La Revue française, 1er août 1856, p. 56-61 (article signé E. Reyer).

Chronique musicale

Concours d’orphéons à Blois. — Madame Ugalde.


Heureuse saison qui fait à la critique de si doux loisirs ! malheureux artistes obligés de jouer devant des dilettanti qui n’ont pas payé leur place, et qui vous disent bravo du bout des lèvres ! Je ne sais rien de plus difficile, de plus indifférent, que le bourgeois assis dans une stalle qu’il doit à la munificence d’un journaliste. Ce bourgeois, que vous entourez de toutes sortes de prévenances, auquel vous envoyez un billet que vous avez été solliciter vous-même et qui lui arrive sans frais par l’intermédiaire d’un Auvergnat médaillé, ce bourgeois-là est un juge terrible ; et c’est vraiment un hasard inespéré s’il ne vient pas se plaindre à vous le lendemain de l’exiguïté de sa loge, de la chaleur qui l’a incommodé, de l’inurbanité de l’ouvreuse et de la médiocrité de la première chanteuse, dont certains feuilletonistes ignorants exagèrent le talent et la beauté : ce reproche-là est plus particulièrement à votre adresse, et vous n’avez plus qu’à faire des excuses et confesser vos torts avec humilité. Pendant deux on trois mois, à moins d’un grand événement, comme le vaisseau de la Porte-Saint-Martin ou la rentrée de Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… à l’Opéra-Comique, les théâtres de Paris sont mis dans cette triste alternative de laisser leur salle vide ou de la remplir avec des billets de faveur, et il n’y a certes pas à hésiter. Eh bien, si les grands artistes choisissent ces trois mois-là pour prendre leur congé, c’est à cause de l’épouvante que leur cause la vue d’une salle qui est passée tout entière devant le bureau de location sans laisser tomber seulement un regard compatissant sur la mine piteuse du buraliste.

Ceci me rappelle une assez bonne plaisanterie faite par un de mes confrères à une famille de provinciaux mélomanes venue pour la première fois à Paris l’année dernière au moment de l’Exposition universelle. C’était au mois de juillet : le thermomètre marquait trente-cinq degrés à l’ombre ; la famille, composée de six personnes, exprima le désir d’aller voir M. PaliantiPalianti, LouisLouis Palianti (Cadix, 9 septembre 1810 – Paris, 5 octobre 1875), basse. Engagé en 1835 à l’Opéra-Comique de Paris, où il était également régisseur, il y resta jusqu’à son décès. Excellent acteur, il interpréta des rôles de caractères tels que Giacomo dans Fra Diavolo (Auber) et lLire la suite… dans les Trovatelles Trovatelles, LesLes Trovatelles, opéra-comique en un acte sur un livret de Michel Carré et Jules Lorin mis en musique par Jules Duprato et créé à l’Opéra-Comique le 28 juin 1854.Lire la suite…; mon confrère offrit une loge de la galerie : six places, avec salon, divan et draperies ; le coupon était accompagné d’un bon sur le glacier de l’Opéra-Comique. Nos provinciaux ébahis ne tarirent pas d’éloges sur la galanterie de la direction : par une chaleur tropicale, c’était là une attention des plus délicates. Le propriétaire du buffet, qui avait été prévenu et payé d’avance, prit le bon sans dire mot et envoya les rafraîchissements demandés à la loge qu’on lui indiqua. Le garçon ne reçut pas de pourboire. Quelques jours après on jouait l’Étoile du Nord Etoile du Nord, L’L’Etoile du Nord, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 16 février 1854.Lire la suite…; et, bien que M. PaliantiPalianti, LouisLouis Palianti (Cadix, 9 septembre 1810 – Paris, 5 octobre 1875), basse. Engagé en 1835 à l’Opéra-Comique de Paris, où il était également régisseur, il y resta jusqu’à son décès. Excellent acteur, il interpréta des rôles de caractères tels que Giacomo dans Fra Diavolo (Auber) et lLire la suite… n’ait pas de rôle dans cet ouvrage, le chef de la famille écrivit à mon facétieux confrère pour lui dire qu’il prenait la liberté de réclamer de son obligeance une seconde édition de la faveur dont lui et les siens avaient gardé un si doux souvenir. Il assurait M. X. de la reconnaissance de ces dames et du goût excessif qu’elles avaient toujours eu pour la musique de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…. Cette fois la loge envoyée par M. X. n’était accompagnée que des plus chaleureuses protestations de dévouement, des offres de service les plus amicales ; mais pas le plus petit mot à l’adresse du limonadier. On questionna le commissionnaire ; la bêtise de son visage attestait sa fidélité. Le soir, la famille tout entière eut la migraine et alla se promener aux Champs-Élysées : la loge resta vide…

