Le Courrier de Paris, 12 novembre 1857 [p. 1-2] (article signé E. Reyer).

Chronique musicale.


MARGOT,

Opéra-comique en trois actes,

Paroles de MM. De Leuwen [Leuven]Leuven, Adolphe deAdolphe de Leuven (Paris, 1800 – Paris, 14 avril 1884), auteur dramatique, librettiste. Fils d’un des trois conspirateurs de l’assassinat du roi de Suède, Gustave III, il est né en 1800 et prit comme nom de plume celui de sa grand-mère maternelle. Il était un grand ami d’Alexandre Dumas pèrLire la suite… et de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite…,

musique de

M. LOUIS CLAPISSON.

Représenté pour la première fois au Théâtre-Lyrique le 5 novembre 1857.

PERSONNAGES :

Le marquis de Brétigny                                       MM.        MONJAUZE.

Landriche                                                                                MEILLET.

Jacques, dit Jacquot                                                              FROMANT.

Margot                                                                           Mmes MIOLAN-CARVALHO

Nanette                                                                                      GIRARD.

Jeunes Seigneurs et nobles Dames, Villageois et Villageoises, Laquais et Serviteurs ; un âne.

La scène se passe en Normandie en 17..

Acte Ier.

Couak, couak, cri du canard ; m’maou, m’maou, beuglement la vache ; cocorico, chant du coq ; cot-cot-cot-cot-cot-cot-coroc, gloussement de la poule ; cri de l’alouette dans les blés ; duo de pinsons sous la feuillée ; le porc grogne ; l’âne brait ; les lapins sont muets : ces différentes imitations, rendues avec un rare bonheur par l’orchestre, forment, en s’enchaînant, un lever de rideau plein d’originalité et de poésie. Si M. ClapissonClapisson, Antoine-LouisAntoine-Louis Clapisson (Naples, 5 septembre 1808 – Paris, 19 mars 1866), compositeur. Il étudia le violon d’abord à Bordeaux puis avec Habeneck au Conservatoire de Paris. En 1832 il fut engagé comme violoniste au Théâtre-Italien et composa à partir de 1839 de nombreuses romances dont certLire la suite… n’a pas égalé Beethoven dans sa Symphonie pastoraleSymphonie no. 6 fa majeur "Pastorale" Op.68Symphonie pour orchestre no. 6 en fa majeur Op. 68 dite « Pastorale » de Ludwig van Beethoven dédiée au Prince Franz Joseh von Lobkowitz et au Comte Andreas Razumovsky et créée au Theater-an-der-Wien  de Vienne le 22 décembre 1808.Lire la suite…, du moins il a dépassé MonsignyMonsigny, Pierre-AlexandreIl n’y a pas encore de descriptionLire la suite… qui, dans les Deux FermiersDeux Fermiers, LesLes Deux Fermiers, comédie en un acte en prose de Sylvestre, créée au Théâtre du Palais Royal à Paris le 14 janvier 1788.Lire la suite…, s’est livré à un essai de musique imitative du même genre. Un crescendo formidable termine majestueusement cette peinture rustique : c’est le lever du soleil. Le théâtre représente l’intérieur de la ferme du bonhomme Landriche ; l’âne passe au fond du paysage. Margot est assise sur la margelle du puits, une écuelle à la main. Jacquot arrive sur la pointe du pied : il est à jeun. Tout, dans la personne et dans les allures de ce villageois, annonce un amoureux timide.

Auprès de moi,

Allons, mets-toi.

Et voila Margot et Jacquot qui chantent ensemble un très joli duo, ma foi ; quelque chose de naïf et de virginal ; une églogue à deux voix, fraîche comme une matinée de printemps.

— As-tu déjeuné, Jacquot ? — Non, mam’zelle. — Eh bien ! partageons. — Vous êtes un ange du ciel, Margot ! — Allons donc ! est-ce que les anges du ciel ont des sabots et des bonnets de coton !…

Mais les sabots sont mignons et légers ; mais le bonnet de coton, coquettement posé sur l’oreille, sied fort bien à Mme Miolan-Carvalho Miolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite…!

Et Jacquot soupire de plus belle.

Une bande joyeuse de nymphes des champs s’élance sur la scène : à leur tête est Nanette ou Nanon, la filleule du fermier Landriche.

