FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS
DU 27 SEPTEMBRE 1873.
REVUE MUSICALE.
Autrefois, nous avions en automne la ressource de discourir sur les projets de l’hiver ; déjà les feuilles tombent et je serais bien embarrassé de vous dire quelle surprise vous attend, quel événement imprévu, gigantesque ou seulement de taille moyenne, s’accomplira quand soufflera la bise. Franchement, je ne vois rien, ou du moins presque rien au delà d’une certaine zone où frappent leurs cymbales et se trémoussent, toujours applaudis, les corybantes de l’opérette. La plus grosse affaire, c’est la résurrection du Théâtre-Italien. On avait bien cru qu’il était mort ! Et même il s’était dépensé peu d’éloquence pour son oraison funèbre. Les grands chanteurs avaient disparu, le répertoire était usé, et voilà qu’aujourd’hui on nous parle d’un répertoire rajeuni et de grands chanteurs retrouvés ! Ne faut-il pas beaucoup de bonne volonté pour y croire, quelque confiance que l’on ait dans les lumières, l’expérience et l’habileté du nouvel imprésario ? Vous doutiez-vous donc que les successeurs de Rubini et de la Sontag, que les émules de Rossini, de Donizetti, de Bellini et de Verdi étaient si nombreux dans la péninsule ? Il paraît qu’ils ont surgi tout à coup, pour les besoins du moment ; les feuilles spéciales, toujours bien informées, les connaissent et en font l’énumération. Les biographies viendront à leur heure. Allons ! tant mieux si le Théâtre-Italien ressuscite, tant mieux s’il retrouve avec un riche répertoire et des interprètes de premier ordre l’éclat des anciens jours ! Mais qu’arrivera-t-il si tant d’efforts généreux et d’ingénieuses découvertes viennent se heurter à un caprice de la mode ou à quelque souffle d’impopularité ?
Nous avons eu je ne sais combien d’occasions de restaurer un théâtre véritablement national, de rendre au public un répertoire qu’il affectionna jadis et qu’il ne peut avoir oublié. Et le temps s’est passé en discussions stériles, en luttes sans issue possible entre candidats qui n’avaient ni sou ni maille. C’est donc le théâtre lyrique qui est bien mort et qui ne ressuscitera pas de sitôt, à moins que certain projet ne se réalise. L’une des particularités de ce projet, actuellement dans le portefeuille d’un haut fonctionnaire, lequel le tirera de sa cachette quand le moment sera venu, c’est de doter les théâtres placés actuellement sous la protection, je ne dis pas sous la surveillance du gouvernement, de subventions proportionnelles. Ainsi, à chacun selon ses efforts, à chacun selon ses œuvres.
Il y a longtemps que nous avions préconisé ce système et que nous en avions demandé l’application aux théâtres de province en faveur des jeunes compositeurs et des prix de Rome particulièrement. Mais le ministère des beaux-arts, avec les maigres ressources de son budget, ne peut guère étendre sa protection au delà de l’enceinte de la capitale, et l’on sait, par l’état actuel des conservatoires et des théâtres lyriques dans plusieurs des grandes villes de nos départemens, ce qu’on peut attendre des municipalités.
Il ne m’appartient pas de vous dire aujourd’hui sur quelles bases essentielles repose le projet en question. Mais, croyez-moi, faisons ensemble les vœux les plus sincères pour qu’il soit pris en considération, lors de sa prochaine discussion du budget, par ceux qu’un grand mouvement d’éloquence a entraînés plus d’une fois à des actes de libéralité infructueux. Pour tout le monde et surtout pour les musiciens, que cela touche de près, il est évident que les choses ne peuvent rester indéfiniment dans l’état où elles sont aujourd’hui. Quelque florissantes que soient les finances d’un pays, il n’est ni d’une sage économie ni d’une bonne politique de favoriser un intérêt particulier à l’aide de sacrifices que l’on demande aux contribuables en faveur d’un intérêt général. L’intérêt particulier, c’est celui de l’entrepreneur ; l’intérêt général, c’est celui de tous les artistes, c’est l’intérêt de l’art.
