La Revue française, 10 octobre 1855, p. 613-620 (article signé E. Reyer).

Chronique musicale


L’Opéra a donné jeudi dernier la première représentation de Sainte ClaireSainte-ClaireSainte-Claire, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Charlotte Birch-Pfeiffer mis en musique par le duc Ernst II de Saxe-Cobourg et Gotha et créé sous la direction de Liszt au Théâtre de la Cour de Gotha le 2 avril 1854. L’œuvre traduite en français par Gustave Oppelt fut crééLire la suite…, drame lyrique en trois actes, paroles allemandes de Mme Birch-PfeifferBirch-Pfeiffer, CharlotteCharlotte Birch-Pfeiffer (Stuttgart, 23 juin 1800 – Berlin, 25 août 1868), écrivain. Elle débuta comme actrice à 13 ans au Théâtre de la Porte de l’Isar à Munich dans une pièce de Lindpaintner : Mosis Errettung. Très vite, elle rencontra beaucoup de succès dans les rôles de Médée, Lire la suite…, traduites en français par un écrivain belge, M. Gustave OppeltOppelt, Gustave LouisGustave-Louis Oppelt (Bruxelles, 15 avril 1817 – Bruxelles, 15 novembre 1888), écrivain. Après des études de gestion, il fut employé un temps dans une entreprise commerciale avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il collabora à de nombreux journaux, dont La Tribune dramatique deLire la suite…, musique de M. le duc Ernest de Saxe-Cobourg-GothaSaxe-Cobourg-Gotha, Ernest II, duc deErnest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha (Cobourg/ Allemagne, 21 juin 1818 – Reinhardsbrunn, Allemagne, 22 août 1893), compositeur et chef d’État. Il étudia la musique et composa des opéras joués surtout en Allemagne. En 1849, il succéda à son père à la tête des duchés de Saxe-Cobourg et Lire la suite…. Cette représentation était ce qu’on appelle, bien souvent hors de propos, une solennité musicale. Nous aimons à croire que c’est au musicien distingué, à l’ami des arts et des artistes, et non pas à l’Altesse Royale, que l’Opéra a accordé une si gracieuse hospitalité, une faveur si peu prodiguée, et le prince en gardera-t-il peut-être le souvenir comme un de ses plus beaux titres de noblesse. La presse a été à peu près unanime à critiquer le libretto de M. Oppelt Oppelt, Gustave LouisGustave-Louis Oppelt (Bruxelles, 15 avril 1817 – Bruxelles, 15 novembre 1888), écrivain. Après des études de gestion, il fut employé un temps dans une entreprise commerciale avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il collabora à de nombreux journaux, dont La Tribune dramatique deLire la suite…; nous ne ferons pas comme nos confrères : d’abord, parce que M. OppeltOppelt, Gustave LouisGustave-Louis Oppelt (Bruxelles, 15 avril 1817 – Bruxelles, 15 novembre 1888), écrivain. Après des études de gestion, il fut employé un temps dans une entreprise commerciale avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il collabora à de nombreux journaux, dont La Tribune dramatique deLire la suite… est étranger, et, ensuite, parce que sa traduction vaut bien certaines créations fort médiocres qui paraissent journellement sur nos théâtres lyriques et que l’on accueille avec les plus grands éloges. Nos faiseurs à la mode eux-mêmes ont souvent fait pis, et ils n’en ont pas eu moins de succès pour cela ; le mauvais exemple est contagieux, et, à tout prendre, M. OppeltOppelt, Gustave LouisGustave-Louis Oppelt (Bruxelles, 15 avril 1817 – Bruxelles, 15 novembre 1888), écrivain. Après des études de gestion, il fut employé un temps dans une entreprise commerciale avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il collabora à de nombreux journaux, dont La Tribune dramatique deLire la suite… ne nous paraît guère coupable que de contrefaçon belge, — on aurait pu lui pardonner avec un peu plus de générosité et de courtoisie. Voici l’analyse du poëme, qui est emprunté à un épisode sanglant de l’histoire de Russie, la mort du czaréwitch Alexis, et à une tradition fort accréditée que nous ont transmise plusieurs mémoires du temps. Cette tradition prétend que la princesse Charlotte de Wolfenbuthel [Wolfenbüttel], belle-sœur de l’empereur d’Allemagne Charles VI, et femme du czaréwitch, au lieu de mourir dans le cachot où la fit enfermer son royal époux, parvint à s’évader, et, sous le nom de Claire, se réfugia dans les environs de Naples, où sa beauté et ses bonnes actions la firent adorer comme une sainte par de superstitieux villageois. La princesse Charlotte a donc cette physionomie surnaturelle, cette silhouette de revenant que les chroniques populaires prêtent à CharlesCharles VICharles III de Habsbourg (Vienne, 1er octobre 1685- Vienne, 20 octobre 1740), chef d’État. Deuxième fils de Leopold Ier de Habsbourg, il fut empereur du Saint-Empire sous le nom de Charles VI (1711-1740) et roi de Hongrie sous le nom de Charles III (1711-1740). Il fut également prétendant au Lire la suite… le Téméraire, à Frédéric BarberousseFrédéric BarberousseFrédéric 1er Hohenstauffen dit Fréderic Barberousse (Weingarten près Altdorf ? vers 1122 –  fleuve Saleph près Séleucie, 10 juin 1190), empereur romain germanique. Il succéda à l’empereur Conrad III en 1152 et fut couronné empereur en 1155. Son long règne fut marqué par son conflit Lire la suite…, à l’empereur NapoléonNapoléon IerNapoléon Bonaparte dit Napoléon Ier (Ajaccio, 15 aout 1769 – Ile Sainte-Hélène, 5 mai 1821), homme d’État. Général dans les armées de la Première République française, née de la Révolution, commandant en chef de l’armée d’Italie puis de l’armée d’Orient. Parvenu au pouvoiLire la suite…, et à quelques autres personnages célèbres. C’est là un élément dramatique s’il en fut.

