Le Journal des Débats, 1er novembre 1867 (article signé E. Reyer).

FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS

DU  1er NOVEMBRE 1867.

REVUE MUSICALE.

THEATRE DE L’OPERA : La Fiancée de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite…, Opéra en un acte, poëme de M. Camille Du Locle, musique de M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite…. – THEATRE-LYRIQUE : Les BleuetsBleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite…, paroles de MM. CormonCormon, EugènePierre-Étienne Piestre, dit Eugène Cormon (Lyon, 5 mai 1810 – Paris, 7 mars 1903), auteur dramatique. Il écrivit des pièces de théâtre, dont Philippe II, roi d’Espagne (1847), et des livrets d’opéras-comiques, seul ou en collaboration : Gastilbezza (1847) avec Adolphe d’Ennery, Lire la suite… et TrianonTrianon, HenriHenri Trianon (Paris, 11 juillet 1811 – Paris, 17 octobre 1896), écrivain. Il débuta comme critique artistique et littéraire dans les journaux de Paris, puis s’adonna un temps à l’enseignement. Il traduisit des œuvres de Homère et de Platon et devint assistant bibliothécaire de la bibliLire la suite…, musique de M. Jules Cohen.

Gœthe a emprunté à l’historien grec Phlégon, de TrallesPhlégon de TrallesPhlégon de Tralles (Tralles (aujourd’hui Aydin/Turquie), début 2e siècle après J.-C. – ?, fin 2e siècle après J.-C.), écrivain. C’était un esclave affranchi par l’empereur Hadrien. Il recensa dans son ouvrage Olympiades tous les vainqueurs des Olympiades de la première à la 229e (Lire la suite…, le sujet de la Fiancée de CorneilleFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite…, et M. Camille Du Locle usant du même droit que le poëte allemand, a cherché un livret d’opéra dans la ballade de Gœthe. Il l’a trouvé, en effet, et tout en destinant ses vers à être chantés, il les a écrits avec la même élégance et la même pureté que s’il eut dû les produire dans un concours académique. On ne s’aperçoit pas que l’inspiration du musicien ait été gênée par cette pureté et cette élégance, qualités que l’on rencontre bien rarement dans un poëme lyrique, et avec lesquelles certains compositeurs ne se familiariseront jamais. Célébrons donc, puisqu’on nous y convie, cette heureuse union de la poésie et de la musique, et rendons grâce aux dieux qui ont permis aux deux Muses de s’abriter quelques instans sous le même toit. La Fiancée de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite…, ayant un acte seulement, ne retarde guère que de trois quarts d’heure les intéressantes péripéties du ballet auquel elle est destinée à servir de lever de rideau. Voici maintenant la fable imaginée par M. Camille Du Locle : on peut la raconter même à ceux qui ont lu Phlégon de TrallesPhlégon de TrallesPhlégon de Tralles (Tralles (aujourd’hui Aydin/Turquie), début 2e siècle après J.-C. – ?, fin 2e siècle après J.-C.), écrivain. C’était un esclave affranchi par l’empereur Hadrien. Il recensa dans son ouvrage Olympiades tous les vainqueurs des Olympiades de la première à la 229e (Lire la suite… et Gœthe dans le texte original :

Tu ne reverras plus ta belle et jeune amante,

O fiancé charmant dont ma sœur eu l’amour!

C’est moi, les yeux fixés sur la mer écumante,

C’est moi qui seule attends, ô Lysis! ton retour…

            (Avec effroi)

J’entends comme un sanglot dans ce flot qui se brise ;

Je vois toujours Daphné, sur les roches assise,

Regardant s’éloigner, par les vagues bercé,

Le vaisseau qui portait Lysis, son fiancé!

Elle invoquait Junon, et Neptune, et la brise. …

Et les étoiles d’or, brillant au ciel en feu,

Miraient leurs doux rayons au sein du gouffre bleu!

Tout à coup, sur l’humide grève,

Un souffle impétueux s’élève.

Le flot bat les rochers, la vague mugit.

L’ouragan déchaîné tourbillonne et rugit…

Daphné veut fuir ; hélas l’infortunée,

Vers l’abîme elle est entraînée!