La crainte de m’attaquer à des personnalités qui, si elles ne sont pas à l’abri de toute critique, peuvent du moins se croire à l’abri de tout reproche, m’empêche de m’expliquer plus clairement. J’espère qu’on appréciera ma réserve et que je serai tout de même compris.
Mais n’est-il pas vrai qu’il ressort un enseignement de la situation actuelle, un enseignement plus évident et plus caractéristique à mesure que la situation s’accentue et se prolonge ? C’est que le public va où on le pousse, c’est qu’il s’habitue aussi facilement qu’il se déshabitue, c’est que ses goûts ne sont pas sérieux et que ses instincts le fourvoient, c’est en un mot que, lorsqu’il s’agit de déterminer un mouvement ascensionnel, de prendre l’initiative d’une amélioration, d’une régénération quelconque, en matière d’art, bien entendu, il ne faut pas compter qu’on aura le public pour auxiliaire. Il assiste à des exécutions pitoyables, à des exhibitions ridicules de débutans, il voit la même pièce vieillie et démodée, la même platitude s’éterniser sur la même affiche, et c’est à peine si du sein de cette foule indifférente et dont les jugemens semblaient si redoutables jadis, s’élève un faible murmure.
Ou court aux refrains vulgaires et les refrains vulgaires courent les rues. Le peuple prend la nourriture qu’on lui donne. Et tandis que nous voyons conserver avec un zèle religieux les traditions de la grande école dramatique, tandis qu’un théâtre spécial est tenu de maintenir au répertoire ces chefs-d’œuvre qui à eux seuls ont presque suffi à illustrer un siècle, on prend si peu de souci des chefs-d’œuvre dont l’art musical a enrichi notre première scène lyrique, on les laisse tomber dans un tel oubli, que leur existence est à peu près ignorée, même par ceux qui auraient tout intérêt à les connaître. Les jeunes musiciens qui vont lire des partitions classiques à la bibliothèque du Conservatoire vous diront eux-mêmes que cette lecture ne leur suffit pas.
Les théâtres subventionnés, et largement subventionnés, ne doivent pas servir uniquement aux plaisirs de la foule, que la renommée d’un chanteur ou la richesse d’un décor y attirent le plus souvent ; ils doivent atteindre un but plus élevé, plus noble, et forcer en quelque sorte les spectateurs à vivre dans la familiarité des grandes œuvres du passé. Et ne croyez pas que ces chefs-d’œuvre d’autrefois soient un voisinage dangereux pour certaines œuvres d’aujourd’hui ; les grands compositeurs, en se succédant, forment les anneaux d’une même chaîne, et BeethovenBeethoven, Ludwig vanLudwig van Beethoven (Bonn, 16 décembre 1770 – Vienne, 26 mars 1827), compositeur. Enfant prodige qui donna son premier concert public à Bonn à huit ans. Il alla à Vienne et prit des leçons avec Haydn de 1792 à 1794 puis avec Albrechtsberger de 1794 à 1795 et avec Salieri vers 1799. Il compLire la suite… n’a pas plus à redouter le voisinage de MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… que MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… le voisinage de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite…. Débarrassez-vous donc une fois pour toutes de ces productions plates et incolores, faites de réminiscences ou de lieux-communs, et qui tiennent dans votre répertoire la place que d’immortels chefs-d’œuvre devraient y occuper. Vous n’avez fourni que trop de prétextes à la virtuosité de certains chanteurs, vous n’avez que trop recherché les succès d’argent et les succès faciles. Au contact des conceptions de génie, les talens les plus humbles grandissent et se vivifient, et il ne faut pas se plaindre si amèrement de la pénurie d’œuvres modernes originales et fortes quand on ne fait rien pour les faire éclore, rien pour relever l’art et épurer le goût du public.
