Le Journal des Débats, 3 août 1870 (article signé E. Reyer).
FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS
DU 3 AOÛT 1870.
REVUE MUSICALE.
THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : L’OmbreOmbre, L’L’Ombre, opéra-comique en trois actes, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris. L’œuvre était en répétitions au Théâtre-Lyrique lorsque le 17 mars la production fut annulée due à la maladie Lire la suite…, opéra-comique en trois actes, paroles de M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…, musique de M. de FlotowFlotow, Friedrich vonFriedrich Adolf Ferdinand Freiherr von Flotow (Toitendorf/ Mecklembourg-Schwerin, 27 avril 1812 – Darmstadt, 24 janvier 1883), compositeur. Fils d’une des plus vieilles familles nobles du Mecklembourg, il fut envoyé à Paris en 1828 pour étudier avec Anton Reicha et Johann Peter Pixis. Ses preLire la suite….
L’Opéra-Comique tient enfin un succès : il en avait besoin. Réussir dans cette saison, c’est doublement réussir. Mais quelle claque, grand Dieu ! et que MM. les claqueurs ont bien mérité de ceux qui les paient ! On s’était trop hâté de dire que l’opéra-comique avait vécu ; si c’est un genre faux, raison de plus pour qu’il vive longtemps, et si ceci doit tuer cela, soyez bien sûrs que ce n’est pas l’art vulgaire, l’art mis à la portée de tout le monde qui succomber jamais en France. Vive donc l’opéra-comique avec ses péripéties faciles à deviner et ses ariettes faciles à retenir, avec son dialogue qui repose l’oreille et ses refrains qui la bercent doucement ! De la mélodie, du rythme, de l’esprit, c’est-à -dire des mots, et une pointe de sentiment, il n’en faut pas davantage pour faire dire un soir à des gens fort intelligens : Nous venons d’applaudir un chef-d’œuvre. D’autres spectateurs non moins intelligens que ceux de la veille le répètent le lendemain. Et les dessinateurs taillent leur crayon et les graveurs préparent leurs planches, car ce chef-d’œuvre est une marchandise de laquelle il se fera un grand débit. Non ! non ! le vieux moule de l’opéra-comique n’est point perdu : M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite… le gardait avec la religieuse fidélité d’un chevalier du Saint-Graal.
Il y a cinq ou six mois, on avait fait courir de singuliers bruits : le théâtre Favart, qui venait d’étonner le monde parisien par ses économies, allait maintenant l’étonner par ses prodigalités, et, pour un peu de sang jeune qui avait été infusé dans ses veines, on parlait déjà de lui comme d’un théâtre régénéré. Vraiment il s’est trouvé des personnes naïves pour raconter ces choses-là et des personnes plus naïves encore pour les croire. Cependant l’affiche garda longtemps le secret de la nouvelle direction. Enfin l’Ours et le PachaOurs et le pacha, L’L’Ours et le pacha, opéra-comique en un acte sur un livret d’Eugène Scribe et de Saintine, pseudonyme de Joseph-Xavier Boniface mis en musique par François Bazin et créé au Théâtre de l’Opéra-Comique le 21 février 1870.Lire la suite… parut, puis la Cruche casséeCruche cassée, LaLa Cruche cassée, opéra-comique en un acte sur un livret de Hippolyte Lucas et Emile Abraham mis en musique par Emile Pessard et créé au Théâtre de l’Opéra-Comique le 21 février 1870.Lire la suite…, puis DéaDéaDéa, opéra-comique en deux actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre de l’Opéra-Comique le 30 avril 1870.Lire la suite…. Ce fut comme un rayon de soleil : l’OmbreOmbre, L’L’Ombre, opéra-comique en trois actes, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris. L’œuvre était en répétitions au Théâtre-Lyrique lorsque le 17 mars la production fut annulée due à la maladie Lire la suite… n’était pas loin. Les théâtres, pas plus que les hommes, n’échappent à leur destinée. L’Opéra-Comique, jusqu’à la fin des siècles, sera ce qu’il est et ce qu’il a toujours été. C’est lui qui fut berceau de l’école française ; c’est lui qui recueillera son dernier soupir. Théâtre éminemment national, il est le seul qui donne la note exacte du goût musical français. En dehors de son véritable genre, il a fait quelquefois des tentatives qui ont réussi et que le public lui-même a semblé encourager ; mais ces apparences de succès n’ont jamais servi qu’à préparer le retour des saines traditions un instant oubliées.
