L’Athenæum Français, 25 février 1854, p. 173-175 (article signé E. Reyer).

Théâtres – chronique musicale.

Théâtre de l’Opéra-Comique : L’Étoile du NordEtoile du Nord, L’L’Etoile du Nord, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 16 février 1854.Lire la suite…, opéra-comique en trois actes, paroles de M. ScribeScribe, Augustin-EugèneAugustin-Eugène Scribe (Paris, 24 décembre 1791 – Paris, 20 février 1861), auteur dramatique, librettiste. Auteur dramatique le plus joué à la Comédie Française en son temps (Bertrand et Raton en 1833, La Camaraderie en 1837, Une Chaîne en 1841), il fut un écrivain prolixe qui écrivit 425 Lire la suite…, musique de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…. — Théâtre-Lyrique : Les ÉtoilesÉtoiles, LesLes Étoiles, opéra-ballet en un acte sur un livret de Clairville, pseudonyme de Louis-François-Marie Nicolaïe, une chorégraphie de Hippolyte Barrez et une musique d’Auguste Pilati créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 6 février 1854.Lire la suite…, par M. PilatiPilati, AugusteAuguste Pilate, dit Pilati (Bouchain/ Nord, 29 octobre 1810 – Paris, 1er août 1877), chef d’orchestre et compositeur. Il étudia la musique à l’Ecole Communale de Douai puis entra au Conservatoire de Paris en 1822. Il fut nommé chef d’orchestre d’abord au Théâtre de la Porte-Saint-MaLire la suite….


Les principaux personnages du nouvel ouvrage de M. ScribeScribe, Augustin-EugèneAugustin-Eugène Scribe (Paris, 24 décembre 1791 – Paris, 20 février 1861), auteur dramatique, librettiste. Auteur dramatique le plus joué à la Comédie Française en son temps (Bertrand et Raton en 1833, La Camaraderie en 1837, Une Chaîne en 1841), il fut un écrivain prolixe qui écrivit 425 Lire la suite… sont Pierre le Grand et Catherine de Russie ; seulement, et selon la coutume habituelle du célèbre académicien, il n’a guère emprunté à l’histoire que les noms de ses deux héros, se réservant de travestir à sa guise leurs faits et gestes, de modifier leur caractère et de leur faire parler un langage plus ou moins pittoresque, suivant les exigences de son drame ou les caprices de sa fantaisie. Il est donc inutile, à l’aide de documents historiques que nous pourrions citer, de rafraîchir la mémoire de quelques-uns de nos lecteurs et d’essayer ainsi de leur rendre plus facile à saisir l’analyse du poëme dont nous nous bornerons à raconter succinctement les principales péripéties.