Elle tombe!…les flots amers

Ont dit sa chanson d’hyménée.

Ma sœur dort pour jamais sous les algues des mers.

Ainsi chante Chloris, dont l’œil cherche au loin, sur l’immensité des eaux, la voile qui doit ramener Lysis. Un an s’est écoulé depuis le départ de l’amant à qui la main de Daphné fut promise, et Lysis ne revient pas ….. Absorbée dans une douleur dont elle n’a pas dit le secret, Chloris se réveille pourtant à la voix de son père :

Ma fille!…quoi…toujours la tristesse mortelle

Flétrira sans pitié ta jeunesse en sa fleur?

O Chloris! que veux-tu de cette mer cruelle,

Qui déjà nous a pris ta sœur?…

Viens, Chloris, fuyons ces tristes rivages ;

Oublions la mer et les flots menteurs ;

Allons sur les monts couronnés d’ombrages

Parmi les pasteurs!

Je vendrai demain ma barque inutile,

Et nous marcherons le cœur plus joyeux,

Sous un ciel clément cherchant un asile,

Emportons nos dieux !

Tu relèveras ton front qui frissonne,

Et tu renaîtras au bonheur vermeil,

Comme un lys brisé par le vent d’automne

Renaît au soleil!

Mais Chloris ne veut pas s’éloigner de la grève où les flots lui apportent en murmurant comme un écho de la voix de Lysis, car c’est Lysis qu’elle aime. « Il faut attendre ici le retour de Lysis », dit-elle à son père, et le vieux Polus, qui ne sait rien des secrètes angoisses de sa fille, lui annonce que Lysis est de retour :

                                    Des matelots

L’ont vu sur une barque arrivant de Délos.

« Quelle joie!…et quelle épouvante! » s’écrie Chloris. Le refrain d’une chanson d’amour a frappé son oreille ; c’est Lysis qui s’avance vers la demeure de sa bien-aimée. Et Daphné est morte! Comment apprendre à Lysis la mort de Daphné?…Alors un dessein étrange naît dans la pensée de Chloris :

Oui…je veux que ma sœur vive encore pour ce soir…

Je veux, comme sa fiancée,

Faire accueil à Lysis, et près de lui m’asseoir !

Ma sœur et moi, mon père, étions en tout pareilles ;

Deux lys se ressemblaient, disait-on, moins que nous ;

On riait, disant : les abeilles,

Les amoureux s’y prendront tous !

Et Lysis, en effet abusé par cette ressemblance, tombe aux pieds de Chloris, en l’appelant Daphné. La sombre clarté de la lampe qui brûle dans l’atrium favorise la ruse de Chloris, et Polus, complice du pieux mensonge de sa fille, hésite à dissiper l’erreur de Lysis.

Le jeune fiancé raconte à son amante les souvenirs de son lointain voyage ; il lui parle des rêves qui venaient troubler ses nuits sans sommeil :

Dans le sein transparent de la plaine azurée

Je te voyais riante et de corail parée,

J’admirais ta beauté que l’onde dévoilait,

Tu me tendais les bras, et ta voix m’appelait.

O vertige fatal!… dangereuse chimère!

Quelque nymphe des eaux, dans ton image chère,

M’attirait vers le gouffre et se jouait de moi…

Je m’attachais aux mâts pour me garder à toi !

En cet instant, apparaît au fond de la scène l’ombre de Daphné ; Chloris seule l’a vue, et son cœur a tressailli d’épouvante :

Dieux! Daphné, s’éveillant de son sommeil glacé,

Vient-elle entre mes bras chercher son fiancé ?

Polus entraîne sa fille ; au jeu cruel qu’elle joue, il craint que sa raison ne s’égare. Adieu, Lysis…Je voudrais pouvoir noter le délicieux nocturne que chantent les trois personnages à la fin de cette scène.

Resté seul, Lysis s’étend sur un lit de repos ; de noirs pressentimens, qu’augmentent encore les ténèbres de la nuit, éloignent le sommeil de sa paupière ; il s’endort enfin, tandis que l’ombre de Daphné reparaît parmi les rochers et s’avance lentement vers lui. Daphné se penche vers la couche où Lysis repose ; elle dit à son amant le stratagème de Chloris :

Un fantôme imposteur, empruntant mon image,

Cher amant, s’est joué de toi………………….