Cependant l’Opéra vient de reprendre la Coupe du roi de Thulé.Coupe du roi de Thulé, LaLa Coupe du roi de Thulé, opéra en trois actes sur un livret de Louis Gallet et Edouard Blau mis en musique par Eugene Diaz et créé à l’Opéra le 10 janvier 1873.Lire la suite… Cet ouvrage a servi de rentrée à M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite…, et je crois bien que c’est aussi dans la Coupe du roi de ThuléCoupe du roi de Thulé, LaLa Coupe du roi de Thulé, opéra en trois actes sur un livret de Louis Gallet et Edouard Blau mis en musique par Eugene Diaz et créé à l’Opéra le 10 janvier 1873.Lire la suite… que M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite…, à la fin de la saison dernière, avait fait sa sortie ou, pour mieux dire, avait fait ses adieux au public. M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite… s’en allait en congé, M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite… parlait pour Londres. Voilà M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite… revenu. Le public de l’Opéra l’a revu avec un très vif plaisir et le lui a témoigné par ses applaudissemens aussitôt qu’il l’a vu paraître dans son costume de bouffon, de bouffon du roi de Thulé. Je ne trouve pas, comme on l’a dit, que la voix de M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite… trahisse la moindre fatigue ; dans tous les cas, ce ne peut être qu’un accident passager, ou du moins faut-il souhaiter que cela soit ainsi. M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite… n’est pas à l’âge où la voix s’altère ; il sait ce que vaut son instrument et n’est pas homme à le surmener. Je serai donc heureux de pouvoir concourir à dissiper les craintes qu’ont pu inspirer aux admirateurs de cet artiste des bruits injustement répandus et trop facilement recueillis. M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’Op�Lire la suite… peut encore fournir une longue et brillante carrière en France comme à l’étranger.
On ne presse guère les études de Jeanne d’Arc.Jeanne d’ArcJeanne d’Arc, opéra en quatre actes sur un livret et une musique d’Auguste Mermet, créé à l’Opéra de Paris le 5 avril 1876. Ce fut la première création produite dans le nouvel opéra de Charles Garnier.Lire la suite… Peut-être espère-t-on, en retardant un peu la représentation de cet ouvrage, qu’on pourra le produire dans des conditions exceptionnelles qui rendraient plus saisissantes encore les allusions et la couleur patriotique du sujet. C’est ainsi qu’il advint, on s’en souvient, pour Roland à RoncevauxRoland à RoncevauxRoland à Roncevaux, opéra en quatre actes sur un livret et une musique d’Auguste Mermet créé à l’Opéra de Paris le 3 octobre 1864.Lire la suite…, qui, joué dans un autre milieu et à une autre époque, n’eût pas obtenu à beaucoup près un succès aussi retentissant. Et l’auteur, qui avait longtemps et patiemment attendu son tour, dut à cette chance d’arriver au moment opportun des bienfaits inestimables.
Un compositeur qui n’a certainement pas eu la chance de M. MermetMermet, AugusteAuguste Mermet (Bruxelles, 5 janvier 1810 – Paris, 4 juillet 1889), compositeur. Il étudia la composition en privé avec Jean-François Lesueur et Fromental Halévy. Il composa surtout pour la scène lyrique : un opéra-comique, La Bannière du roi (Versailles, 1835) et trois opéras : Le Roi DLire la suite…, et qui cependant ne doute pas de son mérite, c’est ce pauvre M. DupratDuprat, Louis-HippolyteLouis-Hippolyte Duprat (Toulon, 31 octobre 1824 – Paris, 19 mai 1889), médecin de la marine, compositeur. Il fut reçu le 19 janvier 1844 à l’Ecole de médecine et pharmacie navales de Toulon. Il fut promu chirurgien de 3e classe le 22 juin 1845 puis fut affecté à l’hôpital maritime de RoLire la suite…. Il aspirait aux pompes de notre première scène lyrique, à la gloire d’être applaudi par un public d’élite, le public le plus intelligent de l’univers, et, par suite de je ne sais quel enchaînement de fatalités, il a été obligé de se contenter d’une scène de province, presque d’un succès de clocher. Je ne pus, à mon grand regret, faire partie de la députation que la presse parisienne envoya sur les bords de la Méditerranée pour assister à la première représentation de Pétrarque.PétrarquePétrarque, opéra en quatre actes sur un livret de Frédéric Dharmenon mis en musique par Hippolyte Duprat et créé au Grand-Théâtre de Marseille le 19 avril 1873 et à Paris au Théâtre populaire le 11 février 1880.Lire la suite… J’arrivai trop tard à Marseille : le théâtre, celui qu’on appelle le grand théâtre, était fermé. Heureusement, la musique militaire avait recueilli quelques fragmens de l’œuvre de M. DupratDuprat, Louis-HippolyteLouis-Hippolyte Duprat (Toulon, 31 octobre 1824 – Paris, 19 mai 1889), médecin de la marine, compositeur. Il fut reçu le 19 janvier 1844 à l’Ecole de médecine et pharmacie navales de Toulon. Il fut promu chirurgien de 3e classe le 22 juin 1845 puis fut affecté à l’hôpital maritime de RoLire la suite…. Et si par ces simples échantillons il m’est permis de juger du style, de l’originalité mélodique et de la couleur de la partition, je n’oserai du moins formuler un jugement d’une façon précise et détaillée. On ne peut guère se faire une opinion exacte d’un ouvrage dramatique quand on le lit au piano, à plus forte raison quand on en entend exécuter des fragmens détachés, ou mal attachés, par la musique d’un régiment.