Je suis sûr qu’avec cette simple annonce sur l’affiche : « Chaque billet donne droit à une consommation, » les théâtres ne souffriraient jamais de l’élévation de la température ; mais M. M. les directeurs voient l’art à un point de vue trop élevé pour imiter certains industriels qui s’inquiètent plus de leurs intérêts que de la dignité de leur enseigne ; au moins faut-il que nos salles de spectacle modifient leur système de ventilation pour la saison d’été. Les fleurs, les jets d’eau et la terrasse de la Porte-Saint-Martin sont déjà une amélioration sensible ; la vue d’une mer de toile, dont cinquante échines de jeunes drôles soulèvent les flots poudreux, semble vous apporter une brise rafraîchissante, tant est grande la puissance de l’illusion ; le ballet des patineurs, dans le Prophète, a toujours beaucoup plus de succès l’été que l’hiver : une scène d’opéra-comique se passant à Dieppe, à Étretat ou dans l’une de nos écoles de natation, réussirait sans dialogue, sans musique et en dépit du thermomètre. Tout cela semble puéril et ne l’est pas ; le bien-être du spectateur est un problème qui doit toujours être à l’ordre du jour et qui touche de bien plus près qu’on ne l’imagine à de très-hautes questions artistiques. Le dilettante le plus passionné apprécie mal les beautés d’une symphonie, le charme d’une mélodie sentimentale, quand, plongé dans une étuve, il est occupé à essuyer les gouttes de sueur qui perlent sur son front. Pourquoi les gens qui vont au théâtre n’auraient-ils pas un costume pour entrer dans la salle comme les baigneurs ont un costume pour entrer dans l’eau ? Malheureusement, les choses les plus rationnelles, avant qu’elles ne soient acceptées, nous font toujours l’effet d’excentricités et de paradoxes, et l’étiquette a bien souvent des tyrannies féroces. Pourquoi pendant chaque entr’acte, les spectateurs étant répandus dans les couloirs, dans le foyer, ou blottis au fond de leur loge, ne ferait-on pas passer dans la salle un violent courant d’air qui renouvellerait complètement l’atmosphère ? Admettez, si vous le voulez, que tout cela est ridicule, malséant et impossible à réaliser, et alors demandez avec moi la fermeture de tous les théâtres pendant que la chaleur les rend inhabitables. Nous serons privés pendant deux mois des évolutions de la troupe de fer-blanc que chaque directeur tient en réserve pour remplacer les premiers sujets qui voyagent, et personne n’aura trop à souffrir d’une telle privation ; MM. 1es directeurs seront tenus de payer les artistes et les employés qui ne peuvent pas utiliser leurs loisirs à l’étranger ou en province, et ils feront encore une très-grande économie. Quant aux touristes qui l’été nous honorent de leur visite, ils affluent en trop grand nombre dans les jardins où l’on danse, dans les établissements où l’on fait de la musique en plein vent, pour que l’on puisse supposer qu’ils s’affligeront beaucoup du silence qui se fera à l’intérieur de nos salles de spectacle.

