Le Journal des Débats, 18 décembre 1867 (article signé E. Reyer).

FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS

DU 18 DECEMBRE 1867.

 REVUE MUSICALE.

THÉÂTRE-LYRIQUE : CardillacCardillacCardillac, opéra en trois actes sur un livret de Charles-Louis-Etienne Nuitter et Louis-Alexandre Beaumont mis en musique par Auguste-Lucien Dautresme et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 11 décembre 1867.Lire la suite…, opéra en trois actes et quatre tableaux, paroles de MM. NuitterNuitter, Charles-Louis-EtienneCharles-Louis-Étienne Truinet, dit Charles Nuitter (Paris, 24 avril 1828 – Paris, 24 février 1899), librettiste et archiviste. Après des études de droit, il fut reçu à la cour d’appel de Paris en 1849. Sa première œuvre représentée fut L’Amour dans un ophicléide (Théâtre du PalaisLire la suite… et BeaumontBeaumont, Louis-AlexandreLouis-Alexandre Beaume, dit Beaumont (Paris, 1er août 1827 – Paris, 11 mars 1909), juriste et librettiste. Il fit des études de droit et publia en 1854 sous son vrai nom, avec Étienne Blanc, un Code général de la propriété industrielle littéraire et artistique puis avec Adrien Huard DialoLire la suite…, musique de M. Lucien Dautresme.