Au premier acte, la toile se lève sur un fort beau décor représentant un village maritime de Finlande ; à gauche est située la maison habitée par Catherine Skawronski et son frère Georges. Catherine dit la bonne aventure, vend du rata, et Georges donne des leçons de flûte, métiers suffisamment lucratifs pour faire vivre les deux jeunes gens dans une honnête aisance. Le pâtissier Danielowitz (Mentschikoff dit l’histoire) arrive sur le devant de la scène et vient vendre ses tartelettes renommées aux villageois et aux jeunes filles assemblés devant la maison de Catherine. Un nouveau personnage se mêle au groupe des acheteurs, et à propos d’un incident qui nous a échappé, cherche querelle à quelques paysans, qui lui feraient un mauvais parti sans l’intervention officieuse du pâtissier. Ce nouveau venu se nomme Peters, et il travaille comme charpentier dans un atelier voisin de la demeure de la belle bohémienne, dont il est fort épris. La dispute une fois apaisée, les villageois se retirent, et Peters reste seul avec son ami Danielowitz, qui lui raconte ses projets ambitieux. « Je veux aller très-haut, dit celui-ci. — C’est justement là où je vais, répond Peters, et si cela te convient, nous ferons route ensemble. » Danielowitz retourne à sa boutique, et Peters, tombé dans une profonde rêverie en songeant à sa Catherine bien-aimée, se réveille en entendant les accents de la flûte de Georges Skawronski. Peters, qui est depuis quelque temps l’élève de Georges, lui répond sur un semblable instrument qui ne le quitte pas et qu’il prend dans la poche de son habit. A ce signal, Georges sort de sa cabane et vient demander à Peters s’il est disposé à prendre sa leçon. « Le moment est d’autant mieux choisi, lui dit-il, que Catherine est absente. » Il paraît que Catherine n’aime pas la flûte à l’excès. « Catherine est absente ! s’écrie Peters ; et où donc est-elle ? » Là-dessus Georges entame un récit fort embrouillé qui fait bondir d’impatience le fougueux Peters ; enfin il apprend, à sa grande satisfaction que Catherine, dont il commençait déjà à soupçonner la fidélité, est partie de grand matin pour aller demander à l’oncle de Frascovia la main de sa nièce, que Georges veut épouser. Peters, redevenu joyeux, accepte un verre de genièvre que lui offre Skawronski ; mais à peine en a-t-il vidé la moitié qu’il jette son verre avec colère, furieux et confus d’être pris en flagrant délit d’intempérance par Catherine, à laquelle il avait promis de ne plus boire. Aux reproches de la jeune fille Peters répond par un mouvement de colère, autre passion non moins dangereuse que la première, et dont les beaux yeux de Catherine ne sont pas encore tout à fait parvenus à le corriger. Cette scène est interrompue par Frascovia, qui arrive tout effarée raconter que des Kalmoucks, des Tartares ou des Cosaques de l’Ukraine (M. ScribeScribe, Augustin-EugèneAugustin-Eugène Scribe (Paris, 24 décembre 1791 – Paris, 20 février 1861), auteur dramatique, librettiste. Auteur dramatique le plus joué à la Comédie Française en son temps (Bertrand et Raton en 1833, La Camaraderie en 1837, Une Chaîne en 1841), il fut un écrivain prolixe qui écrivit 425 Lire la suite… se sert indistinctement de ces trois qualifications) viennent d’entrer dans le village, où ils vont sans doute mettre tout à feu et à sang, qu’elle a eu peur, que son oncle le bourgmestre s’est sauvé et qu’elle en a fait autant. Catherine, sans trop s’émouvoir de l’invasion des barbares, ordonne à Peters de rentrer dans son atelier et d’y rester jusqu’à ce qu’elle le rappelle. Georges emmène Frascovia, et Catherine, après avoir revêtu à la hâte son costume de magicienne, attend les Kalmouks de pied ferme. La célébrité de la diseuse de bonne aventure étant parvenue jusqu’au chef de la bande, le caporal Krissingoff, personnage dont le comique consiste à jurer par Sakinka, à parler et à chanter avec un accent allemand, celui-ci reconnaît Catherine, lui prodigue toute la déférence que l’on doit à une sibylle, et contient l’élan de ses soldats, qui abaissent leurs piques devant la belle jeune fille. Catherine leur tire à tous leur horoscope et les congédie après leur avoir soufflé discrètement à l’oreille cette prophétique sentence :

Malheur à qui peut oublier

Le respect qu’on doit au foyer !

Une fois les Cosaques partis, Georges s’occupe des préparatifs de son mariage, et les invités ne se font pas attendre. Au moment où la noce va se rendre à la chapelle, un avis secret transmis à Catherine lui apprend qu’une levée de recrues vient d’être ordonnée dans le village et que son frère est désigné pour rejoindre l’armée de Silésie. Catherine s’esquive à l’insu de tout le monde, et pendant que les deux époux reçoivent la bénédiction nuptiale elle prend les habits de Georges et va rejoindre les racoleurs, qui l’emmènent. A mesure que la chaloupe s’éloigne on entend la voix de la jeune fille, dont les notes s’affaiblissent peu à peu et se mêlent au tintement de la cloche annonçant que la cérémonie du mariage est terminée. La toile tombe.