Je viens de prendre huit jours de vacances, et je les ai passés à Blois. Nous étions cinq ou six musiciens auxquels des lettres d’invitation avaient été adressées par M. le maire de Blois pour assister, en qualité de jurés, au concours d’orphéons dont tout Paris a pu lire les détails sur de gigantesques affiches. Et nous sommes partis à peu près ensemble, à une demi-heure de distance. Les quatre heures de waggon ont passé comme quatre secondes : j’avais de joyeux compagnons de route ; nous n’avons pas parlé musique du tout, et nous avons fumé les meilleurs soutellas de la régie. Arrivé à Blois, je me suis aperçu que j’avais oublié de faire enregistrer ma valise, et je l’ai fait réclamer à la gare de Paris par une dépêche télégraphique, afin qu’elle m’arrivât le lendemain matin : j’avais besoin de mon costume officiel de membre du jury. Cette dépêche télégraphique a mis deux heures et demi pour aller de Blois à Paris, après une foule de zig-zags entre Tours et Blois, Blois et Tours, Tours et Orléans ; les employés dormaient, se promenaient, jouaient an bézigue peut-être, mais ils ne répondaient pas, et il aurait été vraiment fâcheux pour eux et pour moi que le fil électrique eût été mis en mouvement pour quelque chose de plus important qu’une malle égarée. Circonstance atténuante : il était une heure du matin. Le lendemain de notre arrivée, l’orphéon de Blois a chanté dans l’église métropolitaine une grand’messe en musique, et on a quêté au profit des inondés. A Blois, les quêteuses sont fort jolies, et les offrandes sont nombreuses. Je parlerais volontiers de cette messe, si je l’avais entendue ; malheureusement elle avait lieu à l’heure où ma malle devait arriver, et j’attendais ma malle. Après la messe, les orphéonistes se sont rangés en bataille sur la place du Mail ; ils étaient environ douze cents : c’était un beau coup d’œil. M. le préfet du département les a passés en revue, adressant au porte-étendard de chaque société une parole flatteuse et encourageante ; quelques-uns de mes confrères faisaient escorte à M. le préfet, et remplissaient leur mandat avec un sérieux imperturbable, avec une dignité imposante ; d’autres, et j’étais de ce nombre, admiraient, pendant cette promenade officielle, ce magnifique panorama du val de la Loire, naguère le théâtre d’épouvantables sinistres dont les traces existent encore, que nous avons vues de près, et qui toutes ne pourront pas être effacées. Après la revue passée par M. le préfet et MM. les membres les plus consciencieux du jury, la troupe s’est divisée en deux camps ; l’un s’est dirigé vers la salle de spectacle (un bien beau monument !), l’autre s’est rendu dans la salle des États du château de Blois, une merveille architecturale, en dépit des lourdes constructions que Gaston d’Orléans a fait élever à côté des élégantes galeries de François IFrançois 1erFrançois 1er (Cognac, 12 septembre 1494 – château de Rambouillet, 31 mars 1547), roi de France. C’est durant son règne que la Renaissance s’épanouit en France. Il apporta un important développement aux lettres et aux arts. On doit notamment à ce grand bâtisseur le château de FontainebLire la suite…er  et de Louis IILouis XIILouis XII (Château de Blois, 27 juin 1462 – Paris, 1er janvier 1515), roi de France. Beau-père de François Ier, il poursuivit les guerres d’Italie de son prédécesseur Charles VIII et fut brièvement duc de Milan (1501-1512) et roi de Naples (1501-1504). La sage administration de son royaumLire la suite… [Louis XII]Louis XIILouis XII (Château de Blois, 27 juin 1462 – Paris, 1er janvier 1515), roi de France. Beau-père de François Ier, il poursuivit les guerres d’Italie de son prédécesseur Charles VIII et fut brièvement duc de Milan (1501-1512) et roi de Naples (1501-1504). La sage administration de son royaumLire la suite…. Cette salle, que j’ai vue l’année dernière transformée en salle de concert, date des comtes de Châtillon, au douzième siècle ; elle peut contenir deux mille personnes et un orchestre de deux cents musiciens. Le bal qui a lieu chaque année dans la salle des États, est d’un aspect féerique, et je vous assure que ce n’est pas là un bal de province ; les gracieuses châtelaines qui habitent les châteaux historiques des environs de Blois s’y donnent rendez-vous dans tout le luxe de leur toilette aristocratique.