C’était ma sœur ! …Ah ! la cruelle !

Et mettant un baiser sur le front de Lysis, elle l’éveille. Ici se place la scène qui est presque tout entière la ballade de Gœthe : une scène d’amour entre la jeune fille morte et son fiancé. Daphné demande à Lysis de terribles sermens :

Consens-tu, si jamais tu trahis nos amours,

A mourir ?…….

Oui ! pour moi qu’alors s’ouvre la terre !

Que sur mon front alors éclate le tonnerre !

Et tous deux, attestant les dieux, vident la coupe de l’hymen. Mais les premiers rayons de l’aurore brillent déjà à l’horizon. Au dehors, des voix matinales saluent le retour du jour. Daphné donne à son amant un suprême baiser, et Lysis retombe sur sa couche, endormi par la puissance magique du baiser de Daphné.

Les jeunes compagnes de Chloris ont tressé pour elle des guirlandes de fleurs ; le myrte et la rose emplissent leurs corbeilles, et, joyeuses, elles arrivent dans la demeure de Polus pour offrir leurs souhaits et leurs présens aux jeunes époux. Plus pâle que Daphné et plus blanche qu’elle, Chloris, appuyée au bras de son père, s’avance vers Lysis :

Lysis…je t’ai trompé ! La triste Daphné dort

Au sein des flots amers, dans les bras de la mort…

Viens et sois mon époux…Je t’aime !…

Mais Lysis a juré de mourir s’il devient infidèle ; il entend les voix mystérieuses qui lui rappellent son serment, et, mettant sa main déjà glacée dans la main de Chloris, il tombe inanimé :

Ma fiancée ! Elle m’appelle…

O bonheur ! la mort vient qui me conduit vers elle !

Ouvre tes bras, Daphné ! …je vais à toi.

On voit, par les nombreuses citations que j’ai faites du poëme de M. Camille Du Locle, que l’auteur (pourquoi ne diras-je pas le poëte ?) a écarté volontairement de son sujet l’idée religieuse, la lutte entre le christianisme et le paganisme, qui sont si admirablement développés dans la ballade de Gœthe :

« Reste, belle vierge ! s’écrie le jeune homme, qui s’élance de sa couche. Voici des dons de Cérès et de Bacchus, et tu amènes l’Amour, chère enfant. Tu es pâle de frayeur ; viens mon amie ! et voyons si les dieux sont propices.

« — Eloigne-toi, jeune homme, arrête. Je n’appartiens pas à la joie. Déjà le dernier pas est fait, hélas ! par une illusion maladive de ma bonne mère, qui dans sa convalescence jura que jeunesse et nature seraient désormais asservies au ciel.

« Aussitôt la foule bigarrée des anciens dieux déserta la maison devenue tranquille. Un seul, invisible, dans le ciel, et un sauveur sur la croix, sont adorés. Ici ne tombent, comme victimes, ni le bœuf ni l’agneau, mais, chose inouïe ! des victimes humaines. »

La mère, prêtant l’oreille à la porte de la chambre où le jeune étranger repose, entend la voix de sa fille, et les sermens d’amour, et les baisers échangés. Elle franchit le seuil, courroucée et tremblante :

« Est-il dans la maison de pareilles prostituées qui d’abord se prêtent aux désirs de l’étranger ? …Et à la lueur de sa lampe qu’elle tient dans sa main elle voit…ô Dieu ! elle voit son enfant.

« Le jeune homme, dans la première frayeur, veut, avec le voile de la jeune fille, avec le tapis, couvrir sa bien-aimée. Mais elle-même se dégage soudain. Comme par la force de l’esprit, la figure se lève et grandit lentement sur la couche.

« — Mère, mère, dit-elle d’une voix sépulcrale, ainsi donc vous m’enviez cette belle nuit ! vous me chassez de la tiède couche ! ne me suis-je éveillée que pour le désespoir ? N’est-ce pas assez pour vous de m’avoir portée si jeune dans le linceul, dans la tombe ?