Voilà pourquoi il ne faudrait pas se fier à un directeur qui, se croyant hardi parce qu’il est inexpérimenté, rêverait des excursions impossibles dans le domaine de la fantaisie. Pour le succès de certaines entreprises, l’instinct poétique a toujours été un mauvais guide. Heureusement l’instinct poétique est chose fragile, et bien souvent au premier souffle de la fortune contraire il s’évanouit.
Tandis que l’OmbreOmbre, L’L’Ombre, opéra-comique en trois actes, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris. L’œuvre était en répétitions au Théâtre-Lyrique lorsque le 17 mars la production fut annulée due à la maladie Lire la suite… se répétait au Théâtre-Lyrique, l’Opéra-Comique songeait à représenter le Timbre d’argentTimbre d’argent, LeLe Timbre d’argent, opéra fantastique en quatre actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Camille Saint-Saëns et créé au Théâtre-National-Lyrique à Paris le 23 février 1877.Lire la suite…. On sait pourquoi l’opéra de M. de FlotowFlotow, Friedrich vonFriedrich Adolf Ferdinand Freiherr von Flotow (Toitendorf/ Mecklembourg-Schwerin, 27 avril 1812 – Darmstadt, 24 janvier 1883), compositeur. Fils d’une des plus vieilles familles nobles du Mecklembourg, il fut envoyé à Paris en 1828 pour étudier avec Anton Reicha et Johann Peter Pixis. Ses preLire la suite… n’a pas été joué au Théâtre-Lyrique, mais on n’est pas encore bien fixé sur le sort de la partition de M. Camille Saint-SaënsSaint-Saëns, Charles-CamilleCharles-Camille Saint-Saëns (Paris, 9 octobre 1835 – Alger, 16 décembre 1921), pianiste, organiste et compositeur. Il étudia le piano avec Camille Stamaty et donna son premier concert public en 1843. Il étudia au Conservatoire de Paris avec François Benoist (orgue) et Fromental Halévy (compoLire la suite…. Il est évident que le succès de l’OmbreOmbre, L’L’Ombre, opéra-comique en trois actes, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris. L’œuvre était en répétitions au Théâtre-Lyrique lorsque le 17 mars la production fut annulée due à la maladie Lire la suite… accélérera la mise à l’étude du FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite…, dont le livret est aussi de M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…. Et d’ailleurs il faut bien en finir avec cet ouvrage qui se recommande par ses titres exceptionnels à la sollicitude de MM. les directeurs de l’Opéra-Comique. Couronné au concours et mis en musique par un prix de Rome, le FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite… pouvait même espérer que cette sollicitude se manifesterait avec un peu plus d’empressement et de bonne volonté.
Je n’ai parlé du Timbre d’argentTimbre d’argent, LeLe Timbre d’argent, opéra fantastique en quatre actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Camille Saint-Saëns et créé au Théâtre-National-Lyrique à Paris le 23 février 1877.Lire la suite… et du FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite… que pour mettre quelques lignes d’intervalle entre les réflexions préliminaires de cet article et l’analyse de la pièce de M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…. J’y arrive maintenant.
Fabrice est un jeune sculpteur sur bois qui exerce son industrie dans les Cévennes, comme il l’aurait pu faire dans quelque hameau de la Forêt-Noire. Logé chez une fermière fort appétissante, riche et veuve par-dessus le marché, il est l’objet, de la part de son hôtesse, des attentions les plus délicates, des soins les plus assidus. Le médecin du village, le docteur Antoine, qui vient s’asseoir de temps en temps à la table de la riche fermière, sait payer son écot par de gais discours et même par des chansons :
Quand je monte Cocotte
Qui trotte, qui trotte,
Non, jamais mon talon
N’use de l’éperon.
La bonne camarade,
Comprend qu’une malade,
A besoin du docteur,
Et redouble d’ardeur.
Dès qu’à la maisonnette,
On entend la clochette,
Bientôt chacun répète :
Quel plaisir, quelle fête !
Oui, voilà le docteur,
Le docteur et sa bête !
Le malade sourit
Et bien souvent guérit.
Aussi de ma Cocotte
Qui trotte, qui trotte,
On parle plus, ma foi,
Qu’on ne parle de moi.