On nous écrit de Nanterre,

Que la petite Isabeau,

L’honneur de tout le hameau,

allait être couronnée rosière lorsqu’il est survenu un petit accroc à la robe d’innocence de la pauvre enfant. Isabeau s’était trop laissée impressionner par ce refrain si connu des paysannes d’opéra-comique :

Ah ! pour nous quel honneur

D’avoir un si joli seigneur.

Un indiscret a regardé par le trou de la serrure ; il a tout vu et il a tout raconté. Pauvre Isabeau ! c’est la gazette qui le dit et mam’zelle Nanon qui le chante. Cette complainte en plusieurs couplets est embellie ou déparée, comme on voudra, par une réminiscence du Pré-aux-ClercsPré aux clercs, LeLe Pré aux clercs, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène de Planard, mis en musique par Louis Hérold, créé à l’Opéra-Comique le 15 décembre 1832.Lire la suite…. Je dois informer M. ClapissonClapisson, Antoine-LouisAntoine-Louis Clapisson (Naples, 5 septembre 1808 – Paris, 19 mars 1866), compositeur. Il étudia le violon d’abord à Bordeaux puis avec Habeneck au Conservatoire de Paris. En 1832 il fut engagé comme violoniste au Théâtre-Italien et composa à partir de 1839 de nombreuses romances dont certLire la suite… de cette réminiscence, au risque de l’étonner beaucoup ; cependant s’il veut prendre la peine de jeter un coup d’œil sur l’ouverture du chef-d’œuvre d’Hérold, il verra que j’ai raison.

On entend la voix de Landriche. Je n’ai pas besoin de vous dépeindre le bonhomme, vous le connaissez : c’est le type du paysan matois et grippe-sou ; pis que cela : rusé et voleur. Son idée fixe, c’est de dépouiller son maître, de le flanquer à la porte, et de devenir seigneur lui-même. Il veut qu’on l’appelle le seigneur Landriche !

J’fais passer sans anicroche

L’argent des autr’ dans ma poche…..

Et v’la comme un fermier normand

Fait de l’or avec son argent.

M. MeilletMeillet, Auguste Alphonse EdmondAuguste-Alphonse-Edmond Meillet (Nevers, 7 avril 1828 – Veules/ Seine-Inférieure, 31 août 1871), baryton. Il étudia au Conservatoire de Paris, et fut engagé à l’Opéra de 1848 à 1851. Il fut dans la troupe du Théâtre-Lyrique de 1851 à 1861 sauf pour la saison 1852/53 où il chanta à l’OpLire la suite… a compris avec un talent très remarquable la figure de ce personnage : c’est mieux qu’une copie, c’est du daguerréotype. La musique de la chanson ne manque pas de caractère, mais le public applaudit sans trop d’enthousiasme, sachant bien que ce n’est pas là le morceau capital de la soirée.

Des fanfares de cor retentissent au loin et le marquis de Brétigny paraît en costume de chasse. Il a la mine haute, le jarret tendu ; il joue élégamment avec son tricorne. Margot lui fait une gracieuse révérence ; Margot est sa filleule. « J’avais huit jours, mon parrain, quand vous m’avez quittée ; depuis, vous n’avez guère pensé à moi, sans doute, et il faudra que vous m’aimiez beaucoup pour réparer le temps perdu. » Après ce discours, le dialogue s’engage de la façon suivante.

― Viens, ma petite Margot…

― Dans vot’ château ?.,.

― Tu trouveras dans mon domaine

Un bon mari.

― Ah ! ne prenez pas tant de peine,

Ça s’ trouve ici.

Ce petit duo, dans lequel j’ai remarqué de très jolies choses, est suivi de l’ovation traditionnelle :

Vive Monseigneur !

à laquelle le marquis de Brétigny s’était vanté trop tôt de pouvoir échapper.

Merci, merci, mes chers enfans,

Je suis touché, je suis sensible

A l’honneur de vos complimens.

(A part.)

Mais vraiment il est impossible

D’être plus laid que mes bons paysans.

Le maire s’apprête à lire sa harangue ; le marquis, par un geste tout empreint d’une vivacité aristocratique, s’empare de la harangue de M. le maire, et la met dans sa poche. « Je la lirai à loisir. »

― Tiens, c’est le bonhomme Landriche, mon fermier ou plutôt ma nourrice :

Sa bourse m’est toujours ouverte,

J’y puise selon mes désirs.

Ces couplets ne m’ont pas paru avoir une grande valeur musicale ; peut-être cela tient-il à la manière dont ils sont chantés.