« Mais un arrêt particulier me pousse hors de mon étroit asile, pesamment couvert ; les sourdes hymnes de nos prêtres et leurs bénédictions sont impuissantes ; l’eau et le sel ne peuvent refroidir un cœur où la jeunesse respire. Ah ! la terre ne refroidit point l’amour.

« Ce jeune homme me fut promis dans le temps où le temple gracieux de Venus subsistait encore. Mère, vous avez enfreint votre parole, parce qu’un vœu étranger, un vœu trompeur, vous enchaînait ; mais aucun dieu n’excuse la mère qui jure de refuser la main de sa fille. »

Dans les étreintes amoureuses de cette folle nuit, la jeune païenne a sucé jusqu’au cœur le sang de son fiancé.

« Beau jeune homme, lui dit-elle, tu ne peux vivre plus longtemps : tu languiras désormais à cette place. Je t’ai donné ma chaîne ; j’emporte une boucle de tes cheveux. Regarde-la bien ; demain tu auras blanchi, et tu ne redeviendras brun que là-bas… »

Puis, s’adressant à sa mère, elle lui demande, comme une grâce suprême, d’ouvrir son étroite cellule et de jeter son corps à la flamme d’un bûcher.

« Quand l’étincelle jaillit, quand la cendre s’embrase, nous volons dans le séjour des dieux antiques. »

Je viens de donner quelques fragmens du livre de M. Jacques Porchat, le fidèle traducteur des œuvres de Gœthe ; j’ai mis la prose après les vers. Ce n’est pas la crainte d’un voisinage dangereux pour M. Du LocleDu Locle, Camille-Germain du CommunCamille-Germain du Commun du Locle, dit Camille du Locle (Orange, 16 juillet 1832 – Capri, 6 octobre 1903), librettiste et directeur de théâtre. Après son premier livret, M’sieur Landry, pour Jules Duprato, il écrira La Déesse et le Berger (Duprato, 1863), La Fiancée de Corinthe (Duprato, Lire la suite… qui m’a empêché de puiser mes citations dans l’élégante et poétique traduction de la Fiancé de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite…, de M. Emile DeschampsDeschamps, Anne-Louis-Frédéric-EmileAnne-Louis-Frédéric-Émile Deschamps de Saint-Amand dit Émile Deschamps (Bourges, 20 février 1791 – Versailles, 22 avril 1871), poète et librettiste. Il écrivit deux comédies avec Henri de Latouche dont Le Tour de Faveur (1818), qui eut beaucoup de succès. Il fut l’un des premiers repréLire la suite….

M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite… vient d’ajouter une charmante partition à son bagage musical déjà très considérable et très varié, car il a abordé avec succès des genres différens ayant écrit pour l’Opéra-Comique la Déesse et le Berger, Salvator Rosa et les Trovatelles; pour les Fantaisies-Parisiennes, le Chanteur florentin, Sacripant et Monsieur Groschatminet, excellente bouffonnerie. La souplesse du talent, les grâces de l’esprit unies aux ressources de la science, sont des dons heureux qu’il ne faut point négliger de faire ressortir.

Le sujet de la Fiancée de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite… aurait tenté certainement plus d’un compositeur ; mais le nombre est bien plus grand de ceux qui eussent décliné l’honneur de le mettre en musique, si cet honneur leur eût été offert. Pour plaire à la foule ce n’est pas le langage des dieux qu’il faut lui parler aujourd’hui : On a trop ri des Grecs et de leur Olympe pour les prendre au sérieux, même à l’Opéra ; aussi y attendrons-nous longtemps la reprise d’AlcesteAlcesteAlceste, tragédie lyrique en trois actes sur un livret de François-Louis Gand Le Bland dit bailli du Roullet adaptée du livret en italien de Ranieri de’ Calzabigi mis en musique par Christoph Willibald Gluck et créée à l’Opéra de Paris le 23 avril 1776. La version originale en Italien futLire la suite…, et c’est vraiment un miracle que la Fiancée de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite… y ait réussi. Je veux donc louer M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite… de son talent et de son courage, car il n’a point reculé devant le péril de mettre en musique un poétique livret. La partition de la Fiancée de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite… est écrite avec un soin extrême et une préoccupation constante d’éviter les négligences et les vulgarités. J’ai prouvé, en les citant, que les vers de M. Camille Du Locle étaient élégans et harmonieux. Que ne puis-je prouver de la même manière qu’il y a dans la partition de M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite… de fines harmonies, de jolis détails d’orchestre, des morceaux charmans et tout à fait réussis ? Mais l’usage d’appuyer par des exemples de musique la critique d’un opéra n’est point encore généralement adopté, et mes lecteurs devront se contenter cette fois encore de la parole que je leur donne, et de l’analyse technique à laquelle je vais m’essayer. Une analyse technique ! Est-il rien de plus froid, de plus aride, et aussi de plus incompréhensible pour ceux qui, tout en ayant le sens musical extrêmement développé, le goût le plus délicat et le plus sûr, n’ont jamais appris même à solfier ?

