Murska, Ilma di

Ema Puksec dite Ilma di Murska (Ogulin/Croatie, 6 février 1834 – Munich, 14 janvier 1889), soprano. Suite à une promotion du père dans l’armée autrichienne, la famille s’installa à Zagreb en 1850 et c’est là qu’Ema étudia la musique avec Ignaz Lichtenegger, le chef de chœur de la cathédrale de Zagreb. En 1851, elle épousa un soldat, Josip Eder, et ils eurent deux enfants. En 1857, ils se rendirent à Graz, où elle étudia avec Josef Netzer, le chef d’orchestre du Théâtre de Graz ; trois ans plus tard, elle s’inscrivit au Conservatoire de Vienne, où elle étudia avec Mathilde Marchesi. Quand cette dernière, l’année suivante, s’installa à Paris, elle prit avec elle ses neuf meilleures élèves, dont Ilma di Murska. Ilma se produisit donc en décembre 1861 dans un concert à la salle Beethoven, où son talent fut remarqué. Il s’en suivit des concerts à la salle Herz, le 15 janvier 1862, puis à l’Hôtel de Ville. Elle fit ses débuts sur la scène du Teatro Pergola de Florence en février et son succès la fit engager à Livourne, Catania, Barcelone puis Pest, où elle chanta aux côtés de Franz Steger. En juin 1864, elle chanta à Berlin puis à Vienne, où elle donna 31 représentations avant de rejoindre Hambourg pour chanter aux côtés de Therese Titiens. De retour à Vienne en 1865, elle fut rapidement engagée par le colonel Mapelson à Londres, où elle débuta le 11 mai 1865 dans Lucia di Lamermoor et fit sensation. Elle se produisit pour la premiere fois en concert avec la New Philharmonic Society le 20 mai 1865 et dix jours plus trad avec la vénérable Philharmonic Society. Les années suivantes, elle se partagea entre Vienne et Londres, chantant les rôles de son répertoire de colorature : Lady Harriet (Martha, Flotow), Dinorah (Le Pardon de Ploërmel, Meyerbeer), La Reine de la Nuit (La Flûte enchantée, Mozart), Marguerite de Valois (Les Huguenots, Meyerbeer), Gilda (Rigoletto, Verdi), Constanze (L’Enlèvement au sérail, Mozart) ; rôles auxquels elle ajouta Donna Elvira (Don Giovanni, Mozart), Oscar (Un ballo in maschera, Verdi) et Catherine (L’Étoile du Nord, Meyerbeer) ; elle donna également des concerts avec le ténor Theodore Wachtel, le violoniste Camillo Sivori et la pianiste Clara Schumann à Weimar, Wiesbaden, Berlin, Pest, Zagreb et avec Wachtel à Mannheim, Breslau, Wiesbaden, Francfort et Baden-Baden. En 1868, elle fut engagée au Théâtre-Italien de Paris en remplacement d’Adelina Patti qui avait accepté un engagement en Russie. Elle eut beaucoup de succès et revint ensuite à Paris pour la saison 1869-70. Les années suivantes, elle continua ses tournées en Angleterre, à Vienne, à Berlin et même en Russie. En septembre 1873, elle alla aux États-Unis, engagée par l’impresario Max Maretzek, et enthousiasma le public américain. Elle se produisit ensuite à La Havane puis revint à New York avant de retourner en Europe. Elle revint aux États-Unis en septembre 1874, engagée par Diego De Vivo. Elle sillonna alors les États-Unis jusqu’à San Francisco, où elle arriva en mai 1875. De là, la compagnie de Diego De Vivo embarqua pour l’Australie et elle donna son premier concert à Melbourne le 9 août 1875 ce fut un énorme succès. Elle donna ensuite son premier concert à Dunedin en Nouvelle-Zélande le 19 avril 1876, concert suivi de plusieurs autres dans les villes du pays. En octobre, elle retourna en Australie et de là, elle revint à San Francisco pour une saison d’opéras qui commença le 22 février 1877. Toujours sous l’égide de De Vivo, Ema et ses collègues la basse Agostino Susini, le ténor Pasquale Brignoli et le pianiste John Hill, firent une tournée de concerts dans les villes des États-Unis et arriva à New York vers la fin de l’année 1878. Après quelques concerts à New York, Ema di Murska s’embarqua pour l’Europe en juillet 1879. Elle se produisit à Londres le 20 octobre 1879 dans le rôle de Dinorah (Le Pardon de Ploërmel, Meyerbeer) puis dans celui de Lucia (Lucia di Lammermoor, Donizetti), Filine (Mignon, Massenet), Amina (La sonnambula, Bellini) et Gilda (Rigolett0, Verdi) avant de revenir dans le rôle de Dinorah le 14 mai 1881 et de reprendre les rôles de son répertoire, toujours avec succès. Les années suivantes, elle continua ses tournées entre l’Europe et l’Angleterre mais avec moins de fréquence et de succès. Sa voix commençait à se détériorer. Elle décida de retourner à New York, où elle donna un concert le 29 décembre 1887 qui fut un terrible échec. Elle s’obstina malgré tout à se produire sur scène, jusqu’à ce qu’elle tombât d’épuisement au milieu d’un concert à Wiles-Barre, en Pennsylvanie. De retour à New York, elle essaya donner des leçons mais sans succès. Malade et appauvrie, elle revint en Europe le 10 novembre 1888 et décéda quelques mois plus tard à Munich.

Source : Kurt Gänzl : Victorian Vocalists