Chaque jury avait à entendre quinze orphéons, et chaque orphéon devait chanter deux chœurs. Un instant, j’ai cru pouvoir échapper à cette avalanche de mélodie départementale, mais j’avais retrouvé ma valise et mon costume officiel. J’ai marché bravement au milieu de mes honorables confrères. Le concours a duré trois heures cinq minutes. A mesure qu’un orphéon s’avançait sur l’estrade, bannière en tête, le président interrogeait le chef sur les récompenses déjà obtenues, la date de la formation de la société et le nombre des exécutants placés sous sa direction : ces renseignements devaient influer sur la décision du jury. Presque tous les chœurs qui ont été chantés sont de la composition de M. Laurent de Rillé. Ces morceaux, dont je n’ai pas à apprécier la valeur musicale, m’ont paru être d’une exécution très-facile ; deux ou trois auditions doivent suffire pour les retenir, et c’est ce qui explique la grande faveur dont ils jouissent auprès des sociétés chorales, dont l’enseignement a pour base principale la routine. On s’occupera peut-être un jour de diriger dans une voie meilleure l’intelligence musicale de ces hardis travailleurs, de ces ouvriers mélomanes qui utilisent si noblement les loisirs de la fabrique et de l’atelier. Le jour où ils liront dans une partition comme dans un livre, on verra surgir au milieu d’eux de grands artistes, qui auront sur bien d’autres l’avantage d’être d’excellents musiciens. Je n’ai pas à me prononcer pour tel ou tel système, mais je crois qu’il est bon d’appeler l’attention des hommes compétents sur les moyens les plus prompts de perfectionner, ou, pour mieux dire, de commencer l’éducation des masses sur une vaste échelle, comme cela se fait en Belgique et dans toute l’Allemagne. Mais l’eau de la montagne descend toujours dans la plaine, et, jusqu’à présent, le fâcheux exemple donné par les sociétés parisiennes n’a eu qu’un trop grand nombre d’imitateurs en province. Les sociétés du Nord sont aux premières places pour voir ce qui se passe au delà des frontières, et elles seront les premières à entrer dans la bonne voie. Lille a déjà subi l’influence de la Belgique, comme la Belgique a subi l’influence de l’Allemagne ; mais le Centre, mais le Midi ! Et là, cependant, les voix sont si belles, si harmonieuses, si sympathiques ! Le plus grand défaut des orphéons, c’est de chanter sans nuances intermédiaires ; le mezzo forte leur est inconnu, et ce défaut-là, c’est la routine qui le donne, la routine ne le corrigera jamais. Quant à la prononciation, on ne s’en préoccupe guère, pas même à Montauban, département du Tarn-et-Garonne. J’ai signalé le mal en passant, j’ai posé légèrement le doigt sur la plaie ; comme le remède existe, que ceux qui sont chargés de l’appliquer ne perdent pas de temps en hésitations inutiles, en discussions oiseuses. S’il y a plusieurs systèmes en présence, qu’on les essaye tous séparément, et l’on choisira ensuite : le meilleur sera nécessairement celui qui donnera les résultats les plus évidents.

Les orphéons qui ont brillé au premier rang sont ceux de Bordeaux, de Paris, d’Orléans, de Versailles, de Blois et d’Angoulême François 1erFrançois 1er (Cognac, 12 septembre 1494 – château de Rambouillet, 31 mars 1547), roi de France. C’est durant son règne que la Renaissance s’épanouit en France. Il apporta un important développement aux lettres et aux arts. On doit notamment à ce grand bâtisseur le château de FontainebLire la suite…; les Bordelais ont eu les honneurs du concours ; ils ne sont pas plus de cinquante, mais il y a parmi eux quelques très-bons musiciens, et leur chef, M. Mézeray, est un homme de talent ; il dirige la société philharmonique de Bordeaux avec beaucoup d’habileté et de zèle. Je dois mentionner aussi, d’une manière toute particulière, les orphéonistes blésois placés sous la direction de M. Desse Desse, AdolpheAdolphe-Clodomir Desse, (Marle/Aisne, 29 septembre 1818 – Blois, 7 mai 1893), organiste, chef de chœur et compositeur. Chargé par la paroisse Saint-Nicolas de Blois d’organiser une maîtrise, il fonda l’Orphéon de Blois (Société Chorale Saine-Cécile) le 2 juillet 1852. Il dirigea l’OLire la suite…; l’un des morceaux qu’ils ont chantés est un chœur composé par M. DenefveDenefve, JulesJules Denefve (Chimay, 1814 – Mons, 19 août 1877), violoncelliste et compositeur. Au Conservatoire de Bruxelles, il étudia le violoncelle avec Platel et De Munck et la composition avec Fétis. En 1836, il devint professeur à l’école communale de Mons et premier violoncelle du Théâtre et deLire la suite…, qui m’a paru un peu long et d’un style assez prétentieux ; à chaque phrase c’est une modulation nouvelle et une modulation difficile ; malgré cela, l’exécution a laissé peu de chose à désirer. M. DesseDesse, AdolpheAdolphe-Clodomir Desse, (Marle/Aisne, 29 septembre 1818 – Blois, 7 mai 1893), organiste, chef de chœur et compositeur. Chargé par la paroisse Saint-Nicolas de Blois d’organiser une maîtrise, il fonda l’Orphéon de Blois (Société Chorale Saine-Cécile) le 2 juillet 1852. Il dirigea l’OLire la suite… est un bon professeur et un excellent organiste ; il a la modestie de se contenter de la réputation qu’il s’est acquise à Blois, et qu’il aurait tout aussi bien pu se faire à Paris.

