La Gazette du Nord, 3 mars 1860, p. 5-6 (article signé E. Reyer).

Chronique musicale.

Je ne viendrai point après OvideOvidePublius Ovidius Naso dit Ovide (Sulmona/ Italie, 20 mars 43 av. J.-C. – Tomis (Constanta)/ Roumanie, ? 17 ap. J.-C.), poète. Il publia de nombreux recueils de poèmes dont Les Amours, Les Héroïdes et L’Art d’aimer. Après quarante ans, il abandonna la poésie érotique et se mit à rédigeLire la suite…, ni après La FontaineLa Fontaine, Jean deJean de La Fontaine (Château-Thierry, 9 juillet 1621 – Paris, 13 avril 1695), poète. Il est renommé pour ses fables et dans une moindre mesure pour ses contes, qui ont cependant inspiré plusieurs opéras-comiques dont Le Magnifique (Grétry, 1773), Le Frère Philippe (Dourlen, 1818) et La ColoLire la suite…, non plus, vous raconter l’antique légende de Philémon et Baucis, mais je vous dirai en peu de lignes la façon ingénieuse avec laquelle deux auteurs en renom ont fondu ensemble la version du poète et celle du fabuliste, avec quel talent d’invention ils ont trouvé le développement de trois actes dans cette simple histoire, avec quel esprit ils ont fourni les détails et varié le dénouement. Bade aurait pu avoir la primeur de ce petit chef-d’œuvre, et c’est nous qui l’avons eue. Nous y avons même gagné un acte car la pièce écrite, pour le théâtre de M. Bénazet, était en deux actes seulement : l’acte de la vieillesse et l’acte du rajeunissement. Le second tableau n’était guère possible qu’au Théâtre-Lyrique ou à l’Opéra, les deux seul théâtres de Paris où les frais d’une éblouissante mise en scène ne soient jamais ménagés quand il s’agit d’entourer une œuvre de ce prestige qui est quelquefois la moitié du succès. Et la bacchanale phrygienne de Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite… ne le cède en rien, sous le rapport de la magnificence scénique, à l’orgie romaine du troisième acte d’HerculanumHerculanumHerculanum, opéra en quatre actes sur un livret de Joseph Méry et Térence Hadot mis en musique par Félicien David et créé à l’Opéra de Paris le 4 mars 1849.Lire la suite….

Philémon ouvre la porte de sa cabane à deux étrangers qui, par une nuit d’orage, viennent lui demander l’hospitalité. « Séchez vos vêtements à la flamme du foyer, leur dit Philémon, pendant que ma chère Baucis préparera pour vous le repas du soir. » L’un des étrangers est frappé par la tranquille sérénité de ce couple qu’il interroge avec bienveillance, et l’autre maugrée sur la singulière fantaisie qu’a eue son compagnon de se mettre en voyage par un temps si affreux, par une nuit si noire. L’eau pure et limpide qui jaillit dans sa coupe n’apaise pas sa soif et ne déride pas son front soucieux ; il écoute d’une oreille distraite les bucoliques de Philémon et les apologues de Baucis, gémit sur la frugalité du repas et trouble les deux vieillards par la rudesse de sa voix et la colère de son regard. Au dehors Borée souffle toujours. « Ne craignez rien, amis, quand les maisons et les temples s’écrouleront autour de vous, quand le peuple sera foudroyé au milieu de ses chants et de ses danses impies, votre toit hospitalier restera debout et abritera une fois encore le printemps de vos amours. Je suis le seigneur Jupiter, le maître de l’Olympe. Regardez, il y a du vin dans vos amphores. Emplissez la coupe de mon compagnon et saluez en lui le roi des Cyclopes, le grand dieu Vulcain. Demain les premières lueurs de l’aurore éclaireront le retour de votre jeunesse et de votre beauté. A Philémon et Baucis, Jupiter reconnaissant. »

Vulcain a été substitué à Mercure, afin d’égayer l’action par le récit de ses infortunes conjugales, et de servir de but aux plaisanteries de Jupiter, lesquelles ne sont pas plus renouvelées de Molière que celles de Molière sur le même sujet, ne sont renouvelées des Grecs. MM. Michel CarréCarré, Michel-FlorentinMichel-Florentin Carré (Besançon, 21 octobre 1822 – Paris, 28 juin 1872), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit de nombreux drames, comédies, vaudevilles et livrets principalement en collaboration avec Jules Barbier dont Galathée (Massé), Les Noces de Jeannette (Massé), Les Papillotes Lire la suite… et Jules BarbierBarbier, Paul-JulesPaul-Jules Barbier (Paris, 8 mars 1825 – Paris, 16 janvier 1901), librettiste. Il débuta à la Comédie-Française à l’âge de dix-huit ans avec un intermède : L’Ombre de Molière et un drame : Un Poète. De 1849 à 1872 ,il écrivit en collaboration avec Michel Carré des drames, des comédiLire la suite… ont parfaitement compris que Vulcain, même sous son enveloppe terrestre, ne pouvait pas être un Géronte.

