Le Journal des Débats, 30 septembre 1868 (article signé E. Reyer).

FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS

DU  30 SEPTEMBRE 1868.

REVUE MUSICALE.

A propos de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… et de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…

(Premier article.)

Je ne suis pas dans le secret des dieux ; mais, s’il faut en croire certains bruits que les feuilles musicales les mieux informées n’ont pas hésiter à accueillir, deux directeurs, dont l’un est bien en selle et dont l’autre, suivant l’expression pittoresque d’un haut personnage, s’apprêterait à remonter sur sa bête, deux directeurs fort habiles et renommés tous les deux, malgré leur fortune diverse, auraient conçu la pensée d’offrir au public parisien le Lohengrin LohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…. Il y a à peu près vingt ans que cet opéra se promène sur toutes les scènes d’Allemagne ; ce ne sera donc pas tout à fait comme une primeur que les Parisiens l’accepteront, s’ils l’acceptent. D’autres œuvres qu’il eût été, encore plus que celle-là, intéressant de connaître, ont mis un temps tout aussi long à arriver jusqu’à nous. En France, c’est surtout pour les œuvres d’art, œuvres musicales et œuvres littéraires, que les frontières existent. Quelques fragmens de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, exécutés dans différens concerts et principalement aux concerts populaires du Cirque, ont éveillé la curiosité du public à l’endroit de la musique wagnérienne. Je ne prétends pas dire qu’il y ait pris goût. Les discordes suscitées par l’apparition du TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… sur la scène de l’Opéra se sont apaisées ; le révolutionnaire WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… est devenu l’ami d’un roi ; ceux auxquels leurs intérêts commandent de tenir compte des plus minces évènemens et de sonder l’opinion publique ont donc bien pu croire que le moment était venu d’offrir une revanche à ce maître, très discrédité naguère, et qui pouvait aujourd’hui leur donner l’occasion de faire quelques belles recettes. Malheureusement un vent peu propice vient de souffler de l’autre côté du Rhin. LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… représenté à Bade devant une brillante compagnie de sportsmen et de touristes français, n’a produit sur l’auditoire qu’un effet de somnolence et d’ennui. Et les chroniques racontent que si tous les spectateurs ne sont pas partis avant la fin, c’est que tous ne se sont pas réveillés. Mais le théâtre de Bade est fort petit, et, à cause de son exiguïté même, on ne peut y pratiquer ces splendeurs de mise en scène, ce luxe de décors et ce déploiement de masses chorales qui sont, pour la plupart des pièces lyriques jouées à Paris, de sérieux élémens de succès ; peut-être les artistes venus tout exprès de Munich, de Berlin et de Stuttgart pour concourir à la représentation de l’opéra allemand n’étaient-ils pas des artistes di primo cartello (on a cité cependant quelques noms recommandables), tandis que nous avons ici des chanteurs et des cantatrices du plus grand mérite et capables, tel est le prestige qu’ils exercent sur la foule, de lui faire supporter toute espèce de musique. A Bade, LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… a été chanté en allemand : tout le monde ne l’a pas compris ; à Paris, tout le monde le comprendra, puisque c’est M. NuitterNuitter, Charles-Louis-EtienneCharles-Louis-Étienne Truinet, dit Charles Nuitter (Paris, 24 avril 1828 – Paris, 24 février 1899), librettiste et archiviste. Après des études de droit, il fut reçu à la cour d’appel de Paris en 1849. Sa première œuvre représentée fut L’Amour dans un ophicléide (Théâtre du PalaisLire la suite…, l’aimable et spirituel archiviste de l’Opéra, qui l’a traduit en français. Il ne faut donc pas présumer de l’accueil qui serait fait chez nous de l’ouvrage de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… par celui qu’il vient de recevoir dans la petite capitale du grand-duché. Je pense d’ailleurs que les convictions des deux directeurs auxquels on prête l’intention de jouer LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… cet hiver ne sauraient être ébranlées par quelques correspondances écrites à la hâte et venues d’un pays où habituellement ce ne sont pas des émotions musicales que l’on va chercher. Si j’entreprends aujourd’hui de parler du poëme et de la partition de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, c’est parce que j’y vois un intérêt d’actualité. Je dirai mon opinion sans espérer qu’elle aura la moindre influence sur le sort de l’ouvrage. LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… sera joué ou ne le sera pas ; la presse n’y peut rien ; on se sert volontiers de sa publicité, on lui demande des réclames, mais on ne lui demande pas de conseils.

