Agar, Marie-Léonide Charvin dite

Marie-Léonide Charvin dite Agar (Sedan, 18 septembre 1832 – Mustapha, Algérie, 15 août 1891), actrice. Elle vécut son enfance et sa jeunesse chez ses grands-parents paternels à Faramans /Vienne. En 1848, elle fit un mariage malheureux et s’enfuit du ménage cinq ans plus tard et s’installa à Paris où elle donna des leçons de piano et chanta dans les cafés-concerts. Achille Ricourt, professeur d’art dramatique lui donna des leçons et la fit débuter en 1859 au Théâtre de la Tour d’Auvergne dans Don Cesar de Bazan (Dumanoir et Dennery). Elle y joua le rôle de Phèdre de la pièce éponyme de Racine pour la première fois le 6 mars 1860 et connut un vif succès. Elle reprit ce rôle le 20 janvier 1862 au Théâtre de l’Odéon et de nouveau le 12 mai 1863 à la Comédie-Française. Elle se produisit sur plusieurs scènes des théâtres de Paris et revint à celle de l’Odéon en 1866. C’est là qu’elle créa en 1869 Le Passant de François Coppée avec Sarah Bernhardt qui fut un grand succès et la fit réengagée à la Comédie-Française le 6 juin 1869. Elle s’y produisit dans les grands rôles des tragédies classiques de Jean Racine et de Pierre Corneille. Le 20 juillet 1870, le lendemain de la déclaration de la guerre de la France à la Prusse, alors qu’elle jouait dans Le Lion amoureux de François Ponsard, le public réclame La Marseillaise. Elle déclama avec une telle énergie les strophes qu’à compter de ce jour le public exigea qu’elle vînt chanter La Marseillaise tous les soirs ce qu’elle fit quarante fois de suite jusqu’à la fermeture de tous les théâtres par décret de la police au début de septembre 1870. Ostracisée pour avoir récité La Marseillaise à un concert organisé par le gouvernement de la Commune le 6 mai 1871 au profit des veuves et des orphelins des communards, elle se produisit en province de 1872 à 1878 et fit de rares apparitions à Paris. Le 6 avril 1878, elle fut rappelée à la Comédie-Française où elle joua le rôle de Mme Bernard dans Les Fourchambault d’Emile Augier et eut un grand succès qui se répéta quand elle joua le rôle-titre d’Athalie (Racine), celui d’Agrippine dans Britanicus (Racine). Elle ne fut pas élue sociétaire de la Comédie-Française à la fin de l’année, elle en fut dépitée et retourna jouer en province. Devenue veuve de son premier mari en 1879, elle épousa Georges Marye, conservateur des antiquités africaines à Alger. Elle eut encore un grand succès en 1882/83 dans le rôle de la princesse Boleska dans Les Mères ennemies de Catulle Mendes au Théâtre de l’Ambigu et dans celui de Marie dans La Glu de Jean Richepin. En 1890, alors qu’elle déclamait un poème de Victor Hugo sur scène, elle fut frappée de paralysie et mourut l’année suivante.