joui d’une aussi grande popularité en Allemagne. Cela tient évidemment beaucoup au mérite de la partition ; mais le poëme y est aussi pour quelque chose. Les Allemands ont commencé par protester contre cette prétention de deux écrivains français qui osaient tailler un libretto d’opéra dans le grand drame national de l’immortel Goëthe Goethe, Johann Wolfgang vonJohann Wolfgang von Goethe (Francfort, 28 août 1749 – Weimar, 22 mars 1832), écrivain. Son œuvre est prolifique et presqu’encyclopédique puisqu’il a écrit des poèmes, des drames, des romans mais aussi des ouvrages de botanique et d’ostéologie et d’analyse du spectre des couleurs. Ses Lire la suite…; plus tard ils ont dû rendre hommage à l’élégante traduction de MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Jules BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite…, qui, dans bien des passages, suit le texte pas à pas et le reproduit fidèlement ; ils ont reconnu l’habileté avec laquelle les traducteurs avaient lié entre elles les situations principales du drame et le soin qu’ils avaient mis à toujours servir l’inspiration du musicien ; si bien qu’aujourd’hui, dans toute l’Allemagne, le libretto de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… est le libretto modèle, celui dont les jeunes compositeurs d’outre-Rhin demandent vainement l’équivalent à leurs paroliers. C’est à Darmstadt que FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… a été joué pour la première fois, c’est de Darmstadt qu’il est parti pour faire son tour d’Allemagne. Jusqu’à l’année dernière, chaque fois qu’une représentation de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… avait lieu le dimanche au théâtre du grand-duc de Hesse, des trains de plaisir étaient organisés pour permettre aux Francfortois de venir entendre l’opéra de GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…, et ceux-ci s’en retournaient chez eux tellement enthousiasmés qu’ils ont enfin triomphé de la résistance de quelques docteurs trop zélés : FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… a été monté à Francfort et très-applaudi par les compatriotes de Goëthe Goethe, Johann Wolfgang vonJohann Wolfgang von Goethe (Francfort, 28 août 1749 – Weimar, 22 mars 1832), écrivain. Son œuvre est prolifique et presqu’encyclopédique puisqu’il a écrit des poèmes, des drames, des romans mais aussi des ouvrages de botanique et d’ostéologie et d’analyse du spectre des couleurs. Ses Lire la suite…: la statue du grand poëte n’en a pas tressailli d’indignation sur son piédestal de granit.

A Berlin, FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… est présenté avec un luxe de mise en scène dont nous n’avons aucune idée à Paris ; la cantatrice qui remplit le rôle de Marguerite se nomme mademoiselle Pauline LuccaLucca, PaulinePauline Lucca (Vienne, 25 avril 1841 – Vienne, 28 février 1908), soprano. Elle étudia avec Richard Lévy et fut engagée dans le chœur de l’opéra de Vienne. Elle débuta à Olomuc en 1859 dans le rôle d’Elvira (Ernani, Verdi). L’année suivante, elle triompha à Prague dans le rôle de Lire la suite…, et c’est bien la perle des Marguerites. Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui en Europe une artiste plus séduisante et mieux douée que la prima-donna du Grand-Théâtre de Berlin. Elle a à peine vingt ans ; elle est fort jolie, et sa voix a une pureté, une justesse d’intonation et un charme inexprimables. La veille elle vous a ému par l’expression chaste et poétique qu’elle donne au personnage de Marguerite ; le lendemain, on la revoit pétillante d’esprit, pleine d’espièglerie et de gentillesse dans le rôle de Chérubin ; quelques jours après, elle chante la Valentine des HuguenotsHuguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite…, et MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… lui a crié plus d’une fois bravo du fond de sa loge. Une telle souplesse de talent est chose rare ; Mme Carvalho elle-même, malgré le succès qu’elle a obtenu dans FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… et dans Les Noces de FigaroNoces de Figaro, LesLes Noces de Figaro (Le nozze di Figaro), K.V. 492, opera buffa en quatre actes sur un livret en italien de Lorenzo Da Ponte, d’après Beaumarchais, mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Burgtheater de Vienne le 1er mai 1786.Lire la suite…, ne possède pas cette qualité au même degré que mademoiselle Pauline LuccaLucca, PaulinePauline Lucca (Vienne, 25 avril 1841 – Vienne, 28 février 1908), soprano. Elle étudia avec Richard Lévy et fut engagée dans le chœur de l’opéra de Vienne. Elle débuta à Olomuc en 1859 dans le rôle d’Elvira (Ernani, Verdi). L’année suivante, elle triompha à Prague dans le rôle de Lire la suite…. Cette charmante personne est née à Prague, et c’est là qu’elle a débuté… comme choriste. Peu de temps après elle passa au Grand-Théâtre impérial de Vienne, où son intelligence musicale et sa ravissante voix, les rapides progrès qu’elle fit dans l’art du chant, la mirent bientôt à même d’aborder ce beau rôle de Valentine, qui est aujourd’hui un de ses rôles de prédilection. Elle y obtint assez de succès pour qu’un ami de MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, qui assistait à la représentation, et qui devina peut-être le brillant avenir de la débutante, écrivît à l’illustre maître une lettre où l’éloge laissait bien peu de place à la critique.

MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… n’eut qu’un mot à dire, et mademoiselle LuccaLucca, PaulinePauline Lucca (Vienne, 25 avril 1841 – Vienne, 28 février 1908), soprano. Elle étudia avec Richard Lévy et fut engagée dans le chœur de l’opéra de Vienne. Elle débuta à Olomuc en 1859 dans le rôle d’Elvira (Ernani, Verdi). L’année suivante, elle triompha à Prague dans le rôle de Lire la suite… fut engagée à Berlin. Les Berlinois l’adorent, et, bien que son nom ne soit pas mis en vedette sur l’affiche, la salle est comble lorsqu’elle joue : ses appointements sont de dix-huit mille florins par an ; à Paris, elle pourrait gagner le double ; mais un congé de trois mois qu’elle passe à Londres est tout ce que son engagement lui permet. D’ailleurs les artistes allemands, en dehors des difficultés qu’ils éprouvent, pour la plupart, à chanter dans une langue étrangère, ont pour leur foyer une fidélité que les autres artistes sont loin de partager ; ils se trouvent fort bien chez eux, et ils y restent. Ceci me rappelle une anecdote que me conta M. le baron de GallGall, Ferdinand Wilhelm Adam baron vonFerdinand Wilhelm Adam Freiherr von Gall (Battenberg, 23 octobre 1807 – Stuttgart, 30 novembre 1872), intendant de Théâtre. Il fit des études de droit aux universités de Giessen et de Heidelberg puis fut engagé comme jeune cadre au tribunal de Giessen puis à Oldenburg. En 1842, il fut nomméLire la suite…, intendant général du théâtre royal de Stuttgart, au sujet du ténor SontheimSontheim, HeinrichHeinrich Sontheim, (Jebenhausen/Bade-Wurtemberg, 3 février 1820 – Stuttgart, 2 août 1912), ténor. Il étudia à Stuttgart, où il fit ses débuts à dix-neuf ans dans le rôle de Pollione (La Norma, Bellini). Il fut engagé au théâtre de Carlsruhe puis à celui de Stuttgart, où il fit toute Lire la suite…, que je venais d’entendre dans l’opéra de M. Karl Eckert, Guillaume d’OrangeGuillaume d’OrangeGuillaume d’Orange ou L’Union d’Utrecht, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Friedrich Christoph Förster mis en musique par Karl Anton Florian Eckert et créé à Berlin le 19 novembre 1846. L’œuvre remaniée et traduite en français par Auguste Clavareau fut recréée au ThLire la suite…. Cet artiste a une voix remarquablement belle ; il est excellent acteur, et il chante fort bien. On l’apprécie beaucoup à Stuttgart, mais on ne le paye pas ce qu’il vaut. Or il arriva qu’un jour M. SontheimSontheim, HeinrichHeinrich Sontheim, (Jebenhausen/Bade-Wurtemberg, 3 février 1820 – Stuttgart, 2 août 1912), ténor. Il étudia à Stuttgart, où il fit ses débuts à dix-neuf ans dans le rôle de Pollione (La Norma, Bellini). Il fut engagé au théâtre de Carlsruhe puis à celui de Stuttgart, où il fit toute Lire la suite…, frappé de la modicité de ses appointements, essaya d’obtenir de M. le baron de GallGall, Ferdinand Wilhelm Adam baron vonFerdinand Wilhelm Adam Freiherr von Gall (Battenberg, 23 octobre 1807 – Stuttgart, 30 novembre 1872), intendant de Théâtre. Il fit des études de droit aux universités de Giessen et de Heidelberg puis fut engagé comme jeune cadre au tribunal de Giessen puis à Oldenburg. En 1842, il fut nomméLire la suite… une augmentation très-légère, quelque chose comme mille florins par an. M. le baron de GallGall, Ferdinand Wilhelm Adam baron vonFerdinand Wilhelm Adam Freiherr von Gall (Battenberg, 23 octobre 1807 – Stuttgart, 30 novembre 