Philémon et Baucis ne vont pas sur la montagne voir submerger par l’eau du ciel l’habitacle des gens impurs. Ils dorment, et les folles orgies, et les blasphèmes et les écroulements du second acte ne les réveillent pas. Le Théâtre-Lyrique avait rêvé une pluie de feu que l’art du machiniste n’aurait pu réaliser sans danger ; il a fallu y renoncer et se contenter de craquements souterrains, de colonnes renversées et de coups de tonnerre dans la coulisse avec accompagnement de feux de Bengale.

Au troisième acte Baucis ne reconnaît plus Philémon, et Philémon se demande quelle est cette jeune vierge qui vient, comme une colombe effrayée, de s’envoler de sa couche. Puis ils se souviennent du Dieu bienfaisant qui les a visités la veille, et le premier élan de leur cœur unit leurs lèvres dans un premier baiser. Jupiter a accompli son œuvre de vengeance et d’extermination ; mais, avant de remonter dans l’Olympe, il veut, en dieu poli, prendre congé des tendres époux que son pouvoir a rajeunis. Philémon est jaloux plus que Baucis n’est infidèle. Elle écoute les doux propos du maître de l’Olympe, mais son cœur est toujours à Philémon. « Si c’est ma beauté qui vous tente, seigneur, reprenez-la et rendez-moi mes vieilles années avec leur couronne de cheveux blancs. » Ainsi parle Baucis, et la naïveté touchante de sa prière arrête les transports amoureux de Jupiter, qui s’éloigne de la chaste épouse et la laisse, plus belle et plus vertueuse que jamais, à la tendresse rassurée de Philémon. Je préfère ce dénouement à celui de la fable ;  il est plus poétique et plus humain. Je n’aurais pas vu sans regrets les pieds de ces heureux mortels s’allonger en racines tortueuses et leurs bras s’étendre et se multiplier en rameaux verdoyants au-dessus de leurs têtes.

Cette pièce ne peut s’appeler ni un drame, ni un vaudeville, ni une comédie et moins encore un opéra comique. C’est une œuvre où la fantaisie remplace la tradition et se joue de la règle, mais c’est une œuvre d’art, traduite dans un style élégant, et qui se déroule devant le spectateur intelligent, sans le secours de ces ficelles, de ces trucs et de ces surprises, qu’il est bon de laisser de temps en temps parmi la vieille défroque des imbroglios vulgaires.

M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… est un des rares musiciens qui se préoccupent assez peu du qu’en dira-t-on de la foule : c’est peut-être à cause de cela que son talent a toujours éveillé mes plus ardentes sympathies. Il est dans une voie ou quelques-uns n’entreront jamais et où d’autres, tout en reconnaissant que cette voie est la bonne, regrettent de ne pouvoir le suivre. Le petit nombre de ceux qui l’accompagnent témoigne suffisamment que le sentier est difficile, et que ce n’est pas là la route qu’il faut choisir pour arriver aux succès populaires. Le poème de Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite… devait donc échoir à M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… et aller à lui aussi sûrement que le libretto de la FanchonnetteFanchonnette, LaLa Fanchonnette, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 1er mars 1856.Lire la suite… est allé à M. ClapissonClapisson, Antoine-LouisAntoine-Louis Clapisson (Naples, 5 septembre 1808 – Paris, 19 mars 1866), compositeur. Il étudia le violon d’abord à Bordeaux puis avec Habeneck au Conservatoire de Paris. En 1832 il fut engagé comme violoniste au Théâtre-Italien et composa à partir de 1839 de nombreuses romances dont certLire la suite…. Les classiques légendes plaisent aux poètes, et, sans poésie dans l’imagination, on ne saurait être grand musicien : l’auteur de SaphoSaphoSapho, opéra en trois actes sur un livret d’Émile Augier, mis en musique par Charles Gounod, créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1851.Lire la suite…, de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… et des Chœurs d’Ulysse ne peut pas être soupçonné d’aimer les ariettes et les petits refrains.