Le deuxième acte nous montre le camp de Silésie, où s’ourdit une conjuration contre le czar ; un ukase de Pierre le Grand rendant le knout applicable indistinctement aux officiers et aux soldats de l’armée sert de prétexte à la révolte, qui doit éclater au signal donné par la Marche sacrée, hymne guerrier composé par le czar lui-même. Après le départ des conjurés on dresse une tente, dans laquelle entrent bientôt deux officiers, dont 1’un est le capitaine Peters et l’autre le lieutenant Danielowitz ; ils s’assoient tous les deux auprès d’une table chargée de flacons, qu’ils vident en gens qui savent boire, tout en lutinant deux fraîches cantinières qui leur servent d’échansons. Catherine, qui vient d’arriver au camp avec les autres recrues, est placée en faction à la porte de la tente ; après avoir reçu la consigne que lui transmet le caporal Krissingoff elle lui demande quelques renseignements au sujet de la vie militaire, dans laquelle elle est encore bien novice. Le caporal lui répond que le métier est bon et tellement bon que depuis plusieurs jours il reçoit un supplément de solde qui ne tardera pas à l’enrichir, pour peu que cela continue. Comme preuve, il tire de sa poche quelques copecks enveloppés dans un papier qu’il donne à lire à Catherine. A peine la jeune fille a-t-elle jeté les yeux sur cet écrit qu’elle reconnaît le plan d’une conspiration qui doit faire passer le régiment auquel elle appartient dans les rangs de l’armée ennemie. Le caporal laisse le papier entre les mains de Catherine et s’en va continuer sa ronde. Tout en réfléchissant au moyen de faire échouer les projets des conjurés, Catherine se promène l’arme au bras. Des éclats de rire bruyants, le choc des verres et les petits cris de frayeur poussés par les pudiques cantinières attirent son attention du côté de la tente, dont elle écarte les rideaux par un mouvement de curiosité toute féminine ; elle reconnaît Peters, et dans un accès de désespoir et de jalousie, sa petite main soufflette le caporal Krissingoff, qui vient la relever de sa faction. Emmenée pour être fusillée, elle demande à dire adieu au capitaine Peters, qui est dans un état complet d’ivresse et qui ne la reconnaît pas. « Peters ! Peters ! la mort me vient de toi ! » Ces derniers mots bourdonnent confusément aux oreilles du capitaine ; peu à peu, par la force seule de sa volonté, les fumées du vin se dissipent ; il retrouve toute sa raison : c’est la voix de Catherine qu’il a entendue ; il s’élance hors de la tente et crie à Krissingoff de suspendre l’exécution et de lui amener la jeune recrue. Mais pendant le trajet celle-ci a glissé comme une anguille entre les mains du caporal et s’est jetée dans la rivière, laissant au Kalmouck un billet à l’adresse du capitaine Peters. Dans ce billet, Catherine informe son amant des projets qui se trament contre le czar, nomme les principaux chefs de la révolte et dit adieu pour toujours à celui qu’elle aime. Peters paraît vivement ému ; mais les affaires de l’État venant le distraire de ses rêveries sentimentales, il songe au moyen de déjouer le plan de la révolte qui est sur le point d’éclater. Les tambours battent au champ, les fanfares retentissent et annoncent l’arrivée de l’armée suédoise. Peters voit qu’il n’a pas un moment à perdre, et s’adressant aux officiers et aux soldats du camp de Silésie, déjà formés en ordre de bataille, il leur reproche leur trahison. « Si c’est au czar que vous en voulez, leur dit-il, je m’engage à vous le livrer seul et sans défense ». Puis offrant courageusement sa poitrine au fer des conjurés, il leur dit : « Frappez ! je suis le czar ! » Officiers et soldats tombent à genoux ; Pierre leur pardonne. On entend les accents de la marche sacrée, et la bataille s’engage dans la coulisse.