C’est à Weimar, à l’occasion des fêtes auxquelles donna lieu l’inauguration de la statue de HerderHerder, Johann GottfriedJohann Gottfried Herder (Mohrungen/Prusse orientale, 18 décembre 1803 – Weimar, 18 décembre 1803), poète, théologien et philosophe. Il étudia la théologie à l’université de Königsberg, où il suivit aussi les cours du philosophe Emmanuel Kant. De 1764 à 1769, il enseigna à Riga, où iLire la suite…, que LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… fut exécuté pour la première fois, le 28 août 1850, sous la direction de Franz LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite…. Au commencement de l’année 1848, cet ouvrage avait été mis à l’étude à Dresde, où Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… exerçait les fonctions de maître de chapelle de la cour ; mais les événemens politiques qui survinrent peu de temps après en empêchèrent la représentation. Le succès obtenu à Weimar par la tentative de LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… eut un très grand retentissement, se propagea bientôt dans toute l’Allemagne, et le nom de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, déjà presque oublié, reparut avec un éclat nouveau. Du sein de la ville éternelle où il est allé chercher le repos si nécessaire aux âmes qui ont connu toutes les agitations de ce monde, l’ancien directeur général de la musique du prince Charles de Saxe-Weimar, que des vœux récens n’ont point encore complètement détaché des choses terrestres, suit avec intérêt le mouvement de l’art musical et n’a pas renoncé à y jouer son rôle à l’occasion. Si quelque feuille profane, racontant l’accident de Bade, a franchi le seuil de sa retraite, le cœur du disciple a dû saigner sous la soutane de l’homme d’église. Les lignes suivantes empruntées à une brochure publiée à Leipsig [Leipzig] en 1851, c’est-à-dire peu de temps après les fêtes de Weimar, feront connaître à quel degré s’éleva l’admiration de LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… pour Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… et l’ardeur qu’il mit à préconiser son système. Cette brochure, qui renferme l’analyse de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… et celle du TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite…, est écrite dans un style imagé et dans une langue qui, par l’originalité de certaines expressions et de certaines tournures de phrase, semble repousser toute espèce de prétention académique. La partie relative à l’opéra du TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… avait déjà paru dans le Journal des Débats en 1849.

Après une introduction consacrée à HerderHerder, Johann GottfriedJohann Gottfried Herder (Mohrungen/Prusse orientale, 18 décembre 1803 – Weimar, 18 décembre 1803), poète, théologien et philosophe. Il étudia la théologie à l’université de Königsberg, où il suivit aussi les cours du philosophe Emmanuel Kant. De 1764 à 1769, il enseigna à Riga, où iLire la suite… et au récit des fêtes qui célébrèrent à Weimar le centième anniversaire de la naissance du grand philosophe humanitaire, Franz LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… prélude à l’analyse de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… par une ritournelle de quelques pages qui est la glorification la plus absolue du poëte-compositeur et de ses doctrines.

