Plantagenêt, Richard Ier dit Cœur-de-Lion

Richard Ier dit Cœur-de-Lion (Palais de Beaumont, Oxford, 8 septembre 1157 – Châlus/Limousin, 6 avril 1199), roi d’Angleterre. Troisième fils du roi Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine, il passa ses premières années en Angleterre auprès de sa mère. En mai 1165 Henri II, qui était en Normandie, fit venir sa femme et Richard à Rouen. Aliénor s’installa ensuite à Angers où elle éleva ses enfants. En 1172, Richard, qui avait été désigné à la demande de sa mère héritier du duché d’Aquitaine, fut solennellement proclamé duc d’Aquitaine et comte de Poitiers. De 1173 à 1174, Richard se joignit à ses frères dans leur révolte, soutenue par le roi de France Louis VII, contre leur père Henri II. Celui-ci réagit avec vigueur et attaqua Richard, qui fut contraint de se rendre et de demander pardon. Ses frères l’imitèrent et la paix fut rétablie entre Henri II et ses fils. De janvier 1175 à 1179, Richard entreprit plusieurs campagnes victorieuses pour mater les seigneurs rebelles en Aquitaine et acquit ainsi son surnom de Cœur-de-Lion. Il assista en novembre 1179 au couronnement du roi Philippe-Auguste à Reims et lui rendit hommage comme son vassal pour le duché d’Aquitaine. En 1183-1184, Richard dut faire face à une autre coalition de barons aquitains rebelles soutenus par son frère aîné, Henri le jeune, jaloux de l’autonomie de son cadet et soutenu en sous-main par Philippe-Auguste. Il la réprima brutalement. La mort de ce frère le 11 juin 1183 mit fin à la rébellion et Richard devint alors l’héritier désigné. Henri II voulut donner l’Aquitaine à son dernier fils Jean, mais Richard refusa de céder son héritage maternel et entra en conflit avec ses frères Geoffroy et Jean ainsi qu’avec son père. Pour sortir de l’impasse, Henri II ordonna à Richard de remettre à sa mère l’Aquitaine. Richard acquiesça mais la paix fut de courte durée car le roi de France incita Geoffroy à réclamer une partie de l’Anjou. Cependant, Geoffroy mourut en août 1186 des suites d’une blessure reçue lors d’un tournoi et les hostilités reprirent avec le roi de France, qui soutenait le comte Raymond de Toulouse en conflit avec Richard. Deux entrevues eurent lieu entre les rois d’Angleterre et de France, en novembre 1188 et au printemps 1189, sans qu’un accord ne soit trouvé ; Henri II mourut à Chinon le 6 juillet 1189. Richard fut alors couronné roi d’Angleterre, en l’abbaye de Westminster, le 3 septembre 1189 et commença aussitôt les préparatifs pour sa croisade en Terre-Sainte. Richard et Philippe-Auguste, craignant tous deux que l’autre n’usurpe ses territoires en son absence, se jurèrent une alliance mutuelle et partirent ensemble à la troisième croisade, à l’issue d’une cérémonie solennelle à Vézelay le 4 juillet 1190. Les vents contraires forcèrent les deux rois à passer l’hiver en Sicile, pendant que le pape Clément III favorisait l’accession au trône de Tancrède de Lecce, en janvier 1190, aux dépens de l’héritière désignée Constance de Hauteville. Tancrède ayant emprisonné Jeanne d’Angleterre, sœur de Richard et veuve de feu le roi de Sicile Guillaume II, Richard en demanda sa libération et la remise de son douaire qui avait été confisqué. Il prit Messine d’assaut pour forcer à un accord, accord qui fut suivit d’un traité de paix avec Tancrède en novembre 1190. Le 10 avril 1191, l’armée de Richard quitta la Sicile mais en mai, une tempête amena sa flotte à Chypre où l’attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène amena Richard à prendre d’assaut Limassol. Le 12 mai, Richard y célébra son mariage avec Bérangère de Navarre, en présence de Jeanne d’Angleterre. Les pourparlers avec Isaac n’ayant pas abouti, Richard conquit l’île avec l’aide d’un contingent de Saint-Jean d’Acre mené par Guy de Lusignan et força Isaac à capituler. Il vendit l’île au Templiers et, en juin 1191, débarqua à Saint-Jean d’Acre, deux mois après Philippe-Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs, eux-mêmes encerclés par l’armée de Saladin, fut prise par Richard en juillet. Le 31 juillet, Philippe-Auguste retourna en France, laissant un contingent mené par le duc Hugues de Bourgogne. Richard prit le commandement de l’armée franco-anglaise et poursuivit les combats contre l’armée de Saladin. Il remporta la bataille d’Arsouf (7 septembre 1191), s’empara de la forteresse de Daron (22 mai 1192), repoussa l’attaque de Jaffa par Saladin (1er août 1192) et écrasa une contre-offensive de ce dernier, les 4 et 5 août 1192, contraignant Saladin à se replier sur Jérusalem. Les pourparlers de paix aboutirent au traité de Jaffa (2 septembre 1192), qui scellait une trêve de trois ans, trois mois, trois jours et trois heures autorisant les pèlerins chrétiens à visiter les lieux saints sans avoir à payer de taxes ni de droits, ni à subir des vexations. Richard obtint également la libération des prisonniers chrétiens. Il s’embarqua ensuite à Acre pour l’Angleterre le 9 octobre 1192. Une tempête le força à faire escale à Corfou où, déguisé en marchand, il monta sur un bateau pirate qui le déposa près de Zara (Zadar) en Croatie, d’où il continua par voie terrestre à travers la Carinthie et l’Autriche. Le 21 décembre 1192, il fut reconnu et arrêté à Vienne et amené devant le duc Leopold d’Autriche qui le garda en résidence surveillée pendant trois mois au château de Dürnstein. Le duc le livra finalement à l’empereur Henri VI contre soixante-quinze mille marcs d’argent. Il fut alors détenu au château de Trifels en Rhenanie-Palatinat. Pour sa libération, l’empereur demanda cent cinquante mille marcs d’argent. Aliénor d’Aquitaine parvint à faire libérer Richard le 4 février 1194 contre le versement de cent mille marcs d’argent et la remise de plusieurs otages ; en outre, Richard fut contraint de devenir vassal de l’empereur et de payer un tribut de cinq mille livres sterling par an. Le 13 mars 1194, Richard débarqua au port de Sandwich et reçut un bon accueil de ses sujets mais, décidé à reprendre les terres que son frère Jean avait cédées à Philippe-Auguste, il s’embarqua le 12 mai pour la Normandie, engageant ainsi une longue guerre entrecoupée de courtes trêves avec Philippe-Auguste qui, ayant été battu par deux fois en septembre 1198 signa finalement, le 13 janvier 1199, une trêve de cinq ans favorable à Richard. Ce dernier en profita pour mater l’aristocratie aquitaine qui se rebellait : le 23 mars 1199, il fit le siège du château de Chalus-Chabrol pour châtier le rebelle vicomte Adémar V de Limoges. Le 26 mars, il fut atteint à l’épaule par un carreau d’arbalète. La blessure entraîna la gangrène et il mourut le 6 avril 1199 au château de Chalus, qui était tombé entretemps. Sa mère arriva à temps pour assister à ses derniers instants.