Au premier acte, deux jeunes officiers français en mission auprès du czar Pierre le Grand se rencontrent dans le palais du Kremlin. Victor de Saint-Alban raconte à son ami, Alphonse de Laborde, une aventure qu’il a eue en traversant les montagnes du Harz, en Allemagne, et dont l’héroïne lui est restée inconnue ; il n’a conservé d’elle que le souvenir de ses traits et de sa voix pure et mélodieuse : elle chantait une ballade du pays, la Fontaine des sorciers. Au moment où Victor achève sa confidence, une jeune femme sort des appartements du palais ; l’officier reconnaît en elle son apparition des montagnes ; mais la joie qu’il éprouve de retrouver sa belle inconnue est aussitôt réprimée par la révélation que lui fait son ami : cette femme est la princesse Charlotte, l’épouse et la victime du czaréwitch. Une distance infranchissable sépare Victor de celle qu’il aime, et il comprend aussitôt que ce qu’il a de mieux à faire, c’est de dissimuler son amour sous un dévouement respectueux et chevaleresque. La pauvre princesse a bien besoin, en effet, de sympathie et d’affection, car elle est cruellement tyrannisée par tout ce qui l’entoure. En vain elle a imploré le secours de son père ; le messager qu’elle a envoyé près de lui ne lui rapporte que des paroles de condoléance, de vaines consolations. Alexis, pour en finir avec les plaintes importunes de son épouse, prend le parti de s’en débarrassera tout jamais ; il ordonne une fête splendide au milieu de laquelle un breuvage composé par les soins du médecin Aurélius enverra la princesse pleurnicher dans l’autre monde. Mais cet Aurélius n’est pas si empoisonneur que le croit son maître, et la potion du docteur n’est qu’un simple narcotique. A peine Charlotte a-t-elle trempé ses lèvres dans la coupe que lui présente Alexis, qu’elle tombe inanimée dans les bras de ses dames d’honneur en murmurant d’une voix éteinte le refrain de la ballade du Harz. La princesse n’étant pas habituellement d’une humeur très-joyeuse, les invités croient à un accès de sensibilité ou de mélancolie. L’orgie continue de plus belle, et la toile tombe au bruit des chansons et au choc des verres.

L’évanouissement de la princesse s’est tellement prolongé qu’on l’a descendue dans les caveaux de l’église de l’Archange-Michel, où nous la retrouvons au second acte, couchée sur un somptueux sarcophage, vêtue d’un linceul de satin blanc et le visage découvert. Les cierges brûlent tout à l’entour, et les popes à longue barbe psalmodient leurs prières. Les fidèles serviteurs de Charlotte viennent s’agenouiller sur son tombeau ; bientôt paraît Alexis lui-même, accompagné d’Aurélius, son prétendu complice ; mais lorsque le czaréwitch s’avance vers le sarcophage, la morte étend lentement sa main vers lui, et, à ce geste de menace et de reproche, le prince s’enfuit épouvanté. Aurélius reste, et, pendant que l’archimandrite monte à l’autel, entouré de ses popes, pour hâter le dénoûment de cette cérémonie funèbre, le docteur avoue à Victor de Saint-Alban le subterfuge dont il a usé afin de tromper le czaréwitch et de sauver les jours de la princesse. L’un et l’autre s’approchent du catafalque, aident Charlotte à en sortir, et disparaissent par une galerie sombre de la nef. Les assistants, suivant les ordres du czaréwitch, clouent le cercueil sans s’apercevoir qu’il est vide.

La décoration du troisième acte représente un des plus riants paysages du golfe de Naples. Charlotte oublie dans ce délicieux climat les neiges de la Russie et ses douleurs passées. Des lazzaroni et de jeunes filles dansent autour d’elle comme autour d’une idole, répandent à ses pieds des corbeilles de fleurs, et, comme une preuve irrécusable de leur vénération, la supplient de présider à la fête des vendanges dont le retour est arrivé. Tout à coup, un signal se fait entendre dans le lointain : le tableau s’assombrit, et des sbires paraissent qui poursuivent un voyageur suspect que l’on a vu rôder dans les environs. Avec les sbires marchent Aurélius, Victor de Saint-Alban et Alphonse de Laborde, envoyés par le czar Pierre Ier, pour s’emparer du prince Alexis, que l’on suppose être venu chercher dans le royaume de Naples un abri contre le mécontentement paternel. Alexis, surpris par les sbires, croise le fer avec Saint-Alban ; Charlotte sépare les combattants, et, le czaréwitch, croyant à l’apparition d’un spectre vengeur, laisse tomber son épée. Aurélius lui montre alors l’ukase impérial qui le condamne à mourir ; Alexis tire un poignard de sa ceinture et exécute lui-même la sentence de ses juges ; Saint-Alban offre sa main à la princesse et remmène dans une barque pour la soustraire à l’horreur d’une pareille scène. Tout nous porte à croire que la veuve du czaréwitch ne refusera pas à l’officier français le prix de son dévouement et de ses services.