« Quel que soit le degré d’admiration, de sympathie ou d’approbation qu’on accorde aux œuvres musicales de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, ses antagonistes les plus déclarés, et ses détracteurs même, ne sauraient nier les remarquables qualités d’harmonie et d’instrumentation qu’elles renferment, le grand travail, les études appliquées dont elles font preuve, le génie du compositeur qu’elles révèlent. Chacune de ses productions est profondément méditée, savamment élaborée. Le style en est élevé ; toute banalité en est exclue. Les sujets en sont poétiques, et il sait en faire jaillir toute leur puissance d’émotion. Si aujourd’hui encore ses opéras sont peu connus, si les directeurs de théâtres hésitent à les représenter, il faut indubitablement en chercher la cause, non dans les difficultés matérielles de ses partitions : elles seraient bientôt vaincues ! mais dans les difficultés plus réelles qui s’allient à l’introduction de tout un système nouveau dans l’art de la composition dramatique, celui d’entre tous qui exige le plus impérieusement la faveur du public, si récalcitrant à prendre de nouvelles habitudes….. » Après avoir donné un aperçu des idées de WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… sur le drame, auquel il fait concourir « dans une même perfection tous les arts que le théâtre embrasse », Franz LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… ajoute : « LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, son dernier ouvrage, est celui qui d’entre tous manifeste ces idées de la manière la plus absolue jusqu’à présent ; celui qui semble avoir été inspiré par ses plus intimes et ses plus vives émotions ; celui qui reproduit le plus concrètement les plus nobles traits de son individualité, et celui qu’il est impossible d’apprécier avec justice si l’on veut y chercher l’ancienne facture d’opéra, les divisions accoutumées des morceaux de chant, la distribution reçue des airs, romances, solos et tutti, en un mot toute l’économie adoptée pour faire valoir les chanteurs et les mélodies, dans une proportion souvent arbitraire en faveur des premiers.

« WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… abjure solennellement toute prise en considération des exigences habituelles de prima donna assoluta ou de basso cantante. A ses yeux, IL N’Y A PAS DE CHANTEURS, IL N’Y A QUE DES RÔLES ; si bien qu’il trouve parfaitement simple de faire garder le plus complet silence à une première cantatrice durant tout un acte, où sa présence, effectivement nécessaire à la vraisemblance de la scène, ne doit être marquée que par un jeu muet, certainement aussi dédaigné qu’inexécutable à toute diva italienne. Il ne faut point s’attendre à y trouver des cabalettes, ni aucun de ces morceaux qui viennent se placer sur les pupitres et les pianos des amateurs, car il est plus difficile de détacher une partie quelconque de l’unité si complète et si compacte que forment ses opéras, par l’effet de leur style incessamment maintenu dans une région encore inexplorée, presque aussi éloignée du récitatif banal que des phrases cadencées de nos grands airs…. Chacun des ouvrages de WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… a marqué un pas fait dans la voie qu’il poursuit. RienziRienziRienzi, opéra en cinq actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 20 octobre 1842. La version en français due à Charles Nuitter et Jules Guillaume fut créée au Théâtre-Lyrique de Paris le 6 avril 1867.Lire la suite… rappelle encore les vieilles coutumes dans la coupe des récitatifs, des duos, des morceaux d’ensemble. Dans le Vaisseau fantôme, cette manière disparaît déjà sensiblement devant la nouvelle, et TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… est tout à fait affranchi de ce que l’auteur considère comme les préjugés de la tradition. »

Si l’on se reporte à l’époque où parut cette brochure de Franz LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite…, on comprendra l’émotion qu’elle produisit en Allemagne (on s’en émut beaucoup moins à Paris), et les vives controverses auxquelles elle dut donner lieu. WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… avait bien publié déjà quelques écrits contenant la définition de son système et expliquant le but qu’il se proposait d’atteindre, mais il reçut un grand secours de ce champion plein d’enthousiasme et de dévouement qui, pour défendre les doctrines du maître et propager ses œuvres, avait la double autorité d’une plume éloquente et d’une grande influence personnelle. Tandis que le théâtre de Weimar, alors beaucoup plus important qu’il ne l’est aujourd’hui, et tout entier dans les mains de LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite…, vengeait TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… de l’échec qu’il avait subi à Dresde et donnait un éclat exceptionnel à la représentation de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, les évènemens politiques avaient fait de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… un proscrit. Eh bien ! je le dis avec la plus sérieuse conviction, on oublie facilement ce qu’il y a d’exagéré dans l’enthousiasme de Franz LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… pour ne rendre hommage qu’à la sincérité de son dévouement. Un musicien de très grand renom et dans une situation très enviée, travaillant à la gloire d’un musicien discuté, persécuté, et lui préparant dans l’un des centres les plus intelligens et les plus artistiques de l’Allemagne un triomphe dont l’écho vient réveiller et l’enorgueillir au milieu des tristesse de l’exil, voilà un fait exceptionnellement beau et romanesque qui grandit et honore celui qui l’a accompli. Le contraire ne s’est vu que trop souvent et se voit encore aujourd’hui. On dirait vraiment qu’entre artistes, entre compositeurs surtout, la confraternité n’est pas une vertu praticable. J’aurai peut-être quelque jour l’occasion de m’expliquer là-dessus plus clairement et d’une façon plus précise.