1872), intendant de Théâtre. Il fit des études de droit aux universités de Giessen et de Heidelberg puis fut engagé comme jeune cadre au tribunal de Giessen puis à Oldenburg. En 1842, il fut nomméLire la suite… refusa. SontheimSontheim, HeinrichHeinrich Sontheim, (Jebenhausen/Bade-Wurtemberg, 3 février 1820 – Stuttgart, 2 août 1912), ténor. Il étudia à Stuttgart, où il fit ses débuts à dix-neuf ans dans le rôle de Pollione (La Norma, Bellini). Il fut engagé au théâtre de Carlsruhe puis à celui de Stuttgart, où il fit toute Lire la suite… n’insista pas ; mais quelque temps après, ayant reçu de brillantes propositions de Vienne ou de Berlin, il revint à la charge auprès de l’intendant général, en l’assurant que, s’il persistait dans son refus, lui, SontheimSontheim, HeinrichHeinrich Sontheim, (Jebenhausen/Bade-Wurtemberg, 3 février 1820 – Stuttgart, 2 août 1912), ténor. Il étudia à Stuttgart, où il fit ses débuts à dix-neuf ans dans le rôle de Pollione (La Norma, Bellini). Il fut engagé au théâtre de Carlsruhe puis à celui de Stuttgart, où il fit toute Lire la suite…, se verrait dans la nécessité, à l’expiration de son engagement, de ne pas le renouveler. « Eh quoi ! lui dit alors M. le baron de GallGall, Ferdinand Wilhelm Adam baron vonFerdinand Wilhelm Adam Freiherr von Gall (Battenberg, 23 octobre 1807 – Stuttgart, 30 novembre 1872), intendant de Théâtre. Il fit des études de droit aux universités de Giessen et de Heidelberg puis fut engagé comme jeune cadre au tribunal de Giessen puis à Oldenburg. En 1842, il fut nomméLire la suite…, vous quitteriez Stuttgart, votre maison si coquette et votre petit jardin, la brasserie où vous venez chaque soir vider votre broc avec vos nombreux amis ; vous diriez adieu à ce public qui vous aime, à ce théâtre témoin de vos succès, à vos camarades qui les partagent, à votre roi dont la présence en double le prix ! … Ah ! SontheimSontheim, HeinrichHeinrich Sontheim, (Jebenhausen/Bade-Wurtemberg, 3 février 1820 – Stuttgart, 2 août 1912), ténor. Il étudia à Stuttgart, où il fit ses débuts à dix-neuf ans dans le rôle de Pollione (La Norma, Bellini). Il fut engagé au théâtre de Carlsruhe puis à celui de Stuttgart, où il fit toute Lire la suite… ! ne me faites pas croire à tant d’ingratitude. » En entendant ce discours, l’artiste se sentit ému ; il essuya une larme furtive, se leva timidement et prit congé de M. le baron de GallGall, Ferdinand Wilhelm Adam baron vonFerdinand Wilhelm Adam Freiherr von Gall (Battenberg, 23 octobre 1807 – Stuttgart, 30 novembre 1872), intendant de Théâtre. Il fit des études de droit aux universités de Giessen et de Heidelberg puis fut engagé comme jeune cadre au tribunal de Giessen puis à Oldenburg. En 1842, il fut nomméLire la suite…, auquel il ne reparla jamais de l’augmentation tant souhaitée.

Il y a deux ans déjà que cette anecdote m’a été racontée, et c’est plus de temps qu’il n’en faut à un ténor pour étouffer la voix de son cœur et se laisser séduire par l’or d’un imprésario étranger. M. SontheimSontheim, HeinrichHeinrich Sontheim, (Jebenhausen/Bade-Wurtemberg, 3 février 1820 – Stuttgart, 2 août 1912), ténor. Il étudia à Stuttgart, où il fit ses débuts à dix-neuf ans dans le rôle de Pollione (La Norma, Bellini). Il fut engagé au théâtre de Carlsruhe puis à celui de Stuttgart, où il fit toute Lire la suite… est resté à Stuttgart.

(La suite prochainement.)