On le voit : qu’y a-t-il de si anormal et de si défectueux dans ce libretto, lequel n’a pas le moins du monde la prétention d’être un libretto historique ? Pourquoi donc, de la part de la presse, si peu de galanterie envers un bas-bleu d’outre-Rhin ? Pourquoi reprocher à M. OppeltOppelt, Gustave LouisGustave-Louis Oppelt (Bruxelles, 15 avril 1817 – Bruxelles, 15 novembre 1888), écrivain. Après des études de gestion, il fut employé un temps dans une entreprise commerciale avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il collabora à de nombreux journaux, dont La Tribune dramatique deLire la suite… d’ignorer les finesses du beau langage ? S’en sert-on bien souvent au théâtre ? Les vers de M. OppeltOppelt, Gustave LouisGustave-Louis Oppelt (Bruxelles, 15 avril 1817 – Bruxelles, 15 novembre 1888), écrivain. Après des études de gestion, il fut employé un temps dans une entreprise commerciale avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il collabora à de nombreux journaux, dont La Tribune dramatique deLire la suite… ont autant de rime et de raison que tous nos vers d’opéra et d’opéra-comique, et, quant à nous, nous ne voyons pas quelle grande différence il peut y avoir, sous le rapport poétique, entre les mirlitons parisiens et les mirlitons de Bruxelles.

La plupart des artistes français qui ont voyagé en Allemagne vantent l’esprit distingué, les manières bienveillantes et le talent de M. le duc de Saxe-Cobourg-GothaSaxe-Cobourg-Gotha, Ernest II, duc deErnest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha (Cobourg/ Allemagne, 21 juin 1818 – Reinhardsbrunn, Allemagne, 22 août 1893), compositeur et chef d’État. Il étudia la musique et composa des opéras joués surtout en Allemagne. En 1849, il succéda à son père à la tête des duchés de Saxe-Cobourg et Lire la suite…. Un prince ami des arts n’est pas chose commune, et M. le duc aime les arts et les artistes. Tout d’abord, cela nous avait prévenu en sa faveur ; nous avouons cependant ne pas avoir été amené un seul instant, en écoutant l’œuvre, à songer au blason du compositeur. C’est le plus bel éloge que nous puissions faire de la partition de Son Altesse.

La couleur qui domine dans l’opéra de Sainte ClaireSainte-ClaireSainte-Claire, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Charlotte Birch-Pfeiffer mis en musique par le duc Ernst II de Saxe-Cobourg et Gotha et créé sous la direction de Liszt au Théâtre de la Cour de Gotha le 2 avril 1854. L’œuvre traduite en français par Gustave Oppelt fut crééLire la suite… est naturellement la couleur allemande ; ceci est déjà à nos yeux une très-grande qualité. L’importance donnée au récitatif témoigne chez M. le duc de Saxe-CobourgSaxe-Cobourg-Gotha, Ernest II, duc deErnest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha (Cobourg/ Allemagne, 21 juin 1818 – Reinhardsbrunn, Allemagne, 22 août 1893), compositeur et chef d’État. Il étudia la musique et composa des opéras joués surtout en Allemagne. En 1849, il succéda à son père à la tête des duchés de Saxe-Cobourg et Lire la suite… d’une prédilection marquée pour cette forme dramatique qu’il semble avoir beaucoup étudiée dans les œuvres de GluckGluck, Christoph WillibaldChristoph Willibald Gluck (Erasbach/Haut-Palatinat, 2 juillet 1714 – Vienne, 15 novembre 1787), compositeur. Né en Bohème, on ne sait rien de ses études scolaires ou musicales. En 1732, il alla à Prague, jouant du violon, et préférablement du violoncelle et chantant dans les chœurs des églLire la suite…, tout en s’associant aux tendances de la nouvelle école dont M. Richard Wagner est aujourd’hui le chef reconnu dans toute l’Allemagne. Il est bon de faire savoir que l’auteur du Tannhauser TannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite…pourrait bien avoir un disciple. L’idée mélodique se ressent parfois de cette allure déclamatoire que le style de l’auteur affectionne, et elle paraît manquer de netteté, ou tout au moins être un peu difficile à saisir pour des oreilles françaises habituées à certains refrains dont le rhythme vulgaire appelle la manivelle des orgues de Crémone. Si c’est un défaut, ce n’est pas nous qui serons les premiers à le reprocher au musicien. Bien au contraire : un peu d’exagération ne nous déplaît pas dans la manière d’un compositeur qui cherche par tous les moyens possibles à s’éloigner de la trivialité et des sentiers battus. Le duc de Saxe-CobourgSaxe-Cobourg-Gotha, Ernest II, duc deErnest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha (Cobourg/ Allemagne, 21 juin 1818 – Reinhardsbrunn, Allemagne, 22 août 1893), compositeur et chef d’État. Il étudia la musique et composa des opéras joués surtout en Allemagne. En 1849, il succéda à son père à la tête des duchés de Saxe-Cobourg et Lire la suite… se préoccupe, on le sent, de ne pas employer les formules usitées ; mais il n’en est pas moins mélodiste pour cela, et mélodiste avec beaucoup d’élégance et de charme. Ses inspirations sont entièrement à lui, et bien qu’on devine par moments qu’il a été vivement impressionné par les qualités de tels ou tels maîtres, par le côté fantastique de WeberWeber, FranzFranz Weber (Cologne, 26 août 1805 – Cologne, 18 septembre 1876), compositeur, chanteur, organiste, chef d’orchestre, fondateur et directeur de l’Union Chorale de Cologne. Il fit ses études avec Bernhard Klein, fut organiste à Berlin puis revint à Cologne où il fut nommé organiste de la caLire la suite…, par exemple, il faut lui rendre cette justice qu’il ne s’est traîné à la remorque de personne, et ne pas qualifier de réminiscences les quelques imitations, les légers rapprochements que l’on pourrait signaler dans son œuvre.