La nouvelle partition de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… n’a pas besoin d’être comparée aux précédentes œuvres du jeune maître, pour qu’un éloge ou une critique ressorte de cette comparaison. Et je ne suis pas d’avis que, pour bien juger une œuvre, il faille nécessairement évoquer le souvenir d’une autre œuvre qui ne lui ressemble nullement. Qu’aimez-vous mieux le ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite… ou les Huguenots ?Huguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite… A cette question ou à toute autre du même genre, je réponds invariablement que je les aime tout autant l’un que l’autre. Si M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… avait mis deux fois en musique les HuguenotsHuguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite… ou le ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite…, je me hasarderais peut-être à dire si c’est la première ou la seconde fois qu’il a le mieux réussi. Il en est de même pour Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite…, qu’on n’a pas manqué de comparer à FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite… en accordant, bien entendu, le mérite de la supériorité au plus ancien de ces deux ouvrages. WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite… a commencé par le FreyschützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite… [FreischützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…] et a fini par ObéronOberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite… ; pour le public, c’est le FreyschützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…, qui est le chef-d’œuvre de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…, comme Robert-le-DiableRobert-le-diableRobert le Diable, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Germain Delavigne, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 21 novembre 1831.Lire la suite… est le chef-d’œuvre de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, comme le DésertDésert, LeLe Désert, ode-symphonie en trois parties pour solistes et orchestre sur un poème d’Auguste Collin mis en musique par Félicien David et créée à la salle du Conservatoire de Paris le 8 décembre 1844.Lire la suite… est le chef d’œuvre de M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite….

Le public croit trop volontiers à l’appauvrissement du talent, à la décroissance du génie chez les maîtres qu’il a le plus encensés, et, à ses yeux, la dernière œuvre n’est jamais la meilleure. Vienne l’AfricaineAfricaine, L’L’Africaine, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé posthumément à l’Opéra de Paris le 28 avril 1865.Lire la suite…, et il ne manquera pas de gens qui nous diront : Hélas ! où sont les mélodies du Pardon de PloërmelPardon de Ploërmel, LeLe Pardon de Ploërmel, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 4 avril 1859.Lire la suite… !…tout comme on disait l’autre soir, après Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite… : Où est la valse de FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…, où sont les couplets de Siebel et la chanson de Marguerite ? Et quand le public aura appris que l’AfricaineAfricaine, L’L’Africaine, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé posthumément à l’Opéra de Paris le 28 avril 1865.Lire la suite… dormait déjà dans le portefeuille de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, avant que l’illustre maître ne songeât à écrire la première note du PardonPardon de Ploërmel, LeLe Pardon de Ploërmel, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 4 avril 1859.Lire la suite…, quand on lui aura dit que la plupart des motifs du Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite… sont un peu plus vieux que les airs qu’il a le plus applaudis dans FaustFaustFaust, opéra en cinq actes sur un livret de Michel Carré et Jules Barbier d’après Goethe mis en musique par Charles Gounod et crée au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1859.Lire la suite…, cela ne modifiera en rien sa manière de voir, et cela ne le rendra pas plus circonspect, pas plus défiant à l’avenir. Et puis, son thermomètre à lui, c’est la mélodie, la mélodie qu’il comprend et qu’il retient à première audition. Plus il y a de mélodie de ce genre dans une œuvre, plus cette œuvre est placée haut dans son estime, plus elle a de valeur à ses yeux. Erreur profonde. Les œuvres réellement belles, réellement originales ne conquièrent pas la popularité en une seule soirée, et si ces mélodies que vous fredonnez au sortir d’une première représentation étaient exemptes de réminiscences, vous ne les auriez pas si facilement retenues. Avez-vous remarqué les broderies que le compositeur a si élégamment disposées sur cette pédale ? Avez-vous admiré l’ingénieux accouplement de ces timbres, la division de ces chanterelles, le murmure de ces cordes graves, cette tenue de basson, ces arpèges de clarinette, ces sonneries de cuivre, et ces légers coups de cymbales ? Vous n’avez rien entendu de tout cela, occupé que vous étiez à chercher l’ariette, la cavatine, la chanson, la mélodie. D’ailleurs, une œuvre purement mélodique n’est pas une œuvre complète, et celui-là n’est pas un musicien et ne comprend pas la musique, s’il se plaint de ce que le compositeur place de temps en temps la statue dans l’orchestre.