Depuis vingt ans que la brochure de Franz LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite…, brillant corollaire ajouté aux premiers écrits de WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, vint ranimer le zèle des défenseurs de l’art classique et de ses immuables traditions, les œuvres du célèbre réformateur out fait leur chemin en Allemagne. Et si nous nous vantons à Paris d’être appelés à consacrer toutes les renommées, même les renommées étrangères, nous devons convenir qu’il en est cependant quelques unes qui se sont passé de nos suffrages ou qui sont sorties intactes de l’épreuve de nos critiques et de nos sifflets. La chute de TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… à l’Opéra donna à cet ouvrage, de l’autre côté du Rhin, une recrudescence de succès, et je ne crois pas que la partition de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… tombe en discrédit sur les scènes allemandes, parce qu’elle n’a pas obtenu à Bade la faveur d’un public composé en grande partie de dilettantes parisiens.

Je n’ai pas l’intention de discuter ici, ni pour les blâmer ni pour les défendre, les doctrines de Richard Wagner Wagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…; je ne veux pas davantage suivre ses œuvres dans cette progression ascendante au bout de laquelle j’entrevois des nuages un peu épais pour ma faible intelligence. Entre RienziRienziRienzi, opéra en cinq actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 20 octobre 1842. La version en français due à Charles Nuitter et Jules Guillaume fut créée au Théâtre-Lyrique de Paris le 6 avril 1867.Lire la suite… et Tristan et IseultTristan und IsoldeTristan et Isolde, handlung (action) en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créée au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich le 10 juin 1865.Lire la suite… se place le développement de tout un système qui n’a sans doute pas dit son dernier mot, et auquel je ne suis pas encore suffisamment initié. Mais, sans entrer dans la discussion de ce système, je ferai remarquer que les bases sur lesquelles il repose, et dont l’auteur de TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite… et de LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite… ne peut s’attribuer le mérite d’avoir posé la première pierre, sont assez solides pour supporter les attaques et les agressions des combattans les mieux exercés. Avant Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, des musiciens aussi bien doués que lui sous certains rapports avaient introduit dans le drame lyrique des réformes qui n’étaient pas sans analogie avec celles qu’il y a apportées lui-même, et qui avaient donné lieu à des querelles non moins ardentes. Ce qu’on peut donc lui reprocher avec le plus de justice, c’est de n’avoir pas assez insisté, dans ses écrits, sur les progrès accomplis par ses prédécesseurs. A cette faute, déjà grande, il a ajouté celle de n’être, dans la définition de son système, ni assez laconique ni assez clair. Dans les courtes préfaces d’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite… et d’Hélène et PâParide ed Elena (Pâris et Hélène)Paride ed Elena (Pâris et Hélène), dramma per musica en cinq actes sur un livret en italien de Ranieri de Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créé au Burgtheater de Vienne le 3 novembre 1770.Lire la suite…risParide ed Elena (Pâris et Hélène)Paride ed Elena (Pâris et Hélène), dramma per musica en cinq actes sur un livret en italien de Ranieri de Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créé au Burgtheater de Vienne le 3 novembre 1770.Lire la suite…an class= »popup »>risTristan und IsoldeTristan et Isolde, handlung (action) en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créée au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich le 10 juin 1865.Lire la suite…, Gluck, en très peu de mots, en a dit autant que lui, laissant à ses œuvres le soin de justifier et de développer les principes sur lesquels elles reposent.

