François, Nicolas dit François de Neufchâteau

Nicolas François dit François de Neufchâteau (Saffais/Meurthe-et-Moselle, 17 avril 1750 – Paris, 10 janvier 1828), écrivain, et homme politique. Fils d’un régent d’école, il se fit remarquer par son intelligence et sa précocité du bailli d’Alsace Henri d’Hénin, qui le soutint. Il fit ses études chez les Jésuites de Neufchâteau et publia à 15 ans un premier recueil de poèmes : Poésies diverses (1765) et l’année suivante un second : Poésies fugitives. Il fut alors reçu aux Académies de Dijon puis Lyon, Marseille et Nancy. Il étudia le droit à Reims, où il devint avocat en 1770 ; il exerça ensuite à Vézelise puis à Paris. Rayé du tableau des avocats au parlement de Paris en 1775, il acheta l’année suivante l’office de lieutenant général civil et criminel au bailliage royal et présidial de Mirecourt, dans les Vosges, et devint en 1781 subdélégué de l’intendance de Lorraine. De 1782 à 1787, il fut envoyé par le ministre de la marine au Cap Français (aujourd’hui Cap-Haïtien) de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) comme procureur général près du conseil supérieur du Cap Français. Il étudia l’économie de cette colonie et les moyens de la développer et publia un Mémoire en forme de discours sur la disette du numéraire à Saint-Domingue et sur les moyens d’y remédier (1787). En 1790, il devint juge de paix du canton de Vicherey (Vosges) puis membre du directoire du département avant d’être fut élu le 3 septembre 1791 député des Vosges à l’Assemblée législative. Le 3 septembre 1792, le département l’élut membre de la Convention nationale, mais il démissionna le 10 pour cause de santé. Il fit jouer le 1er août 1793 sa comédie en vers Pamela ou la Vertu récompensée, qui fut interdite à la neuvième représentation par le Comité du salut public à cause de vers jugés subversifs. Les comédiens et lui-même furent incarcérés jusqu’à la chute de Robespierre, le 27 juillet 1794. Le 3 janvier 1795, François de Neufchâteau fut nommé membre du tribunal de cassation, puis en novembre commissaire du Directoire exécutif près l’administration centrale des Vosges. Il fut nommé à deux reprises ministre de l’Intérieur : du 16 juillet au 14 septembre 1797 puis du 17 juin 1798 au 22 juin 1799. Il contribua à la fondation des archives et des bibliothèques départementales, du Dépôt légal des cartes, institua les concours des collèges et des lycées, chercha à protéger efficacement l’industrie française en organisant la première Exposition nationale des produits de l’industrie (du 18 au 21 septembre 1798) à laquelle 110 exposants de seize départements prirent part. Suite au succès de cette première exposition, il fut convenu de la renouveler chaque année. Favorable au libéralisme économique, il fit connaître et encouragea les innovations tout en suscitant l’émulation entre les acteurs économiques. Il favorisa la renaissance des sociétés d’agriculture et figura parmi les membres fondateurs de la Société d’Agriculture en 1798. Il organisa les galeries du Louvre, mit en valeur les objets et tableaux envoyés d’Italie par le général Bonaparte et inaugura le Musée du Louvre. Il fut un des premiers à se rallier à Bonaparte. Il fut nommé le 25 décembre 1799 membre du Sénat conservateur dont il devint le secrétaire puis le président (19 mai 1804-19 mai 1806). Le 11 juin 1804, il devint grand trésorier de la Légion d’honneur, dont il était déjà grand officier, puis devint comte de l’Empire le 26 avril 1808. En 1814, il se retira de la vie publique après l’abdication de Napoléon et s’occupa d’agriculture et d’agronomie. Il fut l’un des promoteurs des comices agricoles. Élu membre de la Classe de langue et littérature française de l’Institut de France  en 1803, il fut de droit membre de l’Académie française lors de sa réorganisation en mars 1816. Il mourut de la goutte dans un profond dénuement.