Au troisième acte, Pierre le Grand est dans son palais de Pétersbourg ; Danielowitz est devenu son premier ministre. Le souvenir de Catherine le poursuit sans cesse, et toutes les recherches qu’il a fait faire pour retrouver la trace de celle qu’il aime sont demeurées sans résultat ; la hache de Péters [Peters] le charpentier est pendue à l’un des panneaux de son cabinet de travail, et le modèle d’un vaisseau à la construction duquel ses mains ont aidé lui rappelle les beaux jours passés auprès de Catherine. Krissingoff, qui est resté caporal comme devant entre chez le czar, et lui annonce l’arrivée de ses anciens compagnons de Finlande, qui sollicitent l’honneur d’être introduits auprès de Sa Majesté ; Pierre reconnaît Krissingoff, et lui demande de nouveaux détails sur la recrue qu’il a laissée échapper. Le caporal se trouble et bredouille horriblement. Pressé par le czar qui décroche sa hache et menace de lui fendre la tête, il finit par avouer qu’au moment où le jeune soldat s’est précipité dans la rivière, il a tiré sur lui et l’a vu disparaître à l’instant. Ici a lieu une scène un peu longue, et dont l’esprit comique est bien plus dans la musique que dans le dialogue. Le caporal se retire, emportant la certitude d’être fusillé si avant vingt-quatre heures il n’a pas retrouvé sa recrue. Le czar, après avoir signé plusieurs ukases qui lui sont présentés par Danielowitz, s’en va faire un tour de promenade dans son parc ; tout à coup ses oreilles sont frappées par les sons mélodieux d’une voix qui lui est chère : plus de doute, c’est la voix de Catherine chantant sa romance favorite. Mais comment Catherine est-elle cachée dans le propre palais du czar à Saint Pétersbourg ? Il interroge son premier ministre, qui avoue en effet avoir recueilli la jeune fille et lui avoir donné asile dans son appartement. — Mais pourquoi ce mystère ? — Pierre apprend alors de la bouche de son fidèle Danielowitz, que Catherine est folle et hors d’état de le reconnaître. Je la guérirai de sa folie, moi, s’écrie le czar ; puis il dit quelques mots à voix basse à son ministre et à quelques chambellans qui se précipitent au dehors pour accomplir les ordres de leur souverain. Si ces ordres n’étaient pas donnés à voix basse, le public les entendrait, et la scène finale perdrait une grande partie de son effet. Tout à coup les portes du fond s’ouvrent et laissent voir un paysage représentant le village de Finlande qu’habitait Catherine, et que l’on dirait avoir été transporté dans le parc du czar ; rien n’y manque, ni l’atelier de Péters, ni l’église, ni la maison de Georges Skawronski ; les paysans sont assemblés sur la place, et Danielowitz, qui a repris son costume de pâtissier, leur débite ses friandises. Catherine est entourée de tous ses amis ; elle est vêtue de la robe blanche traditionnelle des folles par amour, et ses longs cheveux se répandent en tresses sur ses épaules, ce qui est un contre-sens ; pourquoi ne pas lui avoir donné les habits qu’elle portait au premier acte ? Sa folie se dissipe peu à peu ; il lui semble avoir fait un mauvais rêve. Georges lui parle de Peters, et au même moment elle entend la flûte du jeune charpentier qui lui joue son air préféré. — Alors sa raison lui revient complètement. — Peters est dans ses bras, mais ce n’est plus l’ouvrier qu’elle a connu en Finlande, ce n’est plus le capitaine du camp de Silésie ; c’est le czar revêtu des insignes de la majesté impériale. On apporte à Catherine le manteau d’hermine et la couronne, et son premier élan de reconnaissance est pour sa mère qui lui avait prédit sa brillante destinée.

Malgré l’invraisemblance de ce libretto, la naïveté de certains détails et le laisser-aller du style dans lequel il est écrit, on ne peut lui refuser le très-grand mérite d’être parfaitement coupé pour la musique et de renfermer des situations qui auraient pu inspirer un musicien, même moins savant et moins habile que M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite….

L’ouverture est celle du Camp de SilésieCamp de Silésie, LeLe Camp de Silésie (Ein Feldlager in Schlesien), singspiel en trois actes sur un livret en français d’Eugène Scribe traduit en allemand par Ludwig Rellstab mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé au Théâtre Royal de Berlin le 7 décembre 1844.Lire la suite…, partition peu connue en France et qui a obtenu beaucoup de succès en Allemagne, bien que les compatriotes de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… ne professent pas pour son talent une admiration aussi exclusive que la nôtre. Cette préface symphonique nous paraît une réponse suffisamment péremptoire à ceux qui prétendent que le célèbre maestro est incapable d’écrire une bonne ouverture ; elle est largement conçue, traitée d’un bout à l’autre avec une grande élévation de style, et les différents motifs en sont développés d’une façon tout à fait magistrale. La phrase en ut majeur, exécutée par les violoncelles est d’une adorable suavité ; chaque fois que la même mélodie reparaît, elle est présentée avec un accompagnement différent ou ornée d’un contre-sujet qui lui donne une physionomie nouvelle ; les flûtes et les hautbois détachent leurs notes mélodieuses sur des accords de harpes, puis les trompettes sonnent et jettent leurs fanfares éclatantes au milieu de la péroraison vivement mouvementée et remplie d’une verve entraînante.