M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite…, dans la préface instrumentale d’un opéra grec, devait se servir de la flûte et de la harpe qui remplace la lyre ; il n’y a point manqué. Cette introduction est une des meilleures pages de la partition, et, autant par son caractère mélodique que par le choix des instrumens qui y sont employés, elle prépare au récit qui va suivre, à l’amoureuse plainte de la sœur de Daphné. Des coups de grosse caisse et de cymbales, frappés pianissimo, expriment le doux murmure des vagues et l’immensité de la mer, comme dans l’admirable septuor des TroyensTroyens, LesLes Troyens, opéra en cinq actes sur un livret et une musique de Hector Berlioz dont les trois derniers actes furent créés sous la direction de Berlioz au Théâtre-Lyrique de Paris le 4 novembre 1863 sous le titre: Les Troyens à Carthage.Lire la suite… de M. Hector BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite….

L’air de Polus : Viens, Chloris, fuyons ces tristes rivages, respire la calme et la paix ; un cœur moins tourmenté que celui de Chloris se laisserait persuader par les accens de cette jolie cantilène. J’aime aussi l’andante chanté par Lysis : O chère maison ! ô temple ! et le récit : Il vous souvient du jour où sur la mer grondante vous m’avez recueilli, dont l’instrumentation est d’une délicatesse exquise. Dans le trio qui suit, les voix sont très heureusement accouplées, et le petit chœur chanté dans la coulisse, avec son accompagnement où dominent le triangle et la petite flûte, a beaucoup de fraîcheur et de grâce. Je puis louer sans réserve le récit de Lysis : Ah Daphné que de fois dans mon lointain voyage… que plus haut j’ai cité tout entier. Ce morceau, où le compositeur s’est attaché surtout à produire des imitations d’orchestre, est très coloré et savamment écrit. Le thème de l’introduction y reparaît chanté par les violoncelles ; le hautbois et la harpe y marient leur timbre de la façon la plus poétique. Quel délicieux nocturne que le trio qui commence par cette phrase : L’Etoile d’Orient pâlit…Repose en paix tandis que la nuit règne encore ! Je le préfère assurément au duo d’amour chanté par Lysis et Daphné, bien que dans ce morceau il y ait de la passion et du mouvement. Mais un andante est beaucoup plus facile à réussir qu’un allegro ; les musiciens le savent bien, et M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite…, par conséquent, ne peut l’ignorer.

J’arrive à l’air de la Coupe que chante Daphné. Ici le compositeur avait à éviter une comparaison avec la célèbre chanson à boire de Galathée (je dis célèbre seulement). La situation, il est vrai, n’est rien moins qu’identique ; mais le public n’y regarde pas de si près, et pour lui ce qui se chante une coupe à la main est toujours une chanson à boire. Je n’ai pu cependant constater aucune réminiscence dans la mélodie, et encore moins dans l’orchestre. Le dénoûment approche… Daphné apparaît au fond du théâtre ; des voix mystérieuses chantent dans la coulisse ; les trombones et les timbales voilées donnent une teinte sombre et dramatique aux derniers accens de Lysis.

J’ai fait à M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite… la part d’éloge assez grande pour qu’il me permette maintenant une très légère critique : j’aurais voulu qu’il fût plus sobre de ces cadences italiennes et de ces points d’orgue qui provoquent l’enthousiasme de la claque. Ce sont là de fâcheuses concessions faites au goût du public parisien. D’illustres maîtres, je le sais, n’y ont point résisté ; mais n’est-il pas temps d’en finir avec ces artifices auxquels les artistes de talent devraient être les premiers à renoncer, et qui ne servent le plus souvent qu’à faire applaudir un morceau médiocre ?

