Le Moniteur Universel, 12 janvier 1865, p. (article signé E. REYER).

Feuilleton du MoniteurSOUVENIRS D’ALLEMAGNE Voir Le Moniteur des 19, 20, 22, 27, 29, 30 novembre et 16, 22, 25, 31 décembre 1864, 3, 4, 6 et 7 janvier 1865.

 

Un jour que je m’étais arrêté, sous la tour de l’Horloge, devant une boutique d’objets vénitiens, le marchand vint à moi d’un air bienveillant et m’offrit d’entrer. Il avait de fort bonnes manières et quelque chose d’engageant dans la physionomie : nous causâmes assez longtemps ou plutôt je l’écoutai avec beaucoup d’intérêt. Cet homme avait été soldat sous Manin Manin, LudovicoLudovico Manin (Venise, 14 mai 1725 – Venise, 24 octobre 1802), homme politique. Il étudia à l’université de Bologne. Il épousa Elisabetta Grimani et fut élu Doge de Venise le 9 mars 1789. Forcé d’abdiquer le 12 mai 1797 par les troupes de Napoléon 1er ; il quitta le Palais des Doges dLire la suite…; il avait joué un rôle très actif dans différentes escarmouches, et il me raconta comment lui et ses camarades s’y prenaient pour tromper la vigilance des sentinelles autrichiennes, les désarmer au besoin, et faire entrer des sacs de farine dans la place assiégée. Tout cela était dit simplement et sans la moindre intention apparente de se montrer à moi comme un héros. « Ah ! nous avons vu de tristes jours, ajouta-t-il, et le pain que nous mangions alors était un peu dur. On en conserve des échantillons à l’Arsenal. Allez les voir. Les plus grandes dames de Venise broyaient elles-mêmes le grain, et elles travaillaient avec une telle ardeur que les pierres dont elles se servaient, usées par le frottement, mêlaient la poussière du grès à la farine du froment. Ces pierres meulières ont été achetées par un médecin de Venise qui en a fait daller le péristyle de sa maison. J’ignorais cela, moi qui suis Vénitien ; c’est un Anglais qui me l’a appris. »

Que ceux qui iront à Venise fassent comme moi, et quand ils auront visité Saint-Marc et le pont des Soupirs, le palais des Doges et le Rialto, les églises dei Gesuiti, della Salute et de Santi Giovanni e Paolo ; quand ils auront admiré l’Assomption du TitienTiziano Vecellio dit le TitienTiziano Vecellio, Tiziano Vecelli ou Tiziano da Cador, plus communément appelé Titien ou le Titien en français (Pieve di Cadore/Vénétie, ca. 1488 – Venise, 27 août 1576 à Venise), peintre. A l’âge de 9 ou 10 ans il fut envoyé à Venise pour étudier l’art d’abord dans l’aLire la suite… et la Vierge de Jean BellinBellini, GiovanniGiovanni Bellini (Venise, vers 1430 – Venise, avant 29 décembre 1516), peintre. Il apprit son métier dans l’atelier de son père et fut influencé par son beau-frère, le peintre Mantegna. En 1470, il fut engagé avec son frère et d’autres artistes pour la décoration de la Scuola di San MarcLire la suite…, qu’ils ne manquent pas d’aller visiter au Traghetto di San Canziano la maison du docteur***.

Venise laisse au voyageur une impression de mélancolie. Ce qui attriste surtout, c’est la vue de tant de palais déserts… et l’étranger qui se promène à travers ces appartements inhabités écoute d’une oreille distraite l’énumération faite par quelque vieux serviteur, transformé en cicérone complaisant, de toutes les richesses, de tous les souvenirs qui y sont entassés.

Si l’on ne chante plus à Venise, on ne chantait guère à Vérone au moment où j’y ai passé. Aucun combat de gladiateurs n’était annoncé dans l’amphithéâtre ; on n’y donnait même pas de ces farces italiennes dont Henri Heine a noté le souvenir dans la première partie de ses ReisebilderReisebilderHeinrich Heine : Reisebilder (Tableaux de voyage). Heine publia trois volumes sous ce titre. Tous trois furent publiés à Hambourg par Hoffmann et Campe, le premier en 1826, le second en 1827 et le dernier en 1830.Lire la suite…. J’engage les âmes poétiques à se faire montrer, par le jardinier préposé à la garde de cette relique, le cercueil de pierre où l’on prétend que fut enfermée l’amante de Roméo ; quelques Anglais, trop impressionnés par le drame de Shakespeare, en ont détaché, il est vrai, plus d’un petit fragment qu’ils ont emporté dans leur sac de voyage ; mais c’est encore un assez curieux morceau de sculpture, et je ne serais pas fâché que d’autres, en le voyant, éprouvassent la même déception que moi.