Le chœur d’introduction a un cachet de simplicité rustique ; une piquante modulation amène les couplets de Danielowitz, écrits dans la manière d’HéroldHérold, Louis-Joseph-FerdinandLouis-Joseph-Ferdinand Hérold (Paris, 28 janvier 1791 – Paris, 19 janvier 1833), compositeur. Premier prix de Rome en 1812, il rencontra des succès durables à l’Opera-Comique avec Marie (1826), Zampa (1831), et Le Pré aux clercs (1832).Lire la suite…, et peu remarquables sous le rapport de l’originalité. Vient ensuite un chœur vigoureusement rhythmé, dont le motif principal est ramené par une gamme chromatique de petites flûtes ; la prière intercalée entre les deux parties de ce morceau d’ensemble se chante sans accompagnement. Troisième chœur (le chœur de la dispute), interrompu par les sons de la cloche, dont le timbre se marie à des tenues de cornets à pistons et de petite flûte dans la partie grave de l’instrument. Les couplets de Catherine sont spirituellement écrits : au moment où elle se souvient des derniers mots qu’a prononcés sa mère mourante, l’orchestre rappelle un des motifs de l’ouverture joué cette fois par la clarinette et accompagné par des harpes et des tremolo du quatuor en sourdine. Ce passage ressemble beaucoup au songe du Prophète. M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… a bien le droit de se copier lui-même ; mais un droit plus contestable, et dont cependant il a usé très-largement, c’est celui de prendre à HéroldHérold, Louis-Joseph-FerdinandLouis-Joseph-Ferdinand Hérold (Paris, 28 janvier 1791 – Paris, 19 janvier 1833), compositeur. Premier prix de Rome en 1812, il rencontra des succès durables à l’Opera-Comique avec Marie (1826), Zampa (1831), et Le Pré aux clercs (1832).Lire la suite… douze ou quinze mesures de son opéra les RosièresRosières, LesLes Rosières, opéra-comique en trois actes sur un livret de Emmanuel Théolon mis en musique par Ferdinand Hérold  et créé à l’Opéra-Comique le 27 janvier 1817.Lire la suite…, pour en composer, en les reproduisant presque textuellement, l’air de la peur, chanté par Frascovia ; les deux situations sont identiques, c’est vrai, mais est-ce là une excuse suffisante pour justifier le larcin ? Le mouvement de colère de Peters est admirablement exprimé par le grondement des violoncelles, des contrebasses et des bassons accompagnant un dessin exécuté par les altos et terminé par une gamme ascendante de sixte et tierce. Ce trait d’altos est un trait de génie. Le chœur des Cosaques est d’une sauvagerie saisissante : Catherine chante un air bohémien dont le rhythme est marqué par le triangle et le tambour de basque ; les Tartares mis en belle humeur répètent le refrain et se mettent à danser en agitant leurs piques. Ce premier acte contient presque autant de musique que les deux autres. Le duo entre Peters et Catherine pourrait être supprimé ; nous aimons mieux celui des deux femmes (Frascovia et Catherine), qui est d’un bon sentiment comique, bien qu’il n’offre rien de très-saillant ni de particulièrement nouveau.