C’est à Mademoiselle de ScudéryMademoiselle de ScudéryDas Fräulein von Scuderi. Eine Erzählung aus dem Zeitalter Ludwigs des Vierzehnten (Mademoiselle de Scudéry. Chronique du règne de Louis XIV) est une nouvelle de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, publiée pour la première fois en 1819 dans le Taschenbuch für das Jahr 1820. Der Liebe und FrLire la suite…, l’un des contes fantastiques d’HoffmannHoffmann, Ernst Theodor AmadeusErnst Theodor (Wilhelm) Amadeus Hoffmann (Königsberg [aujourd’hui Kaliningrad], 24 janvier 1776 – Berlin, 25 juin 1822), écrivain, compositeur et peintre. Il fut élevé par son oncle, étudia le droit en même temps que la peinture et la musiqu,e avec Carl Gottlieb Richter (piano) et ChristiaLire la suite…, que MM. NuitterNuitter, Charles-Louis-EtienneCharles-Louis-Étienne Truinet, dit Charles Nuitter (Paris, 24 avril 1828 – Paris, 24 février 1899), librettiste et archiviste. Après des études de droit, il fut reçu à la cour d’appel de Paris en 1849. Sa première œuvre représentée fut L’Amour dans un ophicléide (Théâtre du PalaisLire la suite… et BeaumontBeaumont, Louis-AlexandreLouis-Alexandre Beaume, dit Beaumont (Paris, 1er août 1827 – Paris, 11 mars 1909), juriste et librettiste. Il fit des études de droit et publia en 1854 sous son vrai nom, avec Étienne Blanc, un Code général de la propriété industrielle littéraire et artistique puis avec Adrien Huard DialoLire la suite… ont emprunté le sujet de Cardillac.CardillacCardillac, opéra en trois actes sur un livret de Charles-Louis-Etienne Nuitter et Louis-Alexandre Beaumont mis en musique par Auguste-Lucien Dautresme et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 11 décembre 1867.Lire la suite… Un mélodrame portant le même titre et signé Antony BéraudBéraud, Antoine-Nicolas dit AntonyAntoine-Nicolas dit Anthony Béraud (Aurillac/Cantal, 11 janvier 1791 – Paris, 6 février 1860), militaire, écrivain, auteur dramatique et chansonnier. Il entra en 1809 à l’École militaire de Saint-Cyr et devint sous-lieutenant. Il participa aux campagnes de l’Empire et fut fait prisonnier Lire la suite… et Léopold ( ?) fut joué avec beaucoup de succès au Théâtre de l’Ambigu en 1824. C’est Frédérick-LemaîtreLemaître, FrédérickAntoine-Louis-Prosper Lemaître dit Frédérick Lemaître (Le Havre, 29 juillet 1800 – Paris, 26 janvier 1876), acteur.  Fils d’un architecte du Havre, il étudia au Conservatoire de Paris avant d’être engagé en 1820 au Théâtre de l’Odéon dans des rôles secondaires. En 1823, il passa alLire la suite… qui remplissait le rôle de Cardillac. Je ne verrais rien d’étonnant à ce qu’il y eût quelque analogie entre ce mélodrame et l’opéra nouveau ; mais il est hors de doute que les auteurs du libretto de CardillacCardillacCardillac, opéra en trois actes sur un livret de Charles-Louis-Etienne Nuitter et Louis-Alexandre Beaumont mis en musique par Auguste-Lucien Dautresme et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 11 décembre 1867.Lire la suite… se sont bien plus inspirés D’HoffmannHoffmann, Ernst Theodor AmadeusErnst Theodor (Wilhelm) Amadeus Hoffmann (Königsberg [aujourd’hui Kaliningrad], 24 janvier 1776 – Berlin, 25 juin 1822), écrivain, compositeur et peintre. Il fut élevé par son oncle, étudia le droit en même temps que la peinture et la musiqu,e avec Carl Gottlieb Richter (piano) et ChristiaLire la suite… que de Léopold et d’Antony. Peut-être s’ils n’avaient craint d’entraîner la direction du Théâtre-Lyrique dans des dépenses trop considérables de costumes et de décors, MM. NuitterNuitter, Charles-Louis-EtienneCharles-Louis-Étienne Truinet, dit Charles Nuitter (Paris, 24 avril 1828 – Paris, 24 février 1899), librettiste et archiviste. Après des études de droit, il fut reçu à la cour d’appel de Paris en 1849. Sa première œuvre représentée fut L’Amour dans un ophicléide (Théâtre du PalaisLire la suite… et BeaumontBeaumont, Louis-AlexandreLouis-Alexandre Beaume, dit Beaumont (Paris, 1er août 1827 – Paris, 11 mars 1909), juriste et librettiste. Il fit des études de droit et publia en 1854 sous son vrai nom, avec Étienne Blanc, un Code général de la propriété industrielle littéraire et artistique puis avec Adrien Huard DialoLire la suite… auraient-ils volontiers donné à leur pièce un cadre plus vaste : et alors ils eussent pu y faire entrer le personnage très sympathique de Mlle de ScudéryScudéry, Madeleine deMadeleine de Scudéry (Le Havre, 15 novembre 1607 – Paris, 2 juin 1710), écrivain. Orpheline à six ans, elle fut élevée par son oncle, un ecclésiastique qui avait ses entrées à la Cour et l’introduisit dans le salon littéraire de l’hôtel de Rambouillet au milieu des années 1630. En 1Lire la suite… elle-même, nous montrer la cour du grand roi, Mme de MaintenonMaintenon, Francoise, marquise deFrançoise d’Aubigné, marquise de Maintenon (Niort, 27 novembre 1635 – Saint-Cyr, 15 avril 1719), épouse morganatique du roi de France Louis XIV. Petite-fille de l’écrivain Théodore-Agrippa d’Aubigné (Saint-Maury/Charente-Maritime, 8 février 1552 – Genève, 9 mai 1630), elle fut éleLire la suite…, M. de la Reynie, la scène de la rue Saint-Nicaise et Madelon Cardillac, « dont la ressemblance avec Mlle de la Vallière était frappante », venant implorer aux pieds de Louis XIVLouis XIV de BourbonLouis-Dieudonné de Bourbon, dit Louis XIV (Saint-Germain-en-Laye, 5 septembre 1638 – Versailles, 1er septembre 1715), roi de France. Son père décéda le 14 mai 1643 ; Louis XIV n’avait donc pas encore cinq ans lorsqu’il accéda au trône. Les grands seigneurs du royaume profitèrent de sa Lire la suite…, fort ému par les charmes de la jeune fille, la grâce de son fiancé. Mais dans les limites où ils ont cru devoir se renfermer, les auteurs de CardillacCardillacCardillac, opéra en trois actes sur un livret de Charles-Louis-Etienne Nuitter et Louis-Alexandre Beaumont mis en musique par Auguste-Lucien Dautresme et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 11 décembre 1867.Lire la suite… n’en ont pas moins groupé un nombre de péripéties et de personnages bien suffisant pour intéresser le public et fournir au compositeur une suite de situations variées et toujours très musicales.