L’ouverture est une belle page symphonique, un peu sombre, bien conduite et orchestrée de main de maître ; le refrain de la chanson des montagnes, intercalé dans le duo entre Saint-Alban et Alphonse de Laborde, est joli et d’un charmant effet. Un second duo, chanté par la princesse Charlotte et Berthe, sa suivante, renferme des phrases d’une suavité, d’une tendresse mélancolique excessivement remarquables. La romance de Saint-Alban a quelque chose de sentimental, de vaporeux comme une ballade d’Uhland; pendant le finale, les danses se mêlent au chant, le chœur accompagne les pirouettes des ballerines, et, à mesure que le tumulte de l’orgie augmente, les instruments grossissent leurs voix, l’orchestre répond aux évolutions bachiques de la scène, jusqu’au moment où, le narcotique d’Aurélius changeant brusquement la physionomie du tableau, la princesse laisse tomber de ses lèvres glacées les dernières notes de sa touchante élégie. Le compositeur a trouvé là de très-beaux mouvements dramatiques, de très-heureux contrastes.

Le décor du second acte est magnifique, et il était difficile de mettre en scène avec plus de splendeur et de vérité toutes les pompes des cérémonies funèbres du rite grec : lorsque la princesse lève le bras pour repousser le dernier outrage de son bourreau, il y a eu un frémissement dans toute la salle ; les popes chantent l’office des morts, et leurs voix font retentir la nef des intonations lugubres de la mélopée grégorienne ; Alexis s’enfuit ; le chœur le poursuit de ses malédictions, et, après l’enlèvement de la princesse, l’archimandrite, coiffé de la mitre orientale, environné de ses popes, vient chanter devant le cercueil vide les derniers versets de l’office des morts; le musicien a su tirer un très-grand parti de ces harmonies ecclésiastiques, qui, mêlées à l’élément du drame, sont d’un si puissant effet au théâtre.

Le ballet du troisième acte est rempli de gracieux motifs, de joyeuses tarentelles éclairées par le ciel napolitain, avec accompagnement obligé de triangles et de tambours basques. C’est dans ce ballet qu’on a placé, pour la Rosati, un pas où la charmante danseuse a fait des prodiges de souplesse, de légèreté et de grâce. Les amateurs du genre chorégraphique sont toujours en nombre à l’Opéra, et leurs émotions se traduisent assez ordinairement par des bravos qui entraînent la salle ; c’est la danseuse qu’ils applaudissent ; mais, de ce succès-là, il n’en revient pas moins quelques bribes au compositeur.

On a fort goûté le grand air du czaréwitch et la poétique ballade chantée par Berthe ; citons aussi les chœurs napolitains et le duo entre Saint-Alban et la princesse.

Le succès a été très-réel et très-mérité ; l’exécution n’a pas laissé grand’chose à désirer. RogerRoger, Gustave-HippolyteGustave-Hippolyte Roger (La-Chapelle-Saint-Denis, 17 décembre 1815 – Paris, 12 septembre 1879), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les 1er Prix de chant et d’opéra-comique en 1837. Il débuta le 16 Février 1838 à l’Opéra-Comique dans le rôle de Georges de L’EclairLire la suite… est en tous points excellent dans le rôle de Saint-Alban ; il le joue et le chante en artiste consommé ; Mme LafonLafon, MarieMarie Lafon (Bordeaux, ? 1832 – Bordeaux, août 1904), soprano. On sait peu de choses sur sa formation en province. Entre 1852 et 1855, elle fut engagée au Grand Théâtre de Marseille, où elle débuta avec grand succès dans le rôle-titre de La Norma (Bellini), avant de chanter les rôles priLire la suite… a une fort belle voix, mais il lui faudrait acquérir un peu de méthode et perdre certaines habitudes que contractent trop facilement les artistes en province.

Il va sans dire que le duc de Saxe-CobourgSaxe-Cobourg-Gotha, Ernest II, duc deErnest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha (Cobourg/ Allemagne, 21 juin 1818 – Reinhardsbrunn, Allemagne, 22 août 1893), compositeur et chef d’État. Il étudia la musique et composa des opéras joués surtout en Allemagne. En 1849, il succéda à son père à la tête des duchés de Saxe-Cobourg et Lire la suite… a récompensé d’une manière princière les artistes qui ont prêté leur concours à l’exécution de son œuvre.