J’aurais tort d’attribuer exclusivement à la nouvelle partition de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… les réflexions que je viens de faire : la presque totalité des morceaux que renferme cet ouvrage ont été très applaudis. Le duo entre Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite… :

Aimons-nous jusqu’au jour suprême,

Où la mort doit fermer nos yeux

est bien le duo d’amour que doivent chanter deux vieillards, dont les tendres ardeurs ne sont pas tout à fait éteintes : on y trouve plus de sentiment que de passion, plus de tendresse que de volupté. Cela est frais et charmant. Le petit chœur que l’on entend dans le lointain : Filles d’Athor, folles bacchantes, a cette couleur antique dont M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… possède le secret, et les deux pianos, placés dans la coulisse et marquant le rhythme par la répétition continue des deux notes fa et sol, donnent beaucoup d’originalité à l’accompagnement. Ce chœur revient au second acte, mais l’effet d’éloignement a disparu, et c’est grand dommage. J’aime beaucoup les couplets de Vulcain dont les premières phrases sont accompagnées, très sobrement, par les petits bruits du marteau sur l’enclume.

L’air de Jupiter a du caractère ; la fable le Rat de ville et le rat des champs, chantée par Baucis, renferme de jolis détails ; mais Vulcain donnait, en l’écoutant, de tels signes d’impatience qu’il était impossible de ne pas être distrait par la pantomime de Vulcain. La toile tombe sur un duo entre Philémon et Baucis, chanté dans la demi-teinte, dans un demi-sommeil, et l’on est agréablement bercé par le murmure de ces voix, qui se fondent avec les notes argentines de la harpe et les sourdines des violons. Le thème de la bacchanale du second acte est exécuté avant le lever du rideau. On a trouvé une certaine analogie entre ce morceau et la danse des Almées, de M. Félicien DavidDavid, Félicien-CésarCésar-Félicien David (Cadenet, 13 avril 1810 – St Germain-en-Laye 29 aout 1876), compositeur. Orphelin à cinq ans, après des études à la maîtrise de la cathédrale St.-Sauveur d’Aix-en-Provence et au collège St.-Louis d’Aix, il entra en 1830 au Conservatoire de Paris dans la classe d’HLire la suite…. Invention à part, c’est une page très heureusement réussie et supérieurement écrite. Il n’y a dans ce second acte que des chœurs et les strophes déclamées par la bacchante, lesquelles n’ont peut-être pas été très remarquées.

Il était difficile que M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite… ne fut pas inspiré par ces jolis vers :

Ah ! que les dieux perfides,

Jaloux de mon bonheur,

A mes tempes arides

N’ont ils laissé leurs rides

Et la paix à mon cœur !

Baucis engage Jupiter par un serment solennel et le dieu est pris dans son serment :

Je ne reprendrai pas les dons que j’ai pu faire…

Mais je jure par le Styx

De ne plus invoquer le Styx à la légère.

 Voilà le dernier mot du troisième acte, et c’est un joli mot. Le grand air de Baucis, celui de Jupiter : Vénus même n’est pas plus belle, et le duo entre Baucis et Philémon ont cette facture savante, cette perfection de détails que le public laisse aux artistes le soin de comprendre et d’apprécier.

Le succès a été grand et il grandira encore : Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite…, MM. BatailleBattaille, Charles-AmableCharles-Amable Battaille (Nantes, 30 septembre 1822 – Paris, 2 mai 1872), Basse. Après des études de médecine à Nantes, il vint à Paris et étudia au Conservatoire avec Manuel Garcia. Il obtint les premiers prix de chant, d’opera et d’opéra-comique en 1847 et débuta en 1848 à l’Opéra-CoLire la suite…, FromantFromant, DésiréDésiré Fromant (Lille, 5 juin 1826 – Alger, 22 mars 1898), ténor. Il fut engagé au Théâtre-Lyrique de Paris en 1856 et y créa, entre autres, La Reine Topaze (Massé, 1856), Oberon (Weber, 1857), Les Nuits d’Espagne (Semet, 1857), Maitre Griffard (Delibes, 1857), Margot (Clapisson, 1857), Lire la suite… et BalanquéBalanqué, Mathieu-EmileMathieu-Émile Balanqué (Bayonne, 16 septembre 1826 – Paris, 29 avril 1866), basse. Il fit ses études au Conservatoire de Paris et débuta au Théâtre National (futur Théâtre-Lyrique) dans Juanita (Duprez) le 11 mai 1852. Il se produisit ensuite à Bruxelles et en province (Toulouse et StrasbouLire la suite… sont les dignes interprètes d’une œuvre qui ne pouvait être confiée qu’à des talents de premier ordre. Le rôle de Mlle SaxSax, Marie-Constance Sasse [Sass] diteMarie-Constance Sasse (Sass), dite Sax (Oudenaarde, 26 janvier 1838 – Paris, 8 novembre 1907), soprano. Après des études au Conservatoire de Gand, elle vint à Paris, où Delphine Ugalde l’entendit chanter au Café du Géant et la recommanda chaudement à Léon Carvalho. Celui-ci l’engagea aLire la suite… étant tout à fait épisodique, il me suffira de louer le zèle et le bon vouloir de cette jeune cantatrice.