A mesure qu’on avance sur la route de Trente et de Bozen, les la-la-itou venant de la montagne charment l’oreille du voyageur. J’aime beaucoup les Tyroliens ; ils sont beaux, ils sont braves, ils sont hospitaliers, et c’est à tort, je le crois, qu’on leur a reproché « d’être serviles, de trafiquer de leur personnalité, de leur nationalité, et de s’en faire une source de gain à l’étranger. » Ceux qui s’en vont de ville en ville chanter leurs refrains montagnards ne me paraissent point faire en cela un métier indigne ; ils sont artistes à leur manière, et conservent au milieu de leurs pérégrinations l’amour et le souvenir du pays. Les Tyroliens se battent pour leur propre compte ; ils ne se transforment point en aubergistes aussitôt qu’un étranger vient frapper à la porte de leurs chalets, et ne méritent pas plus que les Hongrois d’être traités de komœdianten, dans le sens ironique du mot, parce qu’ils ont, comme ceux-ci, le bon goût de préférer aux modes bourgeoises de notre époque la pittoresque élégance de leur costume national.

J’avais déjà, dans un précédent voyage, parcouru à pied une partie du Vorarlberg et du Tyrol, mais je n’étais pas allé jusqu’à Saltzburg [Salzburg]. J’ai voulu voir la patrie de MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… et le monument qui fut élevé en 1842, sur la petite place Saint-Michel, à la mémoire de l’illustre compositeur. Un peu plus loin, dans l’église Saint-Pierre, on m’a montré le tombeau de Michel Haydn, auprès duquel est conservé le cœur de son frère Joseph. La position de Saltzburg est vraiment admirable, et la manière dont en parle sir Humphrey DavyDavy, HumphreySir Humphrey Davy (Penzance/Cornouaille, 17 décembre 1772 – Genève, 29 mai 1829), chimiste et inventeur. Il était essentiellement autodidacte, mais ses expériences et découvertes en chimie le firent entrer dans la Société royale de Londres en 1803 ; il reçut la médaille Copley en 1805. ILire la suite… n’a rien d’exagéré. Nulle part, en effet, dans toute l’Allemagne, la nature n’a su se montrer aussi pittoresque, aussi charmante et aussi belle. Pour bien voir Saltzburg et ses environs, il faut monter sur une petite élévation que l’on appelle le Mœnchsberg, située à droite de l’ancienne forteresse de Hohen-Saltzburg. La vallée de la Salzach apparaît alors dans toute son étendue, avec sa ceinture de montagnes, ses bois épais, ses plaines fertiles, ses couvents et ses châteaux. L’un des plus curieux est le Leopoldskron, dominé par le sombre Untersberg dont les mystérieuses cavernes servent de retraite à Frédéric BarberousseFrédéric BarberousseFrédéric 1er Hohenstauffen dit Fréderic Barberousse (Weingarten près Altdorf ? vers 1122 –  fleuve Saleph près Séleucie, 10 juin 1190), empereur romain germanique. Il succéda à l’empereur Conrad III en 1152 et fut couronné empereur en 1155. Son long règne fut marqué par son conflit Lire la suite…. Le grand empereur, assis devant une table de pierre et entouré de ses compagnons d’armes, compte les poils de sa longue barbe blanche en attendant le grand jour de la résurrection. Ainsi dit la légende, ou à peu près.

Le soleil allait disparaître à l’horizon quand je commençai à gravir la pente escarpée qui conduit au Capucinenberg. Ces ex-voto parsemés tout le long de la route ; ces cavernes où des personnages de grandeur naturelle et grossièrement enluminés semblent les acteurs vivants des scènes de la Passion ; toute cette fantasmagorie religieuse à l’aide de laquelle on entretient l’esprit de superstition chez les populations des provinces autrichiennes, et particulièrement dans la Bohême et dans le Tyrol, me plongea dans une espèce de mélancolie qu’il me fut impossible de maîtriser. Peu à peu les dernières lueurs du crépuscule s’éteignirent, et je hâtai le pas pour ne pas me trouver, la nuit, au milieu de ce bizarre assemblage de soldats romains, de cadavres aux plaies saignantes, de femmes éplorées, de pontifes barbus, de saints martyrs et de larrons crucifiés.