Le marquis de Brétigny ne compte jamais avec son fermier, et bien que la fortune lui soit toujours contraire quand il joue au pharaon ou au lansquenet avec son ami le vicomte de Tréfeu, il perd ses pistoles le plus gaîment du monde. Les marquis du dix-huitième siècle étaient de vrais marquis. Aussi est-ce avec un véritable plaisir qu’on en retrouve quelques-uns aujourd’hui dans les opéras-comiques de M. de Saint-GeorgesSaint-Georges, Jules-Henri Vernoy deJules-Henri Vernoy de Saint-Georges (Paris, 7 novembre 1799 – Paris, 23 décembre 1875), auteur dramatique, librettiste. Il écrivit d’abord un roman puis il se tourna vers la scène et écrivit plusieurs comédies, drames et vaudevilles et produisit pendant cinquante ans des livrets d’opéras eLire la suite….

M. Quinchez, coiffé d’une perruque jaune et vêtu d’un habit cannelle, vient annoncer aux nobles hôtes de Brétigny qu’un déjeuner les attend au rond-point de la forêt. Bien que le rôle de M. Quinchez soit tout à fait secondaire, il acquiert une certaine importance par la manière dont cet artiste l’a compris.

Nous voici arrivé au moment de la pièce où les auteurs font des nœuds à leurs ficelles ; la sensibilité des spectateurs va être mise à l’épreuve : Margot prend sous son bonnet de coton une étourderie de Jacquot, et Margot est chassée de la ferme par l’impitoyable Landriche.

C’est util’ d’avoir un parrain…

C’est égal, j’ai bien du chagrin.

J’ai cru au chagrin de Margot pendant la première partie de l’air, qui est un andante très sentimental ; mais les brillantes vocalises exécutées ensuite par Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite… ont considérablement diminué l’intérêt que m’inspirait la triste situation de la petite paysanne. Le chœur accompagne sotto voce ; le coche s’arrête au fond du théâtre, et Margot, en s’éloignant, envoie à ceux qu’elle quitte un adieu qui brise le cœur du pauvre Jacquot. La toile tombe.

Acte II.

Un salon lambrissé chez le marquis de Brétigny ; à gauche une porte entr’ouverte, à laquelle on arrive par un escalier en spirale, laisse voir la chambre à coucher du marquis.

Mme Arthémise de la Roche-Dragon, veuve du président Balandart, est venue passer quelques jours au château de son cousin. Le vicomte de Tréfeu convoite la main de la présidente ; mais la présidente, qui songe très sérieusement à devenir marquise, prête fort peu d’attention aux galanteries du vicomte.

Je mentionnerai avec éloges les couplets finissant en trio qui servent d’introduction à ce second acte :

Avec le temps, un p’tit ruisseau

Peut devenir un’ grand’ rivière ;

Avant d’ voler auprès d’ sa mère,

Il faut qu’ les ail’ pouss’t à l’oiseau.

C’est le compère Landriche qui débite ces deux proverbes rimés à l’oreille de sa pupille Nanette, et il ajoute avec une intention dont il est facile de deviner le sens : « Qui vivra verra ! »

Margot, en quittant la ferme, a couru au château de son parrain, et, là, elle a eu bientôt fait d’échanger ses sabots et sa bure contre une robe de soie et des souliers de satin. Ainsi attifée, Margot est charmante ….. et demoiselle comme devant. Mais allez donc faire croire au sceptique Landriche qu’un roué comme le marquis de Brétigny est un roué innocent.

Jacquot, tout endimanché, vient rendre visite à son amoureuse, et, cette fois encore, il n’a pas déjeuné. Margot va se mettre à table : Jacquot s’asseoit auprès d’elle ; mais la vaisselle armoriée du marquis lui donne des éblouissemens, et il se prend à regretter la margelle du puits, l’écuelle de bois et la cuiller pour deux !

J’allais oublier de citer deux petits couplets d’un tour agréable et tout empreints d’une douce mélancolie.

Le marquis envoie Jacquot déjeuner à l’office et prend sa place, sans y mettre plus de façon.

― Margot, comment trouves-tu ton seigneur ?

― Eh bien ! vous me faites peur.

― Diable ! l’aveu n’est pas flatteur.

Margot explique sa pensée dans un andante amoroso exempt de roulades :

Lorsque votre main prend la mienne,

Je me sens tout à coup rougir

Et frémir.

Un temps d’arrêt qui coupe brusquement la phrase principale donne à la strette de ce duo quelque chose de bizarre. Mais l’observation que je fais à propos d’un trait de fantaisie ne doit pas être prise comme un reproche sérieux.