Au début du premier acte, Madelon ou Madeleine et Olivier Bausson, l’apprenti de maître Cardillac, chantent un duo d’amour :

Vois, le jour est loin, la nuit est sombre,

Tout autour de nous se tait dans l’ombre.

Mais voici l’heure où le rossignol va céder la place à l’alouette. Les amoureux, au moment de se séparer, voient entrer par la petite porte du jardin un homme enveloppé dans un manteau de couleur sombre : c’est maître Cardillac lui-même. Il paraît beaucoup plus préoccupé des bruits du dehors que de ce qui se passe chez lui ; et d’ailleurs l’obscurité qui règne dans le jardin lui dérobe la vue des deux amans. Cette nuit-là, pendant que Madeleine et Olivier échangeaient de doux sermens, un seigneur de la cour fut assassiné et volé ; Desgrais, qui faisait le guet à quelques pas de la scène du meurtre, se mit à la poursuite de l’assassin, et il était sur le point de l’atteindre, lorsque, s’embarrassant dans les plis de son manteau, il tomba, et il laissa au meurtrier le temps de disparaître.

C’est un crime de plus à ajouter aux crimes du même genre qui, à cette époque, se commettaient la nuit dans Paris, jetaient l’effroi parmi les habitans, et déroutaient les plus actives recherches de la police : les victimes paraissaient, pour la plupart, avoir été frappées par la même main ; presque toutes portaient la même blessure mortelle ; un coup de poignard dans le cœur. C’est aux gens riches que les hardis voleurs s’attaquaient particulièrement ; les bijoux qu’ils portaient leur étaient enlevés sans que la police fût jamais parvenue à découvrir aucune trace des objets volés, à se procurer aucun renseignement sur les malfaiteurs. Aussi avait-on surnommé ceux-ci les Invisibles. Desgrais se donnait à tous les diables ; M. d’Argenson commençait à douter du zèle et de l’habilité de son lieutenant ; quant à M. de la Reynie, il emplissait les prisons de prévenus innocens auxquels la torture n’arrachait pas le moindre aveu qui pût éclairer la justice et la mettre sur la trace des coupables. René Cardillac, le bijoutier de la cour, plus que personne, par sa position et sa fortune, à l’abri de tout soupçon. « Plutôt petit que grand, mais d’une large carrure et d’une structure forte et musculeuse, Cardillac possédait encore, quoique ayant passé la cinquantaine, la force et l’agilité d’un jeune homme. De cette force, qu’on pouvait qualifier d’extraordinaire, témoignaient une chevelure épaisse, crépue, rougeâtre, et un teint frais et luisant. Si Cardillac n’avait pas été connu dans tout Paris comme le plus honnête, le plus loyal, le moins égoïste des hommes, sans arrière-pensée, toujours prêt à aider ses semblables, le regard tout particulier que dardaient ses petits yeux secs, enfoncés et brillans, aurait pu le faire soupçonner d’une méchanceté et d’une scélératesse secrètes. » Fort habile dans son art, maître René créait des chefs d’œuvre dont il s’éprenait à tel point, qu’il employait souvent les larmes, les prières, les supplications, et même la violence pour les retenir quelques jours de plus dans son atelier. Si le client qui lui avait donné à monter une parure, un bracelet ou un collier destiné à sa fiancée insistait pour que ce présent de noces lui fût livré immédiatement et menaçait l’artiste des limiers de M. d’Argenson, Cardillac s’écriait, au paroxysme de la fureur : « Eh bien, donc ! que Satan vous torture avec cent tenailles rouges et pende un poids de trois quintaux à votre collier pour que votre fiancée s’étrangle ! » Puis, il fourrait le collier dans la poche du futur, le saisissait par le bras, le jetait à la porte de la chambre, de manière à le faire tomber jusqu’au bas de l’escalier, et riait comme un démon quand il voyait de sa fenêtre le pauvre homme sortir en boîtant de la maison, son mouchoir devant son nez ensanglanté. C’était donc un personnage fantasque et violent que maître Cardillac. Mais, bon homme au fond, plein de tendresse pour sa fille, et favorable à l’amour d’Olivier, il va au-devant des vœux de son apprenti et lui offre la main de Madeleine. Me voilà donc revenu à l’analyse du drame. Un jeune seigneur, fort élégamment vêtu, se présente et demande à parler à maître Cardillac ; c’est le comte de Miossens, dont le nom est célèbre à la cour comme à la ville, et surtout dans les coulisses de l’Opéra. Quelques personnes, qui connaissent sans doute les mœurs du dix-septième siècle et les façons des gentilshommes de cette époque, ont paru surprises d’entendre le comte de Miossens faire la confidence de ses bonnes fortunes à dame Lamartinière, la servante du logis. Quant à moi, je ne songe pas à reprocher aux auteurs une invraisemblance et un anachronisme qui nous ont valu un spirituel bavardage et de jolis couplets.