M. DavidDavid,David ( ? – ?), basse. Il fit ses débuts en juin 1864 dans le rôle de Bertram de Robert le Diable (Meyerbeer). Il se produisit ensuite dans L’Africaine (Meyerbeer) et créa le rôle du Grand Inquisiteur dans Don Carlos (Verdi) ainsi que celui de Polus dans La Fiancée de Corynthe (Duprato).Lire la suite…, atteint d’une affection qui ne présente d’ailleurs aucune gravité, a dû céder son rôle à M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’OpLire la suite…, qui le gardera. Le concours de cet éminent chanteur est une véritable bonne fortune pour M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite…, que je soupçonne, du reste, d’avoir plutôt songé à M. FaureFaure, Jean-BaptisteJean-Baptiste Faure (Moulins, 15 janvier 1830 – Paris, 9 novembre 1914), baryton. Elève de Ponchard au Conservatoire de Paris, il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique à l’unanimité en 1852 et débuta en octobre à l’Opéra-Comique dans le rôle de Pygmalion (Massé). A l’OpLire la suite… qu’à M. DavidDavid,David ( ? – ?), basse. Il fit ses débuts en juin 1864 dans le rôle de Bertram de Robert le Diable (Meyerbeer). Il se produisit ensuite dans L’Africaine (Meyerbeer) et créa le rôle du Grand Inquisiteur dans Don Carlos (Verdi) ainsi que celui de Polus dans La Fiancée de Corynthe (Duprato).Lire la suite… en écrivant le rôle de Polus. Le double personnage de Chloris et de Daphné a été parfaitement compris et nuancé par Mlle Mauduit, dont le tempérament d’artiste fait excuser les légers défauts. Quant à Mlle Bloch, sa beauté dispose à l’indulgence, et je ne dirai rien, absolument rien, de la façon dont elle a chanté et joué le joli rôle de Lysis. J’adresse mes sincères félicitations aux chœurs et à l’orchestre, ainsi qu’à l’habile et intelligent directeur qui a conçu et fait exécuter les décors, les costumes et la mise en scène de la Fiancée de CorintheFiancée de Corinthe, LaLa Fiancée de Corinthe, opéra en un acte sur un livret de Camille du Locle mis en musique par Jules Duprato et crée à l’Opéra de Paris le 21 octobre 1867.Lire la suite….

Maintenant, passons à une autre ballade. Après Gœthe, Victor Hugo ; après M. DupratoDuprato, Jules-Laurent-AnacharsisJules-Laurent-Anacharsis Hinard dit Duprato (Nîmes, 20 juillet 1827 – Paris, 20 mai 1892), compositeur. Il étudia la composition avec Simon Leborne au Conservatoire de Paris et obtint le premier Prix de Rome en 1848. Il rencontra le succès aux Bouffes-Parisiens en 1856 avec son opérette MonsieurLire la suite…, M. Jules Cohen…. Qui donc a prétendu que les jeunes compositeurs ne pouvaient arriver à se faire ouvrir les portes de nos théâtres lyriques ?

Tout le monde connaît la chanson populaire, et surtout le refrain dont se sont inspirés MM. CormonCormon, EugènePierre-Étienne Piestre, dit Eugène Cormon (Lyon, 5 mai 1810 – Paris, 7 mars 1903), auteur dramatique. Il écrivit des pièces de théâtre, dont Philippe II, roi d’Espagne (1847), et des livrets d’opéras-comiques, seul ou en collaboration : Gastilbezza (1847) avec Adolphe d’Ennery, Lire la suite… et TrianonTrianon, HenriHenri Trianon (Paris, 11 juillet 1811 – Paris, 17 octobre 1896), écrivain. Il débuta comme critique artistique et littéraire dans les journaux de Paris, puis s’adonna un temps à l’enseignement. Il traduisit des œuvres de Homère et de Platon et devint assistant bibliothécaire de la bibliLire la suite…, les auteurs des BleuetsBleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite….

