Le Moniteur Universel, 4 janvier 1865, p. (article signé E. REYER).

Feuilleton du MoniteurSOUVENIRS D’ALLEMAGNE Voir Le Moniteur des 19, 20, 22, 27, 29, 30 novembre et 16, 22, 25, 31 décembre 1864 et 3 janvier 1865.

Maintenant, je ne ferais peut être pas mal de prévenir une objection que des esprits chagrins, toujours disposés à voir le mauvais côté des choses, ne manqueraient certainement pas de m’adresser. Si on me reprochait, en rêvant l’institution d’une Académie impériale de musique spécialement consacrée à l’exécution des symphonies et oratorios anciens et modernes, d’agir sous l’influence d’un intérêt personnel, voici ce que je répondrais : « Tout en développant mon idée, je n’ignorais point l’existence, à l’état de projet fort avancé, du Grand Concert fondé par M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite… sur des bases qui doivent avoir plus d’un point d’analogie avec celles de mon programme. Je trouverais donc parfaitement juste et je serais même très-heureux que M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite… profitât de tout ce qui, dans mon projet, lui semblerait une amélioration ou une plus grande garantie de succès. »

M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répLire la suite… m’a avoué un soir, après un banquet où on avait porté un toast chaleureux au fondateur des concerts populaires et où M. le baron TaylorTaylor, Isidore Justin Severin, BaronIsidore Justin Severin, Baron Taylor (Bruxelles, 5 aout 1789 – Paris, 6 septembre 1879), auteur dramatique et philanthrope. En 1818, il écrivit avec Charles Nodier des volumes sur différentes régions de France cataloguant les richesses du patrimoine, puis, dans les années 1820, écrivit ou tradLire la suite… l’avait embrassé devant trois cents orphéonistes, M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répLire la suite…, auquel je reprochais de ne donner aux compositeurs vivants qu’une place insignifiante sur les programmes de ses concerts, m’a avoué que le jour où il ferait une part égale à la musique moderne et à la musique classique, son public l’abandonnerait. En trouverait-il un autre ? Voilà la question : question qui paraît embarrasser M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répLire la suite… et que M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite… s’est proposé de résoudre.

Je ne pense pas m’écarter de mon sujet en parlant de ce qui devrait se faire chez nous à propos de ce qui se fait en Allemagne et en comparant nos institutions musicales à celles de nos voisins. L’organisation du Gewandhaus, société symphonique reconnue la plus célèbre de l’Allemagne, et qui a su, depuis la mort de MendelssohnMendelssohn, FelixJacob-Ludwig-Felix Mendelssohn-Bartholdy (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre 1847), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter et le piano avec Berger et se lia d’amitié avec Goethe. Enfant surdoué, ses premières compositions datent de 1819 et à douze ans il avait déjà cLire la suite…, conserver le rang auquel ce grand musicien l’avait placée, a donc pu m’amener tout naturellement à souhaiter de voir s’établir à Paris une institution du même genre, entre la société du Conservatoire et celle de M. PasdeloupPasdeloup, Jules-EtienneJules-Étienne Pasdeloup (Paris, 15 septembre 1819 – Fontainebleau, 13 août 1887), pianiste et chef d’orchestre. Il étudia au Conservatoire de Paris où il obtint les premiers prix de solfège en 1832 et de piano en 1834. En 1841, il devint répétiteur de solfège au Conservatoire, puis répLire la suite….

Quoique Leipzig ne soit, géographiquement parlant, que la seconde ville du royaume de Saxe, l’importance de ses écoles et le mérite des professeurs attachés à son université, la richesse de son commerce de librairie, dont les ramifications s’étendent dans le monde entier, les souvenirs laissés par les grands artistes qui l’ont habitée et la réputation de ceux qui l’habitent encore aujourd’hui, en font, au point de vue artistique et intellectuel, une des villes les plus considérables et les plus intéressantes de l’Allemagne du Nord.