Les galans aiment les belles,

Les belles aiment les bijoux.

Ces couplets ont été bissés ; le refrain, habilement ramené, et dont le tour est ingénieux, a été surtout très vivement applaudi.

Cardillac, à la vue des pierres précieuses que lui apporte le comte de Miossens, se laisse aller à toute l’admiration d’un parfait connaisseur :

Voyez jaillir ces étincelles,

Voyez ces feux de pourpre et d’or.

Et il promet au gentilhomme que dans deux mois il aura terminé son œuvre. Desgrais vient ensuite raconter à son ami Cardillac l’aventure de la veille et demande à l’artiste si par hasard il n’aurait pas quelque renseignement à lui fournir au sujet de ce mystérieux évènement : « Cette nuit, j’ai été témoin d’une attaque. …j’ai poursuivi le voleur… c’était un homme de votre taille… » Le trouble de Cardillac n’a point échappé à la perspicacité de Desgrais : Olivier et Madeleine pressentent une scène terrible, et les quatre personnages chantent alternativement, puis ensemble :

Sort fatal, cruel mystère

C’est ici que le drame commence à se dessiner, et que le compositeur affirme de la façon la plus claire ses tendances vers les formules de l’ancienne école italienne. Je préfère à ce morceau d’une allure un peu trop rétrospective le petit chœur chanté par les jeunes filles qui viennent offrir à Madeleine des fleurs fraîchement cueillies et la coupe d’argent qu’Olivier a ciselée pour elle.

De votre époux c’est le premier ouvrage

Il y a là une certaine grâce naïve, une simplicité charmante qui font songer au chœur des fiançailles du Freischutz.Freischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…

Deux mois se sont écoulés : Cardillac a lu, sur le front pâli de Madeleine, de douloureuses pensées, et, comprenant bien qu’Olivier a pénétré le secret de ses expéditions nocturnes, il se décide à lui tout avouer. Le monologue de Cardillac est accompagné d’une façon intéressante par l’orchestre ; j’ai surtout remarqué la phrase mélodique que l’on entend sous ces paroles : Ma fille ! oserai-je l’embrasser maintenant ?…