Allez, allez, ô jeunes filles,

Cueillir des bluetsBleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite… dans les blés !

M. Hugo écrit bluets Bleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite…; MM. TrianonTrianon, HenriHenri Trianon (Paris, 11 juillet 1811 – Paris, 17 octobre 1896), écrivain. Il débuta comme critique artistique et littéraire dans les journaux de Paris, puis s’adonna un temps à l’enseignement. Il traduisit des œuvres de Homère et de Platon et devint assistant bibliothécaire de la bibliLire la suite… et CormonCormon, EugènePierre-Étienne Piestre, dit Eugène Cormon (Lyon, 5 mai 1810 – Paris, 7 mars 1903), auteur dramatique. Il écrivit des pièces de théâtre, dont Philippe II, roi d’Espagne (1847), et des livrets d’opéras-comiques, seul ou en collaboration : Gastilbezza (1847) avec Adolphe d’Ennery, Lire la suite… écrivent bleuets Bleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite…: c’est affaire de goût, les deux orthographes étant autorisées par le Dictionnaire de l’Académie.

Comme dans la ballade, on voit, dans l’opéra des BleuetsBleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite…, que c’est péril d’aimer un prince, même quand ce prince est un bâtard, et que l’illustration de son sang ne lui a pas été révélée. Mais l’infant venant à mourir, le second fils du roi de Castille, le bâtard, le soldat de fortune, l’amoureux Fabio, est reconnu publiquement comme l’héritier et le successeur de son père, tandis que la pauvre Alice (c’est Estelle dans le livret) est sacrifiée à des raisons d’Etat.

Un cloître sur ses jours troublés

De par le roi ferma ses grilles.

Allez, allez, ô jeunes filles,

Cueillir des bluets dans les blés !

Ce drame, un peu sombre, mais qui renferme des situations très musicales et qui est fort bien charpenté d’ailleurs, est égayé par un rôle d’abbesse dont Mlle Tual fait parfaitement ressortir l’esprit. « Quel est ce jeune homme ? Il me paraît d’une distinction remarquable…Vraiment il serait tout à fait bien s’il était dans les Ordres. » Les auteurs me pardonneront si je ne cite pas textuellement le monologue de Mlle Tual.

On a reproché à M. Jules Cohen de s’être souvenu dans sa partition, suivant que la situation pouvait l’entraîner vers ses souvenirs, des motifs les plus connus de Guillaume TellGuillaume TellGuillaume Tell, opéra en quatre actes sur un livret d’Etienne de Jouy et Hippolyte Bis, d’après Schiller, mis en musique par Gioachino Rossini, créé à l’Opéra de Paris le 3 aout 1829.Lire la suite…, du ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite…, de l’AfricaineAfricaine, L’L’Africaine, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé posthumément à l’Opéra de Paris le 28 avril 1865.Lire la suite…, de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…, du Domino noirDomino noir, LeLe Domino noir, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe, mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber, créé à l’Opéra-Comique le 2 décembre 1837.Lire la suite… et même de Don CarlosDon CarlosDon Carlos, opéra en cinq actes sur un livret de Joseph Méry et Camille du Locle, d’après Friedrich Schiller, mis en musique par Giuseppe Verdi et créé à l’Opéra de Paris le 11 mars 1867.Lire la suite…. Le public qui assiste aux premières représentations est quelquefois d’une sévérité excessive. Pourquoi tant de rigueur envers un jeune musicien qui a déjà donné des preuves incontestables de talent et de savoir ? M. Jules Cohen a été l’un des meilleurs élèves, l’un des élèves préférés d’Halévy Halévy, Jacques-Fromental-ÉlieJacques-Fromental-Élie Halévy (Paris, 27 mai 1799 – Nice, 12 mars 1862), compositeur. Il étudia la composition au Conservatoire de Paris avec Cherubini et Méhul et obtint le Prix de Rome en 1819. Il débuta avec succès à l’Opéra-comique en 1827 avec L’Artisan et produisit à ce théâtrLire la suite…: il a écrit les chœurs d’AthalieChœurs d’AthalieChœurs d’Athalie, musique de scène pour la tragédie de Jean Racine composée par Jules-Emile-David Cohen et créée au Théâtre Français le 8 avril 1859.Lire la suite…, les chœurs et les divertissemens de PsychéChœurs de PsychéChœurs de Psyché, musique de scène composée par Jules Cohen pour une reprise de la tragi-comédie-ballet en cinq actes, en vers libres, avec un prologue, par Molière, Quinault et Pierre Corneille qui fut créée au Théâtre Français le 19 août 1862.Lire la suite… pour le Théâtre-Français, et, pour l’Opéra-Comique, la partition de José-MariaJosé-MariaJosé-Maria, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Meilhac mis en musique par Jules Cohen et créé à l’Opéra-Comique de Paris le 16 juillet 1866.Lire la suite…, le brigand. Si dans les BleuetsBleuets, LesLes Bleuets, opéra-comique en quatre actes sur un livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon mis en musique par Jules Cohen et créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 23 octobre 1867.Lire la suite… l’inspiration ne lui est pas arrivée aussi originale, aussi facile que dans ses autres ouvrages, ce n’est pas une raison pour qu’il ne s’y trouve pas les plus sérieuses qualités, l’expérience et le savoir d’un excellent musicien ; il suffirait, pour en donner la preuve, de suivre dans tous ses caprices harmoniques, dans ses transformations si intéressantes et si variées, le thème de la délicieuse ballade chantée par Mlle Nilsson, la blonde Ophélia promise à l’HamletHamletHamlet, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier mis en musique par Ambroise Thomas et créé à l’Opéra de Paris le 9 mars 1868.Lire la suite… de M. Ambroise Thomas. Je reviendrai sur l’analyse un peu succincte que je viens de faire de l’opéra de M. Jules Cohen, mon ami. Je ne l’ai entendu qu’une seule fois, et ce n’est point assez. L’exécution m’en a semblé très satisfaisante ; l’action se déroule au milieu de rians paysages et de pittoresques décors dont l’œil est satisfait ; mais j’aurais voulu voir