Les gens de la noce arrivent, précédés de musiciens qui accordent leurs instruments sans que pour cela le travail de l’orchestre soit interrompu. Dans Don JuanDon Giovanni (Don Juan)Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni, K.V. 527, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte mis en musique par Wolfgang Amadeus Mozart et créé au Théâtre des Etats de Prague le 29 octobre 1787. Mozart fit des modifications pour la création de l’œuvre au Burgtheater deLire la suite… l’accord des musiciens se fait sur le théâtre ; dans l’Étoile du NordEtoile du Nord, L’L’Etoile du Nord, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 16 février 1854.Lire la suite… il est simulé sur la scène et il a lieu dans l’orchestre : voilà toute la différence. Cette idée, si elle n’appartient pas à M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…, n’en a pas moins été admirablement rendue. Les couplets chantés par Frascovia sont accompagnés à mezza voce par un chœur de femmes dont la mélodie aérienne ondule voluptueusement et rappelle ces harmonies mystérieuses que l’on entend le soir dans la campagne lorsqu’une brise caressante agite le feuillage des hauts peupliers. C’est là une des plus poétiques et des plus fraîches inspirations du maître. Catherine quitte le rivage en chantant une barcarolle tendre et mélancolique terminée par une cadence très-originale dont l’écho répète les derniers soupirs.

Le deuxième acte s’ouvre par des danses dont le rhythme rappelle celui de la redowa : il y a dans cette partie chorégraphique un effet d’orchestre très-piquant ; le chant est joué simultanément par les contrebasses et par la petite flûte ; les couplets du cuirassier ont une verve toute militaire, et l’air de Krissingoff, accompagné par le chœur imitant le roulement du tambour, renferme de piquants détails et ne manque pas d’originalité, bien qu’il rappelle un peu le rataplan des soldats huguenots ; la rentrée des ténors et la reprise de cette même phrase par Krissingoff dans un ton différent et sur une note tenue par les soprani ont été unanimement applaudies. Nous devons citer aussi, dans ce second acte, un joli duo bachique, dont le final est chanté en trio par Peters, Danielowitz et Catherine, et le duo des deux cantinières dont les voix imitent, par des traits chromatiques descendants, le bruit que font les dés agités par le cornet et roulant sur la table. Cette scène, qui est très-comique, a été traduite par le musicien avec beaucoup de finesse et de vérité. La marche exécutée par les fifres, les clarinettes et les tambours est merveilleusement réussie. Quant au final, il nous a semblé bruyant et peu mélodique ; les instruments de Sax placés sur la scène dominent l’orchestre d’une façon désagréable ; quelle que soit notre sympathie pour le célèbre facteur et notre admiration pour ses précieuses découvertes, nous sommes d’avis que la musique militaire seule doit profiter de ces innovations, et qu’il serait déplorable pour l’art de l’instrumentation de les voir acceptées par nos théâtres lyriques.

Au commencement du troisième acte, Pierre le Grand chante une belle mélodie, large et sentimentale, accompagnée par les cors. Le dessin des violons en sourdine que l’on entend au deuxième couplet est du meilleur effet ; à la scène suivante, l’air et le récit de Krissingoff renferment des parties excessivement remarquables à côté de certaines trivialités qui doivent moins être reprochées au musicien qu’au librettiste. La romance de Frascovia est délicieuse, et la transition du mineur au majeur est tout à fait inattendue. L’idée de faire enfler le son aux violons, dont les pizzicati accompagnent le chant, est une des plus heureuses inventions instrumentales de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…. Dans le duo chanté par Georges et Frascovia nous signalerons une réminiscence assez sensible du grand air de Gustave III : — O toi par qui ma vie fut toujours embellie. Les violoncelles divisés font entendre une mélodie pleine de tendresse et de mélancolie annonçant l’arrivée de Catherine. La scène de la folie est traitée avec cette science de la musique descriptive que M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… possède à un si haut degré ; les mélodies rappelées par l’orchestre expriment on ne peut mieux les souvenirs qui s’offrent tour à tour à l’imagination égarée de la jeune fille. On entend de nouveau les accents belliqueux de la Marche sacrée, et le peuple crie : « Vive l’Impératrice ! »