On vient de jouer au Théâtre-Lyrique une opérette intitulée Une nuit à SévilleNuit à Séville, UneUne Nuit à Séville, opéra-comique en un acte sur un livret de Charles Nuitter et Alexandre Beaumont mis en musique par Frédéric Barbier et créé au Théâtre-Lyrique le 14 septembre 1855.Lire la suite…. Ce petit acte est égrillard et bien tourné ; quelques scènes rappellent le Barbier de Séville, mais nous ne pensons pas pour cela que les auteurs aient le moins du monde songé à BeaumarchaisBeaumarchais, Pierre Augustin Caron dePierre Augustin Caron de Beaumarchais (Paris, 24 janvier 1732 – Paris, 18 mai 1899), auteur dramatique, librettiste. Fils d’horloger, il inventa le mécanisme de l’échappement à hampe ainsi qu’un mécanisme de perfectionnement des pédales de harpes. En 1759 il fut nommé professeur de harLire la suite…. Bartholo s’est fait alcade : il n’en est pas plus fin pour cela ; au lieu d’une pupille, il en a deux, et elles le bernent à qui mieux mieux. Chacune d’elles a son Lindor et le reçoit dans la maison même du tuteur, où vient se réfugier, par le plus grand des hasards, un bandit que poursuit l’alcade et qui rançonne l’alcade. Tout cela est accompagné par le refrain joyeux des castagnettes, par les gais flons-flons d’une musique jeune, vive et spirituelle, non exempte de légères réminiscences, bien pardonnables chez un jeune compositeur qui n’a pas voulu prétendre à ce que son coup d’essai fût un coup de maître. Mlle GirardGirard, CarolineCaroline Girard (Paris, 7 avril 1830 – Paris, 4 janvier 1925), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris où elle obtint un 1er prix d’opéra-comique en 1853 et débuta au Théâtre-Lyrique où pendant dix ans elle créa de nombreux rôles tels que Georgette des Dragons de Villars (Maillart,Lire la suite… et Mlle GarnierGarnier, MarieMarie Garnier (? – ?), contralto. Engagée au Théâtre-Lyrique en 1852, elle participa aux créations de Si j’étais roi (Adam, 1852), Le Roi des Halles (Adam, 1853) et Colin-Maillard (Hignard, 1853). Elle créa le rôle-titre de Rose et Narcisse (Barbier, 1855) puis quitta le Théâtre-Lyrique pLire la suite… représentent les deux nuances opposées du type andalou ; l’une est brune, l’autre a les cheveux couleur d’or ; elles portent avec la même grâce et la même coquetterie la mantille, la basquine et le jupon court. Grignon donne une physionomie et un cachet particuliers à chacun de ses rôles ; ColsonColson, Charles AlexandreCharles-Alexandre Cosson dit Colson (Paris, 23 septembre 1816 – Paris, ? 1877), ténor. Après avoir chanté en province, il se produisit à la Nouvelle-Orléans à partir de 1837. En 1850, c’est à La Haye qu’il fit la connaissance et épousa la jeune soprano Pauline-Désirée Dejon, dite PaulLire la suite… met la salle en belle humeur ; LegrandLegrand, AugusteAuguste Legrand (Paris, 7 janvier 1822 – Paris, 27 octobre 1888), ténor comique. Engagé au Théâtre-Lyrique en 1853, il chanta dans les créations de La Promise (Clapisson, 1854), La Reine d’un jour (Adam, 1854) et Le Muletier de Tolède (Adam, 1854). Il restera jusqu’en 1870 au Théâtre-LLire la suite… et AllaisAllais, Achille-CésarAchille César Allais (Lille, 3 janvier 1828 – Paris, 15 mars 1863), ténor. Il étudia au Conservatoire de Paris et obtint un 3eme accessit d’opéra-comique en 1853. En 1854, il fut engagé au Théâtre-Lyrique, où il créa Schahabaham II (Gautier, 1854), Une Nuit à Séville (Barbier, 1855) eLire la suite… ont la naïveté et la pétulance de tous les amoureux de vingt ans. Est-il bien utile d’ajouter que l’intrigue aboutit à un double mariage ?

Nous ne dirons rien de la reprise de MarieMarieMarie, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène de Planard mis en musique par Ferdinand Hérold et créé à l’Opéra-Comique le 12 août 1826.Lire la suite…, ni de l’exécution pitoyable de cette mélodieuse partition ; la direction du Théâtre-Lyrique, à notre très-grande satisfaction, est passée dans de nouvelles mains. M. PellegrinPellegrin, PierrePierre Pellegrin, (Carcassonne, 30 avril 1794 – Toulon, 25 juin 1877), directeur. Il fut directeur du Grand-Théâtre de Toulon de 1833-36, de 1838-44, et de 1846-47. Après avoir dirigé le Théâtre du Gymnase à Marseille, il fut nommé directeur du Grand-Théâtre de Marseille du 21 Novembre 184Lire la suite…, ex-directeur des théâtres de Marseille, succède à M. PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, qui pourra maintenant donner tous ses soins au théâtre de l’Opéra-Comique.