Entre le comte de Miossens et Cardillac se passe ensuite une scène à peu près identique à celle que j’ai citée plus haut, et qui est tout entière dans le récit de Hoffmann Hoffmann, Ernst Theodor AmadeusErnst Theodor (Wilhelm) Amadeus Hoffmann (Königsberg [aujourd’hui Kaliningrad], 24 janvier 1776 – Berlin, 25 juin 1822), écrivain, compositeur et peintre. Il fut élevé par son oncle, étudia le droit en même temps que la peinture et la musiqu,e avec Carl Gottlieb Richter (piano) et ChristiaLire la suite…; seulement, les auteurs n’ont pas jugé convenable de lui conserver d’un bout à l’autre son caractère de brutalité, et c’est déjà beaucoup qu’ils aient mis dans la bouche de l’orfèvre, s’adressant à un gentilhomme, ces deux vers assez malsonnans :

Ah ! puisse ce bijou

Etouffer ta maîtresse en lui serrant le cou !…

Le comte de Miossens ne fait que rire de l’apostrophe, et sort en emportant son collier.

Cardillac, pour se consoler, ouvre la cachette où sont enfermées ses richesses et chante un andante dont le motif a déjà été entendu dans l’ouverture :

Tous les trésors que la terre recèle,

Le diamant dont la flamme étincelle,

Et le rubis digne d’un roi,

Et bien d’autres pierres précieuses encore sont là devant ses yeux ; il s’enivre à les contempler. Mais bientôt, avec l’accent du plus cruel désespoir :

Il me manque un collier ! Qui donc me l’a ravi ?…Rends-le moi, fer vengeur…

Et Cardillac, armé de son poignard, est déjà hors de chez lui, lorsque Olivier, toujours agité par les mêmes pressentimens et les mêmes craintes, s’élance à sa poursuite :

Je l’avais bien prévu…

Courons le rejoindre.

Ou bien tout est perdu !

Au début du tableau suivant, il faut citer le couvre-feu et la romance que chante le comte de Miossens :

Par le cœur, je le sens,

Je suis pris pour longtemps.

Un coup de poignard, qui heureusement glisse sur la cotte de mailles du gentilhomme, interrompt cette sérénade, et l’assassin, c’est-à-dire maître Cardillac, frappé à son tour par le comte de Miossens, tombe inanimé sur le pavé de la rue. Olivier arrive pour recueillir le dernier vœu de son maître expirant ; Desgrais le surprend agenouillé auprès du cadavre et le fait arrêter.

Cependant maître Cardillac n’est pas mort ; on l’a transporté dans son logis, où Madeleine attend, anxieuse, une parole qui sera la justification d’Olivier. Cette parole, Cardillac la prononce enfin, et il était temps, car Madeleine allait se décider à accuser son père pour sauver son époux.

Ah ! j’ai tout entendu ; prêt à quitter la terre

Je viens vous dévoiler ma honte tout entière.

J’aime mieux le dénoûment d’HoffmannHoffmann, Ernst Theodor AmadeusErnst Theodor (Wilhelm) Amadeus Hoffmann (Königsberg [aujourd’hui Kaliningrad], 24 janvier 1776 – Berlin, 25 juin 1822), écrivain, compositeur et peintre. Il fut élevé par son oncle, étudia le droit en même temps que la peinture et la musiqu,e avec Carl Gottlieb Richter (piano) et ChristiaLire la suite… qui laisse ignorer à Madeleine ce secret terrible qu’Olivier, sans doute, ne trahira jamais. Mais il faut à un drame un dénoûment dramatique, et les auteurs ont mieux aimé faire vivre Cardillac quelques instans de plus que de finir leur pièce comme finit le roman, en nous montrant Olivier et Madeleine partant pour la Suisse et allant fonder une maison d’orfèvrerie à Genève.