L’Etoile du NordEtoile du Nord, L’L’Etoile du Nord, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 16 février 1854.Lire la suite… a obtenu un très-grand succès. On peut considérer cet ouvrage comme une troisième transformation du vaste et beau talent de ce maître, qui, après avoir fait le CrociatoCrociato in Egitto, IlIl crociato in Egitto (Le Croisé en Egypte), melodramma eroico en deux actes sur un livret en italien de Gaetano Rossi mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé au Théâtre La Fenice de Venise le 7 mars 1821 et au Théâtre-Italien de Paris le 25 septembre 1825.Lire la suite… et Margarita d’AngioMargarita d’AngouMargherita d’Anjou, melodramma semiserio en deux actes sur un livret en italien de Felice Romani mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé au Théâtre de La Scala de Milan le 14 novembre 1820. La version française en trois actes due à Thomas Sauvage avec l’adjonction de morceaux d’autrLire la suite…, a écrit Robert, les HuguenotsHuguenots, LesLes Huguenots, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Emile Deschamps, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 29 février 1836.Lire la suite… et le ProphèteProphète, LeLe Prophète, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et Emile Deschamps mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra de Paris le 16 avril 1849.Lire la suite…. Maintenant, que M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… nous permette, à nous, humble musicien, de lui adresser quelques timides observations qui n’altèrent en rien notre admiration pour son œuvre. Nous lui reprocherons d’abord l’abus des bassons dialoguant dans les notes graves de l’instrument, effet dont il a tiré un si heureux parti dans la scène des nonnes de Robert le DiableRobert-le-diableRobert le Diable, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugene Scribe et  Germain Delavigne, mis en musique par Giacomo Meyerbeer, créé à l’Opéra de Paris le 21 novembre 1831.Lire la suite…, et ensuite l’abus plus excessif encore des modulations enharmoniques, qui brisent à chaque instant la mélodie et semblent faire croire à un défaut d’unité dans l’inspiration. En troisième lieu, nous protesterons contre l’importance donnée dans un opéra-comique aux instruments de cuivre et aux instruments à percussion. Encore un pas dans cette voie-là et M. GirardGirard, NarcisseNarcisse Girard (Mantes, 27 janvier 1797 – Paris, 17 janvier 1860), chef d’orchestre et compositeur. Élève de Baillot au Conservatoire de Paris, il obtint un premier prix de violon en 1820 et étudia la composition avec Reicha. Il fut un des membres fondateurs de la Société des Concerts du CLire la suite…, le chef d’orchestre de l’Opéra, aura deux pièces de canon sous ses ordres.

Quant à la venue de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite… à l’Opéra-Comique, nous croyons fermement qu’elle exercera une influence fâcheuse sur l’avenir de ce théâtre. Après tout, qu’importe que le théâtre soit ruiné quand la fortune du directeur actuel sera faite ! Le jour de la première représentation, des stalles d’orchestre se sont vendues 70 fr., et nous avons vu payer deux louis une place de troisième loge. La pièce sera jouée cent fois de suite au moins.