L’opéra de M. GévaërtGevaërt, François-AugusteFrançois-Auguste Gevaërt (Huysse près d’Oudenaarde/ Belgique, 31 juillet 1828 – Bruxelles, 24 décembre 1908), compositeur et musicologue. Il étudia d’abord avec l’organiste J.-B. Christiaens. Très doué il entra à l’âge de 13 ans au conservatoire de Gand où il étudia le piano aveLire la suite… [Gevaert], les LavandièresLavandières de Santarem, LesLes Lavandières de Santarem, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe d’Ennery et Eugène Grangé mis en musique par François Gevaert et créé au Théâtre-Lyrique le 25 octobre 1855.Lire la suite… est annoncé pour les premiers jours de la semaine prochaine ; c’est Mme LautersDeligne-Lauters, PaulinePauline Deligne-Lauters (Bruxelles, 1er décembre 1834 – Paris, 10 mai 1918), mezzo-soprano. Elle étudia au Conservatoire de Bruxelles et fut engagée au Théâtre-Lyrique de Paris en 1854. Elle y créa Le Billet de Marguerite (Gevaert, 1854), se produisit ensuite dans la version de Castil-Blaze dLire la suite… qui en remplira le rôle principal ; la Fin du mondeFin du Monde, LaLe Jugement dernier ou La Fin du monde, scène pour chœur et orchestre sur un livret de Joseph Méry mis en musique par Félicien David. D’après Alexis Azevedo : « Avant d’écrire la partition de La Perle du Brésil, Félicien David avait composé une ouverture, une marche, des airs de danLire la suite…, de MM. MéryMéry, Francois-Joseph-Pierre-AndréFrançois-Joseph-Pierre-André Méry (Les Aygalades près de Marseille, 21 janvier 1798 – Paris, 17 juin 1866), écrivain. Il étudia le droit à Aix-en-Provence avant de fonder le périodique Le Phocéen en 1820 et plus tard La Méditerranée. En 1824, il vint à Paris et collabora au journal Le Lire la suite… et Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite…, ne sera pas donnée au Théâtre-Lyrique ; les auteurs ont rompu le traité qu’ils avaient passé avec M. Émile PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, et M. DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite… a demandé une lecture à M. le directeur de l’Académie impériale de musique. Cette lecture lui a été accordée. La Fin du mondeFin du Monde, LaLe Jugement dernier ou La Fin du monde, scène pour chœur et orchestre sur un livret de Joseph Méry mis en musique par Félicien David. D’après Alexis Azevedo : « Avant d’écrire la partition de La Perle du Brésil, Félicien David avait composé une ouverture, une marche, des airs de danLire la suite… se répétait déjà depuis cinq mois, lorsque M. PerrinPerrin, EmileÉmile Perrin (Rouen, 8 janvier 1814 – Paris, 8 octobre 1885), directeur. Il étudia la peinture avec le baron Antoine-Jean Gros et Paul Delaroche et exposa au Salon régulièrement de 1841 à 1848 tout en écrivant des critiques d’art dans les journaux. Le 1er Mai 1848 il succéda à Alexandre Lire la suite…, pris tout à coup de la fantaisie d’assister à une répétition générale, déclara le poëme impossible et proposa une telle quantité de coupures et de changements, que le poëte et le musicien se refusèrent à y souscrire.

Madame PleyelPleyel, Marie-Félicité-DeniseMarie-Félicité-Denise Moke dite Camille Moke épouse Pleyel (Paris, 4 septembre 1811 – St Josse-ten-Noode près Bruxelles, 30 mars 1875), pianiste et compositeur. Elle étudia le piano successivement avec Jacques Herz, Ignaz Moscheles et Frédéric Kalkbrenner, dont elle interpréta à l’âgeLire la suite…, l’éminente pianiste, a quitté Bruxelles pour venir donner un concert à Paris ; elle y a été accueillie comme d’habitude avec de bruyants témoignages d’enthousiasme. Madame PleyelPleyel, Marie-Félicité-DeniseMarie-Félicité-Denise Moke dite Camille Moke épouse Pleyel (Paris, 4 septembre 1811 – St Josse-ten-Noode près Bruxelles, 30 mars 1875), pianiste et compositeur. Elle étudia le piano successivement avec Jacques Herz, Ignaz Moscheles et Frédéric Kalkbrenner, dont elle interpréta à l’âgeLire la suite… a, en effet, beaucoup de talent, un jeu pur, vigoureux et délicat à la fois, beaucoup de sensibilité et de style. Les compositions de M. Henri HerzHerz, Henri H.Henri Herz (Vienne, 6 janvier 1803 – Paris, 5 janvier 1888), pianiste et compositeur. Il étudia le piano avec son père, Jacques Herz, puis avec Louis-Barthélemy Pradher au Conservatoire de Paris et obtint un premier prix en 1817. Il fonda une manufacture de pianos en 1825 en association avec leLire la suite…, qu’elle a interprétées sur un piano de M. Henri HerzHerz, Henri H.Henri Herz (Vienne, 6 janvier 1803 – Paris, 5 janvier 1888), pianiste et compositeur. Il étudia le piano avec son père, Jacques Herz, puis avec Louis-Barthélemy Pradher au Conservatoire de Paris et obtint un premier prix en 1817. Il fonda une manufacture de pianos en 1825 en association avec leLire la suite…, lui ont valu plus de succès que celles de MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite…, bien que ces dernières soient on ne peut mieux comprises par la grande artiste ; mais on voyait, au soin minutieux qu’elle semblait prendre à faire ressortir tout le charme des fantaisies, tout le brio des variations de M. Henri HerzHerz, Henri H.Henri Herz (Vienne, 6 janvier 1803 – Paris, 5 janvier 1888), pianiste et compositeur. Il étudia le piano avec son père, Jacques Herz, puis avec Louis-Barthélemy Pradher au Conservatoire de Paris et obtint un premier prix en 1817. Il fonda une manufacture de pianos en 1825 en association avec leLire la suite…, que madame PleyelPleyel, Marie-Félicité-DeniseMarie-Félicité-Denise Moke dite Camille Moke épouse Pleyel (Paris, 4 septembre 1811 – St Josse-ten-Noode près Bruxelles, 30 mars 1875), pianiste et compositeur. Elle étudia le piano successivement avec Jacques Herz, Ignaz Moscheles et Frédéric Kalkbrenner, dont elle interpréta à l’âgeLire la suite… tenait à faire honneur au maître de la maison. C’est naturel et du meilleur goût. A côté de madame PleyelPleyel, Marie-Félicité-DeniseMarie-Félicité-Denise Moke dite Camille Moke épouse Pleyel (Paris, 4 septembre 1811 – St Josse-ten-Noode près Bruxelles, 30 mars 1875), pianiste et compositeur. Elle étudia le piano successivement avec Jacques Herz, Ignaz Moscheles et Frédéric Kalkbrenner, dont elle interpréta à l’âgeLire la suite…, on a entendu mademoiselle Marie P….., sa fille. Cette jeune personne, qui sera peut-être aussi belle que sa mère l’a été, ne chante pas encore tout à fait comme un rossignol. Les amis intimes qui lui diront le contraire voudront la tromper ou se tromperont eux-mêmes. Quelques artistes distingués, pour parler le langage de l’affiche, ont pris part au concert de madame PleyelPleyel, Marie-Félicité-DeniseMarie-Félicité-Denise Moke dite Camille Moke épouse Pleyel (Paris, 4 septembre 1811 – St Josse-ten-Noode près Bruxelles, 30 mars 1875), pianiste et compositeur. Elle étudia le piano successivement avec Jacques Herz, Ignaz Moscheles et Frédéric Kalkbrenner, dont elle interpréta à l’âgeLire la suite…, auquel assistait une société aussi nombreuse que choisie.