Le lendemain j’étais à Munich. Assis dans la tête de la Bavaria et regardant à travers les yeux de la belle géante, je pus juger du contraste que présente la plaine stérile au milieu de laquelle la capitale de la Bavière est située, avec ce magnifique pays de Salzburg que j’avais tant admiré la veille.

On ne s’attend pas, sans doute, à ce que je passe en revue les fac-simile de ces innombrables monuments de tous les styles et de toutes les époques, dont la fantaisie du roi Louis a décoré les rues et les places publiques de sa capitale. Parmi ces édifices il en est quelques-uns, spécimens des chefs-d’œuvre de l’ancienne Grèce, dont la façade est ornée de fresques agréables à l’œil et que regardent avec plaisir ceux-là même à l’esprit desquels ces charmantes allégories ne rappellent aucun souvenir. Les fresques du théâtre de la cour ont été peintes d’après les dessins de Schwanthaler Schwanthaler, Ludwig MichaelLudwig Michael Ritter von Schwanthaler (Munich, 26 août 1802 – Munich, 14 novembre 1848), sculpteur. Né dans une famille de plusieurs générations, il étudia avec son père puis à l’Académie des Beaux-Arts de Munich. Le peintre Peter on Cornelius le fit engager pour les sculptures de l’iLire la suite…; la salle est grande et d’une excellente sonorité. J’ai déjà dit qu’on y exécuterait, si faire se peut, la partition de Tristan et IseultTristan und IsoldeTristan et Isolde, handlung (action) en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créée au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich le 10 juin 1865.Lire la suite…. Quant à la tétralogie des NiebelungenTetralogie des NiebelungenLa Tetralogie l’Anneau des Niebelungen (Der Ring des Nibelungen) est composée d’un prologue et de trois opéras (Journées):L’Or du Rhin (Das Rheingold)La Walkyrie (Die Walkürie)SiegfriedLe Crépuscule des Dieux (Die Götterdämmerung)Lire la suite… (car, en comptant le prologue, c’est bien une tétralogie), si les vœux de M. Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… sont jamais exaucés, ce n’est pas au théâtre de Munich qu’elle sera représentée. L’auteur a pris la peine d’expliquer longuement, dans une préface publiée en tête de son poëme, les conditions qui lui paraissent indispensables pour la parfaite exécution de son œuvre. Et comme il ne se dissimule pas les difficultés que cette exécution présente, il indique en même temps le moyen d’en triompher.

D’abord il ne veut pas d’un de ces théâtres de premier ordre pourvus d’un répertoire dont les influences pourraient nuire au nouveau chef-d’œuvre. Ce qu’il lui faudrait pour atteindre son but, ce serait une ville de province, ni trop grande ni trop petite, pouvant recevoir et loger convenablement un certain nombre d’étrangers. On y construirait une salle provisoire, toute simple, peut-être seulement en charpente, et uniquement disposée en vue des exigences artistiques. Cette salle devrait être en forme d’amphithéâtre, et l’orchestre y serait soigneusement dérobé aux regards de l’auditoire. M. Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… insiste sur ce point.