Je voudrais bien citer le second couplet, qui certainement vaut le premier, mais les feuilletons comme les mirlitons ne peuvent contenir qu’une certaine quantité de vers.
La chanson finie, on sonne à la porte du logis, et une jolie servante qui a voyagé toute la nuit par des chemins peu sûrs et dans un costume des plus coquets, bien qu’elle soit vêtue de noir, vient offrir ses services à Fabrice. Pourquoi cette servante porte-t-elle des vêtemens de deuil ? Elevée dans la famille d’un jeune seigneur, elle a grandi avec lui et l’a aimé de toutes ses forces sans rien lui laisser deviner de son amour. Le jeune seigneur un jour a été fusillé, presque sous ses yeux, pour avoir écouté la voix de l’humanité, au lieu de se soumettre aux rigueurs d’une discipline inflexible. Officier dans les armées du grand roi, il avait sauvé de malheureux Camisards que poursuivaient les dragons de M. le maréchal, et un conseil de guerre l’avait condamné. Entre le gentilhomme tombé sous les balles de ses frères d’armes et le sculpteur sur bois, pensionnaire de Mme Abeille, la ressemblance est tellement frappante, qu’à la vue de Fabrice, Jeanne est sur le point de s’évanouir.
Ah ! comme il lui ressemble,
Et comme il est joli !
Oui, vraiment il me semble
Revoir mon bel ami.
Ces vers, qui sont dans la Prison d’EdinburghPrison d’Edimbourg, LaLa Prison d’Edimbourg, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugene Scribe et François-Antoine-Eugène de Planard, mis en musique par Michel Carafa et créé au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris le 20 juillet 1833.Lire la suite…, pourraient être dans l’OmbreOmbre, L’L’Ombre, opéra-comique en trois actes, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris. L’œuvre était en répétitions au Théâtre-Lyrique lorsque le 17 mars la production fut annulée due à la maladie Lire la suite…, et y seraient bien placés au moment où Jeanne, en considérant son nouveau maître, croit voir se dresser devant elle l’ombre de celui qu’elle a perdu. L’émotion de la jeune fille explique le nÅ“ud de l’intrigue, et fait pressentir le dénoûment. Il est probable que Fabrice et le comte de Rollecourt (c’est le nom du jeune seigneur) ne font qu’une seule et même personne. Si, Jeanne conserve encore quelques doutes à cet égard, un rayon de lune va bientôt les dissiper en lui montrant Fabrice sortant furtivement de la ferme sous l’uniforme du comte de Rollecourt.
Où peut-il donc aller ainsi, la nuit en si brillant équipage ? Jeanne le presse de questions, car c’est bien lui ; il vit, elle l’aime… Mais comment a-t-il échappé à la mort ? Par un moyen bien simple, que l’on a pratiqué déjà et qui a toujours réussi : l’officier chargé de commander le feu a tout bonnement donné l’ordre à ses soldats de ne pas mettre de balles dans leurs fusils. Seulement, ce généreux stratagème vient d’être découvert, et le comte de Rollecourt a été prévenu que, s’il ne se livrait point dans les vingt-quatre heures, l’ami qui l’a sauvé sera fusillé à sa place.
Les larmes, les supplications de Jeanne essaient en vain de le retenir. Il part. Au troisième acte, le voilà revenu. Vivement touché par l’amour de la jeune orpheline, il a demandé la permission de l’épouser avant de mourir. Ce mariage in extremis accompli, Jeanne pénètre le fatal secret, et la situation tournerait au tragique si M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…, habile à ménager la sensibilité de ses auditeurs, ne faisait arriver tout essoufflé le bon docteur Antoine, qui apporte la grâce du condamné ; j’allais dire du DéserteurDéserteur, LeLe Déserteur, opéra-comique en trois actes sur un livret Michel-Jean Sedaine mis en musique par Pierre-Alexandre Monsigny et créé à la Comédie-Italienne le 9 juin 1842.Lire la suite….
