Pavlidis, Paul alias Draneht Pacha

Paul Pavlidis alias Draneht Pacha (Nicosie, Chypre, 9 mars 1815 – Ramleh près d’Alexandrie, Egypte, 4 février 1894), surintendant des théâtres du vice-roi d’Egypte. Sa famille, fuyant les persécutions des Turques de Chypre, émigra en Egypte où il fut engagé au service de Mohammed Ali Pacha (Kavala, Grèce, 4 mars 1769 – Alexandrie, Egypte, 2 août 1849), vice-roi d’Egypte qui, dans le cadre des réformes militaires, économiques et culturelles qu’il institua pour moderniser son pays, envoya Paul Pavlidis étudier la médecine à Paris. Il étudia ainsi au Collège de France avec le baron Louis-Jacques Thénard (La Louptière/Aube, 4 mai 1777 – Paris, 21 juin 1857) et se lia d’amitié avec lui et son fils le baron Arnoult-Paul-Edmond Thenard (Paris, 6 octobre 1819 – Talmay/Côte d’Or, 8 août 1884). Le baron Thénard lui proposa de lui faire cadeau de son nom. C’est ainsi qu’il changea son patronyme de Pavlidis en Draneht, l’anagramme de Thénard. De retour en Egypte, Paul étudia la pharmacie avec Antonio Figari en 1831 et devint à partir de 1835 le pharmacien personnel du vice-roi Mohammed Ali. Ce dernier le désigna comme membre permanent de son cercle et l’emmena avec lui lors d’un voyage d’inspection au Soudan en 1838. Il accéda progressivement à des fonctions toujours plus élevées sous Mohammed Ali et ses successeurs, devenant Bey et puis Pacha. Excellent négociateur, c’est lui qui obtint la plupart des prêts étrangers de l’Egypte et, en tant qu’ami de Ferdinand de Lesseps, aida aux négociations pour la percée du canal de Suez. Il fut également responsable de l’établissement des lignes ferroviaires de l’Egypte, mais son souvenir reste attaché à son rôle de surintendant des théâtres du vice-roi entre 1869 et 1877 et à la création de Aïda de Verdi le 24 décembre 1871 au Caire. Peu avant la première de Aïda, il épousa Adelina (Adèle) Casati, dont le père dirigeait l’orchestre de l’Opéra du Caire. Il eut une fille : Despina Draneht. En avril 1879, il obtint congé du vice-roi Ismaïl pour pourvoir aux soins de sa fille tombée malade et s’installa en Italie, où il accueillit ensuite à Naples le vice-roi en exil et resta en contact avec lui. Il partagea finalement son temps entre l’Italie et l’Egypte, où il avait acquis beaucoup de terrains près d’Alexandrie et où il décéda en 1894.