Le marquis veut emmener Margot à Paris — « Tous ces jolis pastels de l’Opéra pâliront auprès de toi. » Margot refuse ; elle sort, et je suppose qu’elle va consoler Jacquot.

La société est nombreuse au château de Brétigny ; les invités arrivent en foule et chantent un chœur dont les dernières notes sont interrompues par un trille des plus perlés, que l’on entend dans la coulisse. Le marquis reconnaît la voix de sa protégée. — « Eh ! tenez, la voici un bouquet à la main… C’est ma gentille filleule. »

Devant ces beaux seigneurs,

Moi, je ne chante pas ….

Je chante avec mes fleurs :

Chaque fleur a son langage,

Suivant l’éclat de ses couleurs.

Mais Margot chante tout de même, et tout le monde l’écoute avec ravissement ; les flûtes et les harpes accompagnent la mélodie. La rose orgueilleuse reçoit les hommages des timides bluets ; les œillets et les boutons d’or parlent d’amour aux blondes marguerites,

Jusqu’au frais lilas,

Qui prend ses ébats,

Près d’une pervenche,

Dont le front se penche.

Et les notes limpides de la cantatrice tombent sur chaque fleur comme une rosée matinale. Ce poétique concert est interrompu par une feuille de papier timbré que le fermier Landriche apporte au marquis de Brétigny.

Décidément le marquis est ruiné ; il ne lui reste dans sa bourse que cent pistoles : ce sera la dot de Margot.

J’ai juré de te rendre heureuse,

Et, bien qu’il m’en coûte à présent,

Va ! j’aurai l’âme généreuse,

Et tu seras heureuse, enfant !

Ce serment, il l’a fait sur une petite croix d’or qu’il a donnée à Margot le jour de son baptême, et qui, depuis, ne l’a jamais quittée.

Jacquot vient troubler la joie de la petite paysanne en lui apprenant la ruine de son seigneur, et Margot ne veut plus des cent pistoles du marquis. Tu m’épouseras tout de même, n’est-ce pas mon Jacquot ?

― Nous n’aurons qu’une seul’chaise !

― Dam ! c’est bien étroit pour deux ;

― Tu ne seras pas à ton aise,

― Dam ! nous f’rons de notre mieux.

La nuit venue, Margot glisse un petit billet dans la bourse et entre chez son parrain qu’elle croit endormi. Voici la péripétie dramatique de la pièce : les invités arrivent avant que Margot ait pu sortir de l’appartement. Margot est perdue. Elle invoque le témoignage de son parrain : le parrain est gris et prend avec sa filleule les façons les plus compromettantes.

Ah ! ah ! charmante, d’honneur !

Oui, le marquis a du bonheur.

Et les ricaneurs du chœur insultent à la douleur de Margot.

L’acte se termine par une scène de jeu : le punch flambe, les dés roulent sur la table, et M. de Brétigny qui a retrouvé avec plaisir les cent pistoles de Margot, joue son tout contre le vicomte de Tréfeu.

Ce final est traité par le compositeur d’une manière tout à fait magistrale. A l’éclat des voix se mêlent les plus imposantes sonorités de l’orchestre.

Acte III.

Les villageois dansent, et Landriche dit : Mes vassiaux, en regardant avec orgueil les boucles de ses souliers et les revers rouges de son habit seigneurial. Il chante un duo avec Nanon sa future. Jacquot ne veut pas croire au déshonneur de Margot ; et quand Margot revient au village, il se jette dans ses bras et échange avec elle l’anneau des fiançailles.

Oui, Dieu va, j’espère,

Nous donner sur terre

Le bonheur à deux.

Après une cavatine très développée, très dramatique, la cavatine de onze heures, comme dit M. BerliozBerlioz, Louis-HectorLouis-Hector Berlioz (La Côte Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869), compositeur. Il étudia au Conservatoire de Paris avec Lesueur et obtint le 1er Prix de Rome en 1830. La même année, il composa sa Symphonie fantastique. De retour de Rome, il composa Lelio ou le Retour à la vLire la suite…, Margot s’éloigne.

Le marquis de Brétigny veut réparer l’outrage qu’il a fait, la veille, à sa filleule ; mais il croit inutile de la justifier devant tous les villageois assemblés, et il charge maître Griffardin, le plus bavard des procureurs, de restituer à Margot les cent pistoles qui lui appartiennent, ces maudites pistoles qui ont fait tout le mal. L’argent de l’innocence a porté bonheur au marquis : il a regagné trois cent mille livres au vicomte de Tréfeu.