Le récit d’HoffmannHoffmann, Ernst Theodor AmadeusErnst Theodor (Wilhelm) Amadeus Hoffmann (Königsberg [aujourd’hui Kaliningrad], 24 janvier 1776 – Berlin, 25 juin 1822), écrivain, compositeur et peintre. Il fut élevé par son oncle, étudia le droit en même temps que la peinture et la musiqu,e avec Carl Gottlieb Richter (piano) et ChristiaLire la suite… n’est pas une pure fiction, et n’est pas davantage une histoire vraie. Il y eut à Venise un savetier dont les exploits ont peut-être une certaine ressemblance avec ceux de Cardillac, mais c’était un savetier et non un orfèvre, et il n’assassinait pas les gens, comme Cardillac, pour leur reprendre le lendemain les chefs-d’œuvre qu’il leur avait livrés la veille. Le savetier était un voleur vulgaire dont toute l’ambition se bornait à amasser une certaine somme d’argent ; après quoi, selon le vœu qu’il avait fait à saint Roch, son patron, il devait se retirer des affaires. On ne lui en laissa pas le temps : la torture lui arracha l’aveu de ses crimes, et il fut supplicié. Il parait qu’HoffmannHoffmann, Ernst Theodor AmadeusErnst Theodor (Wilhelm) Amadeus Hoffmann (Königsberg [aujourd’hui Kaliningrad], 24 janvier 1776 – Berlin, 25 juin 1822), écrivain, compositeur et peintre. Il fut élevé par son oncle, étudia le droit en même temps que la peinture et la musiqu,e avec Carl Gottlieb Richter (piano) et ChristiaLire la suite… ignorait l’histoire de ce savetier lorsqu’il écrivit les aventures de Cardillac ; quant aux détails qu’il donne sur la personne et le caractère de Mlle de ScudéryScudéry, Madeleine deMadeleine de Scudéry (Le Havre, 15 novembre 1607 – Paris, 2 juin 1710), écrivain. Orpheline à six ans, elle fut élevée par son oncle, un ecclésiastique qui avait ses entrées à la Cour et l’introduisit dans le salon littéraire de l’hôtel de Rambouillet au milieu des années 1630. En 1Lire la suite…, il les a empruntés, dit-il, avec quelques autres incidens d’une importance secondaire, à la Chronique de NurembergChronique de NurembergDe sacri Rom. imperii libera civitate Noribergensi commentatio; Joh. Christophorus Wagenseilius; Acc. de Germaniae phonascorum. Von der Meister-Singer origine, praestantia, utilitate, et institutis sermone vernaculo liber, Altdorf : Jobst Wilhelm Kohles, 1697.Chronique de Nuremberg, ville libre dLire la suite…, écrite par WagenseilWagenseil, Johann ChristophJohann Christoph Wagenseil (Nuremberg, 26 novembre 1633 – Altdorf près de Nuremberg, 9 octobre 1705), historien, juriste et hébraïsant. Il étudia à Stockholm, Greifswald et Rostock puis s’inscrit en 1649 à l’université d’Altdorf. Il voyagea dans toute l’Europe et reçut un diplôme Lire la suite…, dans laquelle ce savant professeur rend compte d’une visite que pendant son séjour à Paris il avait faite à l’auteur de Clélie. Je reviens à la partition de M. DautresmeDautresme, Auguste-LucienAuguste-Lucien Dautresme (Elbeuf, 21 mai 1826 – Paris, 18 février 1892), compositeur. Il entra à l’École polytechnique en 1846 et devint officier de la marine. Il abandonna cette carrière et étudia au Conservatoire de Paris. Son opéra-comique en un acte, Sous les charmilles, fut créé au Lire la suite… pour signaler au troisième acte, sur lequel j’ai passé peut-être un peu légèrement, le double chœur des crieurs de nuit et des coureurs d’aventures, le duo entre Olivier et Madeleine, et le final. Il y a dans la partition de Cardillac d’excellentes qualités, de la verve, de la distinction quelquefois, et on y sent une certaine préoccupation de donner à l’orchestre un rôle plus important que celui qui lui est confié dans la plupart des partitions italiennes – trésors de mélodies – que M. DautresmeDautresme, Auguste-LucienAuguste-Lucien Dautresme (Elbeuf, 21 mai 1826 – Paris, 18 février 1892), compositeur. Il entra à l’École polytechnique en 1846 et devint officier de la marine. Il abandonna cette carrière et étudia au Conservatoire de Paris. Son opéra-comique en un acte, Sous les charmilles, fut créé au Lire la suite… me semble avoir particulièrement étudiées. La partition de Cardillac, ainsi que l’a dit un de mes confrères, a valu d’emblée à M. DautresmeDautresme, Auguste-LucienAuguste-Lucien Dautresme (Elbeuf, 21 mai 1826 – Paris, 18 février 1892), compositeur. Il entra à l’École polytechnique en 1846 et devint officier de la marine. Il abandonna cette carrière et étudia au Conservatoire de Paris. Son opéra-comique en un acte, Sous les charmilles, fut créé au Lire la suite… un brevet de compositeur ; mais il faut bien dire au public que c’est là un brevet purement fictif et qui ne se délivre pas sur parchemin.