C’était un dimanche, sur la place du Palais-de-Justice ; la chaleur était accablante ; une foule attentive se pressait autour des soldats musiciens. Sous un autre ciel et dans un autre cadre, vous voyez cela trois ou quatre fois par semaine au Palais- Royal, aux Tuileries et au Luxembourg. Mais ce qui donnait un caractère tout particulier à ce concert en plein air, c’était moins l’élévation de la température et le bleu implacable du ciel que l’épanouissement de toutes ces physionomies méridionales en entendant les douces cantilènes qu’une des filles les plus célèbres de la Provence avait inspirées à un compositeur provençal. Les fragmens de PétrarquePétrarquePétrarque, opéra en quatre actes sur un livret de Frédéric Dharmenon mis en musique par Hippolyte Duprat et créé au Grand-Théâtre de Marseille le 19 avril 1873 et à Paris au Théâtre populaire le 11 février 1880.Lire la suite… occupaient trois numéros sur le programme du concert. Je les ai écoutés avec beaucoup d’attention, et après le dernier accord, après le dernier coup de cymbale, au milieu de l’émotion qui s’était emparée de moi, je me disais : il est bien étonnant que cet ouvrage n’ait pas été représenté à l’Opéra.
On ne me reprochera plus maintenant de n’avoir point parlé de Pétrarque.PétrarquePétrarque, opéra en quatre actes sur un livret de Frédéric Dharmenon mis en musique par Hippolyte Duprat et créé au Grand-Théâtre de Marseille le 19 avril 1873 et à Paris au Théâtre populaire le 11 février 1880.Lire la suite…
Des trois ouvrages sortis victorieux du concours de 1869, un seul jusqu’à présent a été représenté : c’est la Coupe du roi de Thulé.Coupe du roi de Thulé, LaLa Coupe du roi de Thulé, opéra en trois actes sur un livret de Louis Gallet et Edouard Blau mis en musique par Eugene Diaz et créé à l’Opéra le 10 janvier 1873.Lire la suite… Puisque la direction de l’Opéra a tenu ses engagemens, il est assez naturel que la direction de l’Opéra-Comique tienne les siens. Aussi vient-on de mettre en répétition à ce théâtre le FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite…, dont la musique est de M. LenepveuLenepveu, Charles-FerdinandCharles-Ferdinand Lenepveu (Rouen, 4 octobre 1840 – Paris, 16 août 1910), compositeur et professeur. Il fit ses études classiques à Rouen et apprit l’harmonie avec Charles Vervoitte, alors maître de chapelle de la cathédrale de Rouen. En 1859, il entra à l’École de droit de Paris et devLire la suite…, ancien prix de Rome, et le livret de M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…. Quant au Magnifique, petit opéra en un acte qui l’emporta, au grand étonnement de quelques uns, sur le Fiesque de M. Lalo (plusieurs morceaux de cet important ouvrage ont été exécutés l’hiver dernier aux concerts de l’Odéon), il attendra que le Théâtre-Lyrique soit rebâti.