Cependant, si jamais j’habitais l’Allemagne et qu’il me fallût choisir entre Leipzig et Dresde, je crois bien que je n’hésiterais pas. A Dresde, à côté des merveilles de l’art, il y a le spectacle d’une nature riche et accidentée, la vue d’un beau fleuve et le charme d’une vie douce et tranquille au milieu d’une population dont l’urbanité est proverbiale. Le théâtre royal peut avoir, comme tous les théâtres du monde, de bons et de mauvais jours ; mais, en général, les œuvres qu’on y exécute sont interprétées par des artistes du premier ordre, et les musiciens de la chapelle royale, dignes successeurs de ceux qui eurent pour kapellmeister Charles-Marie de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…, forment un orchestre que les délicats préfèrent à celui de Berlin. C’est surtout comme orchestre d’accompagnement, habile dans l’art des nuances, que l’orchestre saxon mérite la priorité. J’ai déjà parlé de Mlle Aluyde [Aloyse] Krebs-Michalesi, l’une des bonnes cantatrices que j’aie entendues en Allemagne ; il me souvient aussi de Mme Jauner-KrallJauner-Krall, EmilieEmilie Jauner-Krall (Vienne, 20 mars 1831 – Vienne, 16 décembre 1914), soprano. Elle étudia à Vienne avec Karl Kunt et débuta au Kärtnertortheater en 1848 dans Jolanthe (Hager). Elle dut ensuite interrompre sa carrière du fait d’une grave maladie, et revint sur scène avec succès en 1855-Lire la suite…, si charmante dans le rôle de Suzanne des Noces de FigaroNoces de Figaro, LesLes Noces de Figaro (Le nozze di Figaro), K.V. 492, opera buffa en quatre actes sur un livret en italien de Lorenzo Da Ponte, d’après Beaumarchais, mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Burgtheater de Vienne le 1er mai 1786.Lire la suite…, et du ténor [baryton] Mitterwertzer [Mitterwurzer] que j’ai trouvé très-remarquable dans le personnage du comte Almaviva. Mais l’élite [étoile] du théâtre de Dresde, c’est Mme Burde-NeyBurde-Ney, JennyJenny Bürde-Ney (Graz, 21 décembre 1824 – Dresde, 7 mai 1886), soprano. Fille d’une chanteuse qui lui donna ses premières leçons, elle chanta d’abord dans les chœurs des théâtres d’opéra à Temisoara et Olomouc. Elle débuta comme soliste dans le rôle-titre de La Norma (Bellini) en Lire la suite…, une femme admirablement douée qui est à la fois excellente chanteuse et comédienne parfaite, qualité assez rare chez les artistes allemands. Certes, les Parisiens les moins favorables à Richard Wagner reviendraient peut-être de leurs préventions, s’ils entendaient  TannhäuserTannhäuserTannhäuser, opéra romantique en trois actes sur un livret en allemand et une musique de Richard Wagner créé au Théâtre royal de la Cour à Dresde le 19 octobre 1845. Wagner fit des quelques changements pour la version en français due à Charles Nuitter qui fut créée à l’Opéra de Paris Lire la suite…, chanté par Mme Burde-NeyBurde-Ney, JennyJenny Bürde-Ney (Graz, 21 décembre 1824 – Dresde, 7 mai 1886), soprano. Fille d’une chanteuse qui lui donna ses premières leçons, elle chanta d’abord dans les chœurs des théâtres d’opéra à Temisoara et Olomouc. Elle débuta comme soliste dans le rôle-titre de La Norma (Bellini) en Lire la suite… et M. SchnorrSchnorr von Carolsfeld, LudwigLudwig Schnorr von Carolsfeld (Munich, 2 juillet 1836 – Dresde, 21 juillet 1865), ténor. Fils du peintre Julius Schnorr von Carolsfeld, il étudia au conservatoire de Leipzig et débuta à Carlsruhe en 1858. Il fut vite remarqué pour sa belle et puissante voix dans Norma (Bellini), Freischütz (Lire la suite…, non pas à Paris, mais à Dresde. Le ténor SchnorrSchnorr von Carolsfeld, LudwigLudwig Schnorr von Carolsfeld (Munich, 2 juillet 1836 – Dresde, 21 juillet 1865), ténor. Fils du peintre Julius Schnorr von Carolsfeld, il étudia au conservatoire de Leipzig et débuta à Carlsruhe en 1858. Il fut vite remarqué pour sa belle et puissante voix dans Norma (Bellini), Freischütz (Lire la suite… von Carolsfeld, aussi célèbre en Allemagne que NiemannNiemann, Albert Wilhelm KarlAlbert Wilhelm Karl Niemann (Erxleben/Magdebourg, 15 janvier 1831 – Berlin, 13 janvier 1917), ténor. Il étudia avec Fritz Schneider puis débuta à Dessau dans de petits rôles, tout en chantant dans les chœurs. Il se produisit dans plusieurs villes d’Allemagne avant d’être engagé en 1854Lire la suite… et VachtelWachtel, TheodorTheodor Wachtel (Hambourg, 10 mars 1823 – Francfort, 14 novembre 1893), ténor. Il étudia avec Julie Grandjean et débuta à Hambourg en 1849. Après s’être produit dans plusieurs villes allemandes, il fut engagé en 1862 à l’opéra de la cour de Berlin, où il se produisit jusqu’en 1879.Lire la suite… [Wachtel]Wachtel, TheodorTheodor Wachtel (Hambourg, 10 mars 1823 – Francfort, 14 novembre 1893), ténor. Il étudia avec Julie Grandjean et débuta à Hambourg en 1849. Après s’être produit dans plusieurs villes allemandes, il fut engagé en 1862 à l’opéra de la cour de Berlin, où il se produisit jusqu’en 1879.Lire la suite…, est le fils du grand peintre qui a reproduit en fresques admirables, sur les murailles du palais de la Nouvelle-Résidence, à Munich, la magnifique épopée des Niebelsaugen [Nibelungen], et auquel le roi Louis donna des lettres de noblesse en récompense de ses travaux. Les ténors allemands ont ordinairement la voix un peu rude, et leurs notes hautes surtout ont quelque chose de guttural qui fatigue l’oreille. M. SchnorrSchnorr von Carolsfeld, LudwigLudwig Schnorr von Carolsfeld (Munich, 2 juillet 1836 – Dresde, 21 juillet 1865), ténor. Fils du peintre Julius Schnorr von Carolsfeld, il étudia au conservatoire de Leipzig et débuta à Carlsruhe en 1858. Il fut vite remarqué pour sa belle et puissante voix dans Norma (Bellini), Freischütz (Lire la suite…, au contraire, possède une voix extrêmement sympathique, dont le timbre est à la fois vibrant et doux. Il est attaché aujourd’hui au théâtre de Munich.