Si Gluck n’a pas donné immédiatement l’expression la plus complète et la plus absolue de son système, il l’avait du moins entrevu, dès l’origine, dans toute la plénitude de sa force et de sa vérité, tandis que Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, marchant toujours vers un idéal qu’il n’a pas de prime-abord suffisamment défini, est forcé en quelque sorte de reconnaître lui-même l’infériorité relative de ses premiers essais. Aussi les efforts de ses plus chauds partisans se lassent à le suivre à travers ce dédale de théories toujours plus abstraites, résumées dans des œuvres toujours plus obscures, à mesure qu’elles atteignent aux dernières limites de ce spiritualisme qui échappe à l’appréciation des simples mortels, et dans lequel l’art dramatique, je crois, ne saurait être absolument renfermé. Lorsque Liszt écrivait : « LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, le dernier ouvrage de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, est celui qui d’entre tous manifeste les idées du maître de la manière la plus absolue, jusques à présent », il ne se doutait guère ni du chemin que feraient ces idées, ni des transformations qu’elles subiraient ; mais, en les acceptant telles qu’elles se manifestaient à cette époque dans les œuvres de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, et même dans la forme un peu brutale qu’elles prenaient dans ses écrits, LisztLiszt, FranzFranz Liszt (Raiding, 22 octobre 1811 – Bayreuth, 31 juillet, 1886), pianiste et compositeur. Il étudia le piano d’abord avec son père puis grâce à une bourse étudia à Vienne avec Czerny pour le piano et Salieri pour la composition. Ses premiers récitals en 1823 à Vienne et à Pest firenLire la suite… et les musiciens qui pensaient comme lui faisaient-ils donc si bon marché de leurs souvenirs classiques, et sacrifiaient-ils vraiment à leur nouvelle idole toutes les traditions du passé ? Pour établir le contraire, il suffira d’un simple rapprochement entre les citations que j’ai faites de la brochure de Leipsig où viennent se refléter les principes de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…, ses théories et son système, et quelques fragmens détachés des épîtres dédicatoires où Gluck explique les siens.

« Lorsque j’entrepris de mettre en musique l’opéra d’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite…, je me proposai d’éviter tous les abus que la vanité mal entendue des chanteurs et l’excessive complaisance des compositeurs avaient introduits dans l’opéra italien, et qui, du plus pompeux et du plus beau des spectacles, avaient fait le plus ennuyeux et le plus ridicule. Je cherchai à réduire la musique à sa véritable fonction, celle de seconder la poésie pour fortifier l’expression des sentimens et l’intérêt des situations, sans interrompre l’action et la refroidir par des ornemens superflus ; je crus que la musique devait ajouter à la poésie ce qu’ajoutent à un dessin correct et bien composé la vivacité des couleurs et l’accord heureux des lumières et des ombres qui servent à animer les figures sans en altérer les contours. Je me suis donc bien gardé d’interrompre un acteur dans la chaleur du dialogue pour lui faire attendre une ennuyeuse ritournelle, ou de l’arrêter au milieu de son discours sur une voyelle favorable, soit pour déployer dans un long passage l’agilité de sa belle voix, soit pour attendre que l’orchestre lui donnât le temps de reprendre haleine pour faire un point d’orgue…………… J’ai cru encore que la plus grande partie de mon travail devait se réduire à chercher une belle simplicité, et j’ai évité de faire parade de difficultés aux dépens de la clarté ; je n’ai attaché aucun prix à la découverte d’une nouveauté, à moins qu’elle ne fût naturellement donnée par la situation et liée à l’expression ; enfin il n’y a aucune règle que je n’aie cru devoir sacrifier de bonne grâce en faveur de l’effet………… »

Cela devrait être écrit en lettres d’or et affiché à la porte de tous les théâtres où il entre des compositeurs, sur les murs de tous les Conservatoires d’où il sort des chanteurs et des cantatrices.