On prête au Théâtre-Lyrique l’intention de monter le LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, de Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…. C’est une bonne pensée, mais à la condition qu’on réunira des artistes capables d’interpréter une œuvre aussi difficile, avec laquelle il serait dommage de réveiller les souvenirs du TannhauserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite…. Nous devions avoir, dans la même soirée, le plaisant mêlé au sérieux, Tutti in mascheraTutti in mascheraTutti in maschera, (Tous masqués), comédie lyrique en trois actes, sur un livret de Marco Marcelliano Marcello d’après Carlo Goldoni, mis en musique par Carlo Pedrotti, fut créé au Teatro Nuovo de Vérone le 4 novembre 1856. La version en français, intitulée Les Masques, due à Charles-LouiLire la suite… et LohengrinLohengrinLohengrin, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre Grand-ducal de Weimar le 28 août 1850.Lire la suite…, le maestro PedrottiPedrotti, CarloCarlo Pedrotti (Vérone, 12 novembre 1817 – Vérone, 16 octobre 1893), compositeur et chef d’orchestre. Il étudia la musique avec Domenico Foroni et se mit a composer des opéras. Les deux premiers ne furent pas représentés mais le troisième, Lina, fut créé à Vérone en 1840. De 1840 à Lire la suite… et Richard WagnerWagner, RichardRichard Wagner (Leipzig, 22 mai 1813 – Venise, 13 février 1843), compositeur. Il étudia la musique tout d’abord en autodidacte puis, à partir de 1831, à l’université de Leipzig avec C. T. Weinlig. Chef des chœurs à Wurtzbourg en 1831, il devint directeur musical à Magdebourg de 1834 àLire la suite…. Mais la direction du Théâtre-Lyrique renonce, dit-on, à cette combinaison, et l’opéra bouffe du maestro PedrottiPedrotti, CarloCarlo Pedrotti (Vérone, 12 novembre 1817 – Vérone, 16 octobre 1893), compositeur et chef d’orchestre. Il étudia la musique avec Domenico Foroni et se mit a composer des opéras. Les deux premiers ne furent pas représentés mais le troisième, Lina, fut créé à Vérone en 1840. De 1840 à Lire la suite…, dont on avait déjà commencé la traduction, et qui se joue avec beaucoup de succès en Italie, ne sera pas donné, comme on l’espérait, cet hiver. Je ne sais plus si c’est à Naples, à Florence ou à Pérouse que je l’ai entendu exécuter, mais il me souvient encore d’un chœur extrêmement comique, chanté au commencement du second acte, et dont j’ai retenu les trois premiers vers :

Un impresario pien di cantanti,

Un impresario extraordinario !

Non v’è n’ha tanti (bis).

En voici la traduction faite par un poëte de mes amis, qui n’est pas M. Camille DuLocle :

Un directeur payant comptant

Est un homme extraordinaire ;

On n’en trouve pas tant,

Vraiment !

Payant comptant !

Tutti in mascheraTutti in mascheraTutti in maschera, (Tous masqués), comédie lyrique en trois actes, sur un livret de Marco Marcelliano Marcello d’après Carlo Goldoni, mis en musique par Carlo Pedrotti, fut créé au Teatro Nuovo de Vérone le 4 novembre 1856. La version en français, intitulée Les Masques, due à Charles-LouiLire la suite… va être représenté à Bruxelles.