Je me suis contenté d’indiquer les principales situations du drame ; quelques détails sur lesquels j’ai glissé ont cependant leur intérêt. Mme Abeille est jalouse de Fabrice ; elle l’a vu pénétrer la nuit dans la chambre de Jeanne. Le lendemain, la pauvre enfant, toute confuse en entendant les méchans propos des commères du village, invoque le témoignage de Fabrice, et Fabrice raconte ce qui s’est passé. Poursuivie par un affreux cauchemar, la jeune fille avait quitté son lit et suivait le sentier qui de sa chambre conduit à un précipice, lorsque, réveillé par le cri déchirant qu’elle a poussé, il est accouru assez tôt pour la retenir au bord de l’abîme. Autre détail qui atténue un peu la mésalliance que l’on pourrait reprocher à un gentilhomme épousant sa servante : Jeanne est la filleule du docteur Antoine. Et le docteur regrette de n’en être que le parrain, car Jeanne est fort jolie ; il en eût fait volontiers sa femme. Mme Abeille le vengera des dédains de la jeune orpheline en se consolant avec lui de l’infidélité de Fabrice.
C’est surtout à l’Opéra-Comique que tout est bien qui finit bien. M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…, en écrivant une pièce à quatre personnages seulement, et sans chÅ“urs ni comparses, a voulu donner un pendant à l’EclairEclair, L’L’Eclair, drame lyrique en trois actes sur un livret de Henri de Saint-Georges et d’Eugène de Planard mis en musique par Fromental Halévy et créé à l’Opéra-Comique le 30 décembre 1830.Lire la suite…. Si M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite… n’a pas l’audace de la jeunesse, il a du moins cette expérience que donne une longue carrière remplie par de nombreux succès, et au théâtre cela vaut mieux. Son collaborateur M. de FlotowFlotow, Friedrich vonFriedrich Adolf Ferdinand Freiherr von Flotow (Toitendorf/ Mecklembourg-Schwerin, 27 avril 1812 – Darmstadt, 24 janvier 1883), compositeur. Fils d’une des plus vieilles familles nobles du Mecklembourg, il fut envoyé à Paris en 1828 pour étudier avec Anton Reicha et Johann Peter Pixis. Ses preLire la suite…, n’est pas davantage un coureur d’aventures ; il estime que si l’avenir est aux compositeurs de génie, le présent est aux musiciens ingénieux. Né en Allemagne, M. de FlotowFlotow, Friedrich vonFriedrich Adolf Ferdinand Freiherr von Flotow (Toitendorf/ Mecklembourg-Schwerin, 27 avril 1812 – Darmstadt, 24 janvier 1883), compositeur. Fils d’une des plus vieilles familles nobles du Mecklembourg, il fut envoyé à Paris en 1828 pour étudier avec Anton Reicha et Johann Peter Pixis. Ses preLire la suite… est cosmopolite, et la charmante retraite qu’il habite dans le Tyrol est à mille lieues de Munich. On peut considérer la musique de l’OmbreOmbre, L’L’Ombre, opéra-comique en trois actes, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, créé le 7 juillet 1870 au Théâtre de l’Opéra-Comique de Paris. L’œuvre était en répétitions au Théâtre-Lyrique lorsque le 17 mars la production fut annulée due à la maladie Lire la suite… comme la concession la plus franche, la plus absolue qu’ait jamais faite un compositeur allemand au goût du public parisien. On n’y trouve plus trace des hésitations qui rattachaient alternativement à l’école allemande, à l’école italienne et à l’école française l’auteur applaudi de MarthaMarthaMartha, opéra-comique romantique en quatre actes sur un livret en allemand de W. Friedrich, pseudonyme de Friedrich Wilhelm Riese, mis en musique par Friedrich von Flotow et créé au Kärntnertortheater de Vienne le 25 novembre 1845. La création française eut lieu dans une version en italien, inLire la suite…, de l’Ame en peineAme en peine, L’L’Ame en peine, opéra en deux actes sur un livret de Henri de Saint-Georges mis en musique par Friedrich Adolf Ferdinand von Flotow  et créé à l’Opéra de Paris le 29 juin 1846.Lire la suite…, de la Veuve GrappinVeuve GrapinVeuve Grapin, opérette en un acte sur un livret d’Auguste Pittaud de Forges mis en musique par Friedrich von Flotow et créée au Théâtre des Bouffes-Parisiens le 21 septembre 1859.Lire la suite… [Grapin]Opérette jouée il y a quelques années aux Bouffes-Parisiens. ; mais on n’y trouve pas non plus l’équivalent de la fameuse romance autrichienne populaire en Irlande : The last Summer Rose, qui a tant contribué au succès de MarthaMarthaMartha, opéra-comique romantique en quatre actes sur un livret en allemand de W. Friedrich, pseudonyme de Friedrich Wilhelm Riese, mis en musique par Friedrich von Flotow et créé au Kärntnertortheater de Vienne le 25 novembre 1845. La création française eut lieu dans une version en italien, inLire la suite….