C’est là que, vers les premiers jours du printemps, on ferait venir les chanteurs dramatiques les plus distingués, choisis dans les troupes d’opéra de l’Allemagne, pour y étudier exclusivement la tétralogie, sans être distraits par aucun autre fastidieux travail. Ce sont les propres expressions de M. Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…. Le public allemand serait invité à se rendre dans cette ville aux jours fixés pour les représentations. Le premier soir, « la veille, on donnerait L’Or du Rhin, » et aux trois soirées suivantes, « La WalkyrieWalkyrie, LaLa Walkyrie (Die Walkyrie), drame musical en trois actes formant la deuxième partie de la tétralogie de L’Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen) sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner et créé au Théâtre de la Cour royale de Munich le 26 juin 1870.Lire la suite…, SiegefroySiegfriedSiegfried, drame musical en trois actes formant la troisème partie de la tétralogie de L’Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen) sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner et créé au Théâtre wagnérien de Bayreuth le 16 août 1876.Lire la suite… [SiegfriedSiegfriedSiegfried, drame musical en trois actes formant la troisème partie de la tétralogie de L’Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen) sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner et créé au Théâtre wagnérien de Bayreuth le 16 août 1876.Lire la suite…] et Les Dieux Crépuscule des Dieux, LeLe Crépuscule des dieux (Götterdämmerung), drame musical en un prologue et trois actes formant la quatrième partie de la tétralogie de L’Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen) sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner et créé au Théâtre wagnérien de Bayreuth le 17 Lire la suite…[Le Crépuscule des dieuxCrépuscule des Dieux, LeLe Crépuscule des dieux (Götterdämmerung), drame musical en un prologue et trois actes formant la quatrième partie de la tétralogie de L’Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen) sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner et créé au Théâtre wagnérien de Bayreuth le 17 Lire la suite…]. »

Ordinairement le public se livre pendant la journée à des occupations de toute sorte et vient au théâtre le soir pour se distraire. Dans ce festival, au contraire, on passerait la journée à se distraire, à se réjouir, en ayant soin toutefois d’éviter les plaisirs trop bruyants, les émotions trop fortes, et de cette façon l’on ne serait que mieux disposé le soir à comprendre une œuvre d’art.

« Pour compléter l’effet que produirait une représentation préparée de la sorte, ajoute M. Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, je tiens beaucoup à ce que l’orchestre soit invisible. L’importance de cette disposition sera évidente pour celui qui assiste à nos représentations d’opéra dans le but d’obtenir l’impression réelle d’une œuvre dramatique, et qui, en voyant les mouvements mécaniques des musiciens et de celui qui les dirige, est involontairement témoin d’évolutions techniques, lesquelles devraient lui rester cachées. Cela produit un effet presque aussi fâcheux que la vue des cordons, des baguettes et boiseries des décors qu’on aperçoit dans les coulisses, ce qui, comme on sait, détruit toute illusion. Si l’on a jamais pu se convaincre quel son transfiguré, pur, et qui n’est troublé par aucun des bruits extra-musicaux que nécessite la production des accords des instruments, émane d’un orchestre entendu à travers un mur sonore, et si l’on se représente la position avantageuse où se place le chanteur vis-à-vis de l’auditeur lorsqu’il se trouve pour ainsi dire immédiatement en face de lui, on n’a plus qu’à tenir compte, en outre, de la facilité plus grande à saisir le sens des paroles qu’il prononce pour arriver à porter un jugement favorable sur la disposition acoustique et architectonique que je réclame. Or, cette disposition ne pourrait être prise que dans une salle provisoire construite exprès. » — Mais pourquoi provisoire, si l’expérience réussit ?

Relativement à l’invisibilité de l’orchestre, et sur bien d’autres points également, je suis loin de partager l’opinion de M. Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…. Il est possible que la silhouette d’un artiste qui souffle dans un trombone ou dans une clarinette n’ait rien d’absolument agréable pour le spectateur ; le voisinage des cuivres et des instruments à percussion est gênant quelquefois, et il peut arriver aussi que le majestueux développement d’une contrebasse vous cache par instants la vue d’une danseuse ou d’une prima-dona ; mais il n’en est pas moins vrai que l’aspect d’un orchestre d’opéra présente quelque chose d’imposant qui peut intéresser le public sans le distraire pour cela de l’action qui se déroule devant ses yeux et de l’interprétation vocale. Supposons seulement une ouverture exécutée par un orchestre invisible, l’effet en sera-t-il le même que si l’œil du spectateur peut suivre les évolutions des instrumentistes ? Évidemment non, et je le prouverai facilement en disant que toutes les fois que j’ai assisté, au concert comme au théâtre, à l’exécution de l’ouverture du FreischützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…, par exemple, j’ai toujours vu la majeure partie des assistants porter leurs regards, avec une sorte d’émotion et d’anxiété, sur les musiciens de l’orchestre, au moment où ceux-ci vont attaquer, après une mesure de silence, ce formidable accord en ut majeur, qui précède la péroraison de cette magnifique page symphonique.

(La suite prochainement.)