La veille de la première représentation de Philémon et BaucisPhilémon et BaucisPhilémon et Baucis, opéra-comique en trois actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Charles Gounod et créé au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Gounod en fit une nouvelle version en deux actes qui fut créée à l’Opéra-Comique le 16 mai 1876.Lire la suite…, l’Opéra-Comique reprenait GalathéeGalatéeGalatée, opéra-comique en deux actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré mis en musique par Victor Massé et créé à l’Opéra-Comique le 14 avril 1852.Lire la suite…, une charmante partition à laquelle M. Victor MasséMassé, Felix-Marie-VictorFélix Marie Victor Massé (Lorient, 7 mars 1822 – Paris, 5 juillet 1884), compositeur. Il étudia le piano avec Zimmerman et la composition avec Halévy au Conservatoire de Paris, où obtint le 1er Prix de piano en 1839 et le 1er Prix de Rome en 1844. Il débute à l’Opéra-Comique en 1850 avec LLire la suite… doit la plus grande partie de sa renommée. Les quelques années qui ont passé sur les premières inspirations du jeune compositeur ne leur ont rien ôté de cette poésie, de cette fraîcheur qui les firent distinguer dans le principe. A cette époque, Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… était une des étoiles de l’Opéra-Comique et le rôle de Galathée fut une de ses créations les plus parfaites. Elle y déploya un brio, une verve que l’on disait alors inimitables, et qui, en effet, ne devaient pas être imitées. Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… est à Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite… ce que l’étincelle du foyer est à la flamme de l’incendie. Galathée descend de son piédestal et conserve la froideur du marbre ; elle ne chante pas, elle roucoule avec des inflexions de linotte effarouchée ; ce n’est pas du jus de raisin, c’est du petit-lait qu’elle verse dans sa coupe. Pourquoi ces gestes pudibonds, pourquoi ces yeux baissés et ces lèvres mi-closes, puisque vous brûlez d’un amour sensuel pour l’esclave Ganymède ? Ajoutez à cela que Mme CabelCabel, Marie-JosèpheMarie-Josèphe Dreullette épouse Cabel (Liège, 31 janvier 1827 – Maisons-Laffitte, 23 mai 1885), soprano. Elle étudia à Liège avec Bouillon et à Bruxelles avec Ferdinand Cabel et Georges Cabel. Elle épousa ce dernier en 1847. Durant son année d’études au Conservatoire de Paris (1848/49)Lire la suite… a chanté faux pendant deux actes et vous aurez le bilan d’un succès qui ne s’est pas fait ailleurs que sous le lustre.

Mlle WertheimberWertheimber, PalmyrePalmyre Wertheimber (Paris, 9 septembre 1832 – Paris, 9 mai 1917), contralto. Elle étudia au Conservatoire de Parie où elle obtint les 1er Prix de chant et d’opéra et d’opéra-comique en 1851. Elle débuta à l’Opéra-Comique en 1852 participant cette année aux créations du Carillonneur dLire la suite… a reparu dans le rôle de Pygmalion qu’elle a créé et qui lui valut  un succès égal à celui de Mme UgaldeUgalde, DelphineDelphine Ugalde née Beaucé (Paris, 3 décembre 1829 – Paris, 19 juillet 1910), soprano. Elle étudia avec Mme Cinti-Damoreau et débuta en 1848 à l’Opéra-Comique. Elle y fit de nombreuses créations dont : Le Toréador (Adam) en 1849, La Dame de Pique (Halévy) en 1850, Galathée (Massé) enLire la suite….

Aujourd’hui, le talent de l’artiste est mûri par le travail ;  il est dans toute sa pureté, dans toute sa force. On ne pousse pas plus loin la perfection du chant et l’élégance des attitudes.