L’ouverture, un peu longue, renferme un joli solo de cor et se termine par un allegro très mouvementé, dont on verra reparaître le motif dans la chanson du docteur Antoine.
Au commencement du premier acte, le docteur et Mme Abeille chantent un duo, suivi d’un trio auquel donne lieu l’entrée de Fabrice. Viennent ensuite les couplets que j’ai déjà cités :
Quand je monte Cocotte
Qui trotte, qui trotte,
et qu’accompagne dans l’orchestre un tintement de grelots. Mlle Roze dit avec beaucoup d’expression une romance mélancolique :
Par pitié, ne me chassez pas,
Je suis sans abri, sans asile.
Après quoi arrive le fameux quatuor de la table, morceau bien écrit, bien développé, que l’on considère généralement comme le bijou de la partition, et qui sera cité comme on cite, dans MarthaMarthaMartha, opéra-comique romantique en quatre actes sur un livret en allemand de W. Friedrich, pseudonyme de Friedrich Wilhelm Riese, mis en musique par Friedrich von Flotow et créé au Kärntnertortheater de Vienne le 25 novembre 1845. La création française eut lieu dans une version en italien, inLire la suite…, le quatuor du rouet. Je passe légèrement sur une chanson à boire commençant par ces paroles caractéristiques : Une, deux, trois, paf ! le bouchon saute ! et je signale, sans bien me rendre compte de l’effet qu’il a produit, le grand duo dramatique entre Jeanne et Fabrice, dont la strette à l’italienne n’est nullement déplacée dans un opéra-comique français.
Fabrice s’est endormi, l’orage gronde et l’appel désespéré de Jeanne retentit dans la coulisse. Pendant toute cette scène, l’orchestre exécute une page symphonique qui n’est pas sans valeur. Ainsi finit le premier acte.
Après une courte introduction instrumentale très applaudie, le rideau se lève sur une longue et prétentieuse cavatine toute hérissée de trilles, de vocalises et finissant en mouvement de valse, un de ces airs de prima donna devant lesquels les plus maigres cantatrices ne reculent pas. Le meilleur morceau de ce second acte est encore un quatuor. Les couplets du docteur
Ah ! mes amis, quelle fête !
Quelle noce l’on fera !
sont spirituellement écrits et spirituellement chantés par M. MeilletMeillet, Auguste Alphonse EdmondAuguste-Alphonse-Edmond Meillet (Nevers, 7 avril 1828 – Veules/ Seine-Inférieure, 31 août 1871), baryton. Il étudia au Conservatoire de Paris, et fut engagé à l’Opéra de 1848 à 1851. Il fut dans la troupe du Théâtre-Lyrique de 1851 à 1861 sauf pour la saison 1852/53 où il chanta à l’OpLire la suite…. Un duo avec accompagnement de harpe, l’air de Jeanne : Tout est calme, tout est silence, l’ariette de Mme Abeille et le final, avec son effet de clair de lune sur la scène et dans l’orchestre, ont excité tour à tour l’enthousiasme du public.
Je ne crois pas avoir été sévère pour le second acte, pas plus que pour le premier, si bien que je ne sais plus maintenant comment louer le troisième, qui est évidemment le meilleur.
Une marche, franche d’allure, sert de lever de rideau à ce troisième acte, et l’on a applaudi successivement la belle romance du ténor, les couplets : Midi, minuit, le jour, la nuit, qui sont fort jolis, un duo également remarquable par la facture et l’inspiration mélodique, un trio où l’unisson des voix produit un grand effet, et enfin le morceau d’ensemble pendant lequel les cloches sonnent à toute volée.