Un instant nous avions espéré que le principal rôle du FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite… serait donné à M. Monjauze Monjauze, Jules SebastienJules-Sébastien Monjauze (Paris, 24 octobre 1825 – Meulan/ Yvelines, 8 septembre 1877), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Ponchard et se produisit d’abord comme acteur au Théâtre Français de Saint-Pétersbourg, puis à l’Odéon. Il débuta comme chanteur dans Jaguarita l’Lire la suite…; M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…, qui apprécie les rares qualités de cet excellent artiste, avait très vivement désiré son concours, et M. LenepveuLenepveu, Charles-FerdinandCharles-Ferdinand Lenepveu (Rouen, 4 octobre 1840 – Paris, 16 août 1910), compositeur et professeur. Il fit ses études classiques à Rouen et apprit l’harmonie avec Charles Vervoitte, alors maître de chapelle de la cathédrale de Rouen. En 1859, il entra à l’École de droit de Paris et devLire la suite… était dans les mêmes dispositions. Malheureusement, la direction de l’Opéra-Comique et M. MonjauzeMonjauze, Jules SebastienJules-Sébastien Monjauze (Paris, 24 octobre 1825 – Meulan/ Yvelines, 8 septembre 1877), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Ponchard et se produisit d’abord comme acteur au Théâtre Français de Saint-Pétersbourg, puis à l’Odéon. Il débuta comme chanteur dans Jaguarita l’Lire la suite… n’ont pu s’entendre sur certains points essentiels, et, après bien des pourparlers, bien des protestations et des échanges de politesse des deux côtés, tout a été rompu. Les rôles du FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite… ont été distribués, et les études ont commencé sans M. MonjauzeMonjauze, Jules SebastienJules-Sébastien Monjauze (Paris, 24 octobre 1825 – Meulan/ Yvelines, 8 septembre 1877), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Ponchard et se produisit d’abord comme acteur au Théâtre Français de Saint-Pétersbourg, puis à l’Odéon. Il débuta comme chanteur dans Jaguarita l’Lire la suite…. Le vaillant chanteur prétend se consoler de cet échec, si toutefois c’en est un, en sollicitant la direction du Théâtre-Lyrique, non pas du théâtre lyrique de l’Athénée, dont les destinées sont confiées à M. RuelleRuelle, Jules-Victor-AntoineJules-Victor-Antoine Ruelle (Marseille, 30 octobre 1834 – Paris, 23 août 1892), directeur, traducteur, librettiste et critique musical. Il arriva à Paris en 1858 comme employé des éditions Girod. Il écrivait également des articles dans Le Messager des théâtres. En août 1866, il fut engag�Lire la suite…, et qui vient de faire une réouverture si brillante avec le DéserteurDéserteur, LeLe Déserteur, opéra-comique en trois actes sur un livret Michel-Jean Sedaine mis en musique par Pierre-Alexandre Monsigny et créé à la Comédie-Italienne le 9 juin 1842.Lire la suite… et le Barbier de SévilleBarbier de Séville, LeIl Barbiere di Siviglia (Le Barbier de Séville), opera buffa en 2 actes sur un livret de Cesare Sterbini, d’après Beaumarchais, mis en musique par Gioachino Rossini créé au Teatro Argentina à Rome le 20 février 1816. L’œuvre fut donnée à Paris pour la première fois au Théâtre-ItalienLire la suite…, mais du Théâtre-Lyrique incendié, du Théâtre-Lyrique du bord de l’eau.
Allez visiter les travaux de restauration, et vous verrez que tout marche lentement à l’extérieur comme à l’intérieur, où se dressent encore des pans de mur effondrés et des poutres noircies. M. MonjauzeMonjauze, Jules SebastienJules-Sébastien Monjauze (Paris, 24 octobre 1825 – Meulan/ Yvelines, 8 septembre 1877), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Ponchard et se produisit d’abord comme acteur au Théâtre Français de Saint-Pétersbourg, puis à l’Odéon. Il débuta comme chanteur dans Jaguarita l’Lire la suite… a donc le temps de méditer sur les obligations qui lui seront imposées par l’administration supérieure et sur les phases diverses de prospérité et de mauvaise fortune par lesquelles ont passé ses prédécesseurs.