Nous ne dirons rien d’un petit opéra-ballet intitulé les EtoilesEtoile du Nord, L’L’Etoile du Nord, opéra-comique en trois actes sur un livret d’Eugène Scribe mis en musique par Giacomo Meyerbeer et créé à l’Opéra-Comique le 16 février 1854.Lire la suite…, et qui a été joué la semaine dernière au troisième théâtre lyrique. Nous pourrions, sans doute, parler de la prose et des vers de M. ClairvilleClairville, Louis-FrancoisLouis-François Nicolaie, dit Clairville (Lyon, 28 janvier 1881 – Paris, 7 février 1879), acteur et vaudevilliste. Il écrivit des vaudevilles et des parodies bouffonnes dont L’Âne à Baptiste (1849), parodie du Prophète (Meyerbeer, 1849). Il publia Chants du peuple (1834) puis Chansons et poLire la suite…, après nous être occupé des vers et de la prose de M. Scribe Scribe, Augustin-EugèneAugustin-Eugène Scribe (Paris, 24 décembre 1791 – Paris, 20 février 1861), auteur dramatique, librettiste. Auteur dramatique le plus joué à la Comédie Française en son temps (Bertrand et Raton en 1833, La Camaraderie en 1837, Une Chaîne en 1841), il fut un écrivain prolixe qui écrivit 425 Lire la suite…; mais il nous serait difficile d’apprécier la partition de M. PilatiPilati, AugusteAuguste Pilate, dit Pilati (Bouchain/ Nord, 29 octobre 1810 – Paris, 1er août 1877), chef d’orchestre et compositeur. Il étudia la musique à l’Ecole Communale de Douai puis entra au Conservatoire de Paris en 1822. Il fut nommé chef d’orchestre d’abord au Théâtre de la Porte-Saint-MaLire la suite… après avoir analysé l’œuvre de M. MeyerbeerMeyerbeer, GiacomoJakob Liebmann Meyer Beer dit Giacomo Meyerbeer (Vogelsdorf, 5 septembre 1791 – Paris, 2 mai 1864), compositeur. Il étudia la composition avec Zelter puis l’abbé Vogler et le piano avec Franz Lauska. Bien que considéré par Moscheles comme un des plus grands pianistes de son temps, Meyerbeer abLire la suite…. Dans notre prochaine chronique nous nous occuperons des concerts de la Société du Conservatoire et des séances de la Société Sainte-Cécile, à l’une desquelles nous avons entendu pour la première fois PreciosaPreciosaPreciosa, Op. 78, musique de scène pour le drame en quatre actes en allemand de Pius Alexander Wolff, d’après la nouvelle La Gitanilla de Cervantès, composée par Carl Maria von Weber et créé à Berlin le 14 mars 1821.Lire la suite…, de WeberWeber, Carl Maria vonCarl Maria von Weber (Eutin, 18 novembre 1786 – Londres, 5 juin 1826), compositeur. Il étudia avec son père, puis avec Johann Peter Heuschkel, organiste à Hildburghausen où sa famille s’était établie en 1796. L’année suivante, sa famille s’installa à Salzbourg où Weber étudia avec Lire la suite…, un chef-d’œuvre d’instrumentation et de mélodie peu connu à Paris, fort apprécié en Allemagne et bien digne de l’immortel génie qui a créé le Freyschütz Freischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…[FreischützFreischütz, DerDer Freischütz, opéra romantique en trois actes sur un livret de Johann Friedrich Kind, mis en musique par Carl Maria von Weber, créé au Nouveau Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.Lire la suite…], OberonOberonOberon, opéra romantique en trois actes sur un livret en anglais de James Robinson Planche, d’après le poème de Christoph Martin Wieland, mis en musique par Carl Maria von Weber et créé au Théâtre de Covent Garden à Londres le 12 avril 1826. La version en français due à Charles Nuitter eLire la suite… et EuryantheEuryantheEuryanthe, opéra en trois actes sur un livret en allemand de Helmina von Chézy mis en musique par Carl Maria von Weber et créé Kärntnertortheater de Vienne 25 octobre 1823.Lire la suite….

L’Opéra nous donnera prochainement la VestaleVestale, LaLa Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Etienne de Jouy mis en musique par Gaspare Spontini et créé à l’Opéra de Paris le 11 décembre 1807.Lire la suite… et la Nonne sanglanteNonne sanglante, LaLa Nonne sanglante, opéra en cinq actes sur un livret d’Eugène Scribe et de Germain Delavigne mis en musique par Charles Gounod, créé à l’Opéra de Paris le 18 octobre 1854.Lire la suite… de M. GounodGounod, CharlesCharles Gounod (Paris, 17 juin 1818 – Saint-Cloud, 18 octobre 1893) compositeur. Gounod étudia le piano avec sa mère et la composition et l’harmonie en privé avec Reicha tout en faisant d’excellentes études classiques au Lycée Saint-Louis à Paris. Après avoir obtenu son baccalauréat, il Lire la suite…, l’auteur des chœurs d’UlysseUlysseUlysse, tragédie mêlée de choeurs, en 3 actes et en vers, avec prologue et épilogue de François Ponsard créée à la Comédie Française le 18 juin 1852. La musique des choeurs est de Charles Gounod.Lire la suite…, que nous allons réentendre au Théâtre-Français, et qui obtinrent tant de succès il y a deux ans, lors de la représentation de la belle tragédie de M. PonsardPonsard, FrançoisFrançois Ponsard (Vienne/ Dauphiné, 1er juin 1814 – Paris, 7 juillet 1867), poète dramatique dont la première pièce de théâtre, Lucrèce (1843), obtint un très grand succès et fut couronnée par l’Académie française. Acclamé comme un champion des classiques, il adopta néanmoins la Lire la suite….