René Ier de Lorraine

René Ier de Lorraine, duc d’Anjou (Angers, 16 janvier 1409 – Aix-en-Provence, 10 juillet 1480), homme d’État. Il était le petit-fils de Louis Ier d’Anjou et second fils du roi Jean II le Bon. Sa mère était Yolande d’Aragon, fille du roi d’Aragon Jean Ier. Il fut élevé dans le Berry en compagnie du dauphin Charles, réfugié à Bourges lorsque les Bourguignons prirent Paris en 1418, et qui devint roi de France sous le nom de Charles VII en 1422. Il épousa Isabelle de Lorraine, unique héritière du duché de Lorraine, en 1420. Antoine de Vaudémont contesta la succession d’Isabelle de Lorraine et, soutenu par les Bourguignons, battit René à la bataille de Bulgnéville (1431). Le duc de Bourgogne Philippe le Bon emprisonna René et ne le relâcha qu’après rançon, en 1437. Entre temps, il avait succédé à son frère, Louis III d’Anjou, décédé en 1434 sans héritier ; il hérita donc de ses titres, devenant roi titulaire de Sicile et de Jérusalem, comte de Provence. En 1435, il hérita de la reine Jeanne II de son royaume de Naples mais dut se battre, de 1438 à 1442, contre Alphonse V d’Aragon, roi de Sicile, qui convoitait le royaume de Naples. Ce dernier l’emporta et René revint en France très appauvri par le coût de ces guerres. En 1445 il maria sa fille, Marguerite d’Anjou, au roi Henri VI d’Angleterre. En 1449, il s’installa en Provence ; consacrant son temps à l’administration et au développement de ses domaines (Anjou, Lorraine et Provence), il fut également un mécène important, s’entourant de peintres, d’orfèvres et d’enlumineurs célèbres (Barthélemy d’Eyck, Georges Trubert, Nicolas Froment, etc.), entretenant une cour littéraire et composant lui-même des poèmes et des romans courtois tels Le Mortifiement de Vaine Plaisance (1455) et Le Livre du Cuer Damours espris (1457). En 1453, son épouse Isabelle mourut, et le roi René transmit son duché de Lorraine à son fils Jean. L’année suivante, il se remaria avec Jeanne de Laval. Son fils, le duc Jean II de Lorraine, mourut en 1470. Son autre fils, Nicolas de Lorraine, lui succéda mais mourut prématurément, en 1473, à l’âge de 25 ans. La Lorraine passa alors à sa tante Yolande d’Anjou, fille du roi René, qui la céda à son fils René de Vaudémont, qui devint René II de Lorraine. En juillet 1474, le roi René légua l’Anjou et la Provence à son neveu Charles V d’Anjou, comte du Maine, et le duché de Bar à son petit-fils René II de Lorraine. Le roi de France Louis XI, ayant appris cela et étant lui-même neveu du roi René, fit occuper le duché d’Anjou, faute d’héritier mâle direct. Par suite de négociations, le roi René accepta une pension de dix mille livres par an en échange du retour de l’Anjou au royaume de France et convint qu’à sa mort, la Provence reviendra à son neveu Charles V d’Anjou, comte du Maine, dont le roi Louis XI serait l’héritier. Le roi René se retira alors à Aix-en-Provence, où il accueillit en 1476 sa fille Marguerite d’Anjou, retenue en Angleterre depuis la mort de son époux Henri VI (1471) et finalement libérée grâce à une rançon payée par le roi Louis XI en échange de la renonciation de ses droits sur l’Anjou. En 1775, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire envahit la Lorraine mais il fut battu et tué devant Nancy par les troupes de René II de Lorraine le 5 janvier 1477. Le roi Louis XI rattacha alors la Bourgogne au royaume de France. Dans son comté de Provence, le roi René réduisit le pouvoir de la noblesse, soutint les travaux d’irrigation dans le Lubéron et la plaine de la Durance par la création d’un des premiers barrages construits en France, celui de l’étang de la Bonde. Il mourut à Aix-en-Provence et, selon ses dernières volontés, fut enterré aux côtés de sa première épouse dans le tombeau qu’il avait fait réalisé lui-même dans la cathédrale Saint-Maurice d’Angers.