Je ne crois pas m’être encore occupé de la fondation CressentCressant, AnatoleAnatole Cressant (Argenteuil/Val-d’Oise, 25 avril 1824 – Paris, 28 mai 1870), avocat, compositeur et philanthrope. Il étudia la musique avec Louis-James-Alfred Lefébure-Wély et Paul Bernard et publia des œuvres pour piano : Le Sport des salons – album de danse pour piano (1858), Harmonie Lire la suite…. Si cet homme estimable qui a voulu donner, au delà de la tombe, à l’art et aux artistes qu’il aimait, une preuve suprême de sa sympathie, si cet homme de bien, dont la mort fut causée par un accident le 25 avril 1869, eût connu les résultats du concours institué la même année par les directeurs de nos trois théâtres lyriques subventionnés, peut-être n’eût-il pas appliqué lui-même à un concours perpétuel les intérêts accumulés pendant trois ans d’une somme de 100,000 fr.
Le legs ayant été accepté, sur la proposition du directeur des beaux-arts, par le ministre de ce département, la volonté du testateur doit être respectée. Depuis le 25 janvier de cette année, le concours préalable des poëmes est ouvert.
« Avant d’entrer dans les détails du concours, dit M. Charles BlancBlanc, CharlesCharles Blanc (Castres/Tarn, 17 novembre 1813 – Paris, 17 janvier 1882), historien, critique d’art, et graveur. Après avoir étudié la gravure avec Luigi Calamatta, il réalisa des estampes tout en publiant des articles de critique d’art dans les journaux de son frère, l’homme politiqLire la suite… dans son rapport, et pour rendre hommage à la mémoire du fondateur autant que pour faire connaître sa pensée , je crois qu’il est bon de reproduire les termes mêmes dans lesquels le donateur a exposé le but élevé de son projet :
« Le culte des beaux-arts — et de la musique en particulier — a toujours été l’objet le plus cher de mes prédilections. Les hasards de la vie m’ont empêché d’y consacrer mes facultés et mon temps. Mais s’il ne m’a pas été donné de prendre rang parmi les fidèles d’un art auquel je dois mes plus délicates jouissances, j’ai pu du moins assister de près à leurs efforts et à leurs luttes. Cette fréquentation assidue des artistes m’a fourni la conviction que le sort des compositeurs de musique était, par un état d’infériorité relative, digne des plus ardentes sympathies, et m’a en même temps inspiré le désir de travailler, dans la mesure de ma fortune, à leur fournir des moyens de production et d’initiative de leurs œuvres aussi favorables que ceux dont les peintres, sculpteurs et architectes sont si largement dotés. »
« De cette conviction profonde et de ce désir réfléchi est née la pensée de cette fondation. »
It paraît que les 100,000 fr. légués par M. CressentCressant, AnatoleAnatole Cressant (Argenteuil/Val-d’Oise, 25 avril 1824 – Paris, 28 mai 1870), avocat, compositeur et philanthrope. Il étudia la musique avec Louis-James-Alfred Lefébure-Wély et Paul Bernard et publia des œuvres pour piano : Le Sport des salons – album de danse pour piano (1858), Harmonie Lire la suite… étaient insuffisans pour assurer la complète exécution des volontés exprimées par le défunt dans des pages intimes : « La famille, ajoute M. Charles BlancBlanc, CharlesCharles Blanc (Castres/Tarn, 17 novembre 1813 – Paris, 17 janvier 1882), historien, critique d’art, et graveur. Après avoir étudié la gravure avec Luigi Calamatta, il réalisa des estampes tout en publiant des articles de critique d’art dans les journaux de son frère, l’homme politiqLire la suite…, s’est fait un religieux devoir de s’associer aux généreuses intentions du testateur, et elle a augmenté le legs, de 20,000 fr. »
Voici maintenant quelques unes des conditions de ce concours, qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, n’aura lieu que tous les trois ans ;
Les compositeurs et littérateurs français ou naturalisés tels sont seuls admis à concourir. Chaque compositeur pourra choisir et présenter son poëme ; mais, pour donner plus de facilité aux jeunes musiciens qui n’ont pas toujours un sujet à leur disposition, il sera établi dans l’année précédant l’époque de chaque concours triennal un concours préalable pour un poëme d’opéra ou d’opéra-comique, et ce poëme sera mis à la disposition des compositeurs dix mois au moins avant l’échéance du concours. Même latitude, on s’en souvient, avait été laissée aux concurrens par la direction du Théâtre- lyrique, tandis que la Coupe du roi de ThuléCoupe du roi de Thulé, LaLa Coupe du roi de Thulé, opéra en trois actes sur un livret de Louis Gallet et Edouard Blau mis en musique par Eugene Diaz et créé à l’Opéra le 10 janvier 1873.Lire la suite… et le FlorentinFlorentin, LeLe Florentin, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henry de Saint-Georges mis en musique par Charles Lenepveu et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 25 février 1874.Lire la suite… étaient des poëmes imposés.