Je n’ai pas manqué, pendant mon séjour à Dresde, d’aller visiter le tombeau de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… au cimetière catholique de Friedrichstadt, monument d’une touchante simplicité sur lequel fleurissent deux lauriers roses, venus de Londres avec le corps de l’illustre compositeur. WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… a sa statue sur la place du Théâtre, statue de bronze modelée par RietschelRietschel, Ernst Friedrich AugustErnst Friedrich August Rietschel (Pulsnitz, Saxe, 15 décembre 1804 – Dresde, 21 janvier 1861), sculpteur. Il étudia à Dresde puis à Berlin avec Christian Rauch. Il obtint une bourse qui lui permit d’étudier à Rome (1827-28). À son retour en Saxe, il sculpta une grande statue du roi de SaxLire la suite…, et dont l’érection eut lieu le 11 octobre 1860. L’auteur du FreyschützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite… est représenté debout, drapé dans un manteau aux plis harmonieux ; il tient dans sa main droite une rose et une branche de chêne. Sur le piédestal de granit rouge sont gravés les noms de ses immortels chefs-d’œuvre.

Si j’avais le talent descriptif de mon ami Théophile GautierGautier, TheophileThéophile Gautier ( Tarbes, 30 aout 1811 – Paris, 23 mai 1872), écrivain, journaliste. Il fit ses études à Paris où il se lia d’amitié avec Gérard Nerval et fut un grand défenseur de Victor Hugo. Pour Gauthier, la musique, la peinture et la poésie étaient les éléments fondamentaux dLire la suite…, je me plairais à parler des sites pittoresques de la Suisse saxonne, du Brand, du grand Winterberg, de la Bastei et du Kœnigstein, que j’ai parcourus et visités en la très-aimable compagnie de M. BellayBellay, Charles-Alphonse-PaulCharles-Alphonse-Paul Bellay (Paris, 22 mars 1826 – Paris, ? août 1900), peintre-aquarelliste, graveur et aquafortiste. Il était le fils du François Bellay et reçut des leçons de François-Édouard Picot et de Louis Pierre Henriquel-Dupont. En 1852, il remporta le 1er Prix de Rome en gravureLire la suite…, ancien élève de l’école de peinture à Rome. Mais, si nombreuses, si agréables et si variées que soient les excursions offertes au touriste par cette Suisse en miniature, il ne faut pas chercher au milieu de ces vallées mignonnes, de ces roches brodées [boisées], de ces montagnes presque toutes sillonnées de sentiers faciles, et dont la plus haute n’a pas six cents mètres au-dessus du niveau de la mer, il ne faut pas chercher au milieu de ce gracieux paysage les effets de lumière, les grands lacs, les plaines de verdure, les sommets neigeux et toutes les magnificences qu’offre le panorama de la chaîne des Alpes immenses. La forteresse de Kœnigstein, bâtie sur un rocher escarpé et accessible d’un seul côté, présente un coup d’œil assez imposant ; elle a cela de particulier que c’est une des rares forteresses de l’Europe qui n’aient jamais été prises.