L’exécution, confiée à des artistes qui, excepté Mlle Priola, n’appartiennent que momentanément au théâtre de l’Opéra-Comique, a été satisfaisante de tous points. Mlle Marie RozePonsin, Marie-Hippolyte dite Marie RôzeMarie-Hippolyte Ponsin dite Marie Rôze (Paris, 2 mars 1846 – Paris, 2 juin 1926), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris, où elle obtint un 1er prix d’opéra-comique et un 1er prix de chant en 1865. Engagée à l’Opéra-Comique, elle débuta dans le rôle-titre de Marie (Hérold) leLire la suite…, toujours adorablement jolie, a fait, comme comédienne et comme chanteuse, d’étonnans progrès ; M. MonjauzeMonjauze, Jules SebastienJules-Sébastien Monjauze (Paris, 24 octobre 1825 – Meulan/ Yvelines, 8 septembre 1877), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Ponchard et se produisit d’abord comme acteur au Théâtre Français de Saint-Pétersbourg, puis à l’Odéon. Il débuta comme chanteur dans Jaguarita l’Lire la suite…, excellent chanteur et parfait comédien, a retrouvé dans le rôle de Fabrice le succès qu’il avait obtenu au Théâtre-Lyrique dans le rôle de Rienzi ; M. MeilletMeillet, Auguste Alphonse EdmondAuguste-Alphonse-Edmond Meillet (Nevers, 7 avril 1828 – Veules/ Seine-Inférieure, 31 août 1871), baryton. Il étudia au Conservatoire de Paris, et fut engagé à l’Opéra de 1848 à 1851. Il fut dans la troupe du Théâtre-Lyrique de 1851 à 1861 sauf pour la saison 1852/53 où il chanta à l’OpLire la suite… (le docteur Antoine) a de la bonhomie, de l’entrain, de la verve, de la chaleur, une gaîté communicative, et, par conséquent, il ne lui manque rien pour être un excellent artiste, et presque rien pour faire un bon médecin. Mlle Priola a dans toute sa personne plus de distinction qu’il n’en faut pour remplir un rôle de fermière ; elle chante avec goût et ne semble pas regretter, dans la situation qu’elle occupe à l’Opéra-Comique aujourd’hui, d’être sortie du Conservatoire prématurément.
Plusieurs morceaux ont été bissés, et si grand a été l’enthousiasme du public, que messieurs les claqueurs, quoiqu’ils aient fait, n’ont pas nui au succès de l’ouvrage.
A l’une des séances de la commission du Conservatoire, M. Camille Doucet, qui présidait, a pris la parole pour faire part à ses collègues d’une communication que le ministre des beaux-arts l’avait chargé de leur adresser officieusement. Il s’agit de substituer M. LefebvreLefebvre, Charles-EdouardCharles-Edouard Lefebvre (Paris, 19 juin 1843 – Aix-les-Bains, 8 septembre 1917), compositeur. Fils du peintre Charles-Victor-Eugène Lefebvre, il étudia d’abord le droit puis entra au Conservatoire de Paris où il obtint le Grand prix de Rome en 1870. Après son séjour en Italie il voyagea enLire la suite…, classé le premier après M. MaréchalMaréchal, Charles-HenriCharles-Henri Maréchal (Paris, 22 janvier 1842 – Paris, 12 mai 1924), compositeur. Il étudia d’abord le solfège au cours d’Emile Chevé et l’orgue avec Edouard Batiste, puis il entra au Conservatoire de Paris où il fut l’élève de François Benoist pour l’orgue et Victor Massé pourLire la suite…, lauréat du dernier concours pour le prix de Rome, à tous les droits, subsides et avantages abandonnés par M. TaudouTaudou, Antoine-Antonin-BarthélemyAntoine-Antonin-Barthélemy Taudou (Perpignan, 24 août 1846 – Saint-Germain-en-Laye/Yvelines, 6 juillet 1925), violoniste, compositeur et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix de violon en 1866, un 1er prix d’harmonie et un 1er prix de contrepoint et fugue Lire la suite…, lauréat démissionnaire du concours de 1869. La santé de M. TaudouTaudou, Antoine-Antonin-BarthélemyAntoine-Antonin-Barthélemy Taudou (Perpignan, 24 août 1846 – Saint-Germain-en-Laye/Yvelines, 6 juillet 1925), violoniste, compositeur et professeur. Il étudia au Conservatoire de Paris, où il obtint un 1er prix de violon en 1866, un 1er prix d’harmonie et un 1er prix de contrepoint et fugue Lire la suite… ne lui permettant pas de retourner à Rome, on y enverra M. LefebvreLefebvre, Charles-EdouardCharles-Edouard Lefebvre (Paris, 19 juin 1843 – Aix-les-Bains, 8 septembre 1917), compositeur. Fils du peintre Charles-Victor-Eugène Lefebvre, il étudia d’abord le droit puis entra au Conservatoire de Paris où il obtint le Grand prix de Rome en 1870. Après son séjour en Italie il voyagea enLire la suite…, qui ne demande pas mieux que d’aller se promener dans les jardins du Pincio. Je n’ai pas besoin de dire qu’à l’unanimité la commission a adhéré au projet du ministre des beaux-arts, tout en le félicitant de la sollicitude qu’il témoigne aux jeunes musiciens.