Le caractère de l’ouvrage sera bouffe ou sérieux, et la partition, en un ou deux actes, renfermera cinq morceaux au moins, avec soli et chœurs, y compris l’ouverture. Cette ouverture devra être l’un des morceaux capitaux de la partition. Voilà une clause sur laquelle le fondateur du concours a bien fait d’insister, aujourd’hui que la plupart des compositeurs se contentent d’écrire, même pour des œuvres importantes, de simples préludes ou de courtes introductions.
« Les membres du jury seront nommés par le ministre et recevront chacun, après la dernière séance, une médaille d’or de la valeur de 200 fr, »
Il est probable que le ministre, par déférence ou par politesse, nommera d’abord des académiciens. Or, les concours peuvent être, comme on l’a dit, des jeux académiques quand il s’agit d’une cantate, mais non point quand il s’agit d’un opéra. Un jury nommé à l’élection eût peut-être rassuré davantage les concurrens dont le tempérament ne s’est pas assujetti aux règles sévères de l’école.
« Les auteurs couronnés, étant les premiers intéressés à l’exécution publique et à la meilleure interprétation possible de leur ouvrage, rechercheront eux-mêmes le théâtre « qui leur semblera le mieux en rapport avec le caractère, le genre et l’étendue de cet ouvrage. »
» Pour être libres de consacrer tout leur temps à cette négociation et à la mise à l’étude de leur œuvre, ils recevront immédiatement chacun une prime de 2,500 fr.
» Une somme de 10,000 fr. sera allouée au théâtre lyrique qui aura monté l’ouvrage et qui, par une belle exécution, se sera montré à la hauteur du but que s’est proposé le fondateur…,. »
Voilà les principaux articles du programme approuvé par le ministre, et conforme, cela va de soi, au vœu du testateur.
Je n’ai pas à modifier, à propos de ce programme, ce que j’ai écrit il y a quelques années sur les concours, ou plutôt contre les concours en général, lesquels doivent donner quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent des résultats négatifs. Je conviens cependant que le concours CressentCressant, AnatoleAnatole Cressant (Argenteuil/Val-d’Oise, 25 avril 1824 – Paris, 28 mai 1870), avocat, compositeur et philanthrope. Il étudia la musique avec Louis-James-Alfred Lefébure-Wély et Paul Bernard et publia des œuvres pour piano : Le Sport des salons – album de danse pour piano (1858), Harmonie Lire la suite… se fera dans des conditions particulièrement favorables aux concurrens et qu’il leur offre, sinon les plus sérieuses garanties, du moins des avantages réels.
Mais M. CressentCressant, AnatoleAnatole Cressant (Argenteuil/Val-d’Oise, 25 avril 1824 – Paris, 28 mai 1870), avocat, compositeur et philanthrope. Il étudia la musique avec Louis-James-Alfred Lefébure-Wély et Paul Bernard et publia des œuvres pour piano : Le Sport des salons – album de danse pour piano (1858), Harmonie Lire la suite…, qui a réglé si patriotiquement la question de nationalité, aurait dû fixer aussi pour les concurrens une limite d’âge ou les ranger dans une certaine catégorie. Il est facile de comprendre que, la lutte étant ouverte pour tous, les jeunes musiciens pourront avoir à redouter des rivalités dangereuses. Et cependant la pensée, le but du fondateur a été de favoriser spécialement les jeunes musiciens. Mais la clause attribuant une prime de 10,000 fr. au directeur qui fera représenter sur son théâtre l’ouvrage couronné donne une singulière force au projet de M. Cressent.
Quant à la médaille accordée à chacun des membres du jury, ce sera pour eux une médaille commémorative destinée à leur rappeler non pas un service rendu, mais un jugement que leur conscience leur aura dicté.
E. Reyer.