Après le concours des orphéons, les deux troupes se sont réunies sur la place de l’Évêché, où ont eu lieu la distribution des récompenses et un concours d’harmonie entre des musiques de collégiens et de gardes nationaux. Cette lutte instrumentale a été un charivari sérieux, et je crois bien qu’un solo de trombone a décidé la victoire en faveur de la garde nationale de Blois. La cérémonie était présidée par M. le préfet, monseigneur l’évêque et autres fonctionnaires éminents ; tous les orphéons réunis ont entonné le duo de la MuetteMuette de Portici, LaLa Muette de Portici, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber et créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1828.Lire la suite…, arrangé en hymne triomphal, Amour sacré de la patrie ; je n’aime pas beaucoup ces arrangements-là, et il m’a semblé, si j’en juge par l’effet produit, que je n’ai pas tout à fait tort. Chaque nom proclamé victorieux, chaque médaille décernée, étaient suivis d’un roulement de tambour et de bruyants applaudissements ; les vaincus eux-mêmes battaient généreusement des mains aux vainqueurs ; le soir, il y a eu un dîner de cinquante couverts ; après les toasts politiques de rigueur, on a bu à la santé de M. le maire de Blois, qui est aimé et estimé par tous ses administrés, et dont nous avons tous apprécié l’exquise courtoisie, l’extrême bienveillance. M. le docteur Viabeur-BlauViateur-Blau, ThéophileThéophile Viateur-Blau (Blois, 18 novembre 1798 – Blois, 17 avril 1862), médecin. Après des études à la faculté de médecine de Paris, il fut nommé médecin-chef de l’Hôtel-Dieu de Blois, médecin du collège de Blois ainsi que de la gendarmerie et de l’école normale. En 1852, il fut Lire la suite… [Viateur-Blau]Viateur-Blau, ThéophileThéophile Viateur-Blau (Blois, 18 novembre 1798 – Blois, 17 avril 1862), médecin. Après des études à la faculté de médecine de Paris, il fut nommé médecin-chef de l’Hôtel-Dieu de Blois, médecin du collège de Blois ainsi que de la gendarmerie et de l’école normale. En 1852, il fut Lire la suite…, président de l’Orphéon, a lu des vers un peu égrillards, mais très-spirituels ; il a glissé adroitement dans son petit poëme des compliments à l’adresse des principaux invités, qui n’avaient certes pas besoin de cela pour emporter un charmant souvenir de la réception qui leur était faite ; l’hospitalité blésoise aura beaucoup plus de signification à mes yeux que l’hospitalité écossaise, tant que je ne serai pas allé en Écosse.

Revenu à Paris, je suis allé voir Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… dans le CaïdCaïd, LeLe Caïd, opéra-comique en deux actes sur un livret de Thomas Sauvage mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra-Comique le 3 janvier 1849.Lire la suite…, et je supportais la température du Sénégal pour entendre une telle artiste. Ceux mêmes qui prétendaient jadis que Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… avait perdu sa voix lui en trouvent aujourd’hui plus qu’elle n’en a jamais eu ; cela dépend toujours de certaines circonstances que le public ignore, et il a la bonhomie de s’étonner de cette étrange fluctuation de l’opinion de quelques-uns. Que Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… ait eu un peu plus de voix hier qu’aujourd’hui, cela m’importe fort peu ; elle n’a jamais cessé d’être une artiste hors ligne, une artiste convaincue, qui a le feu sacré, qui croit à son art, qui vous remue, qui vous électrise, et dont on admire même les imperfections. Quand Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… paraît ; elle remplit la scène à elle seule, elle l’anime, elle éclipse tout ce qui est autour d’elle ; quand elle chante, on est suspendu à ses lèvres ; à chaque instant, c’est une note qui vous fait frissonner, qui vibre dans vous, un trait qui est un éclair de génie, un trille dont la perfection vous éblouit, et tout cela fait avec une simplicité, un brio, un naturel prodigieux ; Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… sait toujours son rôle, mais on ne dirait jamais qu’elle l’a appris. Allez donc l’entendre, allez-y surtout le jour où on vous aura dit, pour la vingtième fois, qu’elle a perdu sa voix, et puis, vous essayerez de lui trouver une rivale : vous chercherez, parmi les tabatières à musique que la faveur passagère du public vous désignera, quelque chef-d’œuvre de mécanique qui puisse être comparé à cette merveilleuse organisation d’artiste.