Le lendemain, dimanche, jour suprêmement ennuyeux, je suis allé au Conservatoire entendre le Christophe ColombChristophe ColombChristophe Colomb, ode-symphonie en quatre parties sur un livret de Joseph Méry, Charles Chaubet et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créée dans la salle du Conservatoire de Paris le 7 mars 1847.Lire la suite… de Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite…. Les dimanches se suivent et ne se ressemblent pas. L’œuvre du jeune maître a été écoutée avec une attention soutenue, avec un intérêt réel, et la quatrième partie a excité comme toujours les applaudissements les plus frénétiques. Je ne sais rien de plus coloré, de plus poétique et de plus charmant que ce paysage du nouveau monde, avec ses danses sauvages, la chanson naïve et parfumée de la mère indienne, le balancement du hamac, le murmure du ruisseau et le ramage du colibri dans les grands arbres. L’hymne grandiose qui termine l’ouvrage est d’un effet saisissant. Mme Sabatier [Gaveaux-Sabatier]Gaveaux-Sabatier, EmilieÉmélie-Perrine-Suzanne Bénazet, dite Mme Gaveaux-Sabatier (Paris 7 juillet 1820 – Paris, 11 octobre 1896), soprano. Elle débuta en 1842 et fit une carrière de chanteuse dans les concerts et les salons. Reyer la surnomma « La fauvette des salons » et lui dédia une de ses premières mélodies,Lire la suite… a toujours la même fraîcheur de voix, les mêmes séductions dans le regard ; JourdanJourdan, Pierre-MariusPierre-Marius Jourdan (Marseille 28 octobre 1823 – Bruxelles, entre le 1er et le 9 février 1879), ténor. Il fit ses études au Conservatoire de Paris qu’il termina en 1845 avec un 1er prix de chant.  Il débuta à l’Opéra-Comique dans Zemire et Azor (Grétry) en 1846 et y resta jusqu’en 18Lire la suite… a un certain la de poitrine qui n’est pas heureux ; BonnehéeBonnehée, MarcMarc Bonnehée (Moumours/ Basses-Pyrénnées, 2 avril 1828 – Paris, 26 février 1886), baryton. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint, en 1853, les premiers prix d’opéra et de chant et le deuxième prix d’opéra-comique. La même année, il fut engagé à l’Opéra où il débuta Lire la suite… possède un admirable instrument, mais l’habitude qu’il a prise sur la scène de l’Opéra de tenir tête à M. GueymardGueymard, LouisLouis Geymard (Chaponnay/ Isère, 17 août 1822 – Saint-Fargeau, 8 juillet 1880), ténor. Il étudia le chant au Conservatoire de Paris et obtint les 2eme Prix de chant et d’Opéra en 1847. Il débuta à l’Opéra dans le rôle titre de Robert-le-Diable (Meyerbeer) en 1849 et y chanta tous le rLire la suite…, l’empêche de l’adoucir dans des moments où cela serait pourtant bien nécessaire. Mme Jouvante-PolletJouvante-Pollet, Marie-Amelie Jouvante epouse PolletMarie-Amélie Jouvante épouse Pollet dite Jouvante-Pollet ( ?, ca. 1825 – Paris, ? mars 1864), actrice. Elle débuta à la Comédie-Française le 11 juillet 1850 dans le rôle d’Hermione d’Andromaque (Racine) mais ne fut pas reçue. Elle se produisit au Théâtre de la Porte Saint-Martin deLire la suite… ou Pollet-Jouvante a déclamé les strophes avec une emphase digne d’un premier sujet de la Comédie-Française. L’orchestre a fonctionné avec un ensemble merveilleux ; pas un détail de l’œuvre n’est passé inaperçu. L’Éden est annoncé pour le prochain concert, et au quatrième nous entendrons Moïse au SinaïMoïse au SinaïMoïse au Sinaï, ode-symphonie pour solistes, chœur et orchestre sur un livret de Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créé à l’Opéra de Paris le 21 mars 1846.Lire la suite…. Si Félicien David avait voulu faire une spéculation plutôt qu’une exhibition de son œuvre, il eût peut-être été mieux avisé de donner le DésertDésert, LeLe Désert, ode-symphonie en trois parties pour solistes et orchestre sur un poème d’Auguste Collin mis en musique par Félicien David et créée à la salle du Conservatoire de Paris le 8 décembre 1844.Lire la suite… deux fois et deux fois Christophe ColombChristophe ColombChristophe Colomb, ode-symphonie en quatre parties sur un livret de Joseph Méry, Charles Chaubet et Sylvain Saint-Etienne mis en musique par Félicien David et créée dans la salle du Conservatoire de Paris le 7 mars 1847.Lire la suite…. C’est une observation que j’ai recueillie de la bouche même de quelques-uns de ses plus fervents admirateurs et que je soumets timidement à M. Sylvain Saint-Étienne.