De Dresde à Bodenbach, on suit la rive gauche de l’Elbe, dont le cours sinueux traverse par le milieu la chaîne bleuâtre de la Suisse saxonne. Celui qui, en arrivant à Bodenbach, aurait oublié de faire viser son passeport pour l’Autriche, serait assuré de faire deux fois ce charmant voyage. J’étais en règle et je passai. Le même soir, je couchais à Prague. Voilà assurément la ville la plus curieuse de l’Allemagne, l’une des plus instructives et des plus intéressantes à visiter. MozartMozart, Wolfgang AmadeusWolfgang Amadeus Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791), compositeur. Enfant prodige. Son père développa ses dons pour le piano et la composition et l’exhiba dès l’âge de six ans dans des voyages à travers toute l’Europe. Ses premières compositions, des pièces Lire la suite… l’a habitée, et c’est pour le théâtre de Prague qu’il écrivit Don Juan et La Clémence de Titus. Ce théâtre n’est pas très-renommé aujourd’hui par la supériorité de ses chanteurs ordinaires, mais des artistes étrangers y sont fréquemment appelés pour venir y donner des représentations ; il n’y a pas bien longtemps que M. NaudinNaudin, EmilioEmilio Naudin (Parme, 23 mars 1823 – Bologne, 5 mai 1890), ténor. Il étudia à Parme puis à Milan avec Giacomo Panizza et débuta à Crémone en 1843 dans Saffo (Pacini). Il se produisit dans les villes d’Italie puis en tournées en Europe (Saint-Pétersbourg en 1853, Londres en 1858 et au ThLire la suite… chantait avec beaucoup de succès au théâtre de Prague. L’orchestre est excellent et compte aussi parmi les meilleurs ; M. NeswadbaHamáček dit Nesvadba, JosephJoseph Hamáček dit Nesvadba (Viskeř/République Tchèque, 19 janvier 1824 – Darmstadt, 20 mai 1876), chef d’orchestre. Il fut orphelin de bonne heure. Ses oncles maternels lui enseignèrent à jouer de l’orgue, qu’il tint dès l’âge de dix ans à l’église de son village. De 1836 à Lire la suite… [Nesvadba]Hamáček dit Nesvadba, JosephJoseph Hamáček dit Nesvadba (Viskeř/République Tchèque, 19 janvier 1824 – Darmstadt, 20 mai 1876), chef d’orchestre. Il fut orphelin de bonne heure. Ses oncles maternels lui enseignèrent à jouer de l’orgue, qu’il tint dès l’âge de dix ans à l’église de son village. De 1836 à Lire la suite…, qui le dirigeait avant d’être appelé à Darmstadt, où il a succédé à M. SchindelmeisserSchindelmeisser, Louis Alexander BalthasarLouis Alexander Balthasar Schindenmeisser (Königsberg, 8 décembre 1811 – Darmstadt, 30 mars 1864), clarinettiste, compositeur et chef d’orchestre. Il étudia à Berlin avec Marx et à Leipzig avec Heinrich Dorn. À Leipzig, il se lia d’amitié avec Richard Wagner qu’il recommanda comme dirLire la suite…, jouit d’une grande réputation comme maître de chapelle. Le conservatoire de Prague, à la tête duquel est placé un théoricien éminent, M. Dionis [Dionys] Weber, marche presque l’égal du conservatoire de Leipzig, et entre autres compositeurs de talent qu’il a formés, je citerai M. AbertAbert, Jan JosefJan Josef Abert (Kochowitz, Bohème, 20 septembre 1832 – Stuttgart, 1er avril 1915), compositeur et chef d’orchestre. Au Conservatoire de Prague, il étudia la contrebasse auprès de Josef Hrabe et la théorie musicale avec Johann Friedrich Kittl et August Wilhelm Ambros. En 1853, il fut engagéLire la suite…, de Stuttgart, l’auteur du Roi Enzio.Roi Enzo, LeLe Roi Enzio, opéra en quatre actes sur un livret allemand de Friedrich Albert Bernard Dulk mis en musique par Johann Joseph Abert et créé au Théâtre de la Cour à Stuttgart le 5 mai 1862.Lire la suite… Pendant les quelques jours que je suis resté à Prague, le théâtre était livré à deux flûtistes qui y donnaient des concerts, de sorte que mon temps a été employé à parcourir la ville dans tous les sens, à admirer les monuments, les antiquités, les châteaux, les palais et les églises disséminés dans les différents quartiers. J’allais du Stradschin [Hradschin] au Kleinseite, de la cathédrale de Saint-Vit au palais Wallenstein ; puis je montais au Lauzenberg [Laurenzberg], d’où l’œil embrasse toute la ville et ses environs ; la Moldau, son vieux pont de pierre et ses îles verdoyantes ; le Wyssehrad, moins florissant aujourd’hui qu’au temps de la reine LibussaLibussaLa reine Libussa (Libuše en thèque) est l’ancêtre mythique de la dynastie des Přemyslides et du peuple tchèque en général. Elle serait la fille du chef tchèque Krok et avait pour sœurs aînées Kazi la guérisseuse et Teta la magicienne. Parce qu’elle était douée de prophétie et quLire la suite…, et au loin, à l’horizon, une partie de la chaîne des Sudètes. En passant sur le Kœnigsbrücke (le pont du roi), je ne manquais jamais de me découvrir devant la statue de saint JeanSaint NepomukSaint Jean-Népocumène (Pomuk/Bohême, 1340 – Prague 20 mars 1393), vicaire général, saint et martyre. Fils de berger, il naquit dans le petit village de Pomuk (plus tard nommé Nepomuk), en Bohème, dans les années 1340. Il étudia d’abord à l’université de Prague puis à l’universitLire la suite… de Nepomuk, car j’ai l’habitude, dans quelque pays que je me trouve, de me conformer aux usages des habitants, de ne les blesser ni dans leurs croyances, ni même dans leurs superstitions. De nombreux pèlerins viennent chaque année, le 16 mai, se prosterner aux pieds de la statue de Saint NepomukSaint NepomukSaint Jean-Népocumène (Pomuk/Bohême, 1340 – Prague 20 mars 1393), vicaire général, saint et martyre. Fils de berger, il naquit dans le petit village de Pomuk (plus tard nommé Nepomuk), en Bohème, dans les années 1340. Il étudia d’abord à l’université de Prague puis à l’universitLire la suite…, lequel, on le sait, fut jeté dans la Moldau par ordre de l’empereur Venceslas. Ces processions ont quelque chose de touchant ; dans le Tyrol et dans les Vosges, où les lieux de pèlerinage ne manquent pas, j’ai rencontré bien souvent des groupes de villageois qui traversaient les forêts en chantant les louanges du bienheureux auquel ils apportaient leur offrande ou dont ils venaient d’implorer le secours ; et chaque fois j’éprouvais une véritable émotion en entendant ces chants si simples qui se perdaient peu à peu dans l’éloignement et que je me répétais à moi-même quand je ne les entendais plus.