Le ministre pourrait, il me semble, pousser cette sollicitude plus loin encore en rendant les aspirans au prix de Rome, tous élèves du Conservatoire, à leurs juges naturels, MM. les membres de l’Institut. Un jury composé de musiciens étrangers à l’Académie des Beaux-Arts, et dont quelques uns n’ont pas toute l’autorité voulue pour imposer leur jugement aux élèves et le faire accepter du public, un jury nommé à l’élection et qui, se renouvelant chaque année, amène chaque année avec des noms nouveaux des surprises nouvelles, un jury tel que celui-là , bien qu’il soit présidé par M. AuberAuber, Daniel-François-EspritDaniel-François-Esprit Auber (Caen, 29 janvier 1782 – Paris, 12 mai 1871), compositeur. Sa famille était aisée et le prépara aux affaires tout en lui enseignant la musique, dans laquelle il montra très tôt son talent de chanteur (baryton), de pianiste, de violoniste et de violoncelliste. LesLire la suite…, rendra plus d’une fois encore des verdicts qui donneront lieu à des scènes non moins regrettables que celle qu’a provoquée le résultat du dernier concours.
Les peintres, dit-on, se trouvent bien du nouvel état de choses, qui leur permet d’être jugé par leurs pairs et d’élire leurs juges ; mais les artistes de différentes catégories ne doivent pas être traités de la même façon, et ce qui est excellent pour les uns peut ne rien valoir pour les autres. D’ailleurs, un des plus jeunes membres du jury l’a déclaré lui-même en répondant aux murmures qui ont accueilli la proclamation du nom de M. Maréchal Maréchal, Charles-HenriCharles-Henri Maréchal (Paris, 22 janvier 1842 – Paris, 12 mai 1924), compositeur. Il étudia d’abord le solfège au cours d’Emile Chevé et l’orgue avec Edouard Batiste, puis il entra au Conservatoire de Paris où il fut l’élève de François Benoist pour l’orgue et Victor Massé pourLire la suite…: « Nous sommes quelques uns ici qui n’avons pas qualité pour juger le prix de Rome, et depuis longtemps je demande que cette attribution soit restituée au seul tribunal légitime, c’est-à -dire à l’Institut. » Ce jeune homme a raison : les concours pour le prix de Rome sont jeux académiques ; il faut en laisser la direction à MM. les académiciens.
E. REYER.
Personnes discutées
Personnes citées
Oeuvres discutées
Oeuvres citées
Notes d'édition
Reyer fait allusion à l’opéra-comique Le Déserteur (1769) de Pierre-Alexandre Monsigny dans lequel Louise arrive essoufflée avec l’acte de grâce de son amant Alexis, accusé d’être un déserteur, juste au moment où il doit faire face au peloton d’exécution.
Le ministre des beaux-arts est Maurice-Louis Richard.
Le Ménestrel du 10 juillet 1870 nous apprend que : « Le grand prix de Rome, décerné mardi dernier à M. Maréchal, a été vivement discuté par le Figaro et le Gaulois d’accord, il faut le reconnaître, avec le sentiment des quelques personnes qui assistaient à l’épreuve. Cette année encore, le nouveau jury n’a donc pas répondu à l’attente générale, et cette seconde défaite de M. Salvaire [Salvayre], partagée par M. Lefèvre [Lefebvre], pourrait bien nous faire revenir à l’ancienne et excellente coutume de faire juger les élèves par l’Institut, dont l’autorité seule peut être admise en pareille matière. M. Georges Bizet, l’un des jeunes juges du concours, a été le premier à le reconnaître, malgré son incontestable compétence musicale. »
L’article du Ménestrel du 10 juillet 1870, cité dans la note précédente, nous révèle que cette personne est Georges Bizet.
En effet, par décret du 13 novembre 1863, l’empereur Napoléon III retira le contrôle du prix de Rome à l’Institut et en confia l’administration au Conservatoire de musique de Paris. Le décret du 13 novembre 1871 restitua le concours du prix de Rome à l’Institut.