L’Union chorale de Cologne, composée de soixante-dix membres, vient d’épuiser la série de ses concerts. La recette n’a pas été très-considérable, mais le succès a été très-grand ; jamais nous n’avons entendu des masses mieux conduites chanter avec plus d’ensemble, d’intelligence et de perfection ; les voix de ces chanteurs sont en général fort belles, d’une grande étendue et on ne peut mieux assouplies à toutes les nuances, à toutes les délicatesses du chant. Il n’existe pas à Paris, dans aucun théâtre lyrique, un chœur qui puisse donner une idée, même très-approximative, de l’effet produit par l’Union chorale de Cologne ; on devine que chacun de ces choristes est un musicien consommé, qu’il lit sur sa partie comme dans un livre. Ce talent de lecture, si commun en Allemagne, est fort rare en France, où plus d’un chanteur très-renommé ne s’est jamais soucié de le posséder. L’Union chorale de Cologne est placée sous la direction habile de M. Franz Weber Weber, FranzFranz Weber (Cologne, 26 août 1805 – Cologne, 18 septembre 1876), compositeur, chanteur, organiste, chef d’orchestre, fondateur et directeur de l’Union Chorale de Cologne. Il fit ses études avec Bernhard Klein, fut organiste à Berlin puis revint à Cologne où il fut nommé organiste de la caLire la suite…; le choix des morceaux qu’elle exécute est excellent ; presque tous sont empruntés aux grands maîtres de l’école allemande. Le SchlummerliedSchlummerliedSchlummerlied (Berceuse), chœur pour quatre voix d’hommes, n° 4, op. 68, sur un poème de Ignaz Franz Castelli mis en musique par Carl Maria von Weber.Lire la suite… (chant du Sommeil), de Weber Weber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…; l’AbendfeierAbendliedAbendlied, chœur pour voix mixte et orchestre extrait du final du premier acte de l’opéra Das Nachtlager in Granada (Une Nuit à Grenade). Les paroles de Karl Johann Braun von Braunthal sont mises en musique par Konradin Kreutzer.Lire la suite… (chant de nuit), de Kreutzer Kreutzer, ConradinConradin Kreutzer (Messkirch/ Baden, 22 novembre 1780 – Riga, 14 décembre 1849), compositeur. Il étudia la théorie musicale et l’orgue avec Ernst Weinrauch tout suivant un cursus de droit, qu’il abandonna à la mort de son père. De 1812 à 1816, il fut maître de chapelle à la cour à StuLire la suite…; le TrinkliedTrinkliedTrinklied (Chanson à boire), chœur pour 4 voix d’hommes sur des paroles de Borromäus Sebastian Georg Karl Reginald Herloß dit Karl Herloßsohn mises en musique par Heinrich August Marschner.Lire la suite… (chanson de table), de Marschner Marschner, Heinrich AugustHeinrich-August Marschner (Zittau, 16 août 1795 – Hanover, 14 décembre 1861), compositeur. Il fit des études musicales concurremment à ses études scolaires dans sa ville natale, puis commença des études de droit à Leipzig en 1813. Attiré par l’opéra, il s’installa en 1815 à PresbourLire la suite…; le Wanderlied (chant du Voyageur), et le Türkisches SchenkenliedTürkisches SchenkenliedTürkisches Schenkenlied (Chanson à boire turque), Op. 50 No. 1, chœur pour quatre voix d’hommes sans accompagnement sur un poème  de Wolfgang Goethe mis en musique par Felix Mendelssohn.Lire la suite… (chanson dans un cabaret turc), de MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite…, ont été particulièrement applaudis. Nous regrettons de ne pas savoir les noms des deux principaux solistes de la société ; ils ont l’un et l’autre, basse et ténor, des voix franches, sympathiques, harmonieuses, et une accentuation ferme et nette, jointe à beaucoup d’expression et de sentiment. M. MitchellMitchell, JohnJohn Mitchell (Londres, 21 avril 1806 – Londres, 11 décembre 1874), libraire, éditeur et directeur. Il fonda l’agence de billets Bond Street Ticket Agency qui existe toujours sous le nom de Ashton & Mitchell. Il prit la direction du Théâtre Saint James en 1742 et y produisit des saisons franLire la suite…, directeur du Théâtre-Français de Londres, est l’impresario de cette troupe qui « consacre les produits de tous ses concerts à l’achèvement du dôme de Cologne. » (Nous traduisons en français la réclame énoncée au bas de l’affiche.) Ce dôme de Cologne nous fait assez l’effet de porter une cravate blanche et un habit noir.

Nous parlerons de la réouverture du Théâtre-Italien dans notre prochain article.