Plus de pharaon, je pars, je pars, je pars,

Je pars pour l’autre monde.

« Après les orages du jeu, les orages de l’Océan. » Le marquis de Brétigny est capitaine des vaisseaux de Sa Majesté Louis XV.

Consolez-vous, belle Arthémise : la couronne de marquise vous échappe ! vous serez tout simplement vicomtesse de Tréfeu. Avant de partir, le marquis, favorisé par le jeu, « ce fils chéri du hasard, » rachète son beau domaine, et M. Quinchez annonce d’une voix retentissante : La chaise de poste de monseigneur.

Nanon, tout en jetant la pierre à son amie, se dit tout bas :

S’en aller seule nuitamment

Trouver son seigneur. . . . .

J’en aurais bien fait autant.

Chut ! . . . . . . . . . . . . . . . .

Ces petits couplets sont très fins et très réussis. On les a bissés. Margot ne doute pas que le marquis ne s’empresse de la justifier. Quand elle apprend que son parrain est parti, la pauvre enfant s’enfuit tout éperdue et va se jeter dans la rivière. Mais le marquis n’était pas assez loin pour ne pas voir le saut périlleux de sa filleule. Il arrive à temps pour la sauver et l’emporte évanouie à la ferme. Les mots d’amour que murmure Jacquot à l’oreille de sa fiancée la rappellent à la vie. Margot est pure comme un lys ; Margot est heureuse. La lettre écrite par elle à son parrain ne laisse pas la plus petite tâche à sa vertu. « Seulement, lui dit le marquis, une autre fois choisis mieux ta boîte aux lettres. » — Et tout est bien qui finit bien.

La Grâce de DieuGrâce de Dieu, LaLa Grâce de Dieu, drame en cinq actes, mêlé de chants, d’Adolphe d’Ennery et Gustave Lemoine, créé au Théâtre de la Gaîté à Paris le 16 janvier 1841. Lire la suite…, la FiancéeFiancée, LaLa Fiancée, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Daniel-François-Esprit Auber et créé à l’Opéra-Comique le 10 janvier 1829.Lire la suite… et la SomnambuleSonnambula, LaLa Sonnambula (La Somnambule), opera semiseria en deux actes sur un livret en italien de Felice Romani mis en musique par Vincenzo Bellini et créé au Théâtre Carcano de Milan le 6 mars 1831.Lire la suite… nous avaient préparé déjà aux douces émotions que nous a procurées ce poëme. Les nombreuses citations que je me suis permises prouvent avec quelle attention, avec quel intérêt je l’ai écouté, et je ne pense pas, d’ailleurs, qu’il fût venu à l’idée de personne que j’eusse demandé aux auteurs communication de leur manuscrit.

Je crois avoir montré à M. ClapissonClapisson, Antoine-LouisAntoine-Louis Clapisson (Naples, 5 septembre 1808 – Paris, 19 mars 1866), compositeur. Il étudia le violon d’abord à Bordeaux puis avec Habeneck au Conservatoire de Paris. En 1832 il fut engagé comme violoniste au Théâtre-Italien et composa à partir de 1839 de nombreuses romances dont certLire la suite… toute la courtoisie, toute la déférence qui sont dues à son titre de membre de l’Institut et à son mérite comme compositeur. Sa nouvelle partition est digne de succéder à la PromisePromise, LaLa Promise, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 16 mars 1854.Lire la suite… et à la Fanchonnette Fanchonnette, LaLa Fanchonnette, opéra-comique en trois actes sur un livret de Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, mis en musique par Louis Clapisson et créé au Théâtre-Lyrique le 1er mars 1856.Lire la suite…; presque tous les morceaux me paraissent destinés à une très grande popularité ; ils sont pour la plupart aussi faciles à chanter qu’à retenir. Le talent seul de Mme Miolan-CarvalhoMiolan-Carvalho, Marie-CarolineMarie-Caroline Félix-Miolan épouse Calvalho (Marseille, 31 décembre 1827 – Paris, 10 juillet 1895), soprano. Elle étudia au Conservatoire de Paris avec Duprez et obtint le 1er prix de chant en 1847. Elle débuta à l’Opéra-Comique en Mai 1850 dans L’Ambassadrice (Auber). Elle participa à Lire la suite… assurerait, du reste, à la pièce cent représentations au moins.