Cousin, Victor

Victor Cousin (Paris, 28 novembre 1792 – Cannes, 14 janvier 1867), philosophe et homme politique.  Il étudia au lycée Charlemagne, où il fit de brillantes études. Bachelier à quatorze ans, il fut agrégé de lettres à 21 ans et fut nommé professeur au lycée Napoléon avant d’obtenir un poste de maître de conférences à l’École normale. De 1815 à 1821, il fut suppléant de Royer-Collard à la chaire d’histoire de la philosophie moderne de la Sorbonne(1815-1821). Honoré de Balzac fut l’un de ses élèves, les plus admiratifs, de 1816 à 1819. Il fit un premier voyage en Allemagne, pendant ses vacances de l’été 1817, au cours duquel il se lia avec Hegel à Heidelberg et avec d’autres philosophes contemporains. Il se tourna alors vers la métaphysique de Kant, Fichte, Schelling et Hegel. Il introduisit les notions d’absolu et d’idéal dans la philosophie française. Il concilia la métaphysique et la psychologie en prenant le moi comme principe. En 1817, il prononça son cours sur le beau, à l’École normale puis à la faculté des Lettres de Paris, qui lui assura une audience considérable parmi ses contemporains. Ce cours, imprimé sous le titre Du Vrai, du Beau et du Bien, devint son ouvrage le plus célèbre et l’exposé le plus général de sa philosophie. L’éloquence de Cousin et ses idées libérales suscitèrent un vif enthousiasme parmi la jeunesse, aussi le gouvernement suspendit son cours en 1821. Privé de tout emploi public par suite de son licenciement de l’École normale en 1824, il fut obligé de devenir précepteur d’un des fils du maréchal Lannes, et s’occupa alors à éditer les œuvres inédites de Proclos, l’œuvre complet de Descartes et s’attela à une traduction des œuvres complètes de Platon. Il fit un second voyage en Allemagne (1821-1828) durant lequel, accusé de carbonarisme, il fut arrêté à Dresde (1824) puis assigné à résidence à Berlin jusqu’en avril 1825. Il fréquenta plus assidument Hegel, fit la connaissance de ses disciples et obtient des cahiers de cours de Hegel sur la philosophie de l’histoire, l’histoire de la philosophie et l’esthétique qu’il mit à profit pour son propre enseignement lorsqu’en mars 1828, le ministère libéral dirigé par Martignac lui permit de retrouver sa chaire d’Histoire de la philosophie moderne en Sorbonne.

Après la Révolution de 1830, Victor Cousin fut nommé professeur titulaire à la Sorbonne, membre du Conseil royal de l’Instruction publique, commandeur de la Légion d’honneur, directeur de l’École normale, conseiller d’État et pair de France (11 octobre 1832). On dit qu’il devint le « roi des philosophes » comme Louis-Philippe Ier était devenu le « roi des Français ».

Élu à l’Académie française en remplacement du baron Joseph Fourier (1830), il soutint les candidatures de Victor Hugo, de Falloux et de Lacordaire et fit partie de la Commission du Dictionnaire. Il fut également nommé à l’Académie des sciences morales et politiques en 1832, à l’occasion de sa réorganisation. Du 1er mars au 28 octobre 1840, il devint ensuite ministre de l’Instruction publique dans le second ministère Thiers.

Par son influence, il fut l’instigateur de l’œuvre scolaire qui sera accomplie par la Troisième République. Nommé président du jury de l’agrégation de philosophie en 1840, il contrôla l’enseignement, le contenu doctrinal et la transmission, de cette discipline.

Sous le Second Empire, Cousin se consacra exclusivement aux lettres. Il fut nommé professeur honoraire à la Sorbonne en novembre 1855 et se retira à Cannes. Il se plongea alors dans l’étude de l’histoire des femmes célèbres du XVIIe siècle.