Le Judenstadt est un des quartiers les plus anciens de Prague ; c’est là qu’est situé le vieux cimetière juif, dont les milliers de tombes disparaissent sous le feuillage épais et les branches entrelacées des ormes [viornes] et des sureaux. A quelques pas de ce cimetière, s’élève la synagogue appelée Altenschule, monument de la plus haute antiquité, à l’intérieur duquel le jour pénètre à peine, et dont les murs sombres et enfumés suintent l’humidité et la crasse. Il paraît que cette synagogue est restée enfouie sous terre pendant plus d’un siècle ; on ne peut pas dire qu’elle en soit sortie tout à fait.

Avant d’arriver à Vienne, j’ai voulu m’arrêter à Brünn pour visiter l’ancienne forteresse du Spielberg, convertie en caserne depuis une dizaine d’années. J’ai pénétré dans le carcere duro où fut enfermé Silvio PellicoPellico, SilvioSylvio Pellico (Saluces/Piémont, 24 juin 1789 – Turin, 31 janvier 1854), écrivain, auteur dramatique. Il étudia tout d’abord à Pinerolo avant de suivre sa famille à Turin en 1799.  Il fut ensuite envoyé vers 1806 à Lyon chez un parent pour apprendre le commerce. Peu enclin aux affaires, Lire la suite…, et l’on m’a montré aussi d’autres cachots bien plus terribles encore. Dans un souterrain en forme de boyau, j’ai vu sur la muraille les empreintes creusées par les prisonniers qui y étaient adossés. Ces malheureux, placés les uns à côté des autres et retenus par la même chaîne, étaient forcés de conserver jusqu’à leur mort une immobilité presque continuelle. La bonne femme qui me servait de cicérone m’expliquait tout cela avec le calme le plus parfait, et d’ailleurs son récit, remontant à une époque très-reculée, ressemblait plutôt à quelque fantastique légende.

(La suite prochainement.)