Dans son épître dédicatoire de Pâris et HélèneParide ed Elena (Pâris et Hélène)Paride ed Elena (Pâris et Hélène), dramma per musica en cinq actes sur un livret en italien de Ranieri de Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créé au Burgtheater de Vienne le 3 novembre 1770.Lire la suite…, Gluck se plaint des critiques qu’on a faites de ses idées : « Je ne me suis déterminé à publier la musique d’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite… que dans l’espoir de trouver des imitateurs. J’osais me flatter qu’en suivant la route que j’ai ouverte, on s’efforcerait de détruire les abus qui se sont introduits dans le spectacle italien et qui le déshonorent. Je l’avoue avec douleur, je l’ai vainement tenté jusqu’ici. Les demi-savans, les docteurs du goût, i buongustai, espèce malheureusement trop nombreuse, et de tout temps mille fois plus funeste au progrès des arts que celle des ignorans, se sont déclarés contre une méthode qui, en s’établissant, anéantirait leurs prétentions…. On a cru pouvoir prononcer sur l’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite… d’après des répétitions informes, mal dirigées et plus mal exécutées. …….. Un harmoniste pédant aura remarqué une négligence ingénieuse ou une faute d’impression, et se sera empressé de dénoncer l’une et l’autre comme autant de péchés irrémissibles contre les mystères (il ne dit pas les lois) de l’harmonie ; bientôt après, une foule de voix se seront réunies pour condamner cette musique comme barbare, sauvage, extravagante. ……. » Que les personnes que cela intéresse prennent note maintenant de ce qu’il écrit à propos de l’air d’Orphée : Che faro senza Euridice ?Orphée et EurydiceOrphée et Euridice, drame héroïque en trois actes sur un livret de Pierre-Louis Moline mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créé à l’Opéra de Paris le 2 août 1774.Lire la suite… « Faites-y le moindre changement, soit dans le mouvement, soit dans la tournure de l’expression, et cet air deviendra un air de marionnettes. Dans un ouvrage de ce genre, une note plus ou moins soutenue, une altération de force ou de mouvement, un appogiature hors de place, un trille, un passage, une roulade peuvent ruiner l’effet d’une scène tout entière. Aussi, lorsqu’il s’agit d’exécuter une musique faite d’après les principes que j’ai établis, la présence du compositeur est-elle, pour ainsi dire, aussi nécessaire que le soleil l’est aux ouvrages de la nature ; il en est l’âme et la vie ; sans lui, tout reste dans la confusion et le chaos ; mais il faut s’attendre à rencontrer dans le monde de ces hommes qui, parce qu’ils ont des yeux et des oreilles, n’importe de quelle espèce, se croient en droit de juger des beaux-arts, etc., etc. »

WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite… arrivant près d’un siècle après Gluck, et prenant pour bases de son système celles sur lesquelles l’illustre réformateur avait établi le sien, ne se serait pas attiré de si violentes attaques de la part de ses adversaires et n’aurait pas rencontré tant d’obstacles sur son chemin, s’il se fût davantage souvenu que, dans cette longue période écoulée, d’autres compositeurs lui avaient frayé la voie qu’il se disposait à parcourir. Ses dédains pour certaines œuvres ont fait croire moins encore à l’excès de sa vanité qu’à l’aberration de son esprit, et ses spirituelles plaisanteries à l’adresse de musiciens d’une mince importance n’ont pas fait oublier les sarcasmes qu’il a prodigués à des maîtres illustres et justement admirés. Peut-être a-t-il abattu çà et là quelques figurines du plâtre ; mais, de toutes les statues qu’il a voulu renverser aussi, je n’en vois pas une seule qui ne soit encore debout. En France comme en Allemagne, il s’est attiré de cruelles représailles ; et lui, qui n’a jamais voulu reconnaître pour ses amis ceux qui, l’aimant comme artisteParide ed Elena (Pâris et Hélène)Paride ed Elena (Pâris et Hélène), dramma per musica en cinq actes sur un livret en italien de Ranieri de Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créé au Burgtheater de Vienne le 3 novembre 1770.Lire la suite…, lui refusaient leur sympathie comme homme, il n’a pu s’étonner que ses adversaires, dans leur animosité contre lui, ne séparassent pas l’écrivain du compositeur.

E. REYER

(La suite prochainement.)