Sous l’arbre à soie et l’oranger

Danser les brunes Andalouses,

avec accompagnement de “cors et de guitares.” Ce n’est pas que je sois grand amateur de ballet. – Voilà la transition dont j’avais besoin pour demander à mon cher confrère Jules JaninJanin, JulesJules Janin (Saint-Étienne, 16 février 1804 – Paris, 19 juin 1874), critique dramatique et écrivain. Après des études au Lycée Louis-le-Grand à Paris, il devint rédacteur au Figaro et à La Quotidienne et publia ses premiers romans : L’Ane mort et la Femme guillotinée (1827) et La ConfLire la suite… la permission de réparer un oubli que j’ai remarqué dans son spirituel feuilleton sur la reprise du CorsaireCorsaire, LeLe Corsaire, ballet-pantomime en trois actes sur un livret de Henri de Saint-Georges, une chorégraphie de Joseph Mazilier et une musique d’Adolphe Adam créé à l’Opéra de Paris le 23 janvier 1856.Lire la suite…. La musique du pas nouveau dansé au deuxième acte, musique distinguée, vive, pimpante et gracieuse, est de M. Léo Delibes, qui fut élève d’Adolphe AdamAdam, Adolphe-CharlesAdolphe-Charles Adam (Paris, 24 juillet 1803 – Paris, 3 mai 1856), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris et n’eut qu’un 2eme Prix de Rome en 1825. Il eut se premiers succès au Vaudeville en 1825 et au Gymnase (L’Oncle d’Amerique). Il fut joué à l’Opéra-comique pour la première foiLire la suite…, et qui, par conséquent, peut bien, à l’occasion, devenir aussi son collaborateur.

M. Hector BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… partira pour la Russie vers les premiers jours du mois prochain. Il est appelé à Saint-Pétersbourg par la grande-duchesse Hélène pour y diriger une série de concerts dans lesquels son œuvre occupera une place importante. La grande-duchesse Hélène est une excellente musicienne, et elle apprécie comme il convient le génie d’un illustre compositeur auquel les Français, ses compatriotes, n’ont jamais témoigné autant d’admiration que les Allemands et les Russes. C’est même en Russie, je crois, que M. Hector BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite… a obtenu ses plus grands succès. Et c’est aussi du Nord que nous vient la lumière.